• enquête thématique régionale, arènes de Provence-Alpes-Côte d'Azur
amphithéâtre, arènes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bouches-du-Rhône - Arles
  • Commune Arles
  • Adresse Arènes
  • Cadastre 1994 AH 642
  • Dénominations
    amphithéâtre, arène
  • Parties constituantes non étudiées
    tribune du public, chapelle

HISTORIQUE

Bâti au 1er siècle de notre ère, l'amphithéâtre d'Arles est un monument bien connu au plan de l'archéologie. Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire et la description de cet édifice très documenté, mais de préciser en quoi il est lié à la tradition tauromachique arlésienne. La ville d'Arles connaîtrait les jeux taurins depuis les XIIe et XIIIe siècles. Gilbert Lacroix, dans Histoire des courses de taureaux à Arles (1977), écrit que "lors de la Foire, durant la République (1131-1239), on mêlait (aux spectacles) des courses de taureaux". Ces jeux sont fréquemment mentionnés dès le XVIe siècle. Cependant ces courses se déroulent sur des places, comme celle de l'Hôtel de Ville en 1738 en l'honneur du Duc de Villars, ou dans des enclos improvisés.

Les arènes étaient alors transformées en une véritable petite cité fortifiée, avec plus de 200 habitations, des églises et des tours, le tout aménagé à partir de la fin de l'Empire Romain. Leur dégagement entrepris en 1825 permit de redécouvrir les vestiges antiques. Les arènes redevinrent un lieu de spectacle très apprécié des arlésiens. Formigé écrivait dans un texte paru dans la Revue Archéologique, 1964, tome II : "en 1830, après 15 siècles d'arrêt, on y donna des jeux, des combats de taureaux, en l'honneur de la prise d'Alger". Après 1837, il semble qu'elles soient peu à peu investies par les organisateurs de courses de quadrille et de corridas, spectacles qui ont de plus en plus de succès en Provence". La dynastie des Pouly, manadiers, razeteurs et matadors, s'y illustre à partir de 1874. Particulièrement avec le Pouly de Beaucaire, et Pouly Fils qui est adjudicataire des arènes d’Arles de 1913 à 1917. La renommée des arènes s'est certainement enrichie de la place primordiale de la ville dans les traditions provençale et camarguaise, autant que du caractère exceptionnel de leur architecture. Aujourd'hui les arènes d'Arles sont les plus importantes de la région, avec celles de Nîmes, et les plus célèbres des Bouches-du-Rhône. Des courses de première importance, comme la Cocarde d'Or ou la finale du Trophée des As, s'y déroulent, et les corridas de la Féria de Pâques entretiennent la réputation de la Plaza.

Vue couronne extérieure et travées restaurées, prise du sud/estVue couronne extérieure et travées restaurées, prise du sud/est Vue galerie des entrées, vue ouestVue galerie des entrées, vue ouest

État actuel : travaux permanents. Toril neuf (1993)

Situation : l'amphithéâtre est situé dans la partie est de la ville romaine. Le grand axe de l'ellipse est à peu près orienté nord-sud. Le terrain est un plateau rocheux qui s'abaisse vers le Rhône, c'est-à-dire au nord. L'ensemble du monument et de son parvis est en contrebas de la promenade qui l'entoure, le Rond-Point des Arènes, dans la partie sud, alors que dans sa partie nord il est accessible par un escalier. Ce parvis communique également avec le Rond-point par deux accès, l'un à l'est, l'autre au nord-ouest. L'entrée principale ouvre au nord.

Matériaux : appareil régulier de pierres des Baux et de Fontvieille, avec traces de parement pour vestiges romains. Structures de bois et de métal pour gradins récents.

Structure : l'amphithéâtre est une ellipse dont les axes mesurent 136m et 107m. Deux étages d'une soixantaine d'arcades, à l’origine surmontés d'un attique, délimitent un espace entouré d'un déambulatoire qui se trouve au niveau 1, c'est-à-dire à 2m environ au-dessus de la piste. De cette galerie partent couloirs et escaliers rayonnants qui permettent d’accéder aux diverses sections de gradins. La cavea est soutenue par trois niveaux de galeries concentriques coupées par les passages qui mènent aux vomitoires. Les galeries situées au niveau zéro, celui de la piste, abritent de nombreux locaux annexes, mais surtout le toril situé dans la partie sud. Vue couronne extérieure et travées restauréesVue couronne extérieure et travées restaurées Celui-ci a été modifié en 1993. Autrefois les taureaux, placés dans des cages, étaient descendus au niveau 0 par une trappe pratiquée au niveau 1. Aujourd’hui le camion vient se positionner contre une porte latérale du couloir d'entrée sud, vers laquelle les bêtes sont dirigées, au moyen d'un plan incliné ou d'un entonnoir pour les camarguais. Ce couloir tapissé de planches est très étroit et les passages aménagés permettent difficilement la surveillance. Ce toboggan tourne sous le couloir rayonnant orienté sud-nord et atteint le local du toril. Les boxes sont aménagés sur une portion de la galerie courbe la plus proche de la piste dans la partie sud. Le toril est divisé en 9 cases plus une case de tri dont la porte s'ouvre dans les deux sens pour faciliter la circulation. Une grande case est réservée au simbeu, taureau qui ne combat pas mais sert un peu de meneur. Les boxes sont recouverts d'un plancher percé de trappes, d'où les gardians peuvent actionner les systèmes d’ouverture des cages. La dernière partie du couloir mène à la piste.

