Il semble qu'aucune documentation relative à la construction du passage Boyer n'ait été conservée. Cependant le cadastre ancien indique que la rue faisant la liaison entre les rues d'Inguimbert et des Halles existait déjà : on en a seulement rectifié l'alignement. Vraisemblablement aménagé dans la seconde moitié du XIXe siècle, le passage Boyer reprend le principe des passages couverts parisiens et constitue toujours aujourd'hui une galerie marchande. Sa construction n'a en rien modifié le bâti des îlots 11 et 12 qui l'encadrent, mais relève plutôt de la création d'un décor plaqué sur des structures préexistantes. Ce décor comprend :

- deux bâtiments d'entrée nord et sud

- une ordonnance architecturale homogène des façades est et ouest longeant le passage

- une couverture en verre et métal.

Bâtiment d'entrée, élévation sur le passage.

Le bâtiment d'entrée nord présente sur la rue des Halles une élévation harmonieusement combinée avec les galeries qui bordent la rue au premier niveau. Le passage s'ouvre en effet par une serlienne au-dessus de laquelle une ordonnance régulière comprend, sur trois niveaux séparés par des bandeaux, une travée double centrale et deux travées latérales délimitées par une superposition de pilastres. L'unité de cette élévation est seulement rompue par les cadres de baies : cadres lisses autour des fenêtres de la parcelle 675, cadres moulurés autour de celles de la parcelle 643.

Sur le passage, les bâtiments d'entrée nord et sud présentent une élévation identique. Au-dessus d'un grand arc mouluré englobant les deux premiers niveaux, façade de deux travées de fenêtres rectangulaires entourées de cadres moulurés, superposées sur trois niveaux et couronnées par un tympan épousant la forme de la couverture. Sur le quatrième niveau, le trumeau est orné d'une table moulurée, sans doute un ancien cadran solaire. Enfin une voûte d'arêtes couvre les passages percés au premier niveau de ces deux bâtiments. Voûtes en plâtre sur lesquelles a été peint un faux appareil au trait noir. Sur le passage même, les élévations est et ouest à l'ordonnance régulière ne comportent pas de décor particulier. Une carte postale du début du XXe siècle conservée à la bibliothèque de Carpentras montre l'ordonnance originelle du premier niveau constituée par une succession de devantures de boutiques identiques. Seule la parcelle 647 a gardé sa façade intacte. La couverture est une verrière constituée à la base par un berceau en plein-cintre que couronne un petit toit à longs-pans.