Dossier d’œuvre architecture IA84000640 | Réalisé par
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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  • inventaire topographique
couvent de carmélites actuellement immeuble à logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Carpentras - Carpentras
  • Commune Carpentras
  • Adresse 55 rue du Carmel
  • Cadastre 1983 CE 1417
  • Dénominations
    couvent
  • Genre
    de carmélites
  • Destinations
    immeuble à logements

HISTORIQUE

Le Carmel de Carpentras fut fondé à l'initiative du juriconsulte Jean de Benedicti dont la fille aînée intègrera la communauté. En 1626 trois religieuses du couvent d'Avignon furent désignées à cet effet. Arrivées dans la ville le 21 mars 1627, elles s'établirent dans une maison mise à leur disposition par le juriconsulte : maison qui, située dans la rue du Carmel sur les parcelles actuelles 119 et 120, constitua l'embryon du futur couvent et dans laquelle fut ultérieurement aménagée la chapelle. Rapidement un bourgeois de la ville céda à la communauté un bâtiment perpendiculaire au premier et joignant la rue Picquepeyre : partie nord de la parcelle 1417 qui constitue aujourd'hui le vestige le plus important de l'ancien Carmel. Les sœurs acquirent par la suite l'ensemble des maisons de l'îlot qui bordaient le vaste jardin autour duquel s'organisait le monastère. Celui-ci qui avait reçu son autorisation du vice-légat Cosme Bardi le 3 avril 1627, fut placé sous le vocable de saint Joseph et sainte Thérèse.

En 1634 la fontaine du cloître fut offerte par le cardinal Barberini. Les archives du couvent dépouillées par l'abbé H. Ameye mentionnent encore divers travaux pour l'aménagement de la chapelle : en 1659 commande d'un retable pour le maître-autel en marbre de Gênes ; en 1725 réalisation d'un lambris (les boiseries qui ornent le chœur de la chapelle de l'actuel carmel en seraient une partie) ; en 1746 pavage en carreaux de marbre de Montbrun.

La communauté dissoute se dispersa en 1792 et le couvent fut mis aux enchères le 22 février 1793 : l'un des quatre acheteurs fut l'historien Jean-André Denoves qui, dans l'un de ses manuscrits, a donné un état des lieux de la chapelle (bibliothèque de Carpentras, ms 1189, f0 266 et suivants). En 1806, le maître-autel fut vendu à la cathédrale Saint Siffrein : il orne aujourd'hui la troisième chapelle nord.

En 1810 les Carmélites rachetèrent le couvent des Carmes Déchaussés qu'elles occupent toujours place de la Marotte et à la fondation duquel elles avaient participé dès 1651. Dans les locaux de l'ancien Carmel furent créés des bains sulfureux à l'0ccasion de l'épidémie de choléra en 1870. Ils furent ensuite transformés en bains publics : une inscription en mosaïque sur le seuil de la porte d'entrée s'ouvrant dans la rue du Carmel rappelle cette activité. Racheté en 1952 par l'actuel propriétaire, l'ensemble a été loti.

DESCRIPTION

Situation

Non loin du couvent de la Visitation Sainte-Marie dans le secteur nord-ouest de la ville, le Carmel occupait la quasi-totalité de l'îlot 32. Axé nord-sud, son entrée se faisait par un portail est dans la rue du Carmel ; aujourd'hui une porte ouest dans la rue Picquepeyre donne également accès aux habitations.

Composition d'ensemble

L'historique du couvent nous renseigne sur sa création par l'assimilation progressive des bâtiments hétéroclites situés au voisinage de la maison, aujourd'hui partiellement détruite, qui occupait les parcelles 119-120 et accueillit les religieuses en premier lieu. Le plan donné par H. Ameye restitue une organisation double : au sud les bâtiments disposés sur les quatre côtés d'un jardin avec fontaine constituaient le cloître proprement dit ; au nord des bâtiments davantage publics entouraient un jardin potager.

Façade est sur le cloître.Façade est sur le cloître.

Matériaux

- Maçonneries enduites.

- Plafonds à la française.

- Portail de l'église (remonté sur la façade nord du palais de justice), porte du couvent, dallage et colonnes du vestibule en pierre de taille.

Structure

Une partie seulement des bâtiments A et B disposés autour du jardin sud a pu être visitée. C et D transformés en logements n'ont pas été vus de même que l'ensemble des bâtiments disposés autour du jardin nord.

