Dossier d’œuvre architecture IA83003173 | Réalisé par
Corvisier Christian (Rédacteur)
Corvisier Christian

historien de l'architecture et de la fortification

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie Vogelberg ou de San-Salvadour
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Hyères
  • Lieu-dit San-Salvadour
  • Adresse 4312 route de l' Almanarre
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    Vogelberg, de San Salvadour

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

A partir de septembre 1943, l’occupant allemand programmait de remplacer l'ancienne batterie de côte française de Giens, inutilisable faute de réparations sous l'occupation italienne, par une nouvelle Küstenbatterie à casemates blindées en béton pour couvrir le golfe de Giens. Une batterie provisoire de six canons de 15,5 cm fut immédiatement installée près du port de la Madrague, en attendant le choix du site de la nouvelle batterie à créer, et une réparation avec réarmement de la batterie de Giens. Parallèlement, les allemands lancèrent un programme de défense plus large de la rade d'Hyères et du golfe de Giens appuyé sur la réoccupation d'autres batteries françaises du secteur, batteries fermées anciennes remontant au XIXe siècle et désarmées, celles de La Badine, du cap Blanc (dite alors de Bénat) et de Mauvanne. Dans le cas de La Badine et de Mauvanne, le réarmement de l'ancienne batterie comportait la construction, sur un périmètre plus vaste que celui d'origine et hors enceinte de l'ouvrage XIXe siècle, de quatre casemates de tir pour artillerie de marine type M 272 abritant les pièces de 15 cm, d'un poste de conduite de tir ou Leitstand type M 262 avec observatoire inférieur et salle de télémétrie à l’étage, d'une soute à munitions bétonnée. A chaque casemate de tir était en principe associé un abri technique à 30m de distance.

La construction de la batterie neuve fut entreprise en novembre 1943 en contrebas du site du "Mont des Oiseaux" (d'où l'appellation donnée à cette batterie par les allemands) au dessus du château-hôpital de San-Salvadour, sous l'autorité du Marine-Festungs-Pionier-Gruppe Toulon. Le programme comportait quatre casemates M272 que l'on destinait à recevoir des pièces de 13,8cm (ou 138mm) modèle 1910, d'une portée de tir de 18,6km récupérées sur la batterie française Titan (île du Levant) sabordée en novembre 1942. Comme pour les batteries de Mauvanne et de La Badine, les casemates étaient complétées nécessairement d'un poste de conduite de tir ou Leitstand M 262 et d'un important dépôt à munitions M 145.

A la différence de ces batteries réoccupant des ouvrages français de la fin du XIXe siècle, le site de San-Salvadour ne comportait aucun bâtiment militaire préexistant; le programme incluait donc la construction de cinq abris R668 pour six hommes et de cinq abris Feldmässiger 334, et d'un abri R675 pour réserve d'eau; il était également prévu d'y construire douze ringstände (ou Tobrouks, petits bunkers individuels pour mitrailleuse). L'axe des casemates orienté au sud, avec une ouverture de tir de 135°, permettait à cette position de batterie de couvrir l'ensemble du golfe et de la presqu'île de Giens, la petite rade de la Badine et l'ouest de l'île de Porquerolles 1.

La batterie Vogelberg et son armement furent confiés à l’Obertleutnant Paul Ehlert en poste à partir du 16 décembre 1943, également responsable de la remise en état de la batterie de Giens. Ce n'est qu'en juillet 1944 que la batterie neuve fut en état de recevoir son armement prêt au combat, bien que les quatre casemates ne fussent pas tout à fait achevées et que la salle de télémétrie du Leitstand M 262 n'eut pas encore reçu sa dalle de couverture. La batterie, au nom de code Stp Tol 032, était servie par deux sous-officiers et quinze marins de l'unité 6/Ma. Fl. Abt. 819, sous la direction de l’Obertleutnant Werner Steffen, personnel complété le 29 juillet par celui de la batterie de Giens (unité 1/MAA.627). La construction du dépôt à munition M 145 avait été abandonnée après creusement des fondations : en remplacement trois des abris R668 furent convertis en soute à munitions pour les casemates I, II et IV, la casemate II étant servie par deux abris Feldmässiger 334 également utilisés comme soutes. Aucun Ringständ n'a été construit. Une section de défense rapprochée anti-aérienne de 3 pièces de 2cm Flak 28 et un projecteur de 16 cm avaient été installés pour la protection des quatre canons de 13,8cm.

