Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.
- inventaire topographique
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Roucaute GérardRoucaute Gérard
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
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Heller MarcHeller Marc
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pertuis
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Commune
Cabrières-d'Aigues
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Lieu-dit
Entraigues
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Cadastre
1971
AK
170
;
1856
D
1295
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Dénominationsprieuré, ferme
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Genrede bénédictins
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VocablesNotre-Dame-d'Entraigues
HISTORIQUE
La chapelle Notre-Dame d'Entraigues est l'une des plus anciennes fondations connues sur le territoire de la commune. Elle appartint et dépendit, dans un premier temps, du monastère Saint-Romain d'Eguille. On la trouve comme telle mentionnée sur la charte du 20 mars 1102 par laquelle Gibelin, archevêque d'Arles, fit donation à l'abbaye de Psalmody du monastère Saint-Romain avec toutes ses dépendances, parmi lesquelles l'église Sancte Marie Inter Aguas sise in terminio de Robiantz - sur le territoire de Roubians, c'est-à-dire sur l'actuel territoire de Cabrières-d'Aigues 1.
Elle figure par la suite très normalement sur les listes de possessions confirmées à l'abbaye de Psalmody par les papes Calixte II en 1123 et Clément IV en 1266 2. On la retrouve aussi sur les listes de bénéfices ecclésiastiques du diocèse d'Aix soumis au paiement des décimes : taxée à 33 sous 4 deniers en 1274, elle ne paie plus que 19 sous en 1351 - ce qui indique une forte baisse de ses revenus entre ces deux dates 3. Petit prieuré rural sans cure, l'église d'Entraigues n'était pas redevable de la taxe synodale 4. Elle était, semble-t-il, exempte de la taxe archiépiscopale sur les dîmes 5, mais acquittait, de moitié avec l'église Notre-Dame d'Estrées (ou de Beauvoir, sur le territoire d'Ansouis), la taxe des procurations 6.
Elle fut, le 13 janvier 1343, visitée par l'archevêque d'Aix en tournée pastorale, le prélat, après y avoir entendu la messe, ordonna de réparer les bâtiments d'habitation contigus à l'église et de les clore par de bonnes et solides portes, de murer et de déplacer l'accès au cellier pratiqué dans l'église (considéré comme inconvenant), de réparer le coffre où étaient enfermés les livres afin de les prémunir de la dent des souris et de fournir, pour le service religieux, un calice d'argent, des vêtements et des livres liturgiques convenables 7. Les mêmes prescriptions durent être réitérées, parce que non exécutées, lors de la visite suivante le 30 avril 1345 8.
Bien qu'appartenant, théoriquement, à l'abbaye de Psalmody, l'église n'était plus, au XIVe siècle, desservie par un moine résidant au prieuré, mais par un clerc ou un prêtre d'un village voisin qui, moyennant salaire, assurait le service religieux à la place du prieur ; ce dernier, généralement un séculier déjà pourvu d'une cure ou d'un prébende canoniale, se contentait de percevoir les revenus de son prieuré, dont il confiait la gestion à un laïc. Ce processus, d'ailleurs commun à cette époque à la plupart des prieurés ruraux, s'observe à Notre-Dame d'Entraigues dès 1377, où le pape autorise deux ecclésiastiques nommés Jean de [?] (probablement oncle et neveu), d'un curé de Fontfouillouse (Gard), l'autre bachelier en droit et prieur de Notre-Dame d'Entraigues, à échanger leurs bénéfices 9. C'est un sanctuaire probablement à l'abandon que l'archevêque d'Aix s'abstient de visiter au cours de sa tournée pastorale de1423 10. A cette date, les guerres de la fin du XIVe siècle et la récession économique, qui continue alors à vider les campagnes, ont certainement dévalué très fortement le potentiel économique du prieuré ; dans un territoire déjà à demi déserté, les dîmes et le domaine ne rapportent plus guère et l'église n'a plus de fidèles. L'image de cette déchéance apparait en 1501, lors de la collecte des décimes par l'archevêque d'Aix : le prieuré d'Entraigues y est estimé 7 florins seulement, et sa redevance est versée par le vicaire de Cabrières, Pierre Rey 11.
