Dossier d’œuvre architecture IA84000389 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
demeure (bastide)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune La Tour-d'Aigues
  • Lieu-dit Rafinel
  • Cadastre 1939 F 914  ; 1837 F 336, 337
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    bastide
  • Parties constituantes non étudiées
    chai, cellier, étable, porcherie, colombier

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A proximité de la route de La Tour-d'Aigues à La Bastidonne et à mi-chemin de ces deux localités, Rafinel est construite sur un terrain présentant une forte dénivelée du nord vers le sud. Les bâtiments sont groupés en U autour d'une cour fermée par une porte cochère : à l'ouest, le logis, dont la partie réservée aux maîtres excède le périmètre de la cour, donne au sud sur un jardin d'agrément orné d'un bassin et d'une fontaine ; au nord et à l'est, les bâtiments d'exploitation.

Matériaux et mise en œuvre

L'édifice est construit sur une assise de molasse calcaro-sableuse (safre) qui affleure par endroits et a été utilisée pour l'aménagement de certains volumes, notamment la cave. Construction en matériau local. Maçonnerie de moellons crépie ou non ; encadrement des baies en pierre de taille.

Logis

Parti général. Plan. Coupes

Corps de logis type de la bastide aristocratique abritant sous un même toit l'appartement des maîtres et celui des fermiers ; cette intégration, responsable d'un certain nombre des dispositions spécifiques, comme le dédoublement de l'escalier, ne ménage pas moins par une multitude de traits de distribution ou d'élévation une distinction nette entre l'une et l'autre partie.

Bâtiment de plan barlong, double en profondeur, sauf à son extrémité méridionale, réservée à l'appartement des maîtres. Bâtiment à un étage. Une cave est creusée dans le safre, hors du périmètre du bâtiment au nord.

Élévations extérieures

Logis. Façade antérieure.Logis. Façade antérieure. Pigeonnier (2). Façade antérieure sur cour.Pigeonnier (2). Façade antérieure sur cour.

L'élévation antérieure au midi se trouve être exceptionnellement sur un mur de croupe du fait de la disposition d'ensemble de l'édifice et des particularités fonctionnelles du corps de bâtiment. Elle est rigoureusement ordonnancée. Les élévations latérales, composées selon un parti symétrique, ne présentent cependant pas une parfaite régularité en raison de la complexité de la distribution intérieure et d'un certain nombre de modifications du parti initial, notamment du premier niveau. L'élévation occidentale sur laquelle débouche le chemin est une composition bien rythmée par la présence en son axe d'un pigeonnier en belvédère et celle d'un niveau complet de sept fenêtres segmentaires à chambranle en pierre de taille.

La forme des ouvertures et leur répartition traduisent d'ailleurs de manière évidente la dualité fonctionnelle du corps de bâtiment, l'extrémité méridionale ne présentant aucun "accident" secondaire dans l'organisation des baies qui toutes ont un chambranle en pierre de taille et un couvrement segmentaire.

Combles et couvertures

Le bâtiment est couvert d'un toit à longs pans, porté par une génoise à 4 rangs, se terminant du côté de l'appartement des maîtres par une croupe, du côté de celui des fermiers par un pignon.

Le pigeonnier en belvédère est couvert d'un toit en pavillon. Cette disposition exceptionnelle pourrait constituer une variante locale du modèle traditionnel, couvert en appentis avec un décrochement. On trouve en effet à La Tour-d'Aigues, outre ce pigeonnier et celui de la cour (pigeonnier 2), un pigeonnier comparable à Saint-Vincent (non sélectionné pour étude).

Distribution intérieure

C'est la distribution intérieure qui confère au corps de bâtiment son caractère exemplaire. Si le parti est comparable à celui de la Bourguette (cf. IA84000380), il s'en distingue néanmoins par maint détail et d'abord par le fait qu'ici l'appartement des maîtres, par ses dimensions réduites, sa distribution élémentaire et l'absence de décor semble avoir été conçu comme un pied-à-terre.

La partie méridionale simple en profondeur est donc occupée par l'appartement des maîtres ; la partie septentrionale, recoupée transversalement et longitudinalement par un refend, par celui des fermiers ; la partie centrale, accessible alternativement d'un côté ou de l'autre, et donc commune aux deux appartements, abrite de nombreuses fonctions : escalier de l'appartement des maîtres (rampe-sur-rampe) ; escalier secondaire du grenier et du pigeonnier, grenier à grain au premier étage, grenier du second étage, seule pièce dans le comble, au niveau du pigeonnier en belvédère,etc.

La distribution initiale de l'appartement des maîtres n'est pas évidente compte tenu des modifications intervenues notamment au rez-de-chaussée de la partie centrale dont les pièces sont aujourd'hui peu différenciées. Il semble néanmoins que cet appartement ait été essentiellement constitué au rez-de-chaussée d'une salle flanquée d'un office et vraisemblablement d'une cuisine (aujourd'hui cellier) et à l'étage de chambres, aujourd'hui au nombre de trois distribuées par un couloir.

