Dossier d’œuvre architecture IA83003111 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Batterie de côte du Jonquet
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune La Seyne-sur-Mer
  • Lieu-dit Pointe des Jonquiers , près du Cap Sicié
  • Précisions
  • Dénominations
    batterie
  • Précision dénomination
    batterie de côte
  • Appellations
    batterie du Jonquet
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

Une liste exhaustive des batteries de côte de Toulon à Bandol, est établie durant la période révolutionnaire, en 1791, par la direction des places des départements du Var et des Bouches du Rhône, pour définir les dépenses à engager afin de mettre ces batteries dans un état de défense désirable1. Prenant aussi en compte les batteries existantes jugées inutiles, sur lesquelles aucune dépense n'est proposée, cette liste n'en mentionne aucune sur le Cap Sicié, au sens large, ce qui tend à prouver qu'il était encore dépourvu de tout ouvrage défensif.

La fondation d'une batterie dite "du Cap Sicié" fait partie du programme défini au lendemain du siège de Toulon, en 1794 par le général Bonaparte pour la réorganisation de la défense des côtes de Provence. Bonaparte avait en effet proposé d'installer une batterie au-dessous de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Garde, face au grand large, en prévision d'un débarquement sur les grèves sud du promontoire de Sicié, possible seulement par temps calme. Un rapport en forme de liste sur la force des batteries du côté de l'ouest toulonnais dressé le 18 prairial an 2 (6 juin 1794) par quatre commissaires nommés par le ci-devant pouvoir exécutifVincennes, SHD,

1 La fondation d'une batterie dite "du Cap Sicié" fait partie du programme défini au lendemain du siège de Toulon, en 1794 par le général Bonaparte pour la réorganisation de la défense des côtes de Provence. Bonaparte avait en effet proposé d'installer une batterie au-dessous de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Garde, face au grand large, en prévision d'un débarquement sur les grèves sud du promontoire de Sicié, possible seulement par temps calme. Un rapport en forme de liste sur la force des batteries du côté de l'ouest toulonnais dressé le 18 prairial an 2 (6 juin 1794) par quatre commissaires nommés par le ci-devant pouvoir exécutif2, inclut dans la liste la batterie du Cap Sicié, rajoutée entre deux lignes (ce qui prouve le caractère très récent de l'ouvrage), non encore armée, mais prévue pour deux canons de 24 (livres). Les batteries de côte les plus proches du Cap Sicié mentionnées dans la liste sont, au nord, sur la côte Est, celle du Bau Rouge, et à l'ouest, celle de la Lauve. L'une et l'autre sont situées à bonne distance, et aucune autre batterie intermédiaire n'est mentionnée sur la côte : la batterie du Jonquet, à l'est du cap, n'existait pas encore.

La carte militaire de la reconnaissance de la rade du Brusc et du terrain qui la sépare de Toulon, en date du 27 mars 18123, n'indique aucune batterie au Cap Sicié, seulement la chapelle N D de la Garde. Une autre carte, aussi de 18124, indiquant avec précision les batteries de Côte depuis Bandol jusqu'au Cap Sicié, avec les directions de tir de chacune, figure bien celle du Cap Sicié, avec trois directions de tir en éventail, mais n'indique pas celle du Jonquet, qui n'est pas représentée peut-être seulement parce qu'elle regarde vers l'Est, secteur non concerné par la carte. Aucune de ces deux batteries ne compte au nombre de celles faisant l'objet des séries de plans de projets d'amélioration du 25 mai 1812 signés Geoffroy et Dianous, sous-directeur et directeur des fortifications de Toulon, projets qui se concentrent sur les batteries de la rade du Brusc et sur celle de la Carraque à Saint-Mandrier. La batterie du Jonquet, très comparable à celle du Cap Sicié, existait assurément en 1812 et avait dû être construite peu après 1794, elle est vraisemblablement citée en 1811 dans le rapport de la 5eme commission de l'inspection des côtes de la Méditerranée, comportant la description des batteries de côtes de Cavalaire à Marseille5.

