Dossier d’œuvre architecture IA83003335 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Ecart de l'Estang
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Dracénie Provence Verdon agglomération
  • Commune Bargème
  • Lieu-dit Estang
  • Cadastre 2024 C 195-215 ; 934 ; 973 ; 984
  • Précisions
  • Dénominations
    écart
  • Appellations
    Estang

Le hameau au 18e siècle

Au 18e siècle, l’Etang était bordé et desservi par une des routes qui menaient du village de La Bastide d’Esclapon à celui de Bargème, en passant par les hameaux de Barlet et de la Graou, comme le montre la carte des frontières est de la France, établie entre 1764 et 1778.

Le cadastre dressé vers 1700-1730, qui qualifie l’Estang de « hameau », laisse deviner une certaine densité de constructions. Trois familles y sont implantées : les Foucoul, les Ricaud et les héritiers d’Henri Cola. Les propriétés bâties sont essentiellement constituées de bâtiments – une petite dizaine –, à l’exception d’une maison, étable et fenière, possédée par Jean Foucoul. Cette famille n’est possessionnée nulle part ailleurs dans la paroisse, ce qui laisse penser que cette maison est son lieu de vie principal. Le cadastre indique d’ailleurs que l’ensemble des personnes de l’Estang portant le patronyme Foucoul sont apparentées : Jean Foucoul est l’oncle de Jacques, lui-même oncle d’un second Jacques Foucoul. Au contraire, la famille Ricaud n’a à l’Estang que des terres et des bâtiments, mais dispose d’une maison au village, possédée par un autre membre de la famille, François Ricaud. Cela n’exclut toutefois pas que les bâtiments possédés par les Ricaud à l’Estang aient accueilli des logements saisonniers. S’il se révèle impossible de restituer ce cadastre en plan à partir de la description des confronts de chaque parcelle, on peut toutefois noter que les propriétés bâties d’une même famille (ou du moins des propriétaires portant le même patronyme) se jouxtent – à l’exception des héritiers d’Henri Cola dont la parcelle de bâtiment est entourée de bâtiments appartenant aux Ricaud.

De ce cadastre d’Ancien Régime plusieurs conclusions peuvent être tirées. Au début du 18e siècle, le hameau de l’Estang n’était pas seulement un lieu d’exploitation, mais commençait à devenir le lieu de vie que documentent les états de section du cadastre napoléonien en 1842. Il se partageait principalement entre deux familles. Les différents bâtiments appartenant à une même lignée étaient alors jointifs, attestant un processus d’agrandissement progressif à partir d’un noyau et/ou un processus de division entre cohéritiers.

Du 18e siècle à 1842, permanence de l’implantation du bâti et transformations

La carte des frontières est de la France, établie entre 1764 et 1778, montre le hameau composé de 4 bâtiments distincts : un petit édifice carré situé au nord et trois autres plus rapprochés. Parmi eux, le bloc central est le plus étendu. Sur le plan du cadastre de 1842, 6 édifices sont visibles : une bergerie isolée au nord et construite selon un plan-masse carré, qui pourrait correspondre au bâtiment isolé du milieu du 18e siècle, et cinq édifices plus rapprochés, parmi lesquels on compte un fournil, possédé en indivision par tous les habitants du lieu et situé sur l’espace libre au centre du hameau. N’en subsistent aujourd’hui que des vestiges, qui occupent la parcelle C 208 (parcelle C 259 du cadastre ancien). L’ilot bâti central (parcelles C 195 à 205 du cadastre actuel, C 242 à 254 du cadastre de 1842) est le plus développé et pourrait être rapproché du plus grand édifice représenté sur la carte du milieu du 18e siècle. Ces similitudes dans les emplacements et les plans de masse témoignent d’une certaine permanence de l’implantation du bâti, qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, 1764-1778. Détail : le hameau de l'Estang.Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, 1764-1778. Détail : le hameau de l'Estang.Plan de masse d'après le plan cadastral de 1842, section C, feuille 1. Plan de masse d'après le plan cadastral de 1842, section C, feuille 1.

