Dossier d’œuvre architecture IA84000139 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
auberge, ferme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Mirabeau
  • Lieu-dit le Grand Logis
  • Cadastre 1946 B 196  ; 1837 B 391
  • Dénominations
    auberge, ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    étable

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

En bordure de l'ancienne route royale de Toulon à Sisteron, l'une des grandes voies de communication entre Haute et Basse Provence, le Grand Logis constitue le symétrique de Négréoux à Beaumont-de-Pertuis. Comme lui, il doit son importance à la proximité du bac de Mirabeau sur la Durance et à celle de la rupture de pente qu'imposait l'ancien tracé de la route par les hauteurs de Saint-Eucher.

Au pied du versant septentrional, en pente assez raide, du vallat de Saint-Michel, resserré à cet endroit en goulet à son passage entre les massifs du Saint-Sépulcre au sud et de Saint-Eucher au nord, l'édifice s'étend tout en longueur sur près de 80 m ; il est constitué par un logis central (A), flanqué de vastes dépendances à l'ouest (bergerie­ écurie B) et à l'est (bergerie C), moins importantes au nord (D-E).

Matériaux et mise en œuvre

Matériaux locaux ; appareil de moellons de molasse calcaire et de galets apparents d'une remarquable homogénéité pour l'ensemble de l'édi­fice sauf l'élévation antérieure du logis, qui présente un faux-appareil peint sur enduit, chaînes d'angle, encadrement des baies, piliers de la bergerie-écurie B en pierre de taille.

Les transformations les plus récentes, surélévation de la bergerie­ écurie B et de la tourelle d'escalier du logis, ont été effectuées en briques.

Parti général, plan, coupes

- Logis A : plan rectangulaire à un étage carré et un étage de comble, simple en profondeur. Tourelle d'escalier polygonale hors-œuvre sur l'élévation postérieure ; garni à l'angle antérieur gauche d'une tourelle en fer à cheval hors-œuvre donnant dans la bergerie A. La tourelle nord donne sur une cour depuis la fermeture, après 1837, de l'espace libre entre l'écurie A et le cellier D.

- Bergerie-Ecurie B : de plan massé, double en profondeur à un étage de comble ; le bâtiment est en fait constitué de deux parties, l'écurie au nord ayant été collée sur la bergerie pré-existante. Le rez-de-chaussée est entièrement voûté, chacune des parties présentant cinq travées de voûtes d'arêtes réparties en deux galeries séparées par des piliers.

Porte de l'écurie et pile voisine.Porte de l'écurie et pile voisine. Grande écurie, vue en enfilade.Grande écurie, vue en enfilade.

- Bergerie C : bâtiment de plan oblong en rez-de-chaussée.

Élévations extérieures

A part l'élévation antérieure du logis, crépie lors d'une réfection ancienne, sans doute en 1799 (date du cadran solaire, également peint), les murs de l'édifice sont d'une très grande homogénéité d'apparence même pour des parties visiblement hétérogènes. C'est l'étude des collages et la structure des baies qui seule permet d'identifier les campagnes de construction ou les modifications apportées à l'édifice.

Les baies se répartissent en trois familles chronologiquement bien distinctes :

- petites fenêtres carrées et chanfreinées avec (troisième niveau de l'élévation antérieure du logis) ou sans congé (tourelle méridionale, élévation septentrionale de l'écurie B) ; à cette même famille, ou légèrement antérieures, si l'on considère la fenêtre de la tourelle comme un remaniement vraisemblable, appartiennent les meurtrières à ressauts, deux pour le tir de flanquement, une pour le tir frontal, de la tourelle méridionale ; fenêtres barlongues à traverse (élévation antérieure du logis, premier et deuxième niveaux de la partie droite)

- Les fenêtres segmentaires au nu du mur et la porte du logis avec chambranle et clé à volute, très vraisemblablement contemporaines du crépi (1799), sont localisées sur l'élévation antérieure et le mur pignon droit.

A cette même famille pourraient être attribuées les portes cochères en plein cintre à arrière voussure de la bergerie B, de l'écurie sur la cour, et de la bergerie C.

- Aux transformations plus récentes sont dues les baies disparates - rectangulaires à linteau de bois, I.P.N., de ciment ; arcs en brique - de l'élévation méridionale et du mur-pignon occidental de la bergerie­ écurie B, la porte de l'étage de grange, des élévations sur la cour, du cellier D.

Combles et couvertures

Combles et couvertures ont tous fait l'objet de remaniements récents : le corps de logis A est couvert d'un toit en appentis en tôle ondulée en remplacement d'un toit plus ancien à longs pans ; le cellier D et les petites dépendances E sont couverts en appentis en tuiles creuses ; la bergerie-écurie B et la bergerie C sont dotées de vastes charpentes, exceptionnelles en pays d'Aigues par leur ampleur et leur qualité, de conception contemporaine.

Distribution intérieure

- Logis A :

- Rez-de-chaussée

Un couloir conduisant à l'escalier divise le logis en deux parties dissymétriques.

Cuisine, vue d'ensemble.Cuisine, vue d'ensemble.

La cuisine Aa et Ab sont couvertes d'un berceau longitudinal en plein-cintre à lunettes enduit ; sol carrelé. Aa : évier (moderne) dans l'angle sud-ouest, cheminée contre le mur oriental ; dans la pièce Ab, contre le mur nord, escalier secondaire en pierre de taille.

