Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.
- inventaire topographique
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Roucaute GérardRoucaute Gérard
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
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Heller MarcHeller Marc
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pertuis
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Commune
Mirabeau
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Lieu-dit
le Capon
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Cadastre
1946
C
564
;
1837
C
553
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Dénominationsprieuré
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Genrede bénédictins
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VocablesSainte-Madeleine-de-Roquerousse, Sainte-Madeleine-du-Pont-de-Canteperdrix
HISTORIQUE
D'origine incertaine, cette chapelle, siège d'un prieuré rural, apparaît pour la première fois dans la pancarte d'Alexandre III confirmant les possessions de l'abbaye de Saint-André de Villeneuve lès Avignon en 1178 sous le nom de "ecclesia sancte Marie de Roca Ruffa" 1.
Son vocable lui vient du nom du quartier de Roque Rousse, qui désignait jadis la montagne située entre Mirabeau et la Durance (aujourd'hui Saint Sépulcre) à l'entrée du défilé. En dépit de son site et des assertions de divers auteurs 2, elle ne parait pas devoir son établissement à un hypothétique pont sur la Durance, mais peut-être à un ancien chemin longeant la rivière à partir de Pertuis 3.
Vers 1300, on la trouve portée sur une liste d'églises du diocèse d'Aix astreintes au paiement de la taxe synodale 4, et vers 1350, sous le vocable de sancte Marie Magdelene de Ponte et associée aux prieurés Notre-Dame et Villevieille et Saint-Romain de Beaumont, soumise au versement de la taxe des procurations 5. Elle figure aussi sur le rôle des décimes de 1351, pour la modique somme de 20 sous, ce qui amène à s'étonner de son absence sur le précédent rôle des décimes, daté de 1274 6.
Vue de situation prise du lit de la Durance, au nord.
Le 17 mai 1343, au cours de sa tournée pastorale, l'archevêque d'Aix visita l'ecclesiam beate Marie Magdalene de Ponte, dont le vocable nouveau doit être mis en rapport avec l'établissement récent d'un bac sur la Durance ; il prescrivit à son prieur de la pourvoir d'une cloche pesant un demi quintal, d'un coffre pour la conservation des objets liturgiques, d'un missel et d'un vêtement sacerdotal, de faire réparer les bâtiments d'habitation (hospicia) ruinés dépendant de l'église et, surtout, lui ordonna, sous peine d'un gros tournois d'amende pour chaque omission, d'y célébrer deux messes hebdomadaires 7.
Par la suite, on manque d'information, la chapelle Sainte- Madeleine ne figurant pas aux procès-verbaux des visites pastorales postérieures. A partir de 1570, le prieur de Sainte-Madeleine, qui était le sacristain de l'abbaye de Saint-André de Villeneuve, entra en conflit avec le nouveau seigneur de Mirabeau, Jean Riqueti, au sujet de la juridiction du quartier de Roque Rousse 8. Un long procès s'ensuivit, qui ne s'acheva qu'en 1633 par une transaction passée entre Joseph Aymar, fermier du prieuré, notaire, représentant le seigneur Thomas Riqueti, au bénéfice de ce dernier 9. On ignore quel fut par la suite le sort de la chat>elle. Sur un dessin à la plume du XVIIIe siècle (non daté précisément) figurant le château et le port de Mirabeau, l'édifice apparaît en mauvais état - toiture couverte d'une végétation parasite ? - mais néanmoins entière 10.
Saisie et vendue comme bien national à la Révolution, la chapelle devint propriété de la commune et servit d'abri ou d'entrepôt pour le service du bac. Après la construction du pont, la commune, considérant le bâtiment désaffecté comme non productif et inutile, projeta de le louer à l'administration des Ponts et Chaussées (en 1858) et aux entrepreneurs du chantier du chemin de fer (en 1868) pour servir d'entrepôt 11. Elle finit par vendre la chapelle, à une date et dans des circonstances inconnues, au propriétaire du Château.