Un plan topographique de la batterie établi le 6 août 1944 par le Marine-Festungs-Pionier-Gruppe Toulon 2 montre l'état des lieux et le polygone de la zone de servitude militaire, de plan très irrégulier qui devait être matérialisé par une clôture sommaire. L'aire d'implantation de la batterie incluse dans ce polygone s'étend à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du mur de clôture du parc du château San-Salvadour, alors siège d'un hôpital pour enfants et d'une station thermale.

Lageplan- Batterie Vogelberg. [Plan général topographique de la batterie] 1944.Lageplan- Batterie Vogelberg. [Plan général topographique de la batterie] 1944.

Les quatre casemates, échelonnées sur le versant indiqué par les courbes de niveau, à l'intérieur de la clôture du parc et le Leistand, implanté à distance, en bordure de la clôture, sur une petite bute à l'extrémité sud-est du polygone y sont figurés comme achevés, et accompagnés de six abris-soutes de plan carré (modèle R668), achevés, et de cinq autres, de plan rectangulaire (modèle Feldmässiger 334), disposés à l'arrière de la gorge des cinq ouvrages actifs. Ces abris sont bâtis pour la plupart en bordure extérieure de la clôture du parc de San-Salvadour, dans d'autres parcelles privées, le mur de clôture étant recoupé en divers points pour permettre les communications internes à la batterie. Un réservoir d'eau en forme de tour cylindrique est établi a proximité de la casemate n°1, la plus haut placée sur le site.

Entre le 12 et le 23 août 1944, la batterie Vogelberg essuyait les attaques nourries de la flotte alliée, aérienne et navale : d'abord des bombardements aériens les 12 et 16 aout, puis des tirs d'artillerie de marine de quatre croiseurs, Montcalm, Georges Leygues, USS Philadelphia et HMS Aurora, les 22 et 23 aout, totalisant 310 obus de 152 mm. Les marins allemands de l'unité 1/MAA.627 servant la batterie sabordèrent les canons et les installations de conduite de tir le 23 aout avant la reddition. A l'automne 1944, des inspecteurs français de l'Artillerie de côte de Toulon constataient que les quatre pièces de 13,8 cm de la batterie avaient perdu leurs culasses et leur lunettes de pointage, et que le télémètre avait été détruit, mais que les munitions demeuraient intactes dans les soutes ; ces dernières furent triées et ramenées à Toulon, en même temps que les canons et matériels sabordés étaient évacués.

En 1949, la batterie allemande abandonnée fit l'objet de tractations entre l'ingénieur du génie maritime territorialement compétent et les propriétaires des parcelles de terrain sur lesquelles elle avait été construite, au premier chef l'Assistance Publique de Paris, propriétaire du domaine de San-Salvadour. La question de la démolition étant posée, notamment pour le Leitstand M 262, empiétant sur trois parcelles privées différentes, la préfecture maritime de la IIIe Région, en accord avec la préfecture du Var, statuait sur un maintient en l'état des ouvrages, en principe au bénéfice de la protection civile et pour éviter un démantèlement à la fois coûteux et potentiellement dangereux pour les riverains.

Depuis cette époque, la continuité du mur de clôture du parc de l'hôpital San-Salvadour a été rétablie, les casemates M 272, le Leitstand M 262 et les abris ont été laissés à l'abandon dans les enclos privés où ils sont bien conservés à l'abri du vandalisme. Seule la casemate n°1, située à cheval sur le mur de clôture du parc de San-Salvadour, avec accès dans une parcelle privée extérieure au parc, a été intégrée à une maison particulière bâtie en 1962 à sa gorge dans cette parcelle. Le réservoir d'eau de la batterie a été maintenu en place a côté de cette casemate, dans l'enclos du parc San-Salvadour, et réutilisé.

Casemate n° I de la batterie, intégrée à une maison, vue de la façadeCasemate n° I de la batterie, intégrée à une maison, vue de la façade

DESCRIPTION

Site et implantation générale

La batterie Vogelberg est bâtie à flanc de pente à une altitude moyenne de 66m et à une distance moyenne de 300m du littoral à vol d'oiseau; l'ensemble du site de San-Salvadour est dominé au nord-ouest, à 1750m à vol d'oiseau, par la crête du Mont des Oiseaux (altitude : 304m au sommet).

