Dossier d’œuvre architecture IA84000168 | Réalisé par ;
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
demeure (bastide)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Saint-Martin-de-la-Brasque
  • Lieu-dit Sainte-Catherine
  • Cadastre 1932 C 391, 392 ; 1837 C 438, 439, 441
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    bastide

HISTORIQUE

La disparition des anciens cadastres de la communauté de Saint-Martin-de-la-Brasque nous prive totalement de renseignements sur l'origine de cette bastide, qui remonte probablement au XVIe siècle. Une courte note incluse dans une délibération municipale de 1742 au sujet de l'établissement d'un nouveau cadastre nous apprend cependant que, dans le cadastre précédent, daté de 1645, la bastide de Sainte-Catherine avec son domaine valait le cinquième de la totalité des terres de la commune, en raison de son étendue et de son statut de terre franche, non soumise à des redevances seigneuriales 1.

En outre, le rapport adressé à l'archevêque d'Aix par le curé de Saint-Martin-de-la-Brasque en 1656 signale l'existence, dans cette bastide, d'une chapelle privée, dépourvue, à cette date, d'ornements et de service religieux 2.

Le 20 mars 1661, le propriétaire de la bastide, Joseph d'Aymar, seigneur de Montsalier, se fit concéder à bail perpétuel par le prieur Jean Brémond les terres du prieuré Sainte-Catherine de Plaidieu, alors enclavées dans son domaine, dont la valeur totale s'élevait à 3.000 livres. Cette concession fut accordée moyennant une pension féodale annuelle de 150 livres, une cense également annuelle de 12 deniers et le paiement des décimes, des tailles et autres charges du prieuré, à l'exception du service religieux 3. A la suite de cette acquisition, Joseph d'Aymar se trouva en conflit avec la communauté de Saint-Martin-de-la-Brasque au sujet de la taille des terres du prieuré, qu'il refusait de payer 4. Une sentence de compromis, rendue le 11 Janvier 1697 au profit de la communauté, contraignit finalement son fils et héritier Henri d'Aymar, seigneur de Montsalier et de Châteaurenard, lieutenant colonel du régiment de dragons du Vieux-Languedoc, à acquitter cette redevance 5.

La déclaration faite en 1728 par Charles Palhier, prieur de Sainte-Catherine,au Bureau du Clergé nous apprend en outre que le domaine avait été érigé en seigneurie - à l'exception toutefois des terres du prieuré, dont la directe et majeure seigneurie restait au prieur 6. Quant à la chapelle Sainte-Catherine signalée dans le terroir de Saint-Martin-de-la-Brasque par l'Etat du diocèse d'Aix dressé vers 1730 7, il s'agit certainement de la chapelle de la bastide, car celle du prieuré avait depuis longtemps déjà disparu.

Les sources manquent pour la fin du XVIIIe siècle et la révolution. Propriété de Pauline de Bruny, veuve d'Amable-Joseph de Seytres, duc de Caumont, le domaine fut légué le 12 mai 1830 par celle-ci à Louis-Charles de Bruny, baron de Chateaubrun. Passé ensuite par héritage à Charles-Emilien-Hippolyte de Saqui-Sannes, il fut l'objet d'une saisie et d'une vente aux enchères et acquis, le 17 janvier 1863, par Pierre-Alexis-Philippe Dubosc, dont les héritiers le revendirent en 1901 à Antoine Bouchard 8.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A. Situation

Demeure située au sud-ouest du village, sur le côté ouest du chemin vicinal n° 1, dit grand chemin de Pertuis, au croisement du chemin de la Motte-d'Aigues. L'ensemble est bordé à l'ouest par le ravin de l'Ourgouze.

L'édifice est isolé au fond d'un jardin d'agrément dans l'axe duquel est tracée une allée cavalière. Portail sud.Portail sud.

B. Composition d'ensemble

Corps de bâtiment principal massif, orienté au sud, flanqué au nord-ouest d'un petit pavillon octogonal, et à l'est de bâtiments annexes, plus bas, en retrait par rapport à la façade antérieure.

L'entrée principale est au sud du jardin, presque dans l'axe de la façade ; portail constitué de deux grands piliers de pierre surmontés de boules portant les grilles ; un mur de moellons clôt le jardin. A l'ouest, le bâtiment principal est bordé par une terrasse qui communique avec des jardins en contrebas par l'intermédiaire d'un escalier en U.

Matériaux et leur mise en œuvre

Une visite rapide n'a pas permis l'étude complète des matériaux. L'ensemble de la construction est en blocage de moellons irréguliers ; toutes les baies et les chaînes d'angle sont bien appareillées. Les bâtiments étaient crépis.