Le repeuplement du village et la remise en valeur du territoire de Cabrières à partir de 1495 contribua, certes, à revaloriser le prieuré. Mais les nouveaux habitants étant de confession vaudoise puis, à partir de 1532, réformés, l'église dut rester vide. Le prieur Ferréol Estelle, prêtre de Cucuron, arrenta,le 3 mai 1510, pour 6 mois son prieuré à un habitant de Cucuron, Vital Maurel, moyennant le versement de 9 saumées de froment et 2 saumées d'avoine 12. Le 1er janvier 1511, il renouvela le bail au même preneur, pour 3 ans, contre une rente de 18 saumées de froment ou 12 écus d'or par an 13, qu 'il eut d'ailleurs du mal à se faire payer puisqu'il dut faire emprisonner son fermier l'année suivante pour en obtenir paiement 14. Aussi, en 1514, est-ce à un prêtre de la T0ur d'Aigues, Jean Chau, qu'il afferma son bénéfice : à cette occasion, il porta la rente annuelle à 40 florins et exigea de son fermier qu'il desservit ou fit desservir l'église 15. La rente du prieuré continua par la suite d'augmenter : elle atteignait 50 florins en 1528, lorsque le prieur Jean Mullet, après avoir pris possession de son bénéfice, le donna à ferme pour trois ans à un notaire de Pertuis, Raimond Gaudon 16.
La chapelle ne parait pas avoir eu à souffrir des guerres de religion. Négligée au cours de la tournée pastorale de 1582, elle fut visitée et trouvée en bon état lors de la tournée de 1620 : son prieur, Pierre de Planis, de Cucuron, en tirait 40 écus de revenu et y faisait célébrer la messe chaque dimanche d'une croix à l'autre - c'est-à-dire du 3 mai au 14 septembre 17. Le même prieur était encore en charge lors de la visite suivante, le 23avril 1633, et la chapelle en état, quoique pauvrement meublée (un seul retable, aucun ornement) 18.
Autant qu'on puisse le savoir, la situation resta identique jusqu' à la fin de l'ancien régime. Ainsi, de 1716 à 1726, le prieur Joseph Ginoyer arrenta le prieuré - la dime du district compris entre la limite de Cabrières, le chemin de Pertuis, celui de Cucuron et le vallat de Saint-Jean, et un domaine d'une douzaine d'hectares - à Pierre Ripert, greffier de Cabrières, moyennant le versement annuel de 6 charges de froment et 12 charges de seigle. Au cours de cette même période, le service religieux fut assuré d'abord par les Servites de Cucuron, puis par la congrégation des prêtres de l'église de Cucuron 19. Si restreint fut-il, ce service, joint à la contribution annuelle de 15 livres que le prieur d'Entraigues versait à celui de la paroisse de Cabrières pour la reconquête catholique du lieu, constituait une charge assez lourde, près de la moitié des revenus (115 livres en 1724) du prieuré 20.
Confisqué et vendu comme bien national sous la révolution, le domaine d'Entraigues fut transformé en exploitation rurale et la chapelle, désormais complètement abandonnée, tomba en ruine peu à peu.
DESCRIPTION
Situation et composition d'ensemble
Chapelle en ruines depuis 1924, au sud de Cabrières, à un kilomètre de l'étang de la Bonde, sur un plateau bordant le torrent du Reynard ; un à pic flanque les ruines à l'ouest et à l'est. Il ne reste que le côté nord de l'ensemble des bâtiments.
Matériaux et leur mise en œuvre
La plupart des quelques murs encore debout sont construits en blocage de moellons et de galets. L'arc brisé et le mur qu'il porte sont appareillés en calcaire jaune.
Parti général, plan, coupes et élévations intérieures
Le mur nord, complet, et les murs perpendiculaires en grande partie détruits, délimitent trois sections distinctes : la section a centrale est ce qui reste de la chapelle. Un arc brisé abrite une peinture murale, et porte le départ d'un berceau, masqué par le lierre ; la section b, en blocage, comportait un étage. La section c, voûtée de deux travées d'arêtes, a été divisée en deux pièces par un mur de faible épaisseur. Elle est complètement effondrée.
La partie sud de l'ensemble est masquée par les éboulis.
Deux contreforts placés contre les retombées de l'arc brisé, contre le mur nord, assuraient le contrebutement du berceau.
Combles et couverture
Le mur séparant les sections a et c porte encore quelques tuiles creuses de la toiture, qui était située très près de l'extrados du berceau.
