Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.
- inventaire topographique
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Roucaute GérardRoucaute Gérard
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pertuis
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Commune
Cabrières-d'Aigues
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Cadastre
1971
AE
215
;
1856
B
1112
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Dénominationsmoulin à huile, temple, église paroissiale
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Précision dénominationédifice semi troglodytique
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VocablesNotre-Dame, Saint-Laurent
HISTORIQUE
Édifice antérieur
Fait exceptionnel, l'église de Cabrières a succédé non pas à un autre bâtiment culturel, mais à un bâtiment civil, qui fut le moulin à huile communal.
Ce moulin fut construit en 1611, à la suite d'une transaction passée entre la communauté de Cabrières et Chrétienne d'Aguerre, baronne de la Tour d'Aigues,qui prétendait obliger les habitants de Cabrières à venir moudre leurs olives à son moulin banal de la Tour-d'Aigues. L'acte d'habitation de1495 avait omis de régler ce détail, et les syndics réclamaient, au nom de la communauté, la liberté de pressage. La transaction donna à la baronne la banalité du moulin à huile, mais accorda aux habitants l'établissement de ce moulin - qui serait construit à leurs frais - dans le village et une réduction de la tasque (redevance en nature) des olives du 1/5ème au 1/9ème 1.
Les travaux de construction débutèrent aussitôt après. L'emplacement fut choisi dès le mois de février 1611 2 et une maison ruinée, appartenant à un nommé Guillaume Maurel, acquise par la communauté moyennant la somme de 143 livres et 10 sous 3. Le prix-fait du moulin fut passé 4 immédiatement - avec semble-t-il, les frères Pascal et Claude Roland, maçons de Cucuron, présents lors de l'arpentage du bâtiment terminé le 7 décembre 1611 5. Le 27 novembre 1612, le moulin était achevé et en ordre de marche, ainsi qu'en témoigne le procès-verbal dressé par Pierre Sarment et Antoine David, charpentiers de la Tour-d'Aigues, pour le compte de la baronne : "Avons trouvé le bastiment et couvert bon et suffizant, avec trois petites portes et fenestre, la fenestre avec ses paumelles et gonffons enssembles, la grand porte d'icelluy moulin frechise avec ses paumele et gonffons, sarure et clefs, le tout en bon estat ; visité les deux engins et trouvé les deux bancs, escoffres et candelles d'iceulx en bon estat ; et pour l'agrat des quatre advis, en avons trouvé deux bons et recepvables et les deux autres qu'il faut refaire de neuf. Avons visité le coup, le lict et la pierre sive virant acommodé avec sa feremente, en bon estat enssembles ;"veu et visité le peyrol et chasse dans son forneau avec sa cheminée, le tout en bon estat ; veu deux douzaines d'escortins neufs, bons et recepvables, plus trois grans calens servant aux moulles, en bon estat, deux mesures fer blanc en bon estat, quatre cornues pour servyr à recepvoyr l 'uille,"ung broc pour mesurer 1'huille, ung grand emboutaire fer blanc, le tout en bon estat ; la bare servant pour tirer l'engien, bon ; une grand casse"cuivre bonne, pezant six livres, deux autres bonnes ; ung tinel de bois sive l'infert, servant pour recepvoir les eaux sive crapo, bon et suffizant".6
A partir de cette date, le moulin fonctionna régulièrement. En vertu de la transaction, il appartient d'abord au baron de la Tour-d'Aigues, qui le céda peu après à la communauté. Celle-ci fit construire, au-dessus du moulin, un étage couvert d'une toiture qui servit de lieu de réunion et de culte pour les protestants : c'est le temple que visita, le 20 octobre 1639, le chanoine Jean-Nicolas de Mimata au nom de l'archevêque d'Aix, "··· en forme d'un grenier à foin basti sur un molin à huile, couvert de tuiles, remply de divers bancs, des ais, une chere au mitan mauvaise et à moitié rompue, une forme de table au devant..." 7. Cet étage fut détruit sur l'ordre du roi en 1663 8. Quant au moulin, arrenté chaque année à un fermier et entretenu par la communauté 9, il demeura en usage.
Construction
La construction d'une nouvelle église, destinée à remplacer l'église Notre-Dame de Toutes Fleurs jugée vétuste et exigüe, réclamée avec insistance par l'archevêque d'Aix lors de ses visites de 1700, 1712 et 1727 10, fut finalement imposée à la communauté en 1743 11. L'emplacement désigné par le prélat - celui même du moulin à huile, sur la place au centre du village - explique la longue résistance des habitants au projet : il fallut l'intervention simultanée des autorités, seigneuriale et ecclésiastique pour le faire aboutir. Une fois contrainte, la communauté, qui était pauvre, s'efforça du moins de réduire au minimum les frais de l'opération : on se contenta donc d'aménager le local du moulin, en murant la grotte qui lui servait d'annexe, au fonds, et en construisant sur la place un porche surmonté d'un clocher arcade. Simultanément, la commune acheta une autre maison pour y transporter le moulin à huile. Le tout fut exécuté en 1745 et 1746 12. La maison voisine de la nouvelle église fut acquise par la communauté en 1749 pour servir au logement du vicaire 13.
