Dossier d’œuvre architecture IA84000093 | Réalisé par
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
église paroissiale, Prieuré de Chanoines Saint-Jean de Roubians
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Cabrières-d'Aigues
  • Lieu-dit l' Eglise Saint-Jean
  • Cadastre 1971 AB 121, 122 ; 1856 D 907
  • Dénominations
    église paroissiale, prieuré
  • Genre
    de chanoines
  • Vocables
    Saint-Jean-de-Roubians

HISTORIQUE

La fondation de l'église Saint-Jean de Roubians est probablement très ancienne, en tout cas antérieure à son apparition dans les textes et à la formation du village. Elle se situe sur un coteau presque plan, bien dégagé, et les proches alentours ont livré à la prospection de nombreux débris de céramique estampée rouge ou grise attestant la présence d'un habitat de la fin de l'antiquité.

Les premières mentions écrites de l'édifice, dans des pancartes pontificales de 1175 et 1186 1 en font une dépendance du chapitre métropolitain Saint-Sauveur d'Aix. Bien que situé à un kilomètre environ au nord du castrum de Roubians, l'église Saint-Jean était et demeura la paroisse du territoire. Elle était dotée d'assez gros revenus (dimes, domaine et casuel), dont on peut juger l'importance au chiffre des décimes qu'elle payait : 56 sous et 10 deniers en 1274, 110 sous en 1351 2, ce qui la situe au 80ème (sur 191), puis au 43ème (sur 213) rang des bénéfices du diocèse. L'accroissement de ses revenus et de son importance au XIVe siècle correspond sans doute à l'amplification du peuplement local et à la formation du village de Cabrières, pour lequel fut construit une église annexe sous le titre de Notre-Dame de Mille Fleurs. Non astreint au paiement de la taxe synodale et de la taxe sur les dimes, le prieur de Saint-Jean acquittait la taxe des procurations 3. Le 24 avril 1343, l'église reçut la visite de l'archevêque d' Aix, qui passa la nuit suivante au prieuré ; le prélat trouva l'église de Cabrières, alors neuve, en excellent état, mais dut ordonner plusieurs réparations à celle de Saint-Jean, dont la couverture de tuiles avait besoin d'être refaite, l'escalier montant au clocher d'être couvert d'une voûte et l'autel de Saint-Jean d'être orné d'un retable peint convenable à l'image de son titulaire 4. Le rayonnement du sanctuaire s'étendait cependant hors des limites de la paroisse, puisqu' il figure sur le testament d'un habitant de Cucuron, Raimond Ricau, qui légua, le 9 avril 1348, une livre d'huile au luminaire de Saint-Jean de Cabrières 5.

En décembre 1423, au cours d'une visite pastorale, l'archevêque d'Aix ordonna de refaire la toiture en tuiles de l'église, très abîmée, afin d'empêcher la pénétration des eaux de pluie à l'intérieur 6. La paroisse était alors administrée par un vicaire, nommé par le prieur : Pierre Cauvin, prêtre de Cucuron, nommé par le prieur Charles de Burnas (chanoine de Saint-Sauveur d'Aix), qui prit possession de sa charge le 20 avril 1424, en présence de Bertrand Marroyn, prêtre de Cabrières (originaire de Cucuron), en élevant et reposant le crucifix de bronze placé sur le maître-autel de l'église Saint-Jean 7. Le même Pierre Cauvin fit, le 14 octobre suivant, dresser l'inventaire des biens dépendants de sa vicairie : divers biens fonds, casaux et remises, et un domaine d'une quinzaine d'hectares entourant l'église, un pré et plusieurs parcelles de bois et de landes ; dans l'église Saint-Jean, deux nappes d'autel, un crucifix et un reliquaire de Saint-Jean ; les objets, livres et vêtements liturgiques indispensables à la célébration du culte se trouvaient dans l'église Notre-Dame de Cabrières, ce qui indique bien qu'à cette époque déjà l'église annexe de Cabrières servait ordinairement au culte paroissial tandis que l'église titulaire ne servait que pour des cérémonies occasionnelles 8. Le cimetière contigu à l'église Saint-Jean continuait cependant d'accueillir les sépultures des habitants de Cabrières, ainsi qu'en témoignent deux testaments de 1425 9.

Le rôle de l'église Saint-Jean, déjà réduit au XVe siècle , ne fit que s'amenuiser par la suite. Au XVIe siècle, il passa au second plan le titre, et le siège même du prieuré et de la vicairie furent transférés, avec la paroisse, à l'église de Cabrières, Saint-Jean ne fut plus considéré que comme une chapelle rurale. Cet état de fait apparait dès le début du XVIe siècle dans les contrats d'arrentement du prieuré 10. La présence à Cabrières, à la suite de l'acte d'habitation de 1495, d'une population quasi entièrement de confession vaudoise, puis protestante, ne pouvait qu'aggraver les choses.

C'est un édifice à l'abandon que visita, le 7 novembre 1620, l'archevêque d'Aix , qui la décrit : " ... rompue au tout, sans pavé et sans retable" 11. Même situation lors de la visite du 23 avril 1633 - la chapelle, qui appartient au vicaire de Cabrières , n 'a aucun retable ni ornement, sa toiture est percée, sa porte sans serrure - 12, de nouveau signalée le 20 octobre 1639 13. Les procès-verbaux des visites pastorales suivantes n 'en font plus même mention : il est vrai que l'église catholique avait, en ce lieu, d'autres problèmes plus urgents.

