DESCRIPTION
Situation et composition d'ensemble
Dans le site vallonné des collines qui limitent au sud la terrasse de piémont du Luberon, la Marchande est construite sur le versant gauche assez accentué et bien dégagé du vallat de la Marchande.
La bastide, ruinée, est flanquée au nord de bâtiments plus récents et à l'écart, à l'est, d'un pigeonnier isolé, qui constitue malgré son délabrement l'élément le plus intéressant de l'édifice et l'un des plus beaux du Pays d'Aigues. Pigeonnier. Côté sud.
Les vestiges d'un four à pain sont visibles à l'angle sud-ouest des bâtiments.
Matériaux et mise en œuvre
Appareil de moellons et de cailloux initialement crépi ; chaînes d'angle et encadrement des baies en pierre de taille, au nu du mur.
Parti général, plan, coupes
L'état de conservation du logis ne permet pas d'en définir un parti clair. Il s'agir apparemment d'une petite construction de plan rectangulaire (13 x 7 m), simple en profondeur, à un étage en surcroît sur rez-de-chaussée surélevé ; la cage de l'escalier occupe la partie gauche du logis ; l'étage de soubassement est entièrement voûté.
Élévations extérieures
- Élévation antérieure, à l'ouest et mur pignon droit
L’élévation antérieure porte la trace des remaniements qu'a subis le bâtiment. La travée gauche, celle de l'escalier, présente notamment au second niveau une fenêtre dont les piédroits, largement ébrasés vers l'extérieur, sont décorés de moulures en fort relief - tore à profil outrepassé et gorge - sur des bases ornées de bagues et un socle à pan coupé, l'ensemble évoquant un vase prismatique. Le couvrement segmentaire est à l'évidence un remaniement. L'appui torique sur un cavet est également à pans coupés.
Logis. Façade antérieure, partie gauche. Logis. Façade postérieure. Partie droite.
Le reste de l'élévation est percé de deux travées de baies segmentaires, qu l'on peut restituer par comparaison avec les vestiges de la travée du mur-pignon droit : au deuxième niveau une haute fenêtre, au troisième dans le surcroît un xxxx xxxx, à appui torique.
L'élévation en retour d'équerre à gauche est simplement collée sur le chaînage d'angle de l'élévation antérieure et présente une travée constituée d'une porte charretière en plein cintre et d'une petite fenêtre dont l'arc segmentaire et l'appui sont monolithes.
- Élévation postérieure
L'élévation postérieure est en deux parties. A gauche, le logis initial, en partie effondré présente deux travées de baies segmentaires : au premier niveau, fenêtres à clé saillante passante ; au deuxième niveau, petites fenêtres dans le surcroît.
A droite, comme sur l'élévation antérieure, un corps de bâtiment a été simplement collé sur le mur pignon du logis. On notera sur cette élévation à deux niveaux homogène la similitude avec l'élévation en retour du côté ouest et notamment au premier niveau une large porte en plein cintre (murée) et une fenêtre carrée à arc segmentaire et appui monolithes et qui partage un piédroit en commun avec la porte axiale.
Combles et couvertures
Toits à longs pans sur charpente élémentaire de pannes entre refends et murs pignon. En partie effondrée. Génoise à un rang sur l'élévation antérieure et postérieure du logis.
Distribution intérieure
L'étage de soubassement, à droite de l'escalier, est entièrement couvert de voûtes d'arêtes sur des piliers en pierre de taille, aujourd'hui divisé par des murs de remplissage. Un couloir central à deux travées oblongues ouvre sur la cage d'escalier par un arc clavé. Cet étage commande sur trois côtés des caves voûtées en berceau plein cintre.
Logis. Escalier. Premier palier. Mur ouest, porte : la clé.
De l'escalier en pierre, rampe sur rampe, ne subsiste que la première volée. Dans le mur nord de la cage, au niveau des premier et deuxième palier, deux portes en plein cintre donnent sur le corps de bâtiment latéral ; celle du premier palier présente un arc mouluré sur piédroits avec base et imposte avec une agrafe feuillagée à volutes.
NOTE DE SYNTHÈSE
Les prix-fait de 1554 et de 1560 ne sont pas suffisamment explicites pour qu'on puisse les attribuer à telle ou telle partie de la construction, dont l'hétérogénéité et l'état de conservation ne facilitent pas l'interprétation. Tout au plus peut-on distinguer au moins trois sinon quatre campagnes qu'illustrent la fenêtre du premier repos de l'escalier (fin XVe, début XVIe siècle), la porte du premier palier et sans doute l'escalier, peut-être vers 1560 (comme le pigeonnier), un réaménagement complet des appartements accompagné d'un repercement, vers le milieu du XVIIIe siècle - les proportions inhabituelles des hautes fenêtres du deuxième niveau de l'élévation antérieure pourraient supposer le remaniement de fenêtres barlongues à traverse - , enfin mais peut-être simultanément la construction du corps de bâtiment annexe au nord.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.