A gauche du couloir, la pièce Ac, recoupée par une cloison est couverte d'un plafond à quatre poutres longitudinales apparentes, plâtrées ; sol en ciment ; placard mural dans le mur occidental. Dans le mur nord, un grand arc en plein-cintre, aujourd'hui muré, donnait sur la cour. Ce pourrait donc être l'ancienne écurie du logis.

Au nord, les caves Da couvertes d'un berceau plein cintre longitu­dinal appartiennent au corps de bâtiment D ; elles ouvrent à l'ouest sur la cour par une porte à linteau droit.

- Premier étage

Sols carrelés de mallons 20 x 10 cm.

Au-dessus de Aa et de Ab, la chambre Ae est couverte d'un plafond à poutres et solives apparentes, la chambre Af d'un plafond à poutres apparentes. Ae donne sur le palier par une porte dont le vantail est une menuiserie ancienne (XVIIe siècle ?) ; dans la chambre Af, contre le mur nord, cheminée adossée en maçonnerie (deuxième moitié du XVIIIe siècle).

- Deuxième étage

Sols carrelés de mallons 20 x 20 cm.

Au-dessus de Ae et de Af, étage de comble occupé par des chambres plafonnées, distribuées par un couloir transversal ; la chambre orientale présente les mêmes dispositions que Ae.

Aux étages, les pièces à gauche du couloir n'ont pas été visitées

- Escalier

Escalier en vis. Volée du rez-de-chaussée (demi-révolution) à marches pleines portant noyau, partiellement délardées en gorge. Volée du premier étage (demi-révolution), en vis à jour ; marches maçonnées carrelées de mallons à nez de bois. Rampe pleine en plâtre.

- Bergerie-écurie A

La bergerie et l'écurie communiquent dans leur partie droite par un arc en plein cintre clavé.

Les voûtes de l'une et de l'autre reposent au centre sur des piliers et latéralement sur des pilastres en pierre de taille couronnés d'une imposte torique. Ce qui les distingue fonctionnellement, c'est la hauteur des man­geoires : mangeoires toutes maçonnées entre les piliers dans l'écurie, mangeoires basses entre piliers et pilastres dans la bergerie. Dans l'écurie, le premier pilier occidental a été aménagé (tardi­vement ?) en mangeoire à cochon.

Grande écurie, mangeoire dans la pile de la dernière travée.Grande écurie, mangeoire dans la pile de la dernière travée.

NOTE DE SYNTHÈSE

Aucun texte ne vient éclairer l'histoire du Grand Logis ; on en est donc réduit aux hypothèses qu'autorisent les observations de terrain.

La partie la plus ancienne est certainement la tourelle méridionale dont les meurtrières caractéristiques appartiennent au XVIe siècle sans que l'on puisse préciser davantage (on connaît des meurtrières semblables au château de Villelaure dans le pays d'Aigues et à l'enceinte de Richeren­ches dans le canton de Valréas. S'agissant d'un flanquement, cette tou­relle implique l'existence à cette époque du corps de logis A et de la bergerie B. Aucune rupture de continuité n'est d'ailleurs sensible dans la maçonnerie des élévations méridionales ; l'écurie parait avoir rapidement complété l'ensemble si l'on en juge aux baies chanfreinées de l'élévation septentrionale et au mode de couvrement identique à celui de la bergerie. L'intervention suivante, beaucoup plus tardive, est semble-t-il bien datée par la réfection (percements, crépissage) de l'élévation antérieure du logis (1799), accompagnée vraisemblablement d'un réaménagement intérieur (reconstruction de la partie supérieure de l'escalier, chambres des premier et deuxième étages éclairées par des fenêtres segmentaires ouvertes dans le mur pignon oriental).

Il est moins aisé de différencier les aménagements ultérieurs, les plus récents étant incontestablement la construction du cellier D - qui entraîna la modification des parties hautes du logis - et des petites dépendances E, ces dernières ne figurant pas sur le cadastre de 1837 ; on notera enfin la réfection des charpentes et de la toiture des grandes dépendances latérales.

Auberge ; ferme seigneuriale établie au 16e siècle à l'embranchement des routes menant de Manosque à Mirabeau et au bac à traille ; corps de logis du 16e siècle, agrandi sur l'arrière et remanié au 18e siècle ; étables à l'ouest bâties au 16e siècle, agrandies au 17e ou au 18e siècle ; étables à l'est bâties au 19e siècle ; cadran solaire daté 1799

Edifice forme d'un corps de logis central accosté à l'ouest et à l'est de 2 grands corps de bâtiment contenant des étables ; corps de logis à 1 étage de soubassement voûté en berceau plein-cintre à lunettes, rez-de-chaussée et étage en surcroît desservis par un escalier en vis à cage polygonale ; étable occidentale formée de 2 grands vaisseaux voûtés d'arêtes retombant sur des piliers et cantonnée au sud-est d'une petite tour percée de meurtrières de fusillade ; porte principale ornée d'une agrafe sculptée et cadran solaire peint sur l'élévation antérieure

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • galet
    • moellon
    • appareil mixte
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte d'arêtes
    • à lunettes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1970 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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