Ce calice réalisé par l'orfèvre parisien Jean-Charles Roquillet-Desnoyers en 1784, pourrait être un don d’une famille noble corse dont les armoiries sont gravées sous le pied et/ou avoir appartenu à un prêtre issu de cette famille et ayant fréquenté un couvent de frères de l'ordre hospitalier de Saint-Antoine (le A et la tau entrelacés).
Il y a un lien entre la tête de maure, symbole de la Corse et l'image de sainte Dévote ciselée sur le pied avec les représentations de saint Antoine et de saint Martin. Cette sainte martyre serait née en Corse à Luciana et fut proclamée patronne de la Corse (avec sainte Julie) par un décret de la Sacrée Congrégation des Rites en 1820.
En 1769, la Corse devient française. La tête de maure avec le bandeau relevé sur le front et gravée sous le pied est une référence très explicite à la Corse. Elle correspond au drapeau adopté par la république corse créée par Pascal Paoli entre 1755 et 1769. Elle apparaît ici comme une volonté du propriétaire ou du commanditaire de cet objet de revendiquer cette origine corse.
L'inventaire de 1906 porte mention sous le n°1 d'un calice en argent avec son voile estimé 25 francs.
Jean-Charles Roquillet-Desnoyers est un orfèvre parisien du 18e siècle. Il est apprenti chez Pierre-Henri Chéret à partir de 1761. En 1772, cautionné par l'illustre orfèvre Jean-Baptiste Chéret, il est reçu à la maitrise et fait insculper son poinçon de maître : "fleur de lys couronnée, deux grains, J.C.R.D., un noyer". Il est encore actif place Dauphine jusqu'en 1888 puis rue Mauconseil de 1789 à 1793.