On accède au site de la batterie depuis la route du littoral (départementale 559) en entrant dans le parc de l'hôpital San-Salvadour. Seules les quatre casemates sont visibles de l'intérieur de ce parc, les autres équipements (abris-soutes, poste de direction de tir) sont inclus dans d'autres parcelles privées fermées aux visites3 .

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Les casemates, le poste de direction de tir et les abris-soute de l'ancienne batterie allemande sont implantés sur un linéaire ouest/nord-ouest - est/sud-est long d'environ 500m, à flanc de pente modérée, au nord-est et à l'est du château-hôpital San-Salvadour. Les quatre casemates, orientées face au sud/sud-ouest, sont désalignées (la n°2 un peu plus en avant que les autres) et espacées d'environ 50m l'une de l'autre. La casemate n°1, la plus à l'ouest et la plus haute sur le terrain, est toutefois un peu plus éloignée de la n°2, ce qui diffère des données du plan topographique allemand de 1944. Leur position permettait des tirs entre les bâtiments de l'hôpital ou au-dessus de leurs toits. Dans l'état actuel, le parc est une pinède dont les frondaisons dérobent largement à la vue distante la plupart des ouvrages de défense de 1944 et réduisent leur co-visibilité.

Casemate n° II de la batterie,  vue de la façade avec embrasure à redans et visièreCasemate n° II de la batterie, vue de la façade avec embrasure à redans et visière

Les quatre casemates actives M 272, sensiblement identiques, ont un plan compact qui s'inscrit en soubassement dans un rectangle tendant au carré (15, 90m X 12, 50m), avec deux larges pans coupés aux angles de la façade active, réservée à l’embrasure de tir. Il en résulte un bloc au volume grossièrement cubique en partie enterré, plus enfoncé dans le terrain à la gorge qu'en tête, compte-tenu du pendage naturel (hauteur totale 9,60 m, hauteur maximum émergée 7,30 m. Les parois et le toit des casemates M 272 ont 2m d’épaisseur, entre nu extérieur et locaux internes. Le raccord extérieur entre parois verticales et couvrement horizontal est adouci d'un large pan coupé en talus. La construction est réalisée en béton banché de très bonne qualité, le dessus des toits étant revêtu de ciment plus grenu (favorisant la végétalisation) d’où sortent, en limite du pan coupé, des fers tordus, vraisemblablement accessoires d'accroche d'un camouflage végétal qui était composé de branches d'arbres naturelles pendant sur la façade active pour la rendre non repérable de la flotte ennemie à distance4. On observe la présence sur les épidermes de la façade de deux des casemates (II et III) de restes d'une peinture ocre jaune/rouge qui pourrait avoir participé du camouflage, cette teinte se rapportant de celle du substrat rocheux affleurant sur le site, qui en 1944 n'était pas planté d'arbres comme il l'est aujourd'hui dans l'emprise de la batterie, ce qui rendait les casemates bien visibles du large.Regelbau M272/SK. [Plans et coupe d'une casemate M272 de la batterie Vogelberg]. 2008.Regelbau M272/SK. [Plans et coupe d'une casemate M272 de la batterie Vogelberg]. 2008. Casemate n° III de la batterie,  vue latérale de la façade avec embrasure à redans et visière, plaque-pivot du canonCasemate n° III de la batterie, vue latérale de la façade avec embrasure à redans et visière, plaque-pivot du canon

La façade active du bloc, entre les deux pans coupés, forme deux pans réunis en angle rentrant constituant l'embrasure de tir, la partie centrale réservée à l'ouverture de tir, très large et partant du sol, encadrée de deux ébrasements à trois ressauts propres à faire ricocher les projectiles adverses ; une saignée horizontale réservée aux deux tiers de la hauteur dans ces ressauts correspond au logement du tube dans les deux positions extrêmes de l’angle d’ouverture de tir à 135° prévu pour ce type de casemate. Le canon de 13,8cm sur pivot tournant qui s’ajustait à l'ouverture de l'embrasure avec son propre tablier de blindage saillant fermant la grande baie à la manière d’une porte de garage. Le couvrement de l’ouverture proprement dit est une imposante visière saillant à quatre pans saillant sur un encorbellement formant quatre ressauts, dispositif également destiné à protéger le canon verticalement et à faire ricocher les projectiles.Casemate n° IV de la batterie,  vue de la façade avec embrasure à redans et visière, chambre de tir derrière l'embrasureCasemate n° IV de la batterie, vue de la façade avec embrasure à redans et visière, chambre de tir derrière l'embrasure

Le volume intérieur est divisé en deux niveaux de salles ou locaux plafonnés en double profondeur, étage actif et soubassement. Les salles de tête, plus spacieuses et d'un seul tenant, sont décalées de niveau des locaux de gorge, plus hauts en adaptation au pendage du terrain. Les plafonds des salles, locaux et couloirs et sont entièrement revêtus de plaques de fer longitudinales avec couvre-joints également en fer, garni de plusieurs crochets; les portes sont couvertes de linteaux d'acier type poutrelle IPN.