Au XVIIIe siècle, l'abandon est total, la chapelle n'est plus signalée comme telle. Simple annexe du domaine du prieuré, elle a peut-être déjà été transformée en remise agricole . Elle figure, ruinée, sur la carte de Cassini 14. Vendue, sous la révolution, en même temps que le domaine, elle survit cependant partiellement. Sur le plan cadastral de 1831, sont figurés deux petits bâtiments contigus , qui correspondent, semble- t-il, au chœur et à la chapelle latérale sud transformée en cabanons. En 1957, l'érudit cucuronnais M. Maurice Taron la visite, photographie et relève les vestiges encore visibles. Depuis cette date, les derniers lambeaux de l'édifice se sont écroulés, il n 'en reste aujourd'hui qu'un amas de pierres et de décombres et quatre chapiteaux conservés par le propriétaire des lieux.

DESCRIPTION

Les éléments de cette description sont empruntés aux notes, photographies et relevés faits en 1957 par M. Maurice Taron.

Situation et composition d'ensemble

A. Situation

L'église était implantée sur un coteau presque plan, à faible distance d'un ruisseau (le vallat de Saint-Jean, à l'est) et en bordure d'un chemin (au sud) - probablement l'ancien chemin reliant Cabrières et Roubians à Cucuron.

B. Composition d'ensemble

L'édifice, sur un terrain à très faible dénivellation, devait être bien dégagé de tous côtés. Il s'ouvrait, à l'ouest, sur un chemin d'accès et était entouré d'un cimetière. L'emplacement des bâtiments du prieuré, certainement proche, n'est pas connu.

Matériaux et leur mise en œuvre

Calcaire coquillier jaunâtre, à grain fin, d'origine locale. Appareil de moellons équarris assez régulier et soigné à l'extérieur, joints au mortier. Parement en petit appareil à l'intérieur.

Parti général, plan, coupes et élévations intérieures

A. Parti général

Edifice orienté à nef unique, deux chapelles latérales et chœur à chevet plat ; la porte d'accès s'ouvrait dans la façade ouest.

B. Plan

En forme de croix latine.

- la nef : deux travées (?), probablement couvertes d'un berceau plein cintre ou brisé, dont la naissance est soulignée d'un cordon.

- les chapelles latérales : couvertes d 'un berceau plein cintre.

- le chœur : presque carré (un tout petit peu plus long que large), plus étroit que la nef, percé à l'est d'une fenêtre haute à ébrasement intérieur, fut d'abord couvert d'un berceau brisé, dont la naissance est visible au-dessus du cordon mouluré qui règne sur les trois côtés ; le berceau fut remplacé à une date inconnue, par une croisée d'ogives, dont les branches moulurées (bande entre deux tores) retombent sur des chapiteaux placés, dans les angles, immédiatement au-dessous du cordon ; pour asseoir ces retombées du côté de la nef, l 'arc triomphal a été légèrement rétréci. Les chapiteaux reposaient-ils sur des colonnettes adossées ?

C. Coupes et élévations intérieures

- la nef : aucune trace n'a été conservée.

- les chapelles latérales : les parties hautes ont probablement été reprises lors de l'aménagement en cabanon de la chapelle sud ; il n'est pas possible de savoir quelle était leur disposition précise et en particulier, leur articulation avec la nef - elles étaient vraisemblablement plus basses.

- le chœur : la voûte s'étant écroulée, on ignore comment étaient disposées la croisée d'ogives et la clef.

Élévations extérieures

Elles sont totalement inconnues. On remarque seulement le renforcement, aux quatre angles, de la travée centrale de la nef : ce dispositif avait pour but de permettre l'ouverture sur la nef des deux chapelles latérales et servait probablement d'assise au clocher. La forme et les dimensions de ce dernier, dont l'accès se faisait par un escalier extérieur, ne sont pas connues.

Combles et couverture

Inexistants en 1957. On sait seulement par la documentation que l'édifice était couvert de tuiles.

1ALBANES (chanoine J.H.) , Gallia Christina Novissima ..., I , Aix,Instrumenta, XII et XIV. 2CLOUZOT (E.), Pouillés des provinces d 'Aix, d'Arles, d'Avignon et d'Embrun..., Paris , 1923, p. 12 , 45.3Ibidem, p. 29, 30, 39.4A. P. (G. Demians d 'Archimbaud), Procès-verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix , 1340-1345, f° 69 v°.5A. C. Cucuron, GG 23.6.A. D. 13 (Marseile) , G 201 bis.7A. D. 13 (Aix) , 308 E 225 , 20 avril 1424.8Ibidem.9Ibidem, Testament de Catherine Estellesse, 26 février 1424 (1425 N.S.) ; testament de Pierre Figuière, même date.10A. D. 13 (Aix) : 308 E 849, Arrentement du prieuré de Cabrières, 2 janvier 1511.11A. D. 13 (Aix), 1 G 1333, f° 99.12A. D. 13 (Aix) , 1 G 1334, f° 182.13A. D. 13 (Aix) , 1 G 1335, f° 87 v°.14Carte de Cassini n° 123.

Eglise paroissiale du village de Roubians et prieuré dépendant du chapitre cathédral d'Aix, mentionnés à partir de 1175 ; église construite au 12e ou au 13e siècle, remaniée probablement au 14e siècle (remplacement du berceau brisé du choeur par une croisée d'ogives) ; prieuré abandonné après le transfert de la paroisse à Cabrières, ruiné au 17e siècle ; en 1956 il restait des vestiges du choeur et d'une chapelle latérale ; aujourd'hui totalement détruit

Eglise orientée en forme de croix latine, composée d'une nef de 2 travées, d'un choeur carré et de 2 chapelles latérales ; choeur voûte d'ogives retombant sur des (colonnettes par l'intermédiaire de ?) chapiteaux engagés à décor fruste

  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau brisé
    • voûte d'ogives
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • chevron
    • triangle
    • carré
  • Précision représentations

    sujet : chevrons, triangle, carré, support : corbeille des chapiteaux

  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1977 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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