Commentaire historique
Ces mesures à grain servaient surtout au moment des transactions de céréales, mais elles pouvaient aussi mesurer toutes sortes de graines sèches : chanvre, lin, légumineuses, etc. Très courants jusqu'au milieu du 20e siècle, ces objets sont régulièrement mentionnés dans les inventaires après décès de la première moitié du 19e siècle.
Ainsi, en septembre 1809, on note la présence à la ferme de La Rose d'« une ancienne mesure bois noyer sous la dénomination d’émine » et d'« une mesure appelé demi émine, en bois noyer ». On trouve aussi dans une maison du bourg, en juin 1824, « une ancienne mesure appelée eymine en noyer contenant un double boisseau de grain de chanvre ». Parfois ces mesures pouvaient être renforcées par des cerclages métalliques, comme cette « mesure reliée en fer, appelée émine » mentionnée dans une ferme de l'Estang en avril 1828. Dans une autre maison du bourg, on relève en septembre 1835 la présence d'« un éminal en mauvais état et une mesure dite civayer ». L'émine et de la civayer étaient des unités de mesure de l'Ancien Régime, désignant une quantité ou une surface selon les cas.
Les mesures à grains étudiées ici étaient employées dans une ferme dispersée de Rosans jusqu'au milieu du 20e siècle. Elles datent sans doute du début de ce siècle.
Description
Cet ensemble comprend trois mesures à grains de conception assez proche mais qui présentent chacune des mises en œuvre particulières.
Toutes sont constituées d'un cylindre formé d'une lame de bois courbée et d'un fond monoxyle. Sur la plus petite et la plus grande, ce dispositif est renforcé en partie supérieure par un cerclage en fer complété par des bandes verticales. Sur la moyenne, la lame de bois est simplement clouée à ses extrémités, lesquelles se recouvrent largement.
Vue d'ensemble des trois mesures.
Petite mesure. Vue d'ensemble.
Grande mesure. Détail de l'assemblage du flanc.
Moyenne mesure. Vue d'ensemble.
La petite et la grande mesure disposent de petites poignées en oreilles. Sur la moyenne, la préhension se fait au moyen d'un T en fer dont les extrémités supérieures sont fixées sur le cercle métallique et dont la base traverse le fond pour rejoindre une armature en fer qui le renforce. Sur cette dernière, ce fond porte la marque du fabricant pyrogravée : « D. CHAIX / AINE / A ORANGE ».
Grande mesure. Détail de l'assemblage du flanc et de la poignée.
Moyenne mesure. Vue de volume.
Moyenne mesure. Fond.
Moyenne mesure. Fond, marque du fabricant : D. CHAIX AINE A ORANGE.