Dossier d’œuvre architecture IA84000037 | Réalisé par
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
Village
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune La Bastidonne
  • Dénominations
    village

HISTORIQUE

La Bastidonne est une très petite commune (590 hectares ) montagneuse, située dans la partie nord-ouest du massif du Saint-Sépulcre et enclavée entre les communes de La Tour-d'Aigues et de Pertuis. Son territoire, de forme irrégulière, occupe la vallée supérieure d'un petit affluent de Durance, le Vallat de Galance, encaissée entre deux chaînes de collines, l'une au nord culminant au plateau de Saint-Julien (449 rn), l'autre au sud culminant au Gros-Fort (477 rn) et a Malacoste (475 m). A sa conformation mouvementée, la commune ajoute un sol peu fertile et sec, couvert en grande partie de garrigue et de bois de pins. Les zones de culture s'étendent sur les coteaux de part et d'autre du vallat de Galance et sur le versant nord des collines septentrionales, aménagés en terrasses et portant principalement des vignes, quelques vergers (oliviers, amandiers) et champs de céréales. Les rares et maigres cours d'eau n'offrent aucune possibilité d'irrigation.

Hormis des chemins ruraux, le réseau de communications ne comporte que deux voies importantes : la grande route de Cavaillon à Mirabeau (N 573) traverse la commune d'ouest en est au flanc des collines septentrionales ; une petite route (D 165) embranchée sur la précédente relie le village à La Tour-d'Aigues.

L'agglomération est située dans le nord du territoire, sur le versant méridional d'une colline dominant d'un côté la vallée de l'Eze, de l'autre celle du vallat de Galance, et en bordure de la grande route. Tout proche du village, à l'est, le plateau de Saint-Julien, véritable forteresse naturelle protégée par des à-pics infranchissables, conserve les vestiges d'un oppidum de grandes dimensions, occupé à l'Age de Fer et pendant l'époque gallo-romaine - on y a découvert de nombreuses sépultures, des monnaies gauloises, massaliètes et romaines et une statuette funéraire de style égyptien.

Dans le vallon du Rial, en contrebas, existent encore les restes de thermes gallo-romains. Malgré son importance, cet habitat antique ne s'est pas perpétué jusqu'à la fondation de la bastide qui donna naissance au village, au XIIIe siècle, l'occupation de ce territoire,qui faisait alors partie de celui de La Tour-d' Aigues, paraît avoir été très lâche, constituée de quelques exploitations agricoles éparses et d'un prieuré, Notre-Dame de Rial.

C'est à une bastide, petite fortification rurale établie sur les confins encore peu exploités du vaste territoire de La Tour-d'Aigues, que La Bastidonne doit son existence et son nom. D'après un acte daté de 1271 et concernant l'ancien village voisin de Sanson, cette bastide aurait été construite vers 1230 par un chevalier de la famille de la Tour, nommé Savaric, sur un domaine dépendant du seigneur de La Tour-d 'Aigues. La "bastide de Savaric" eut successivement pour seigneurs les frères Dominique et Rostaing Savaric, fils de Pierre de la Tour (cités en 1272 et 1275), puis le fils de l'un d'eux, Raimbaud de la Tour (cité en1286 et 1293), avant d'appartenir à un noble de Pertuis, Pierre des Orgues{1345). A la fin du XIVe ou au début du XVe siècle, la seigneurie passa entre les mains des seigneurs de La Tour-d'Aigues, qui la conservèrent jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

Le village, implanté en contrebas du château sur la pente d'un petit vallon suspendu entre deux crêtes, commença peut-être à se former dès le XIIIe siècle, mais n'apparait dans les textes qu'en 1409 avec sa communauté d'habitants. Cette communauté, encore citée dans un acte de 1422, disparut par la suite, sans doute victime de la crise économique et démographique qui sévissait alors. Le village fut repeuplé à l'instigation de Fouquet d'Agoult, baron de La Tour-d'Aigues, probablement peu avant 1471, date à laquelle on y recensa six foyers. En 1486, l'archevêque d'Aix, constatant que le lieu était habité, érigea l'église, jusqu'alors simple annexe de celle de La Tour-d'Aigues, en paroisse autonome. C'est à cette époque que le village reçut son nom actuel, après avoir porté, au début du XVe siècle, celui de "Bastidette de Savaric".

L'exiguÏté et la pauvreté du territoire ne permirent jamais à l'habitat de prendre un grand développement, bien que les agriculteurs locaux aient étendu leurs défrichements sur les quartiers voisins appartenant à Pertuis et à La Tour-d'Aigues. L'isolement et l'aridité de leurs terres protégèrent du moins les habitants de la redoutable concurrence des bourgeois en quête d'investissements fonciers. Ni riche, ni indigente, la population ne cessa presque jamais de croître, lentement mais régulièrement, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. On ne dispose, pour le XVIe siècle, d'aucun chiffre démographique. En 1632, le curé de La Bastidonne estimait le nombre de ses paroissiens adultes à environ 200 et en 1656 à environ 150. Les commissaires affouageurs de 1698 dénombrèrent 60 chefs de famille et 47 maisons habitées. Le premier (et unique) cadastre ancien conservé, rédigé en 1705, enregistra 59 maisons et 38 bâtiments divers agglomérés, une bastide et 9 bâtiments agricoles dispersés, le tout réparti entre 159 propriétaires dont 8 seulement étrangers à la commune. En 1728, on comptait 74 chefs de famille et 65 maisons habitées - environ 300 âmes - ; en 1765, 94 maisons et 396 habitants : ces derniers chiffres rejoignent ceux que donne en 1787 l'historien Achard (environ 90 maisons et 400 habitants).