Parti de décor
La peinture murale appliquée sous l'arc brisé s'inscrit dans le cadre architectural : à un premier niveau presque complètement enterré, se trouvait un décor d'architecture dont on aperçoit l'entablement.
Au-dessus, une niche (h. 1, 50 m) en cul de four dans laquelle se trouve une Vierge à l'Enfant ; ne sont plus visibles que les têtes et le corps de l'Enfant. De part et d'autre, un angelot et un motif de rinceau. Au-dessus de la niche, une coquille (h. 0, 36 m).
Couleurs : fond : bleu très pâle
décor d'architecture : ocre jaune, brun
coquille : ocre jaune
visages : chair rose pâle, blanc, ombres vertes
rinceaux : ocre jaune
fond de la niche : ocre jaune.
Sur l'arc est peint un parement blanc à traits rouges.
Prieuré mentionné à partir de 1102, dépendant de l'abbaye de Psalmody ; sécularisé au 14e siècle ; transformé en ferme au 16e siècle ; abandonné et ruiné après 1924 ; les vestiges visibles sont ceux d'une nef de 3 travées voûtée en berceau brisé ; les 2 premières travées ont été transformées en corps de logis au 16e ou au 17e siècle ; le choeur a été remplacé par un petit corps de bâtiment à étage ; la 3e travée, seule conservée à usage liturgique, avait son mur sud percé d'une porte en plein-cintre et surmonté d'un petit clocher mur
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Période(s)
- Principale : 13e siècle
- Principale : 14e siècle , (incertitude)
- Principale : 16e siècle
- Principale : 17e siècle
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Auteur(s)
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Auteur :
maître d'oeuvre inconnumaître d'oeuvre inconnuCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Edifice rectangulaire allongé divisé par des murs de refends en 4 pièces, les 2 premières voûtées d'arêtes, la 3e voûtée en berceau brisé, la 4e plafonnée ; la 3e pièce à son mur nord appareillé, avec un grand arc brisé aveugle servant de cadre à une peinture murale presque effacée
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Murs
- molasse
- moellon
- moyen appareil
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Toitstuile creuse
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Plansplan allongé
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Étages1 vaisseau
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Couvrements
- voûte en berceau brisé
- voûte d'arêtes
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Couvertures
- toit à longs pans
- appentis
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Escaliers
- escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
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État de conservationmauvais état
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Techniques
- peinture
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Représentations
- ordre toscan
- Vierge à l'Enfant
- coquille
- putto
- rinceau
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Précision représentations
sujet : ordre toscan supportant une niche contenant une peinture de la Vierge à l'enfant, couronnée d'une coquille et accostée de putti ailes et de rinceaux, support : mur nord de la 3e pièce
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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Documents d'archives
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Procès-verbaux de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1421-1423. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 201 bis.
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État du diocèse d'Aix, 1724. État des revenus des bénéfices du doyenné de Pertuis. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 236.
P. 228-229. -
Archevêché d'Aix, paroisses, prieuré Notre-Dame d'Entraigues, 1716-1726. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 274.
Pièces 14 à 23. -
Comptes de décimes du diocèse d'Aix, 13 janvier 1501. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : B 3320
-
Arrentements du prieuré Notre-Dame d'Entraigues, 3 mai 1510 et 1er janvier 1511. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 849.
-
Accord entre le prieur Ferréol Estelle et Vital Maurel, fermier du prieuré Notre-Dame d'Entraigues, 16 juin 1512. Arrentement du prieuré d'Entraigues, 5 mai 1514. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 850.
f° 236 v° ; f° 162 v°. -
Prise de possession et arrentement du prieuré d'Entraigues par Jean Mullet, 12 décembre 1528. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 908.
f° 185. -
Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1620-1621. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1333.
f° 99. -
Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.
f° 181 v°. -
Cartulaire de l'abbaye de Psalmody. Archives départementales du Gard, Nîmes : H 106.
f° 33-34, 42, 47-48.
Bibliographie
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ALBANES, Joseph-Hyacinthe. Gallia Christiana Novissima. Tome 1 : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron. Montbéliard : Société anonyme d'imprimerie montbéliardaise, 1899.
n° 462. -
CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse d'Aix-en-Provence, dir. Maurice Prou, Paris : Imprimerie nationale, 1923.
P. 14, 29, 30, 39, 45.
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