En 1921, ce dernier, l'académicien et député Maurice Barrès, s'adressa à l'administration des Beaux-Arts pour essayer d'empêcher ou de modifier la construction, au voisinage immédiat de l'édifice, de pylônes destinés au transport de l'électricité. Sur le rapport favorable établi par l'Architecte des Monuments Historiques Jean Valentin, le Directeur des Beaux-Arts Paul Léon ouvrit une instance de classement et fit suspendre les travaux. Malgré l'avis favorable émis par la Commission des Monuments Historiques le 4 mars 1922, le propriétaire n'ayant pas donné son autorisation, le classement ne fut prononcé par arrêté ministériel que le 10 novembre 1928. Une nouvelle alerte eut lieu en 1932, un journaliste imprudent ayant répandu le bruit que la reconstruction du pont entraînerait la démolition de la chapelle et soulevé, de ce fait, un tollé de protestations : il fallut l'assurance donnée par le Ministre des Travaux Publics que la chapelle ne serait pas touchée par les travaux pour calmer les inquiétudes. Sur le rapport de l'architecte en chef des Monuments Historiques Jullien, la chapelle, dans un état de délabrement assez avancé (murs et voûtes partiellement écroulés, couverture en dalles de pierre très abîmée, menuiserie de la porte manquante) une campagne de restauration fut décidée et financée par l'administration des Beaux Arts en 1948 12. Protégée et restaurée, la chapelle n'a cependant jamais été rendue au culte. Très exposée aux déprédations du fait de sa situation en bordure d'une route fréquentée, elle a récemment été mutilée de son inscription gravée sur l'un des claveaux de la porte. Le texte de cette inscription bilingue (latin et provençal) et inachevée, est heureusement connu et publié depuis longtemps par l'érudit Monseigneur Chaillan qui en a donné la traduction et l'interprétation : "L'an du Seigneur 1239, le 3 des nones de juin (3 juin) eut lieu une éclipse de soleil. Prends garde, si tu commences, comment tu finiras. Qui bien fiera bien (trouvera)" 13
DESCRIPTION
Situation et composition d'ensemble
En amont du Pont de Mirabeau, sur un rocher qui surplombe la Durance, la chapelle est dominée par le relief élevé environnant. C'est un édifice isolé auquel on accède directement de la route.
Matériaux et leur mise en œuvre
Parements en petit appareil de moellons équarris ; chaînes d'angles, baies, clocher et bandeaux appareillés ; à l'intérieur, piliers, arcs et voûte appareillés.
Intérieur de la chapelle, vue ouest-est.
Parti général, plan, coupes et élévations intérieures
Chapelle à nef unique de plan rectangulaire avec abside semi-circulaire englobée dans un massif rectangulaire plus étroit que la nef.
Deux travées couvertes d'un berceau brisé sur un doubleau central retombant sur deux piliers adossés et un doubleau à chaque extrémité de la nef ; l'arc occidental retombant sur des culs-de-lampe, au sud mouluré, au nord à trois ressauts taillés en biseau.
Le cul-de-four de l'abside, beaucoup plus bas que le berceau, s'ouvre sur la nef par un arc triomphal légèrement brisé, retombant sur des impostes en quart-de-rond. Sol de terre.
Le berceau retombe sur des bandeaux taillés en biseau faisant retour sur les piliers. Ebrasement droit des fenêtres de la seconde travée.
Le pilier nord a été doublé extérieurement d'un contrefort.
Élévations extérieures
Mur pignon percé d'une porte en plein cintre à larges claveaux et d'un oculus formé de deux pierres échancrées en demi-cercle. Clocher-arcade à deux arcades en plein cintre.
Des trous de boulins situés autour de la porte servaient à fixer un auvent. De part et d'autre et au-dessus de l'oculus, ouvertures d'un colombier.