Le nombre des habitants connut, pendant la Révolution, une brusque et importante diminution et demeura presque sans changement jusqu'au milieu du XIXe siècle : 300 habitants recensés en 1800, 294 en 1836, 295 en 1842. Les évènements ne justifient pas une telle baisse démographique, qui eut probablement pour cause l'émigration d'une partie des habitants vers les communes voisines plus riches, où l'agriculture et l'artisanat connaissaient au même moment un essor considérable.

Après une période de stabilité, la population recommença à décroître dans la seconde moitié du XIXe siècle (204 habitants en 1896). Ce mouvement n'a pris fin que très récemment, les effets de 1 'exode rural étant compensés par l'installation ou la fixation de nombreuses personnes travaillant à Pertuis et la multiplication des résidences secondaires : de 153 âmes en 1962, La Bastidonne est passée à 179 en 1968 et 259 en 1975 ; au dernier recensement, on comptait 71 résidences secondaires pour 94 résidences principales.

Le village n'a guère évolué. Aux deux quartiers anciens, le premier - correspondant au noyau médiéval - fixé en éventail sur le haut de la pente, le second - accroissements du XVIe au XVIIIe siècle - développé en contrebas, le long de l'ancienne route, le XXe siècle n'a ajouté qu'un petit nombre de constructions neuves, préférant éparpiller, sur les coteaux environnants et dans les bois de pins, des pavillons isolés.

ANALYSE ARCHITECTURALE

Elle se réduit ici à peu de choses. Le domaine bâti est d'une médiocre qualité d'une part , mais on doit noter que bon nombre de maisons sont en mauvais état ou ruinées. Dans l'ensemble on observe une reconstruction dans le courant du XVIIIe siècle (petites façades ordonnancées sans décor), l'une d'elles seulement percée d'une porte et d'une fenêtre en arc en segment est datée 1732 sur le chambranle de la porte (Parcelle 171). La parcelle 289 a une grande façade et une porte à décor architecturé.

Des éléments les plus anciens, notables par des chanfreins sont rares (Parcelles 692-1 53- 259) mais une maison (153) conserve les vestiges d'une façade sur la cour : sans doute un escalier extérieur conduisait-il à la porte d 'entrée de l'étage, aux piédroits arrondis et au linteau chanfreiné. A côté, la maison 152 conserve une petite fenêtre à meneau ornée de cavets. Le XIXe siècle enfin est représenté par un vaste portail en plein-cintre creusé d 'un large chanfrein daté de 1868 (Parcelle 210) et par une porte à décor architecturé peut-être déplacé *

Petit bourg castral créé autour d'une fortification rurale vers 1230 dans une zone forestière ; faible développement jusqu'au milieu du 14e siècle ; désertion après 1422 ; repeuplement avant 1471 (6 maisons) ; création de la paroisse en 1486 ; développement lent et régulier jusqu'en 1789 (60 maisons en 1698, 65 en 1728, 94 en 1765) ; Exode rural précoce, dès le début du 19e siècle ; aujourd'hui banlieue de pertuis ; 153 habitants en 1962, en 1975 ; site de versant à forte pente ; plan en éventail sous le château avec prolongements linéaires ; tissu dense ; église extérieure.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 13e siècle
  • Typologies
    bourg castral du 13e siècle à plan en éventail
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Enquêtes, procès-verbaux et procédures touchant aux affaires domaniales, 1290. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : B 1078.

    f° 17-18.
  • Etude notariale Muraire, 19 octobre 1422. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 308 E 258.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.

    f° 99-101.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1656-1657. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1338.

    f° 14-16.
  • Etude notariale Barriol de Pertuis. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : série E notaires.

    N° 35, f° 422 v°.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    T. 1, p. 311-312.
  • BANCAL, M. Monographies communales d'après les documents recueillis par les instituteurs. Arrondissement d'Apt. - Cavaillon : Imprimerie-librairie Mistral, 1896, 227 p.

    P. 168-171.
  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

    P. 168.
  • COSTE, P. Les registres des pasquiers. Université d'Aix-Marseille, Diplôme d'Etudes Supérieures, 1967.

  • COURTET, Jules. Dictionnaire géographique, historique, archéologique et biographique des communes du département du Vaucluse. Avignon : Bonnet fils, 1857, 385 p.

    P. 75.
  • SAURIN, E. Statuette trouvée sur le plateau de Saint-Julien à La Bastidonne. Dans Rhodania, n° 482, 1921.

    P. 71-72.
  • SYLVESTRE, L. Monnaies gauloises et romaines à Saint-Julien, La Bastidonne. Dans Rhodania, n° 25, 1919.

    P. 37.
Date(s) d'enquête : 1970; Date(s) de rédaction : 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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