Parti général, plans, coupes et élévations intérieures

A. Parti général

Corps de bâtiment principal ordonné en fonction de la façade antérieure et de la façade latérale ouest. Cette partie n'a pas été étudiée. Divers bâtiments ont été ajoutés au nord et à l'est, sur les façades mineures.

B. Plan

Corps de bâtiment principal de plan rectangulaire ; les autres bâtiments, également de plan rectangulaire sont disposés de façon irrégulière.

La seule partie étudiée est le petit appentis contenant la cuisine et diverses pièces de service ; il a été accolé au mur nord de la maison (collages), avec laquelle il communique par une porte. Un refend nord-sud le divise en deux parties ; le pavillon octogonal semble avoir été construit en même temps ; il est percé d'une baie sur quatre de ses côtés

C. Coupes - élévations intérieures

Le corps de bâtiment principal comprend seul deux étages carrés. Le pavillon est couvert d'une coupole à huit pans en plâtre.

Élévations extérieures

- Corps de bâtiment principal

- Façade antérieure : ordonnance à peu près symétrique sur trois niveaux de sept travées. Le premier niveau est percé au centre d'une porte à chambranle mouluré et décor architecturé comprenant deux pilastres surmontés de consoles portant un entablement. Les fenêtres latérales ont un chambranle creusé d'une feuillure et une tablette d'appui moulurée. Le deuxième niveau présente une ordonnance alternée : les sept fenêtres ont le même chambranle mouluré, mais la fenêtre centrale est couronnée d'un entablement, la sixième d'un fronton (peut-être celui de la seconde fenêtre a-t-il disparu). Même ordonnance au troisième niveau : les seconde, quatrième et sixième fenêtres ont un fronton arrondi. Les niveaux sont séparés par des cordons moulurés à hauteur d'appui. Corniche.

Façade antérieure, vue d'ensemble.Façade antérieure, vue d'ensemble. Façade postérieure.Façade postérieure.

- Façade postérieure : sans ordonnance ; elle présente un ressaut ; diverses reprises sont visibles. Génoise à trois rangs.

- Façade latérale ouest : à peu près symétrique ; quatre travées de baies reprennent les dispositions de la façade antérieure ; mêmes séparations de niveaux, mêmes modénatures ; au premier niveau, la troisième travée est percée d'une porte.

- Façade latérale est : cachée par les annexes ; le mur a été surélevé pour simuler un mur gouttereau couronné d'une génoise à trois rangs.

- Pavillon octogonal : trois côtés, visibles extérieurement sont percés d'une baie en arc brisé, dont le chambranle est mouluré : porte au sud, fenêtres au nord et à l'ouest. Une corniche couronne l'ensemble ; les murs sont crépis.

Combles et couvertures

- Bâtiment principal : toiture à deux versants et croupes. Tuiles creuses. Les combles n'ont pas été visités.

- Pavillon : toiture à huit pans, couverte de tuiles vernissées vertes en écaille ; tuiles creuses sur les arêtiers ; épi de faîtage en terre vernissée verte et zinc.

Distribution intérieure

La partie étudiée la plus intéressante est constituée par les aménagements de la cuisine. Plaquée contre le mur de la maison, une vaste hotte arrondie couvre à droite la cheminée, à gauche un potager de deux étages percés chacun de trois niches en arc en segment, dallées de mallons vernissés rouge (longueur totale : 2, 52 m). Le dessus et la façade sont couverts de carreaux de faïence jaunes. Des portes métalliques fermaient le deuxième étage de niches.

A droite de la cheminée est placé un four, de plan circulaire, dont la porte en plein cintre ouvre sous la hotte. Ce four, construit en lits horizontaux de briques réfractaires, déborde dans le dégagement donnant dans la salle à manger.

Cuisine, cheminée.Cuisine, cheminée. Cuisine, le four.Cuisine, le four.

Le pavillon est entièrement couvert de gypseries à décor de faux marbre. Les huit pans de la coupole forment des panneaux moulurés ; au centre, une rosace en relief. Aux angles, pilastres cannelés à chapiteau corinthien, soutenant un petit entablement. Les murs, ébrasements et allèges des fenêtres sont en faux marbre. Les fenêtres sont fermées par un remplage de bois ; châssis en bois ; verres de couleur.

Parti de décor

Le programme décoratif est cantonné surtout à la façade antérieure et la façade ouest, de même ordonnance, bordée d'une terrasse à balustrade de pierre. Le reste a été négligé.

Quant au pavillon, il forme une unité décorative, malgré le mélange des éléments classiques et néo-gothiques.