A très modifié (Ad et Af sont aujourd'hui séparés ; Ae est démoli) conserve :

- un vestibule Aa ouvrant sur le jardin : les deux colonnes toscanes qui précèdent la porte semblent rapportées

-une cage d1escalier Ab qui desservait autrefois au premier étage les cellules disposées au-dessus de l'église ; escalier tournant à gauche autour d'un mur-noyau

-Ac non visité correspond à la partie gauche de l'église disparue. Celle-ci comportait un chœur des fidèles accessible par le portail monumental transporté au palais de justice ; le chœur des religieuses (n° 2) placé derrière le maître-autel au nord. Sous la sacristie (no 3) une salle voûtée (non visitée) servait de cimetière au couvent.

Mieux conservé le bâtiment B comprend deux étages carrés et un étage sous comble sur le rez-de-chaussée. Il est distribué par un escalier central Ba datant du XIXe siècle : escalier suspendu à deux volées en retour à gauche autour d'un jour.

Une pergola en fer forgé établie le long des bâtiments A, B et C rappelle les galeries d'un cloître. Au centre du jardin la fontaine comprend un vaste bassin carré aux angles duquel s'appuie également une pergola ; la pile centrale en forme de colonne est couronnée par une urne godronnée avec couvercle à motif d'écailles ; l'arrivée d'eau s'y fait par un masque.

Élévations

- Élévation est sur la rue du Carmel

Seul élément remarquable encore en place, la porte d'entrée du couvent : porte à chambranle mouluré en pierre. Sous une imposte enfer forgé néo-gothique menuiserie dont les quatre panneaux centraux sont traités en pointe de diamant. Porte d'entrée du couvent sur la rue du Carmel.Porte d'entrée du couvent sur la rue du Carmel.

Le portail de la chapelle remonté sur la façade nord du palais de justice est une belle composition du milieu du XVIIe siècle : porte à pans coupés avec chambranle sculpté d'une tresse de feuillage et qui s'inscrit dans une travée de pilastres à chapiteaux composites ; sous un entablement dont la frise est ornée de rinceaux d'acanthe, les écoinçons sont sculptés de personnages difficilement visibles aujourd'hui. L'ensemble est couronné par un édicule : niche en cul-de-four encadrée d'ailerons ; à la base un socle sculpté d'un ange supportait une statue disparue. Une carte postale du début du siècle nous montre le portail à son emplacement d'origine.

- Élévation ouest sur la rue Picquepeyre

C présente une élévation à un niveau récemment enduite et couronnée par une rangée de tuiles. S'y ouvrent un portail rectangulaire et une porte en plein-cintre sans intérêt particulier.

- Élévations sur le jardin

L'ensemble des façades a été très remanié. On remarquera cependant au quatrième niveau de l'élévation sud de B les petites fenêtres en anse de panier, identiques à celles percées au dernier niveau des façades sur cloître du couvent de la Visitation. Sur la même façade, au premier niveau, fontaine adossée constituée d'une vasque ovale et d'une pile en forme de cul-de-four peu profond sculpté d'une coquille et d'un angelot pour l'arrivée d'eau.

Couverture

Toits à longs-pans. Tuiles creuses.

Distribution intérieure

De très rares éléments sont conservés :

- un fragment de pavement à compartiments dans le vestibule Aa.

- des plafonds à la française et des portes en bois ciré aux étages de B.

- la cage d'escalier Ba est ornée sur son mur nord d'une niche en cul-de-four peinte en faux marbre ; un socle orné de cannelures supporte une statue de la Vierge du XVIIIe siècle. L'escalier est en plâtre ;il a pour tout décor une rampe de fer forgé dont les barreaux achevés en volute s'appuient sur un limon à la française. La situation originelle du très beau vantail du XVIIe siècle conservé au musée Sobirats nous est inconnue : menuiserie originale notamment par ses frises inférieure et supérieure de petits panneaux sculptés de paniers fleuris.

Enfin un fragment du décor en gypserie dorée de la voûte de la chapelle serait conservé sous les faux-plafonds de A. Le mobilier a été transféré : le retable de l'autel dans la troisième chapelle nord de Saint-Siffrein ; une partie du lambris qui ornait tout le pourtour de la chapelle au nouveau carmel.

CONCLUSION

Le carmel de Carpentras ne présente plus aujourd'hui que quelques vestiges qui permettent néanmoins de repérer l'emprise initiale du couvent. Sans être d'une grande qualité architecturale, l'édifice, en fait un conglomérat de bâtiments hétérogènes, paraît s'être accompagné d'un riche décor dont les éléments sont aujourd'hui dispersés ou masqués. Les quelques éléments en place comme la porte d'entrée sur la rue du Carmel ou l'escalier de B sont tardifs et vraisemblablement liés aux opérations de lotissement du XIXe siècle. Seul le jardin qui a gardé l'empreinte de galeries claustrales et sa fontaine du XVIIe siècle retient vraiment l'attention. Pourtant une visite plus complète, notamment du bâtiment de l'hôtellerie (parcelles 1419-1420) contenant à ce qu'il semble, un imposant escalier permettrait d'approfondir l'étude de cet édifice.