Réparations, transformations
L'édifice a subi, depuis sa construction, peu de remaniements. Avant la révolution, il ne fit l'objet que de menus travaux d'entretien.
En mai 1784, le conseil municipal, après le départ du curé Louis-Ange Dupuy, sollicita du district l'autorisation de disposer de l'église pour y tenir les réunions de la Société Populaire et de la maison curiale pour y aménager la mairie et l'école, ce qui fut fait 14. Quelques années plus tard, l'église fut rétablie, mais, la paroisse de Cabrières ayant été unie à celle de Cucuron, la maison curiale demeura mairie. Le rétablissement de la liberté de culte avait d'ailleurs privé l'église de fidèles "forcés" et sa présence au cœur du village, sur la place, était ressentie comme une intrusion.
Les réparations urgentes - carrelages et menuiseries en 1856, toiture en1853 et 1896 - durent être assumées pas le département et l’État, la contribution des fidèles, très peu nombreux, étant plus qu'insuffisante et la commune refusant tout secours 15. Après la loi de séparation, le conseil municipal fit néanmoins l'effort d'entretenir le bâtiment dont il était désormais propriétaire et finança en 1926 une réfection complète de la toiture. En 1912, il décida de démolir le porche et d'aligner la façade de l'église sur celle de la mairie, afin d'agrandir la place : ce projet fut refusé par le Ministère de l'Intérieur sur avis du conservateur départemental des antiquités et objets d'art qui jugeait cet élément pittoresque "le principal ornement de la place de Cabrières" 16. Abandonné à cette date, le projet fut repris et exécuté en 1951, donnant à l'édifice son aspect actuel.
DESCRIPTION
Édifice situé sur la place bordant le ruisseau, et ouvrant du côté est. Il est bordé au sud par le presbytère, à droite par un jardin. A l'ouest se trouve une ruelle, à un niveau supérieur.
L'église ne présente pas d'intérêt architectural : nef unique et abside semi-circulaire à peine esquissée couverte d'un berceau avec trois travées de pénétrations. L'ensemble est construit en blocage ; le rocher apparaît au-dessus de l'autel.
Longueur : 15 m
Largeur : 7, 50 m.
La façade antérieure est percée d'une porte entre deux fenêtres en plein cintre et surmontée d'un oculus ; un clocher-arcade à ailerons couronne l'ensemble.
Un porche précédait autrefois cette façade.
Édifice construit en 1611 par les frères Pascal et Claude Roland, maçons de Cucuron, et destiné à abriter le moulin à huile communal au rez-de-chaussée et le temple à l'étage ; étage détruit en 1663 sur ordre du roi ; transformé en église paroissiale en 1746 avec adjonction de l'abside et d'un porche surmonté d'un clocher mur ; porche détruit en 1951.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 17e siècle
- Principale : 2e quart 18e siècle
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Dates
- 1611, porte la date, daté par source
- 1746, daté par source
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Auteur(s)
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Auteur :
Rolland PascalRolland Pascal
Maçon du lieu de Cucuron (84), cousin de Claude Rolland avec qui il travaille à Pertuis (84) en 1603.
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Auteur :
Rolland ClaudeRolland Claude
Maçon du lieu de Cucuron (84), cousin de Pascal Rolland avec qui il travaille à Pertuis (84) en 1603.
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Auteur :
Edifice à nef unique couverte d'un berceau continu à lunettes ; abside en cul-de-four et sacristie partiellement creusées dans le rocher
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Murs
- molasse
- moellon
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Toitstuile creuse
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Plansplan allongé
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Étages1 vaisseau
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Couvrements
- voûte en berceau plein-cintre à lunettes
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Couvertures
- toit à longs pans
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Énergies
- énergie animale
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Statut de la propriétépropriété publique
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Documents d'archives
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Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence,1638-1641. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1335.
f° 87 v° - 88. -
Archevêché d'Aix, paroisses, Cabrières d'Aigues. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 274.
Pièce 27. -
Administration communale, Cabrières d'Aigues. Temple. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 24 (6).
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Procès-verbal de démolition du temple, 28 juin 1663. Archives communales, Cabrières-d'Aigues : AA 1 n° 13.
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Transaction entre Chrétienne d'Aguerre, baronne de La Tour d'Aigues, et la communauté de Cabrières. S. d. (1610-1611). Archives communales, Cabrières-d'Aigues : AA 1 n° 106.
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Délibération du conseil de la communauté, Cabrières d'Aigues, 1640-1656. Archives communales, Cabrières-d'Aigues : BB 3.
f° 29, 40, 53. -
Compte trésoraire, 1611. [Cabrières d'Aigues]. Archives communales, Cabrières-d'Aigues : CC 12.
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Sentence de visite pastorale de la paroisse de Cabrières, 1727. Archives communales, Cabrières d'Aigues : GG 5.
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Procès verbal d'expertise du moulin à huile de Cabrières, 27 novembre 1612. Archives communales, Cabrières-d'Aigues : II 1.
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Délibérations du conseil municipal, Cabrières d'Aigues, 1790-1801. Archives communales, Cabrières-d'Aigues : D 1.
Documents figurés
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Porche d'entrée. Tirage photographique noir et blanc, 1914. Archives départementales de Vaucluse, Avignon,2 O 24 (6).
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.
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