Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
- inventaire topographique
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pertuis
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Commune
Mirabeau
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Lieu-dit
Saint-Michel
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Cadastre
1946
B
79
;
1837
B
141
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Dénominationsprieuré
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Genrede bénédictins
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VocablesSaint-Michel-de-Bejun
HISTORIQUE
L'église Saint-Michel de Béjun - improprement appelée de Beccopino, par mauvaise lecture de la forme latine Beccojuno - est l'un des plus anciens sanctuaires connus sur le territoire de Mirabeau, de fondation probablement antérieure à la formation du village.
Situé à proximité de la limite entre les communes de Mirabeau et de Beaumont, elle fut longtemps considérée comme appartenant au territoire de cette dernière 1. Elle fut donnée, à une date inconnue, à l'abbaye de Saint-André de Villeneuve, qui s'en fit confirmer la possession dans les pancartes pontificales de 1118, 1143 et 1178 2, ainsi que dans la convention passée en 1165 avec l'archevêque d'Aix 3. Conformé ment aux termes de cette convention, on trouve le prieuré cité sur les rôles de bénéfices du diocèse d'Aix soumis au paiement des décimes - 30 sous et 7 deniers en 1274, 28 sous en 1351 -, de la taxe synodale et de la taxe archiépiscopale sur les dîmes (quarton) - un demi-muid de froment et un demi-muid d'orge - vers 1300 et de la taxe des procurations - de moitié avec le prieuré rural Saint-Gervais de Beaumont - vers 1350 4.
De l'édifice même, on ne sait rien avant 1343, date de la première visite pastorale conservée : l'archevêque ordonna au prieur de faire restaurer les bâtiments d'habitation du prieuré, de faire retirer de l'église une cuve à vin qui y avait été placée, reblanchir les murs intérieurs, peindre pour l'autel un retable à l'effigie de saint Michel, fondre une cloche d'un demi-quintal et la poser (dans le clocher-arcade) au dessus du sanctuaire et faire pour la sacristie un coffre de noyer et quelques vêtements liturgiques ; il constata avec satisfaction que sa précédente ordonnance, qui prescrivait la reconstruction ou réparation de l'église et la fourniture d'un calice d'argent et d'un missel, avait été exécutée 5.
Sécularisé probablement à la même époque, le prieuré fut désormais desservi par un prêtre nommé par l'archevêque d'Aix, tel Durant Ales, mis en possession le 20 août 1402 par le vicaire de Mirabeau, au détriment d'Antoine Catalan, clerc de Riez pourvu du même prieuré par lettres apostoliques, qui dût s'en désister peu après 6.
L'église Saint-Michel ne fut pas visitée au cours des tournées pastorales de 1423 et 1427 7. Elle figure cependant sur la liste des prieurés qui versent un cens annuel à l'abbaye de Saint-André (12 sous) en 1442 8. Un demi-siècle plus tard, c'est un prêtre de Mirabeau, Paul Guillon, qui paie à l'archevêque d'Aix la décime due par le prieur Jean Rasteau très probablement, comme beaucoup de ses confrères, celui-ci ne résidait plus sur place et confiait la gestion du prieuré à un ecclésiastique local 9. A la fin du XVIe siècle, effectivement, selon le procès verbal de la visite pastorale de 1582, le prieur de Saint-Michel percevait, par l'intermédiaire d'un fermier, 600 florins de rente annuelle mais ne faisait célébrer dans son église qu'une messe chaque dimanche 10. Ce demi-abandon fut sans doute à l'origine du délabrement de l'édifice. A la suite d'une énergique intervention de l'archevêque d'Aix, en 1618, qui lui ordonna de remettre en état la chapelle - notamment la toiture -, de la pourvoir des ornements, objets et livres sacrés indispensables et de faire refondre la cloche cassée 11, le prieur, Thomas Castillon, fit faire quelques réparations et assurer le service religieux deux fois par semaine, le vendredi et le dimanche. En 1632, cependant, le mobilier - un vieux retable, un calice d'étain, quelques vêtements liturgiques usés - laissait bien encore à désirer 12.
Tout porte à croire que, par la suite, la chapelle fut assez régulièrement entretenue et desservie. Ses prieurs successifs - François d'Aimard en 1662, Joseph Cordier en 1672, Bernardin Risqui en 1676 et 1678 - continuaient, de loin, à faire gérer le prieuré par un laïc (généralement un bourgeois de Pertuis), qui leur versait une rente annuelle (500 livres) et faisait célébrer par un prêtre des environs, moyennant une modeste rétribution, les deux messes hebdomadaires et la grand messe votive de la Saint-Michel, où se rendait en procession toute la population de Mirabeau et pour laquelle le prieur faisait donner des "joies", objets divers (plats d'étain, coupons d'étoffe, rubans, bonnets, épingles et aiguillettes) servant de prix aux jeux et concours organisés pour la circonstance 13. Le prieur Bernardin Risqui se plaignait cependant au Bureau diocésain du peu de profit qu'il tirait de son bénéfice, en regard des frais d'exploitation et d'entretien (réparations à la chapelle, mais aussi aux terres du domaine, prés et terrasses de cultures endommagés par les intempéries), et réclamait une réduction de sa décime 14. La sentence pastorale du 25 mai 1682 se borne à prescrire au prieur de continuer à faire assurer le service hebdomadaire de la chapelle et à confier la garde du calice - probablement un calice d'argent, fourni en remplacement du vieux calice d'étain de 1632 - au vicaire de la paroisse 15.