L'appartement des fermiers, distribué par son propre escalier (volées superposées à quartier tournant), dispose d'une surface équivalente ; ici encore la fonction des pièces a été modifiée ; l'étage est accessible de plain pied sur le pignon septentrional.

Cave : creusée dans le safre ; seule est maçonnée (voûte en berceau segmentaire) la partie située sous la maison. Son plan ramifié, qui n'est pas sans rappeler celui de la Baume à Pertuis, n'indique pas clairement la fonction de ce local d'où part en outre l'amorce d'un souterrain.

Logis. Cave creusée dans la roche en place (safre). Vue en enfilade du sud vers le nord.Logis. Cave creusée dans la roche en place (safre). Vue en enfilade du sud vers le nord.

Dépendances

Parti général. Plan. Coupes

Les dépendances, qui occupent les côtés nord et est de la cour, présentent une exceptionnelle unité. Elles sont construites contre une assez forte rupture de pente de telle sorte que le niveau inférieur constitue un étage de soubassement et que les greniers, au rez-de-chaussée surélevé, sont accessibles de plain pied au nord. Le bâtiment principal présente un plan en L dont les ailes communiquent par deux grands arcs pris dans le refend. Le plancher est porté, ainsi que la charpente, par des piles maçonnées montant de fond. Les élévations sur cour sont percées de baies segmentaires à encadrement appareillé : deux portes donnant sur le cellier au nord, une porte charretière sur l'écurie à l'est.

Au second niveau, fenêtres rectangulaires à linteau de bois et cadran solaire peint ; daté 1804, il porte l'inscription suivante : "Da solem ignabo". Chacune des ailes est couverte d'un toit à longs pans porté par une génoise à deux rangs.

Le pigeonnier 2, de plan carré à deux étages, est couvert d'un toit en pavillon sur une génoise à trois rangs ; il est occupé de bas en haut par un volume voûté largement ouvert au sud par un arc en plein cintre (petite étable, poulailler, clapier?), une pièce indifférenciée et le pigeonnier lui-même. Chacune de ces pièces dispose d'un accès propre (escalier extérieur à l'ouest pour le premier étage, accès de plain-pied au nord pour le second) et d'une fenêtre. La fenêtre d'envol du pigeonnier est dotée d'un vestige de grille en plâtre et d'un appui monolithe.

Cave A. Façade antérieure sur cour avec cadran solaire.Cave A. Façade antérieure sur cour avec cadran solaire.

FONTAINE

Fontaine adossée au mur sud-ouest du jardin clos et comprenant un bassin de chaque côté de ce mur.

Au sud-ouest, bassin semi-circulaire de 4 mètres de diamètre.

Au nord-est, bassin semi- elliptique : grand axe : 1, 80 m

petit axe : 1, 60 m.

Les bassins sont surmontés, au- dessus du mur, d'un fronton à pans curvilignes et sommet plat. Les trois pots à feu trouvés sur place devaient servir d'amortissement à la base et au sommet.

Côté nord-ouest, le mur est percé de deux niches carrées vides.

Côté sud-est, il forme tableau délimité par deux pilastres au droit du muret du bassin reliés par une corniche qui se prolonge en imposte au droit des pilastres ; le tableau est décoré de deux masques en demi-relief, il était autrefois stuqué et peint (traces de volutes, noir, ocre, jaune, brun).

A gauche : masque de femme aux cheveux torsadés, couronné de cinq fleurs à quatre et six pétales.

A droite : homme moustachu, aux forts sourcils, coiffé d'un turban.

Ces deux masques tiennent dans la bouche un tuyau d'alimentation en eau. Visages ronds, traits lourds, nez épais, arcades sourcilières très marquées, yeux globuleux bordés de paupières larges et dotés d'une grande pupille.

Fontaine. Face antérieure. Mascaron gauche.Fontaine. Face antérieure. Mascaron gauche. Fontaine. Face antérieure. Mascaron droit.Fontaine. Face antérieure. Mascaron droit.

NOTE DE SYNTHÈSE

Cet édifice présente un intérêt exceptionnel en raison de son homogénéité qui autorise une lecture cohérente de la composition d'ensemble et du parti de distribution d'une petite bastide aristocratique de la seconde moitié du XVIIIe siècle, de son jardin d'agrément et de ses dépendances agricoles.

Bastide de la 2e moitié du 18e siècle ; cadran solaire daté 1804

Ensemble de corps de bâtiment disposés en U autour d'une cour fermée ; à l'est corps de logis d'un étage carré surmonté d'un pigeonnier carré, avec sous-sol creusé dans la roche et rez-de-chaussée partiellement voûte ; élévations à travées de baies segmentaires ; vastes dépendances contenant chai, celliers, étables, fenils, porcherie voûtée et colombier carré couvert en pavillon ; cadran solaire peint sur l'élévation antérieure du chai ; jardin d'agrément rné d'un bassin semi-circulaire et d'une fontaine à buffet d'eau orné de 2 mascarons et de pots à feu. Dimensions : 400 l ; 200 la ; 150 h ; 180 la.

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • mascaron
    • pot à feu
  • Précision représentations

    sujet : mascarons et pots à feu, support : buffet d'eau

  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1968 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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