L'étage actif se compose principalement de la chambre de tir ou de service du canon, salle de plan hexagonal haute sous plafond de 3,50m, soit un rectangle de base plus large (8, 50m) que profond, dont le long côté en tête de l'ouvrage forme trois pans saillants reliés en angle obtus, le pan central évidé de l'ouverture de l'embrasure; il en résulte pour l'ensemble de l'embrasure un plan à double ébrasement, l'extérieur seul étant à ressauts. La plaque-pivot circulaire du canon, à évidement central, est scellée au sol en léger relief sur un tambour de béton évasé au centre de l’ouverture de tir et du double ébrasement. L'acier usiné dont est constituée cette plaque de socle, encore garnie d'un double cercle de tiges filetées et de gros boulons, le tout exempt de toute corrosion, est d’une très grande qualité. Les parois latérales de la salle comportent en réservation chacune un placard mural de faible profondeur. Des séries régulières de trous de scellement (aujourd'hui rebouchés) correspondent aux accroches d'un mobilier métallique. Casemate n° III de la batterie, vue intérieure de la chambre de tir, plaque-pivot du canon et porte d'accès à l'arrière-planCasemate n° III de la batterie, vue intérieure de la chambre de tir, plaque-pivot du canon et porte d'accès à l'arrière-plan Casemate n° III de la batterie, vue intérieure dans l'axe de l'embrasure avec la plaque-pivot du canonCasemate n° III de la batterie, vue intérieure dans l'axe de l'embrasure avec la plaque-pivot du canon Casemate n° III de la batterie, vue latérale de la chambre de tir, plaque-pivot du canon, porte d'accès et trémie du sous-solCasemate n° III de la batterie, vue latérale de la chambre de tir, plaque-pivot du canon, porte d'accès et trémie du sous-sol

En arrière de la chambre de tir, après un mur de refend, deux magasins sont disposés de part et d’autre d’un couloir-escalier axial large formant sas, montant de six marches pour les desservir, selon une organisation parfaitement symétrique. Ces petits magasins sont aveugles, mais ventilés par un soupirail circulaire traversant le mur de gorge, un autre orifice circulaire avec tuyau métallique, à l'opposé, débouchant sur la chambre de tir, dans une sore de niche murale rectangulaire. Le couloir axial se poursuit après un rétrécissement, flanqué symétriquement de deux niches étroites et profondes, et traverse de mur de fond du bloc en escalier montant de 3 marches, pour communiquer aux issues ou entrées de la casemate, couloir perpendiculaire semi-enterré adossé à la gorge comportant à ses extrémités deux volées d'escalier divergentes. La partie repos du couloir est incluse dans un avant-corps cubique saillant au milieu de la face de gorge de la casemate. Selon la position plus ou moins enterrée de la gorge des casemates, les volées comportent plus ou moins de marches et sont plus ou moins développées hors de l’avant-corps. Casemate n° III de la batterie, intérieur, détail du couloir d'accès axial avec escalier et porte des magasins latérauxCasemate n° III de la batterie, intérieur, détail du couloir d'accès axial avec escalier et porte des magasins latéraux Casemate n° III de la batterie, vue de la gorge avec avant-corps central de couvrement du couloir-escalier à deux voléesCasemate n° III de la batterie, vue de la gorge avec avant-corps central de couvrement du couloir-escalier à deux volées Casemate n° II de la batterie, détail du couloir-escalier à deux volées d'accès à la gorge, passant dans un avant-corps centralCasemate n° II de la batterie, détail du couloir-escalier à deux volées d'accès à la gorge, passant dans un avant-corps central

Le sous-sol ou étage de soubassement, haut de 2m sous plafond5 , se compose de deux pièces inégales d'un seul tenant, la principale sous la chambre de tir, l'autre sous le sas-escalier et les magasins. L'accès de chacun de ces deux locaux de sous-sol se fait par une trémie au sol couverte d'une plaque d'acier, et des échelons de fer scellés dans la paroi verticale descendante. L'une est au débouché de l'escalier axial dans la chambre de tir, l'autre à la croisé du couloir-escalier axial et du couloir escalier transversal de la gorge, sous l'avant-corps couvrant.

