Un hameau agricole déjà développé au 18e siècle
L’écart du Passet est mentionné comme « hameau » dans le cadastre de la paroisse de Bargème, dressé entre 1700 et 1730 environ. L’ensemble des édifices cités sont qualifiés de « bastimens ». En sont propriétaires Augustin Colla, les frères Jean et Jean-Baptiste Colla, ses neveux alors en indivision, et maître Paul Jordan, notaire royal à Bargème. La propriété des premiers regroupe des prés dits « aux pruniers », ainsi que quelques terres aux alentours. Les dimensions du domaine de Paul Jourdan, composé de terres et de prés, ainsi que l’impôt que celui-ci doit verser, se révèlent autrement plus élevés que ceux de ses voisins. L’aisance de ce propriétaire terrien est confirmée par le fait qu’il possède trois maisons au village ainsi que plusieurs étables fenières. Si l’on imagine aisément Paul Jourdan habiter au village, la question est plus ambiguë concernant Augustin Colla et les frères Jean et Jean-Baptiste Colla. Aucun d’eux ne possède de maison à un autre endroit de la paroisse, sans qu’ils ne soient pour autant qualifiés de « forain ». Peut-être vivent-ils au village dans la maison d’un membre de leur famille. Il est également possible que leurs bâtiments au Passet aient accueilli un logement.
La carte des frontières de l’est dressée entre 1764 et 1778 montre que les différents bâtiments du hameau étaient mitoyens et dessinaient un plan-masse en équerre. Cette physionomie correspond au plan des édifices les plus anciens décelables dans le bâti actuel et correspondant aux parcelles C 1002, 1003 et 1004 du cadastre de 1842. Le mur-gouttereau nord de la maison de la parcelle C 1002, qui formait avec la parcelle C 1004 un même ensemble, est percé d’une porte murée en plein-cintre surmontée d’un arc de décharge datant vraisemblablement du 17e siècle. La date 1840 gravée sur le linteau de la porte sud de la maison de la parcelle C 1004 du cadastre ancien ne correspond donc pas au gros-œuvre de l’édifice mais plutôt au percement de la baie. Le mur-gouttereau nord de l’édifice de la parcelle C 1003 conserve une porte du même type que celle de la parcelle C 1002 et vraisemblablement de même époque. On observe donc une certaine permanence dans l’implantation du bâti de cet écart depuis le début du 18e siècle au moins.
Porte nord de la maison de la parcelle 1002 du cadastre de 1842 (17e siècle ?).
Porte nord de la maison de la parcelle 1003 du cadastre de 1842 (18e siècle ?).
Avant 1842, les transformations en un hameau d’habitation
Plan de masse d'après le plan cadastral de 1842, section C, feuille 3.
Le hameau tel que représenté sur le plan du cadastre ancien est composé d’édifices mitoyens divisés en 6 parcelles. Les parcelles C 1002, 1003 et 1004, formant le noyau originel du hameau, sont désignées comme maison et appartiennent respectivement à Paul Perreymond, propriétaire au Passet, Pierre André Jourdan, notaire à Bargemon, et à Emmanuel et Joseph Benech, frères indivis. Les parcelles C 1005, 1006 et 1007 sont des étables fenières qui sont respectivement possédées par Paul Perreymond, Pierre Fabre et Pierre-André Jourdan. Au nord du hameau (parcelle 1008) se trouve une aire à battre commune aux habitants du village. Parmi ces propriétaires, celui qui dispose de la plus grande étendue de terres et de prairies est Pierre André Jourdan.
Il apparaît ainsi que les édifices désignés comme bâtiments au début du 18e sont conservés et transformés en maisons avant 1842 et que trois étables-fenières ont été édifiées à l’est du hameau à la fin du 18e ou au début du 19e siècle. Il apparaît également que la famille de notaires Jourdan a conservé ses biens : elle est propriétaire d’une maison et d’une étable-fenière dans le hameau mais également de la plus grande part des terres environnantes, que l’on imagine héritées de la propriété du début du 18e siècle.
L’emprise au sol des édifices du hameau n’a pas évolué depuis 1842. Les différentes parcelles ont en revanche été réunies en un ensemble unique.
Photographe Inventaire général.