Élévations extérieures : l'édifice est à deux niveaux de 60 arcades en plein cintre, de dimensions irrégulières. Au rez-de-chaussée les arcades sont ornées de pilastres doriques surmontés d'un entablement nu. Au deuxième niveau les piédroits sont décorés de demi-colonnes engagées de style corinthien, très endommagées. La hauteur totale était de 21 m avec l'attique qui couronnait le bâtiment et a maintenant disparu. Trois tours, de taille et de style différents, construites pour fortifier l'édifice et difficilement datables, s'élèvent au-dessus de la voûte du 2e niveau, au nord, à l'est et à l'ouest. Les arcades du rez-de-chaussée sont closes de grilles dans lesquelles sont ménagées plusieurs portes, dont l'entrée principale du public, au nord.

Couverture : dalles de pierres sur galerie du rez-de-chaussée. Voûtes en plein cintre sur galerie du 2e niveau. Voûtes sur toril et locaux annexes.

Distribution intérieure : les ouvertures pratiquées dans les grilles permettent l'accès au déambulatoire d'où partent alternativement passages horizontaux et escaliers qui mènent aux gradins. Ceux-ci sont installés comme à l'origine sur quatre niveaux, mais les gradins les plus hauts, très endommagés, ont été remplacés par des structures métalliques. La capacité d'accueil est d'environ 20 000 spectateurs. La piste ovale qui mesurait environ 65x40m a été rétrécie de près de 3 m dans les parties ouest et est. Elle est bordée d'une barrière haute de 1,35m à l'intérieur de laquelle on installe des burladeiros lors des corridas. Le mur de contre piste est équipé d'arceaux métalliques permettant aux razeteurs de se mettre à l'abri lors des courses camarguaises. Les deux accès à la piste se font face. Au nord, l'entrée du paseo par où passe aussi l'équipage des mules qui enlèvent le taureau mort après la corrida. Au sud, la porte du toril surmontée de la présidence. Le toril était autrefois accessible par la piste. Les bêtes étaient amenées par le nord, empruntaient une galerie du niveau 0 orientée nord-sud, encore équipée de burladeiros, pour déboucher sur la piste qu'ils devaient traverser pour entrer au toril. À côté de l'entrée sud, sous une des arcades, se trouve le local d'équarrissage où sont débités les taureaux de combat après la corrida. La galerie rayonnante nord et les travées concentriques qui la coupent abritent la chapelle, simple autel situé sous une voûte, ou encore l'infirmerie équipée d'un bloc opératoire. D'autres annexes, comme une salle de presse et un restaurant, sont aménagées dans certaines galeries de la partie ouest. L'éclairage et la sonorisation sont assurés par de grands mâts porteurs de projecteurs et de haut-parleurs.

Vue intérieure gradins et travées restaurées, prise du sud vers l'ouestVue intérieure gradins et travées restaurées, prise du sud vers l'ouest

Le Corral : Cet enclos distant d'une dizaine de km, sur la route de Gimeaux à l'ouest d’Arles, ne peut être dissocié des arènes. C'est là que les bêtes sont parquées et triées avant la corrida. Sa présence est liée au rythme des courses à Arles. En effet au moment des grandes manifestations tauromachiques, en particulier la Féria de Pâques, les lots de taureaux nécessaires aux six corridas doivent y séjourner. L'ancien corral était situé près des abattoirs, l'actuel a été mis en service en 1995. Ces installations n'existent qu'à Nîmes et à Arles pour ce qui est de la région, c'est-à-dire dans les deux villes qui organisent des Férias. Le corral d'Arles couvre environ une superficie de 5000m2, où sont aménagés sept enclos de 500m2 servant à parquer les sept taureaux nécessaires à chaque course et où les peones de chaque matador vont effectuer le tirage au sort des lots. Chaque enclos est pourvu de burladeiros, d'un point d’eau, et planté de quelques oliviers. Une porte permet d'ouvrir sur l'extérieur et une autre communique avec un couloir central qui mène à un sas d'où chaque bête est dirigée vers le camion. Une passerelle réglable électroniquement s'adapte à la hauteur des boxes du véhicule de transport. Le corral est en outre équipé d'une salle de soins et d'un pesage.