Le poste de conduite de tir type M 262 est à la base un bloc carré de 11,40m de côté, aux murs épais de 2m (comme ceux des quatre casemates actives) complété en tête (soit du côté de la mer) d’un important avant-corps à trois pans en abside ou en trapèze portant la longueur total du bloc à 17m. Ce Leitstand M 262 comporte deux niveaux échelonnés : en soubassement il abrite des locaux cloisonnés semi-enterrés: une chambre principale carrée non centrée, bordée sur deux côtés (latéral et gorge) de réduits techniques, et, dans l'avant-corps trapézoïdal, l’observatoire, plus haut de 5 marches, offrant des vues panoramiques par une ouverture horizontale de faible hauteur continue sur ses trois côtés hors-œuvre, plongeant très légèrement vers l’extérieur. La dalle de couvrement de l'observatoire, très épaisse (2, 50m) et adoucie d'un pan coupé en talus (pour résister aux tirs adverses), porte donc largement à faux du fait de l’amplitude de la fenêtre panoramique, mais les performances du béton armé empêchent toute déformation.Plan du Leitstand M262 de la batterie Vogelberg. [Plans et coupe d'un poste de conduite de tir ou leitstand de la batterie Vogelberg]. 2008.Plan du Leitstand M262 de la batterie Vogelberg. [Plans et coupe d'un poste de conduite de tir ou leitstand de la batterie Vogelberg]. 2008.

L'accès à ces locaux de soubassement et de l'observatoire se fait à la gorge du bloc par un escalier à deux volées convergentes, selon le même principe que pour les quatre casemates actives, le repos inférieur de cet escalier, à ciel ouvert, communiquant aux petits locaux techniques de gorge, disposés en chicane et formant un double sas d'accès à la salle carrée. Le premier est muni d'un créneau ouvrant sur la salle.

Le second niveau du Leitstand, conformément aux normes du type M 262 est limité à la partie carrée du bloc et ne s'étend pas au-dessus de la dalle de couvrement de l'observatoire. Il ce compose d'un local de plan octogonal destiné au télémètre équipé d'une fenêtre panoramique continue sur trois de ses quatre côtés. En principe, le porte-à-faux de la dalle de couvrement théoriquement épaisse de 0,70m nécessitait dans ce cas le concours de deux minces potelets de décharge en fer vers les angles de l’ouverture panoramique, mais le Leitstand M 262 de la batterie Vogelberg n'ayant pas été achevé, il n'a jamais reçu sa dalle de couvrement, en sorte que la hauteur totale du bloc est de 6,45m et non de 7,90m.

1Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 208-211 : batterie Vogelberg (Stp Tol 032), notice historique et 24 illustrations 2Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 209.3L'accès à ces organes de l'ancienne batterie n'a pas été possible dans le cadre de la mission d'inventaire, seules les casemates ont été vues et visitées.4Des photographies de casemates analogues d'autres batteries du Südwall, prises en 1944 lorsqu'elles étaient armées, montrent ces artifices de camouflage par apport d'un voile de branches de feuillus, dans d'autre cas le camouflage étant obtenu par des recharges en ciment imitant des micro-reliefs irréguliers de rochers. 5Inaccessible dans les casemates 2, 3, 4, non visité dans la casemate 1 (privée) mais un relevé par J. Laurent est publié dans Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 210.

La construction de la batterie neuve allemande dite Vogelberg fut entreprise en novembre 1943 au-dessus du château-hôpital San-Salvadour, en grande partie dans son parc, et en contrebas du site du "Mont des Oiseaux" (d'où l'appellation donnée à cette batterie par les allemands), sous l'autorité du Marine-Festungs-Pionier-Gruppe Toulon. Elle avait vocation de remplacer la batterie française de Giens, récupérée par les Italiens puis par les allemands, mais inutilisable.

Le programme de la batterie neuve comportait quatre casemates M272 que l'on destinait à recevoir des pièces de 13,8cm (ou 138mm) modèle 1910, d'une portée de tir de 18,6 km récupérées sur la batterie française Titan (île du Levant) sabordée en novembre 1942, le tout commandé par un poste de conduite de tir ou Leitstand M 262 .