Un état du diocèse d'Aix dressé en 1724 attribue au prieur de Saint-Michel 554 livres de revenu annuel pour ï64 livres de charges, en particulier pour le service religieux de la chapelle assuré parles frères Observantins du Tourel, de la Tour d'Aigues 16. D'après les déclarations faites en 1728 au Bureau diocésain par le prieur François de Fargues, les revenus du prieuré (environ un hectare et demi de terre de labour, une petite grange et la dîme des grains - au1/13° - et des raisins - au 1/20° - d'une partie du terroir de Mirabeau) se montaient à 560 livres par an, tandis que les charges, service religieux, taxe archiépiscopale, entretien du domaine et des bâtiments, atteignaient 201 livres 17.
Saisie et vendue comme bien national sous la Révolution 18, la chapelle Saint-Michel a été conservée, tandis que les bâtiments du prieuré, sans doute déjà en ruine, étaient abandonnés. Racheté par le Bureau de bienfaisance de Mirabeau, l'édifice a été rendu au culte et sert encore à un pèlerinage annuel. La construction des deux contreforts de maçonnerie qui soutiennent la façade ouest et le carrelage blanc et noir qui recouvre le sol intérieur datent du début du XXe siècle. Vue d'ensemble prise de la porte d'entrée.
DESCRIPTION
Situation et composition d'ensemble
Chapelle isolée dans les collines à l"est de Mirabeau. D'aspect massif et rustique, l'édifice se détache de la végétation sauvage environnante.
Matériaux et mise en œuvre
Calcaire gris-jaune appareillé sous forme de moellons équarris assez irréguliers. Les chaînes d'angles sont plus soignées et de dimensions plus importantes que les assises des parements.
Parti général, plan, coupe et élévations intérieures
Édifice à nef unique de plan rectangulaire couverte d'un berceau brisé, et chœur de plan rectangulaire couvert d'un berceau. Le chœur est légèrement décalé vers le nord.
Les collages indiqués sur le plan concernent des reprises du gros-œuvre ou des réparations (contreforts de la façade antérieure), mais ne semblent pas correspondre à des états successifs de l'édifice.
Élévations extérieures
L'ensemble des façades présente de rares baies, la plupart murées ; ce sont des jours verticaux pratiqués dur le côté sud de la nef, le côté est du chœur et le pignon est de la nef. Les baies de la façade antérieure son modernes. Trous de boulins, en particulier sur la façade nord. Le pignon est de la nef est couronné d'un clocheton.
Comble et couverture
Combles non étudiés. Couverture de tuiles creuses.
Distribution intérieure
Tous les murs de la nef sont enduits et peints en blanc avec un soubassement jaune ; l'enduit est bleu dans le chœur.
Le mobilier est moderne (19e siècle).
Prieuré rural dépendant de l'abbaye de Saint-André-de-Villeneuve, mentionné à partir de 1118 ; sécularisé et transformé en ferme dans la 2e moitié du 14e siècle ; église restaurée dans le 1er quart du 17e siècle (reconstruction de l'abside) ; aujourd'hui encore lieu de pèlerinage annuel
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Période(s)
- Principale : 12e siècle
- Principale : 13e siècle
- Principale : 1er quart 17e siècle
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Auteur(s)
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Auteur :
maître d'oeuvre inconnumaître d'oeuvre inconnuCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Eglise composée d'une nef voûtée en berceau brisé et d'une abside carrée voûtée en berceau plein-cintre ; clocher mur sur l'arc triomphal
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Murs
- molasse
- moyen appareil
- pierre de taille
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Toitstuile creuse
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Plansplan allongé
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Étages1 vaisseau
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Couvrements
- voûte en berceau brisé
- voûte en berceau plein-cintre
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Couvertures
- toit à longs pans
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Statut de la propriétépropriété publique
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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Documents d'archives
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Comptes de décimes du diocèse d'Aix, 13 janvier 1501. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : B 3320
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Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1582-1583. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1332.
f° 227. -
Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.
f° 109-110. -
Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1681-1682. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1342.
P. 337. -
Procès verbaux de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1421-1423. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 201 bis.
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Procès-verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1424-1425. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 201 ter.
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État du diocèse d'Aix, 1724. État des revenus des bénéfices du doyenné de Pertuis. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 236.
P. 192. -
Archevêché d'Aix, déclarations fournies par les redevables des décimes, Mirabeau, 1728. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 625.
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Mise en possession du prieuré Saint Michel pour Durant Ales, 20 août 1402. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 2 G 275 (1744).
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Renonciation d'Antoine Catalan au prieuré Saint Michel en faveur de Durant Ales, 8 août 1403. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 2 G 278 (1757).
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Biens nationaux. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 6 Q 4.
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Sentence de visite pastorale de la paroisse de Mirabeau, 17 octobre 1618. Archives communales, Mirabeau : GG non coté.
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Procès verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1340-1345. Archives privées.
f° 84. -
Histoire de l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon par dom Chantelou. Bibliothèque municipale, Avignon : ms 2401.
f° 119 v°, 152 v°, 156 v°, 159 v°.
Bibliographie
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ALBANES, Joseph-Hyacinthe. Gallia Christiana Novissima. Tome 1 : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron. Montbéliard : Société anonyme d'imprimerie montbéliardaise, 1899.
-
CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Senez. Paris : Imprimerie nationale, 1923.
P. 13, 27, 32, 39, 45.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.
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