CONCLUSION

Les arènes d'Arles sont non seulement les plus importantes du département par leur taille et l'importance de leurs installations, mais aussi les plus prestigieuses par leur place dans l'histoire de l’architecture et leur renommée dans la tradition tauromachique. Elles ont continuellement à faire face à des remaniements et des restaurations et les aménagements nécessaires à leur fonction sont quelquefois difficilement compatibles avec la conservation des vestiges historiques. L'exemple du toril et surtout de son accès peu commode en est la preuve.

ANNEXES : Entrée nord. Plaque commémorative :

De l'Aficion arlésienne

À la dynastie des Pouly.

L'amphithéâtre d'Arles a été bâti au 1er siècle de notre ère. La ville d'Arles connaîtrait les jeux taurins depuis le 12e ou le 13e siècle. Cependant ces courses se déroulaient alors sur des places ou dans des enclos improvisés, car depuis la fin de l'empire romain, l'amphithéâtre avait été peu à peu transformé en une véritable petite cité fortifiée, avec plus de 200 habitations, des églises et des tours. Le dégagement de l'amphithéâtre, entrepris en 1825, permet de redécouvrir les vestiges antiques qui redeviennent un lieu de spectacle. Après 1837, l'amphithéâtre est peu à peu investi par les organisateurs de courses de quadrille et de corridas et il est utilisé comme arènes ; la dynastie des Pouly, manadiers, razeteurs et matadors s'y illustre à partir de 1874. Depuis, l'édifice bénéficie en permanence de travaux de remise en état et de restaurations (un toril a été construit en 1993).

L'amphithéâtre, situé dans la partie est de la ville romaine, présente un plan ellipsoïdal dont les axes mesurent 136 m et 107 m. L'édifice comporte 2 niveaux de 60 arcades en plein cintre, de dimensions irrégulières. Au rez-de-chaussée, les arcades sont ornées de pilastres doriques surmontés d'un entablement nu. Au second niveau, les piédroits sont décorés de demi-colonnes engagées de style corinthien. Trois tours, de taille et de style différents, construites lors de la transformation de l'édifice en cité fortifiée, s'élèvent au nord, à l'est et à l'ouest. Les arcades, à l'origine surmontées d'un attique, délimitent un espace entouré d'un déambulatoire. De cette galerie partent couloirs et escaliers rayonnants qui permettent d'accéder aux diverses sections de gradins. Les gradins les plus hauts, très endommagés, ont été remplacés par des structures métalliques. La cavea est soutenue par 3 niveaux de galeries concentriques interrompues par des passages menant aux vomitoires. La galerie rayonnante nord et les travées concentriques qui la coupent abritent la chapelle, simple autel sous une voûte, et l'infirmerie équipée d'un bloc opératoire. Les galeries situées au niveau de la piste, couvertes de dalles de pierres, abritent de nombreux locaux annexes, comme une salle de presse et un restaurant ; le toril, dans la partie sud, est divisé en 9 cases avec case de tri, couvertes d'un plancher percé de trappes. La galerie du second niveau est couverte d'une voûte en plein cintre. A côté de l'entrée sud se trouve le local d'équarrissage.

  • Murs
    • bois
    • métal
    • pierre de taille
  • Toits
    pierre en couverture
  • Plans
    plan centré
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1840
  • Référence MH

Les arènes d'Arles sont non seulement les plus importantes du département par leur taille et l'importance de leurs installations, mais aussi les plus prestigieuses par leur place dans l'histoire de l'architecture et leur renommée dans la tradition tauromachique.

Bibliographie

  • GRENIER, A. Manuel d'archéologie gallo-romaine. Paris : Picard, 1958.

  • FORMIGE, Jules. L'amphithéâtre d'Arles dans Revue Archéologique, tome II, 1964.

Documents figurés

  • Course de taureaux au début du 20e siècle. Carte postale, collection L.L.

  • Vue intérieure prise vers 1900 pendant une corrida. Carte postale.

  • État des arènes au début du 20e siècle. Carte postale, collection F.C.

  • Vue intérieure des arènes en 1905. Collection N.D. Établissements photographiques de Neurdein Frères. Paris.

Date d'enquête 1994 ; Date(s) de rédaction 2004