Le quartier de Meyrigues au sud-est de Viens comporte au Moyen Âge deux églises, Notre-Dame et Saint-Paul, l’église Notre-Dame (aujourd’hui propriété privée) étant située plus au nord dans un secteur proche du village de Viens. L’usage instauré, au moins dès le 17e siècle, réserve le nom de Meyrigues à l’emplacement de l’église Notre-Dame, tandis que le lieu d’implantation de Saint-Paul, devenu, contrairement à Notre-Dame, un hameau important, est le plus souvent appelé Saint-Paul, parfois (rarement) Saint-Paul de Meyrigues.
À partir du 12e siècle, l’église Saint-Paul, comme l’église Notre-Dame de Meyrigues, est placée sous la dépendance du monastère de Carluc (Céreste) qui relève de l’abbaye de Montmajour. Du fait de l’affaiblissement de Carluc à la fin du Moyen Âge, les églises de Notre-Dame et Saint-Paul ont probablement été rattachées à cette époque directement à Montmajour. En 1625, la vicairerie de Notre-Dame de Meirigues et de Saint-Paul est rétablie, après les guerres de religion, et est attribuée à Pierre Jean prêtre. En août 1681, dans la visite pastorale de l’évêque d’Apt, la chapelle de Meyrigues (laquelle ?) est toujours mentionnée comme « dépendant des Messrs de Montmajour d'Arles ». La vicairerie de Meyrigues est attribuée au chapitre cathédral d’Apt dans la seconde moitié du 18e siècle.
Parmi les prescriptions de la visite pastorale de 1686 de Meyrigues, sans qu’on puisse préciser s’il s’agit de l’église Notre-Dame de Meyrigues ou de Saint-Paul, il est mentionné la réparation du pavement, demandée lors de la précédente visite de l’évêque qui ordonne aussi l’achat ou le remplacement de différents objets ou ornements tels que l’acquisition de chasubles « d’étoffe de soie de différentes couleurs », d’une bourse, de deux corporaux, d’un voile de calice, le remplacement des trois nappes « fort usées et peu décentes », ou encore le déplacement du confessionnal trouvé dans le sanctuaire lequel « l’avons fait mettre à droite en entrant dans ladite chapelle ». Enfin les pierres sacrées de l’autel jugées trop petites « avons ordonné qu’il en sera fait une de la grandeur requise ». Il est demandé aussi au desservant de veiller à ce qu’aucune irrévérence n’y soit commise et s'il y a refus de ses remontrances, un procès-verbal sera remis à l’évêque Jean de Gaillard afin d’être envoyé au Roi.
En 1764, l’évêque d’Apt accepte, à la demande des habitants de Meyrigues, de construire à Saint-Paul une église sur les ruines de l’ancien édifice et d’abandonner l’église Notre-Dame, elle aussi en mauvais état. Édifiée en 1770, la nouvelle église est consacrée peu après, la maison curiale est quant à elle agrandie en 1788-1789.
Durant la période révolutionnaire l’église est pillée. Après le Concordat, la paroisse de « Mérigue » ayant été supprimée par le décret du 30 septembre 1807, Saint-Paul a un statut de chapelle annexe et dépend de l’église de Viens, et ce jusqu’au 12 juillet 1844 date à laquelle « Notre-Dame Saint-Paul de Meyrigues » est érigée en succursale par ordonnance royale. Un prêtre desservant lui est affecté à demeure de 1845 à 1895 puis après une brève interruption où le curé de Viens dessert Saint-Paul, M. Reboul, le dernier curé exerce de 1904 jusqu’à 1914.
L’église Saint-Paul qui contient 30 chaises et un banc de 6 places « propres » en 1872, s’avère insuffisante pour accueillir les habitants de la paroisse. Suite à une requête du conseil de fabrique du 4 avril 1880, une demande de secours de mille francs est adressée par la commune au préfet pour la dépense de l’élargissement de l’église qui « n’ayant que trois mètres cinquante centimètres de largeur sur cinq mètres de longueur n’est réellement pas assez grande pour la population qu’elle doit desservir… ».
Dans la dernière décennie du 19e siècle, les informations se tarissent alors brusquement, la chapelle est par la suite pillée et vandalisée, le presbytère en ruine est démoli quant au cimetière, il est laissé à l’abandon, la dernière inhumation remontant à 1950. Les dégradations dues aux intempéries et aux hommes ont dévasté l’ancienne église paroissiale réduite au statut de chapelle, qui ne présente aujourd’hui que de pauvres vestiges.
Les archives paroissiales et l’inventaire de 1906, permettent de reconstituer l’historique des travaux de réparation et d’acquisitions de mobilier au 19e siècle. La chapelle possédait deux autels : dans le sanctuaire, un maitre-autel en marbre acquis grâce à une loterie est installé en janvier 1859 pour remplacer l’ancien maître-autel, et dans la nef du côté est un autel dédié à la Vierge. L’autel en marbre surmonté d’une niche accueillait la statue de la « Vierge avec enfant Jésus, en plâtre doré avec voile ». En 1853, le curé Ribbe demande la création d’une niche en face, sur le côté nord, pour y installer la statue de saint Paul « en plâtre doré » acquise en 1850 en même temps que celle de la Vierge, « proposition repoussée à plus tard [par les fabriciens] pour raison financière » et qui sera finalement réalisée. À l’occasion des réparations faites à l’église en mars 1845, le tableau du maître-autel « fut porté en celle de Viens » afin de le protéger, il pourrait s’agir de « la Nativité de Jésus-Christ, tableau de 3m sur 2m 50 environ, peinture assez fine », estimée à 100 francs lors de l’inventaire de 1906.
On note aussi la présence d’une « chaire en maçonnerie avec un escalier pour y accéder ». Côté ouest, à la limite du sanctuaire et de la nef, on remarque l’arrachement de la chaire maçonnée, les fonts baptismaux détruits étaient situés dans une niche côté est à l’entrée de l’église.
Parmi les objets répertoriés en 1906 dans la sacristie, on peut remarquer la présence « d’un petit panier d’osier avec couvercle recouvert de soie sur laquelle se trouvent deux miniatures dont l’une représente Madame fille de Louis XVI et l’autre Louis XVIII roi de France, paraissant avoir une certaine valeur artistique ».
Attachée de conservation au conseil départemental de Vaucluse.