En juillet 1944 la batterie, au nom de code Stp Tol 032, en état de recevoir son armement prêt au combat, était servie par deux sous-officiers et quinze marins de l'unité 6/Ma. Fl. Abt. 819, sous la direction de l’Obertleutnant Werner Steffen, personnel complété le 29 juillet par celui de la batterie de Giens.

Entre le 12 et le 23 aout 1944, la batterie Vogelberg essuyait les attaques nourries de la flotte alliée, aérienne et navale, déterminant les marins allemands à saborder les canons et les installations de conduite de tir le 23 août avant la reddition.

Depuis cette époque, les casemates M 272, le Leitstand M 262 et les abris ont été laissés à l'abandon dans les enclos privés où ils sont bien conservés à l'abri du vandalisme.

Les restes de la batterie Vogelberg, dominent le littoral à 300m de distance et à 66m d'altitude.

Ils se composent principalement de quatre casemates actives M 272, sensiblement identiques, de plan compact tendant au carré (15, 90m X 12, 50m), avec deux larges pans coupés aux angles de la façade active, réservée à l’embrasure de tir. Il en résulte un bloc au volume grossièrement cubique en partie enterré, plus enfoncé dans le terrain à la gorge qu'en tête, compte-tenu du pendage naturel . La construction est réalisée en béton banché de très bonne qualité, le dessus des toits étant revêtu de ciment plus grenu (favorisant la végétalisation) d’où sortent des fers tordus accessoires d'accroche d'un camouflage végétal qui était composé de branches d'arbres naturelles pendant sur la façade active pour la rendre non repérable de la flotte ennemie à distance.

Le volume intérieur est divisé en deux niveaux de salles ou locaux plafonnés en double profondeur, étage actif et soubassement. Les plafonds des salles, locaux et couloirs sont entièrement revêtus de plaques de fer.

L'étage actif se compose principalement de la chambre de tir ou de service du canon, haute sous plafond de 3,50 m, large de 8,50 m. L'embrasure, largement ouverte (elle était refermée par le blindage du canon de 13,8 cm) offre un plan à double ébrasement, l'extérieur étant à ressauts. La plaque-pivot circulaire du canon, encore scellée au sol en léger relief conserve son double cercle de tiges filetées et de gros boulons. Deux petits magasins à l'arrière de la chambre de tir sont disposés de part et d’autre d’un couloir-escalier axial large formant sas, montant de six marches pour les desservir, selon une organisation parfaitement symétrique. Ce couloir traverse le mur de fond du bloc pour communiquer aux issues ou entrées de la casemate, couloir perpendiculaire semi-enterré adossé à la gorge comportant à ses extrémités deux volées d'escalier divergentes. La partie repos du couloir est incluse dans un avant-corps cubique saillant au milieu de la face de gorge de la casemate.

Le poste de conduite de tir ou Leitstand type M 262 est aussi conservé dans une parcelle privée interdite d'accès. Il présente les dispositions normatives de ce type d'ouvrage des batteries allemandes du Südwall, blocs carrés à deux niveaux, chambre et observatoire en tête formant avant corps, avec fenêtre panoramique avec dalle de couvrement épaisse au niveau 1, et local du télémètre au niveau 2. Ce local est resté inachevé, n'ayant jamais reçu sa dalle de couvrement en 1944.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
  • Statut de la propriété
    propriété privée, Partie principale de la batterie dans le parc du château / hôpital San-Salvadour (accès possible) Autre partie dans l'enclos de l'hôpital Léon Bérard (accès interdit)
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Précisions sur la protection

    Situation dans le périmètre de protection de 500m autour du château San-Salvadour, inscrit MH, 1990/08/23

Bibliographie

  • CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009.

Documents figurés

  • Lageplan- Batterie Vogelberg. [Plan général topographique de la batterie] / Dessin établi le 6 août 1944 par le Marine-Festungs-Pionier-Gruppe Toulon. Dans : "Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon." / CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009, p. 209.

  • Regelbau M272/SK. [Plans et coupe d'une casemate M272 de la batterie Vogelberg]. / Relevé et dessin de J. Laurent, 2008. Dans : "Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon." / CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009, p. 210.

  • Plan du Leitstand M262 de la batterie Vogelberg. [Plans et coupe d'un poste de conduite de tir ou leitstand de la batterie Vogelberg]. / Relevé et dessin de J. Laurent, 2008. Dans : "Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon." / CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009, p. 210.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Corvisier Christian
Corvisier Christian

historien de l'architecture et de la fortification

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.