Fontaine du cloître.Fontaine du cloître.

Le Carmel de Carpentras fut fondé à l'initiative du jurisconsulte Jean de Benedicti dont la fille aînée intègrera la communauté. En 1626, trois religieuses du couvent d'Avignon furent désignées à cet effet et s'établirent en 1627 dans une maison mise à leur disposition par le jurisconsulte, qui constitua l'embryon du futur couvent et dans laquelle fut ultérieurement aménagée la chapelle. De dons en achats, le monastère s'organisa par l'assimilation progressive de bâtiments hétéroclites autour du vaste jardin qui en formait le centre et fut placé sous la protection de saint Joseph et sainte Thérèse. En 1634 la fontaine du cloître fut offerte par le Cardinal Barberini. Il y a eu divers stades d'aménagement de la chapelle : retable (1659), boiseries (1725), pavage (1746). La communauté, dissoute, se dispersa en 1792 et le couvent mis aux enchères en 1793. En 1806 le maître-autel fut vendu à la cathédrale (3e chapelle nord). Dans les locaux furent créés des bains sulfureux à l'occasion d'une épidémie de choléra en 1870 ; ils furent ensuite transformés en bains publics. Racheté en 1952 par l'actuel propriétaire, l'ensemble a été loti. Le couvent s'étendait sur un vaste quadrilatère qui allait de la rue du Carmel à la rue du Refuge et à la rue de Picquepeyre. Cet ensemble comprenait un vaste jardin au centre et en annexe un potager et deux cours intérieures ; il n'en reste aujourd'hui que les corps de bâtiments groupés autour du jardin ; la chapelle a disparu et les logements n'occupent qu'une partie en profondeur de l'aile sur la rue du Carmel où elle était située, celle-ci ayant été détruite en partie ; elle comportait un chœur des fidèles accessible par un portail monumental transporté au palais de justice.

L'ensemble se compose de quatre corps de bâtiments autour d'un jardin rectangulaire à peu près régulier. Seule la partie où se situe l'entrée et l'aile droite ont pu être visitées. L'entrée et le vestibule traversant se trouvent à l'angle de ces deux bâtiments. Une cage d'escalier se trouve à gauche, juste avant ce qui correspondait à la partie gauche de l'église. Le bâtiment en retour comprend deux étages carrés et un étage sous comble sur le rez-de-chaussée. Il est distribué par un escalier central. Une pergola en fer forgé établie dans le jardin le long de trois des bâtiments rappelle les galeries d'un cloître ; au centre, la fontaine centrale est d'origine. La porte monumentale d'entrée de la chapelle est une belle composition : porte à pan coupés avec chambranle sculpté d'un tresse de feuillage ; travée de pilastres à chapiteaux composite. Sous un entablement dont la frise est ornée de rinceaux d'acanthe, les écoinçons sont sculptés de figures difficilement lisibles aujourd'hui. L'ensemble est couronné par un édicule : niche en cul-de-four encadrée d'ailerons ; à la base un socle sculpté d'un ange supportait une statue disparue. Les élévations extérieures ne présentent pas grand intérêt. L'ensemble des façades sur jardin a été très remanié ; les travées sont à peu près régulières, mais les fenêtres sont de tailles diverses, avec un encadrement lisse ; présence de fenestrons en anse-de-panier sous la triple génoise du toit sur une partie d'une aile et d'une fontaine adossée sur la même façade.

  • Murs
    • enduit
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Éléments remarquables
    voûte

Seules parties visitées : entrée et aile droite.

  • / Carpentras illustré. Porte de l'ancien couvent des Carmélites.,Lang fils aîné (photographe),Carte postale, sd..Carte postale, sd.

Bibliographie

  • AMEYE, abbé H. Histoire des deux carmels de Carpentras, 1627 et 1810. "Les Carmélites". Dans Rencontres, n° 26, février 1961.

Documents figurés

  • Carpentras illustré. Porte de l'ancien couvent des Carmélites. Cliché Lang, Montélimar. Carte postale, s.d. Édition artistique des Nouvelles Galeries. Bibliothèque municipale Inguimbertine, Carpentras.

Date d'enquête 1988 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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