La cheminée de marbre blanc veiné de gris, constituée de quatre blocs, se trouvant dans le salon à droite du vestibule, provient d'un hôtel d'Aix-en-Provence.

Rez-de-chaussée, salon à droite de l'entrée : cheminée.Rez-de-chaussée, salon à droite de l'entrée : cheminée.

NOTE DE SYNTHÈSE

Le corps de bâtiment principal, la bastide proprement dite, par l'ordonnance générale de ses façades et le style de la porte, parait dater de la fin du XVIIIe siècle. De tous les bâtiments existants, c'est certainement le plus ancien. Le cadastre de 1837 donne l'indication de bâtiments aujourd'hui disparus, et l'organisation des jardins, avec un fossé situé en avant de la façade, fermant une cour ; une autre pièce d'eau se trouvait en contrebas, au nord-ouest.

Ce cadastre n'indique pas le pavillon et l'aile de la cuisine dont la construction ne saurait être de beaucoup postérieure.

1A.C. Saint-Martin-de-la-Brasque, BB 3, f° 91, délibération du conseil de la communauté du 25 janvier 1742.2A.D. 13, Marseille, G 340, pièce 12, "Estat de la paroisse de Saint-Martin-de-la-Brasque", 27 janvier 1656 : "... Il y a aussi dans le territoire une meterie appellée Sainte-Catherine, ou y a une chapelle ; dans icelle il n'y se faict aucun service, il n'y a aucuns ornemens a l'autel".3A.D. 13, Marseille, G 650, Déclaration de messire Charles Palhier, prieur commendataire du prieuré Sainte-Catherine du terroir de Saint-Martin-de-la-Brasque en la vallée d'Aygues, 1728.4A.C. Saint-Martin-de-la-Brasque, BB 2, f° 6, délibération du conseil de la communauté du 1er janvier 1694, et f° 13, délibération du 25 mai 1696.5Ibidem, f° 16, délibération du 5 mars 1697.6A.D. 13, Marseille, G 650.7B. Méjanes, Aix-en-Provence, ms. 1048, p. 449.8Etude de Me Manderon, La Tour-d'Aigues : acte complémentaire de la désignation et de l'origine de propriété du domaine de Sainte-Catherine vendu par acte de ce jour par M. et Melle Dubosc à M. Antoine Bouchard, 10 septembre 1901.

Bastide aristocratique établie dans le 2e quart du 17e siècle sur les ruines du prieuré rural dépendant de l'abbaye de Montmajour mentionne à partir de 1118 sous le titre de Notre-Dame de Marlanegues, puis à partir du 13e siècle sous celui de Sainte-Catherine de Plaidieu ; prieuré sécularisé au 14e siècle, abandonné au 15e siècle, détruit au 16e siècle ; bastide érigée en fief pour la famille d'Aymar ; reconstruite dans le 1er tiers du 19e siècle pour Pauline de Bruny, duchesse de Caumont, remaniée après 1837 (pavillon, cuisine).

Maison de maître de plan rectangulaire à élévations ordonnancées, entouré au sud et à l'ouest de terrasses et de jardins, accostée au nord-ouest d'un pavillon octogonal (chapelle, fabrique de jardin ?) couvert d'une fausse coupole et d'un toit polygonal et d'un petit corps de bâtiment contenant la cuisine

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse, tuile plate
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
    • fausse coupole sans trompe
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit polygonal
    • croupe
  • Techniques
    • décor stuqué
    • peinture
  • Représentations
    • ordre corinthien
    • rosace
  • Précision représentations

    sujet : 8 pilastres corinthiens soutenant une corniche, support : murs ; sujet : rosace, support : coupole du pavillon

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archevêché d'Aix. Etat des paroisses : Saint-Martin-de-le-Brasque. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 340.

    Pièce 12, 27 janvier 1656.
  • Déclarations fournies par les redevables des décimes en 1728 et pièces à l'appui. Saint-Martin de la Brasque. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 650.

    Déclaration de messire Charles Palhier, prieur commendataire du prieuré Sainte-Catherine du terroir de Saint-Martin-de-la-Brasque en la vallée d'Aygues.
  • Délibération du conseil de la communauté. Saint-Martin-de-la-Brasque. Archives communales, Saint-Martin-de-la-Brasque : BB 1 à 5.

    BB2, 1694-1729, f° 6, 13, 16 ; BB 3, 1729-1757, f° 91.
  • [Etat du diocèse d'Aix par paroisses et par doyennés, vers 1730.] Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence : ms 1048.

Date d'enquête 1970 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
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Sauze Elisabeth
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