Malgré cela, les états de section du cadastre de 1843 montrent que le ratio entre maisons et bâtiments agricoles a grandement évolué entre cette date et le début du 18e siècle. Alors qu’on ne comptait à cette époque qu’une maison dans le hameau, elles sont 18 en 1843 ; le nombre de bâtiments dont l’usage est principalement agricole est passé de 9 au début du 18e siècle à 2 en 1843. Les parcelles bâties comme les maisons se sont donc multipliées en un siècle, suggérant que le hameau est devenu le lieu de vie principal d’un plus grand nombre de foyers. Cela est confirmé par la présence du fournil commun. Le nombre de propriétaires n’a quant à lui que légèrement augmenté : il est passé de 11, portant 3 patronymes distincts, au début du 18e siècle à 12, portant 7 patronymes distincts, en 1843.

Nature des parcelles bâties et propriétaires au hameau de l'Estang, d'après les états de sections du cadastre de 1843.Nature des parcelles bâties et propriétaires au hameau de l'Estang, d'après les états de sections du cadastre de 1843.

Les agrandissements, les changements de fonction des bâtiments, les divisions de parcelles et les restaurations qui se sont succédé ainsi que l’application sur certains murs d’enduit lisse rendent le phasage chronologique des différents corps de bâtiments du hameau complexe. Le morcellement plus important des propriétés de l’ilot central (parcelle C 195-205) ainsi que l’identification probable de ce dernier sur la carte des frontières de l’est du milieu du 18e siècle laissent toutefois présager son antériorité par rapport aux autres ilots bâtis du hameau, qui, en 1842, se partagent entre trois propriétaires au plus.

Au sein de cet ilot central, l’analyse de bâti désigne la ferme de la parcelle C 200 du cadastre actuel, C 250 du cadastre de 1842 comme l’édifice le plus ancien. Toutefois, la reconstruction presque totale de la façade sud empêche d’en proposer une datation. Tout au plus peut-on émettre l’hypothèse que cet édifice, qui en 1843 appartient à un membre de la famille Ricard, soit un vestige des bâtiments qui étaient attachés au début du 18e siècle à la famille Ricaud et soit donc antérieur à cette période. La ferme mitoyenne occupant les parcelles C 204 et 205 du cadastre actuel (C 248 et 249 du cadastre ancien) se démarque également par son ancienneté, décelable par ses caractéristiques architecturales et l’analyse des sources (voir IA83003336). En effet, en 1843, la parcelle C 248 appartient à Hilaire Fouque, possible descendant des Foucoul du 18e siècle, ce qui rend plausible le fait que cette ferme ait accueilli un siècle plus tôt la « maison, estable, fenière » de Jean Foucoul et date du 17e ou des premières décennies du 18e siècle. Avant le milieu du 18e siècle, l’ilot semble s’être développé en profondeur, vers le nord, comme le laisse supposer la représentation de la carte des frontières de l’est. La présence de baies fenières, de portes d’étables et de remise sur le flanc nord de l’ilot montre que ce côté était majoritairement dévolu aux fonctions agricoles – les deux seuls entrepôts agricoles mentionnés par les états de section de 1843 s’y trouvent en effet. Ce même ilot se développe par la suite en direction du sud-ouest. Les édifices des parcelles 251 et 252 du cadastre ancien, qui étaient à l’origine une même ferme, portent respectivement sur leur porte de maison et d’étable les initiales PRF et le millésime 1835, qui est cohérent avec la forme des encadrements. Cette date portée pourrait donc indifféremment dater la construction de cette ferme comme la rénovation en profondeur de bâtiments préexistants. La forme des encadrements de portes des parcelles 253 et 254 du cadastre ancien suggère une date de construction ou de rénovation proche de celle des bâtiments des parcelles précédentes.