Façade postérieure
Mur de l'abside percé d'une fenêtre étroite ; au-dessus mur-pignon aveugle de la nef. Les côtés de l'abside sont aveugles.
Façade latérale sud
Divisée en deux parties par le contrefort ; la travée est est percée d'une fenêtre étroite ; le mur est couronné d'un bandeau continu. Pas de contrefort. A l'ouest, ouvertures d'un colombier, sous la toiture ; à l'est, fenêtre étroite, ébrasée, à linteau échancré en plein cintre.
Deux rangs de trous de boulins, à une hauteur sensiblement égale à ceux de la façade antérieure, ont pu servir à fixer un auvent.
ANNEXES
Marques et inscriptions
Le sommier du côté gauche de la porte d'entrée portait une inscription volontairement mutilée récemment : ANNO DNI MCCXXXIX III NONAS IVNNII SOL OBCURATUS FUIT + GRADA SI COMENSAS COFENIRAS OI BEN FARA BEN.
Prieuré rural établi probablement entre 1165 et 1178 par les moines de Saint-André-de-Villeneuve à l'entrée du défilé de Canteprerdrix, point de passage de la Durance ; prieuré déserté et ruiné avant 1343 ; église convertie en remise après la Révolution ; restaurée en 1948 ; inscription gravée sur un claveau de la porte commémorant une éclipse de soleil datée 1239.
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Période(s)
- Principale : 3e quart 12e siècle
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Auteur(s)
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Auteur :
maître d'oeuvre inconnumaître d'oeuvre inconnuCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Edifice orienté composé d'une nef de 2 travées voûtées en berceau brisé et d'une abside en cul-de-four ; élévation occidentale à pignon surmonté d'un clocher mur à 2 baies ; bandeau saillant et rangées de trous de boulin (pigeonnier ?) à la partie supérieure des élévations ouest et sud
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Murs
- molasse
- moyen appareil
- pierre de taille
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Toitstuile creuse
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Plansplan allongé
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Étages1 vaisseau
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Couvrements
- voûte en berceau brisé
- cul-de-four
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Couvertures
- toit à longs pans
- croupe
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Éléments remarquableséglise
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Protectionsclassé MH, 1928/11/10
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Référence MH
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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Documents d'archives
-
Mirabeau : administration communale. Edifices du culte. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 76 (6).
chapelle Sainte Madeleine. -
Transaction entre le prieur de Sainte Madeleine et le seigneur de Mirabeau, 1er août 1633. Archives communales, Mirabeau : AA 1.
-
Inventaire manuscrit des archives du château de Mirabeau, 1741. Archives communales, Mirabeau : CC 1.
f° 1. -
Procès verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1340-1345. Archives privées.
f° 85. -
Histoire de l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon par dom Chantelou. Bibliothèque municipale, Avignon : ms 2401.
f° 159 v°.
Bibliographie
-
BOUCHE, Honoré. La chorographie ou description de Provence et l'histoire chronologique du mesme pays. Aix : Charles David imprimeur du Roy, 1664, 2 tomes et 2 fasc. de suppl. reliés en 2 vol.
P. 7. -
CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Senez. Paris : Imprimerie nationale, 1923.
P. 27, 39, 45. -
CHAILLAN, Marius ( Mgr). L'église de Sainte Madeleine, avec son inscription, son bac et son pont. Dans Bulletin archéologique, 1927.
P. 397-405. -
CHAILLAN, Marius (Mgr). L'église de Sainte Madeleine. Dans Le feu, 1933, n° 2.
Documents figurés
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La Durance à Mirabeau (Bouches-du-Rhône). Passage du bac. Par Champion. Crayon et sépia. 19e siècle. Bibliothèque municipale, Avignon : Est. fol. 98, n° 20.
-
Veu du château de Mirabeau et du grand port de la Durance. Par P. Juramy. S.d. (XVIIIe siècle). Dessin à la plume et lavis. Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence : C 16.
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