Une nouvelle inspection des batteries de côtes, accompagnée de plans d'atlas, est conduite en 1818. La batterie du Jonquet, et celle du Cap Sicié, y font l'objet d'une feuille d'atlas avec plan masse, plan détaillé et profils6, la feuille du Jonquet est signée du garde du génie J. Louis Panisse. Elle montre une batterie sommaire, ouverte, sans retranchement de gorge, sur un site contraint, échelonnée en profondeur sur la pente, et desservie par un sentier tortueux venant du haut du terrain, soit du nord-ouest. Au plus bas, l 'épaulement, en pierre sèche, pour le tir à barbette, face au large et au sud-est, est très petit et adopte un plan en arc de cercle, sans embrasure, comparable par exemple à celui, plus grand, de la "nouvelle batterie" du Rayollet, dans la rade du Brusc, ouvrage du milieu du XVIIIe siècle, qu'il était question de supprimer en 1812, et qui était alors armé de quatre canons de 36 sur affuts de côte. Au Jonquet, au-dessus de la gorge de l'épaulement, relié par un court chemin en lacets, un corps de garde de plan rectangulaire, non défilé depuis la mer, est bâti sur un replat du terrain naturel en partie aménagé en terrasse, avec mur de soutènement en arc de cercle du côté sud-ouest. Au-dessus du corps de garde, le chemin remonte encore et forme une boucle pour desservir au passage le magasin à poudres, en partie niché dans une anfractuosité artificielle du rocher, ce qui le dérobe aux coups et aux vues au nord et à l'ouest, mais pas depuis la pleine mer. L'ensemble est figuré comme en bon état, mais l'armement n'est pas mentionné. Il devait se composer d'une ou deux pièces de 18 livres, préconisées sous l'empire pour les batteries de 3e classe.Plan et profils de la batterie du Jonquet, 1818. Détail : coupe du magasin et du corps de garde.Plan et profils de la batterie du Jonquet, 1818. Détail : coupe du magasin et du corps de garde.Plan et profils de la batterie du Jonquet, 1818. Détail : plans.Plan et profils de la batterie du Jonquet, 1818. Détail : plans.

La carte imprimée des environs de Toulon éditée en 1841 par Pierre Bellue, éditeur de cartes géographiques et de marine à Toulon, figure les batteries de côte non déclassées à cette date, dont celles du Cap Sicié et du Jonquet7 .

La nouvelle commission de défense des côtes, en 18418, lance un programme général de remise aux normes des batteries de côte, en plaçant au premier degré d'importance celles de la presqu'île de Saint-Mandrier, mais en formulant des préconisations générales pour toutes. L’armement des batteries doit être normalisé, constitué de canons de 30 livres et d’obusiers de 22 cm en nombre égal, complété par des mortiers de 32 cm, et non plus de pièces d’artillerie hétérogènes débarquées des vaisseaux, comme dans la situation antérieure. Dans ce cadre, les batteries sommaires du Cap Sicié et du Jonquet ne sont pas incluses au programme lancé à la chefferie du génie de Toulon à partir de 1843 pour les reconstructions ou réorganisations des ouvrages de défense, tant forts que batteries de côte, jusqu’à Bandol, sans doute parce que la commission de défense des côtes avait décidé de leur abandon, au même titre que celle du Rayollet, dans la rade du Brusc, ou celle du Bau Rouge sur la côte est, entre le Cap Sicié et les Sablettes.

Depuis cette époque, la batterie du Jonquet, assez difficile d'accès, mais desservie par un sentier littoral, s'est délabrée naturellement sans destruction volontaire. Elle semble toutefois avoir fait l'objet d'un minimum d'entretien, ses anciens bâtiments, corps de garde et magasin à poudres, se prêtant à l'usage de bergerie.

DESCRIPTION

Site et implantation générale

Le site de la batterie est en dénivelé assez marqué sur le versant rocailleux escarpé Est/nord-est du Cap Sicié, surplombant directement à l'est la pointe dite de La Grande Calanque ou des Jonquiers, et, plus au large, les rochers des Deux Frères, à une altitude de 100 à 110m au-dessus de la mer (équivalente à celle de la batterie du Cap Sicié/Cap Vieux). Les ruines sont accessibles par le sentier du littoral partant au nord du hameau de Fabrégas, mais accessible aussi depuis la route départementale 2816 (dite Corniche merveilleuse ou Corniche varoise, crée en 1962), à partir de l'aire de stationnement d'où part le chemin d'accès actuel montant à la batterie de Peyras.Vue plongeante de l'ensemble des ruines de la batterie, depuis le haut du terrain, au fond, rochers-ilôt des Deux-Frères.Vue plongeante de l'ensemble des ruines de la batterie, depuis le haut du terrain, au fond, rochers-ilôt des Deux-Frères.

Dans l'état actuel, le site de l'ancienne batterie n'a plus son accès primitif qui, durant sa période d'utilisation, assez brève, était un sentier muletier en lacets partant du nord-ouest, que l'on pouvait atteindre depuis la chapelle de Notre-Dame de la Garde.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Très comparable à la batterie du Cap Sicié construite à la même époque, composée des trois mêmes sous-ensembles : épaulement, corps de garde et magasin à poudres, sans aucune fermeture à la gorge, la batterie du Jonquet est aujourd'hui dans un état de ruine à peu près comparable, peut-être un peu moins dégradé, étant davantage à l'abri des éboulis provenant des pentes qui la surplombent.Mur de soutènement de l'épaulement de batterie et, à l'arrière-plan, ruines du corps de garde.Mur de soutènement de l'épaulement de batterie et, à l'arrière-plan, ruines du corps de garde.