Ilot central, maisons orientales, vue depuis le sud, parcelles 248 à 250 du cadastre de 1842. Ilot central, maisons orientales, vue depuis le sud, parcelles 248 à 250 du cadastre de 1842. Ilot central, façade nord. Ilot central, façade nord.

Du fait de leur morcellement moindre et de la plus grande envergure des fermes qui les constituent, les autres ilots du hameau semblent plus récents, bien qu’antérieurs à 1842. L’ensemble situé immédiatement au sud de l’ilot central, composé des parcelles 210 à 212, regroupe deux corps de bâtiments. En 1842, le corps de bâtiment oriental apparaît divisé en 2. Le chronogramme 1818, inscrit au-dessus du linteau de bois de la porte de l’étable orientale, pourrait dater la construction du corps de bâtiment ou, plus probablement, sa division en deux parcelles, qui a engendré le percement de plusieurs baies du côté oriental, dont une porte dans le mur-pignon. En 1842, la ferme située au sud du hameau est isolée, cohérente et appartient à un propriétaire unique, François Ricard. Ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du 19e siècle ou du 20e siècle qu’elle est divisée en deux parcelles. La ferme située au nord du hameau apparaît sur le plan cadastral ancien partagée entre deux membres d’une même lignée.

Ferme sud, façade sud. Ferme sud, façade sud.  Ilot sud-ouest, vu depuis le sud. Ilot sud-ouest, vu depuis le sud.

Ainsi, le nombre de propriétaires possessionnés à l’Estang ne croit pas significativement entre le début du 18e et 1842, mais le nombre et la taille des ilots bâtis augmente, notamment en raison de l’implantation de grandes fermes isolées en marge de l’ilot central. Le plan-masse des édifices représentés sur le plan cadastral de 1842 n’a depuis lors quasiment pas évolué et seule une maison a été édifiée (parcelle C 161). La construction de la fontaine apporte l’eau courante aux habitants du hameau en 1925.

Les ferme s’étendant sur les parcelles C 204-205 et C 200 pourraient dater du 17e ou du tout début du 18e siècle. Autour de 1700-1730, une maison et neuf bâtiments agricoles sont documentés au hameau de l’Estang. En 1842, ce chiffre s’élève à dix-huit, ce qui atteste que le hameau est devenu le lieu de vie principal d’un plus grand nombre de foyers. La ferme qui occupait les parcelles 251 et 252 du cadastre ancien a été construite ou rénovée en 1835. Les fermes occupant les parcelles 984 (ilot nord), 210-212 (ilot immédiatement au sud de l’ilot central), 215 et 972 (sud du hameau) sont vraisemblablement édifiées au cours de la seconde moitié du 18e siècle ou de la première moitié du 19e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : 17e siècle, 1er quart 18e siècle
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1818, porte la date
    • 1835, porte la date

Le hameau de l’Estang se situe sur les contreforts sud de la montagne du Brouis, à l’est de la commune de Bargème. Il se compose de deux ilots constitués de plusieurs corps de bâtiments, de deux fermes isolées, situées au nord et au sud de l’ensemble, et d’une maison plus récente située au nord-ouest. Une fontaine, un puits couvert et les vestiges du fournil occupent l’espace commun au centre du hameau. Tous les édifices sont orientés est-ouest, édifiés en moellon de calcaire et couverts de tuile creuse.  

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Cadastre de la paroisse de Bargème, vers 1700-1730 (1708 ?). Archives départementales du Var, Draguignan : E DEP 64_1.

  • Etat de sections des propriétés foncières bâties et non bâties de la commune de Bargème, 1843. Archives départementales du Var, Draguignan : 3 PP 283.

Documents figurés

  • CH 195-24
  • Plan cadastral de la commune de Bargème, 1842. Archives départementales du Var, Draguignan : 3 PP 10.

    Section C.
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers