Dossier d’œuvre objet IM13000462 | Réalisé par
Buffa Géraud (Contributeur)
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • opération ponctuelle
ligne de fabrication du savon, atelier de fabrication du savon
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bouches-du-Rhône
  • Commune Marseille 14e arrondissement
  • Lieu-dit
  • Adresse 66 Chemin de Sainte-Marthe

Le savon est issu de la réaction chimique qui survient entre deux composants principaux, un corps gras, l’huile, et un produit alcalin, la soude. Le savon de Marseille n’utilise que des huiles végétales, principalement des huiles d’olives et des huiles de coprah / huiles de palmiste.

1. Le stockage des huiles

Les huiles sont stockées à leur arrivée par camion dans des cuves situées au centre de l’usine (parc à suif) et dans le bâtiment 4. En 2014, au moment de l’enquête, 13 cuves à huile se trouvaient dans l’usine. Certaines huiles sont décolorées par un procédé utilisant de la terre. Le bâtiment 4 comporte en son centre une machine qui sert à filtrer cette terre.

Une dernière cuve se trouve dans le bâtiment 9 où est fabriquée l’eau salée. Elle contient 60 t. d’huile de palme et de coprah (mélangée à 85 % -15 %).

parc à suif

parc à suif

parc à suif

bâtiment 4

bâtiment 4

bâtiment 4

bâtiment 4

bâtiment 4

bâtiment 9

cuve 27

cuve 24

cuve 20

cuves 1, 2, 4

cuve 5

cuve 6

cuve 7

cuve 8

cuve 13

contenance

40 t.

35 t.

35 t.

22 t.

19 t.

19 t.

31 t.

31 t.

60 t.

contenu

olive

coprah/ palmiste

palme

palme

coprah/ palmiste

olive

coprah/ palmiste

palme

palme/coprah

Nouveau tableau

En 1986, les seules cuves du parc à suif offraient une capacité de stockage de 1448 tonnes d’huiles.

2. La saponification

Aujourd’hui, la saponification a lieu dans de grands chaudrons et dure environ une semaine. Elle assemble 72 % d’huile et 28 % de soude et les transforme en pâte liquide grâce à un flux de vapeur à 190° à 6 bars de pression.

Cette opération commence par l’empâtage, qui aboutit à une pâte de savon après une cuisson de deux jours interrompue chaque nuit.

Dans cette pâte est alors ajoutée de la soude en excès pour saponifier les huiles qui n’auraient pas réagi lors de l’empâtage.

Le savon obtenu est ensuite lavé à l’eau salée (teneur en sel : 23%) puis à l’eau douce pendant 3 ou 4 jours. C’est durant cette opération que le savon est nettoyé de toutes ses impuretés, des restes d’eau glycérineuse et d’éventuels excès de soude.

Lors de la dernière phase, le maître savonnier brasse vigoureusement grâce au « raclet » le savon qui bout à gros bouillons tout en ajoutant encore de l’eau. C’est la liquidation. Des analyses chimiques et son coup d’œil lui permettent de déterminer quand le savon est prêt. Ce dernier est alors laissé au repos et conduit dans de grandes cuves de stockage.

L’usine compte 8 chaudrons.

3. La solidification

Depuis la création de la savonnerie, le savon liquide était solidifié dans des mises de séchage situées au premier étage du bâtiment 2. En 1958, les mises sont détruites et remplacées par deux atomiseurs, Mazzoni 1 et 2, commandant chacun une ligne de production. Le plus petit des deux a été ferraillé. Il ne reste que le plus grand d’une capacité de 2 tonnes par heure.

Cette imposante machine qui fonctionne entièrement sous vide comporte :

- un chaudronnet qui réchauffe une première fois le savon

- une pompe qui conduit le savon vers une succession de trois surchauffeurs

- l’atomiseur proprement dit. Au centre d’un cylindre sous vide, un élément en rotation projette d’un côté le savon liquide à 120 ou 140° (selon l’huile utilisée) sur les parois du cylindre tandis que de l’autre, un racleur décroche le savon qui s’est solidifié.

- un dispositif de purification des gaz. L’air chaud est extrait de l’intérieur de l’atomiseur. Il passe dans des cyclones qui récupèrent les poussières puis grâce à une pompe à vide (pompe KSB) il est projeté dans une colonne barométrique au sommet de laquelle est installée une cavité garnie de chicanes qui condensent l’eau extraite du savon. Le sommet de la colonne dépasse du toit du bâtiment 2.

- des boudineuses sous vide qui produisent du savon solide en copeaux, les bondillons. Le savon, à la sortie des boudineuses, est un solide qui comporte 26 à 28 % d’eau. Il est même possible de faire baisser ce chiffre à 20 %. Par comparaison, le savon obtenu par les mises d’évaporation comportait 34 % d’eau.

4. Le façonnage

Les bondillons peuvent être conditionnés tels quels pour la vente.

Ils peuvent aussi être repassés dans une seconde boudineuse qui produit un boudin de section carrée qu’il faudra passer à la coupeuse pour produire les cubes finaux. Ces derniers passent alors dans un tunnel de croûtage pour être ensuite marqués par la mouleuse et conditionnés.

Pendant la plus grande partie du 20e siècle, le savon était fabriqué sous le contrôle d’un maître savonnier nommé Valentin ; au moins trois générations de Valentin se sont succédé à ce poste à l’usine du chemin de Sainte-Marthe.

La ligne de production du savon exploitée au moment de l'enquête regroupe des installations de différentes époques. Elle reprend notamment les chaudrons de cuisson du savon qui ont peut-être été installés dès 1874. Dans les années 1950, la société des Successeurs de D. Leca et Cie est reprise par la société anonyme Huileries Antonin Roux et savonneries J.B. Paul. Commencé dès 1953, le rapprochement entre les deux sociétés est définitif en 1958. Les nouveaux propriétaires de l’usine engagent alors une modernisation radicale de la chaîne de production du savon qui devient une chaîne de production en continu. Les chaudrons sont remplacés par une colonne de réaction pour la saponification en continu, les mises par un atomiseur, et l'ancien découpage par une chaîne de machines-outils. Deux chaînes parallèles sont installées. Toutes ces nouvelles machines sont fournies à partir de 1958 par la société italienne Mazzonni. Vers 1998-2000 (témoignage oral), la saponification en continu est abandonnée en raison de la surproduction qu'elle entraînait. Les chaudrons sont alors remis en service.

L'atelier ne comporte aujourd’hui qu'une seule ligne de fabrication du savon. Cette ligne hétérogène est composée de machines d'époques différentes. La saponification se fait dans des chaudrons traditionnels modernisés pour ce qui est de la gestion des flux (soude, huile, vapeur, eau), tandis que le reste de la chaîne de production (séchage, découpage, croûtage, estampillage, emballage) est mécanisé. La quasi totalité des machines-outils qui la composent sont de marque Mazzoni. Dans l'usine se trouve toujours le réacteur en continu, abandonné depuis que les chaudrons ont été remis en service. Son état est très dégradé.

  • État de conservation
    • en service
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.