Le revêtement extérieur ou mur de soutènement semi-circulaire de l'ancien épaulement est toujours en place et reste lisible, avec un remplissage en cailloux et en terre. Son amplitude est d'environ 15m et son arc est plus ouvert qu'il n'est représenté sur les plans de 1818. L'ancien corps de garde, de plan rectangulaire, d'environ 10m / 6m hors oeuvre, conserve encore l'élévation de son mur gouttereau nord-est et de son mur-pignon sud-est (face à la mer et aux "Deux Frères") également aveugle. Le mur gouttereau opposé était la façade, seule percée de deux fenêtres encadrant une porte centrale ; elle a complètement disparu, et la cheminée qui s'appuyait au mur-pignon subsistant a laissé peu de traces. Le mur de soutènement de la terrasse ou cour, du côté de la façade disparue, existe encore.Ruines du corps de garde, façade détruite, murs-pignons.Ruines du corps de garde, façade détruite, murs-pignons.

Le magasin à poudres, dominant l'ensemble, a conservé ses quatre murs, plus épais que ceux du corps de garde; ses dimensions sont très modestes (environ 5m / 6m hors oeuvre). Il était voûté en berceau, à la différence du magasin à poudres de la batterie du Cap Sicié / Cap Vieux, moins solidement bâtie. Cette voûte est aujourd'hui écroulée dans sa partie médiane, réduite à des départs en sommier sur les murs gouttereaux, et à l'arrachement du cintre complet dur les murs-pignons. Jusque dans les années 1950, d'après une photographie aérienne verticale IGN prise à cette date, le magasin à poudres était encore couvert, ce qui prouve que la cette voûte n'était pas encore écroulée; elle portait directement sur ses reins une couverture de tuile canal à deux versants, dont restent des vestiges en place.Vue plongeante des ruines du corps de garde.Vue plongeante des ruines du corps de garde.

L'ensemble des constructions est en blocage de pierre brute schisteuse locale, de tout venant assemblée de manière très rudimentaire, en panachant grosses pierres formant boutisses et petites pierres. Cet assemblage très rustique est à pierres sèches pour ce qui est du mur de revêtement de l'épaulement semi-circulaire, et maçonné au mortier de chaux pour les murs du corps de garde et du magasin à poudres, les départs de la voûte de ce dernier conservant les restes d'un enduit intérieur couvrant.Intérieur du corps de garde en ruines, vestiges de la voûte.Intérieur du corps de garde en ruines, vestiges de la voûte.

1Vincennes, SHD, 1 VH 1838, n° 19.2Vincennes, SHD, 1 VH 1839, n° 30.3Vincennes, SHD, 1VH 1841 n° 94Vincennes, SHD, 1VH 1841 n° 165Direction de Toulon, 5e commission : description des villes, plages, caps, goulets, anses, embouchures de fleuves, mouillages dans les golfes et baies, depuis Cavalaire jusqu'à l'Estaque, dans la baie de Marseille, 1811, SHD Ms 1215 (non consulté)6Plan et profils de la batterie du Jonquet, commune de La Seyne, Toulon, SHD 4B1 1bis.7Plan des environs de Toulon, 1841, BnF Cartes et Plans, GE DL - 1842-140-3.8Toulon, SHD 4B1 47 n° 44.

La batterie du Jonquet, très peu documentée, est fondée ex nihilo entre 1794 et 1800, simultanément à la batterie du Cap Sicié, dans le cadre du programme de réorganisation de la défense des côtes de Provence lancé au lendemain du siège de Toulon, en 1794 par le général Bonaparte. Elle est figurée sur un atlas des batteries de côte établi en 1818 dans le cadre d'une inspection des côtes. Le programme général de remise aux normes des batteries défini par la nouvelle commission de défense des côtes de 1841 entraine l'abandon définitif de cette batterie, tombée depuis en ruine, mais utilisée comme bergerie.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle

Les ruines de la batterie du Jonquet, à l'est / nord-est du Cap Sicié, dominent la mer à 100m d'altitude, en vue du rocher-îlot des Trois Frères. Ancienne batterie ouverte (sans retranchement à la gorge), elle conserve encore ses trois sous-ensembles constitutifs : l'épaulement de plan semi-circulaire, revêtu en pierre sèche, le corps de garde, très ruiné, et le petit magasin à poudres. La voûte de celui-ci, qui portait directement la couverture de tuiles creuses, est écroulée, réduite à ses arrachements.

  • Murs
    • schiste moellon sans chaîne en pierre de taille
    • schiste pierre sèche
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • extrados de voûte
  • Typologies
    batterie ouverte
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété publique (incertitude)
  • Sites de protection
    loi littoral, zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique

Vestiges intéressants par le caractère unitaire de la batterie, fruit d'une unique campagne peu après 1794, jamais remaniée.

Documents figurés

  • Plan et profils de la batterie du Jonquet (feuille d'atlas des batteries de côte). / Dessin aquarellé, signé J-Louis Panisse, garde du Génie de Toulon, 1818. Service Historique de la Défense, Toulon : 4 B1 1bis.

Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble