Dossier d’œuvre architecture IA83003109 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Batterie de côte annexe de Peyras
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune La Seyne-sur-Mer
  • Lieu-dit Peyras
  • Dénominations
    batterie
  • Précision dénomination
    batterie de côte
  • Appellations
    batterie annexe de Peyras
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

La puissante batterie de Peyras est construite ex nihilo, en 1878, sur une hauteur de dominant la mer d'environ 196m d'altitude, au nord-est du massif du Cap Sicié et au sud-ouest de la de la presqu'île de Saint-Mandrier. C'est une batterie de bombardement, pour le tir plongeant courbe sur les ponts des navires, répondant aux critères définis par le rapport de la commission de révision de l'armement du littoral du 28 novembre 1876, actualisant celui du 6 mars 1873, qui planifie la réorganisation générale de la défense du port et de la rade de Toulon. Elle appartient à une nouvelle génération de batteries de côte, implantées désormais en altitude et armées avec des pièces d’artillerie de marine, adaptée aux progrès de la flotte de guerre à vapeur et de l’artillerie à longue portée, désormais rayée, ce qui décuplait portée utile et précision à l’impact. Il s'agit d'une grande batterie composée de deux ailes et cumulant treize pièces d'artillerie, de trois calibres différents, 19cm, 24cm et 16cm, tirant vers la pleine mer à l'Est et au sud-est. Batterie fermée, c'est à dire enveloppée dans une enceinte, elle contient un casernement casematé adapté à un effectif maximum de 176 hommes. La crise de "l’obus-torpille", dont la charge explosive chimique brisante (mélinite) a des effets destructeurs décuplés, en 1885, n'entraîne pas d'adaptation particulière à la batterie de Peyras, dont le magasin à poudre n'est pourtant plus aux nouvelles normes, sa position en altitude étant jugée peu vulnérable. A partir de l'extrême fin du XIXe siècle, plusieurs batteries de côte d'altitude de cette génération sont complétées de batteries annexes plus ou moins distantes. C'est le cas de la batterie de La Croix des Signaux, sur la hauteur de la presqu'île de Saint-Mandrier, aussi construite en 1878, pour huit pièces, de 19cm et de 24 cm, qui est complétée en 1899 d'une annexe contiguë (ce qui peut la faire considérer comme un agrandissement de la batterie existante), pour six pièces de 90mm réparties en trois sections d'artillerie, et vers 1902-1903, d'une autre batterie annexe aussi à emplacements de tir doubles, pour quatre pièces de 95mm, construite à 200m de distance.Détail d'un plan topographique général figurant des deux batteries de Peyras, avec les directions de tir, vers 1903Détail d'un plan topographique général figurant des deux batteries de Peyras, avec les directions de tir, vers 1903 Batterie annexe de Peyras, [plan d'état des lieux]. 1903.Batterie annexe de Peyras, [plan d'état des lieux]. 1903.

Dans le cas de la batterie de Peyras, la construction d'une batterie annexe est arrêtée et réalisée dès 1899, à une distance de 300m à vol d'oiseau, 500m par le chemin militaire crée pour sa desserte, et 15m en contrebas, à la cote d'altitude 181m. Les travaux représentent une dépense de 33.000 francs. Il s'agit d'une batterie ouverte à épaulement rectiligne pour six pièces de 95mm sur affûts de côte, réparties en trois sections d'artillerie, ou trois plate-formes de tir doubles,le parapet faisant face à l'est-sud-est. Elle dispose d'un poste de commandement surélevé sur une traverse en retour d'équerre à gauche, d'un magasin à poudres en caverne, conforme aux nouvelles normes engendrées par la crise de l'obus-torpille, et d'un magasin de séparation des poudres, simplement enterré, mais non en caverne. Ces deux magasins sont desservis par la route d'accès, 80m environ avant d'arriver à la batterie proprement dite, à un emplacement qui bénéficie d'une petite bute rocheuse pointue dont le sommet atteint la cote d'altitude 192m. Ainsi le magasin en caverne a pu être placé sous cette bute en faisant partir son l'escalier d'accès en contrebas, à la cote 183m, ce qui épargnait une partie de la longueur à creuser en caverne. L'état initial et complet de la batterie est documenté par un plan sur une feuille d'atlas des batteries de côte datée du 1er janvier 19031. L'économie de cette batterie ouverte lui permettait une certaine autonomie, mais en l'absence de corps de garde ou d'abri de traverses, elle était tributaire de la batterie principale de Peyras pour le logement de son personnel la nuit. Elle avait la même dépendance pour son réapprovisionnement, du fait de la petite capacité de ses magasins à poudres et de ses niches à munitions.

A une date non documentée, avant 1908 ou 19112, le petit poste de commandement est pourvu d'un poste télémétrique, puis d'une cabine téléphonique. On ignore la date d'abandon définitif de cette batterie, mais il semble qu'elle ait été désarmée durant la première guerre mondiale, pour disposer de ses pièces dans un autre contexte, au même titre que la batterie principale de Peyras. A la différence de celle-ci, elle n'a manifestement pas été remise en fonction par la suite. Toutefois, une plate-forme bétonnée créée à la droite et à l'extérieur de la batterie, à fonction non déterminée, semble devoir être interprétée comme un aménagement contemporain de l'utilisation de la batterie principale pour la DCA, de 1933 à 1958.

DESCRIPTION

Site et implantation générale

L'assiette d'implantation de la batterie annexe de Peyras se situe sur un replat de la pente descendante qui termine au sud une longue ligne de crête rocheuse d'axe nord-sud, surplombant la moitié sud de la côte Est qui règne entre l'isthme des Sablettes et la pointe du Cap Sicié. Elle est, à la cote d'altitude 181m, en contrebas de la batterie de Peyras qui occupe le point culminant, et n'était initialement accessible que par le nord, par un prolongement de la route militaire de la batterie principale. Ce prolongement du chemin, formant deux lacets, est toujours l'accès principal sommairement carrossable, mais depuis la création, en 1962, de la route départementale 2816 (dite Corniche merveilleuse ou Corniche varoise), le chemin d'accès principal à l'ancienne batterie de Peyras part du sud, se branchant sur cette route à la cote 143. Pour autant il existe un sentier de randonnée pédestre qui accède directement aux ruines de l'ancienne batterie annexe depuis le départ du chemin de la batterie principale. L'emprise de la batterie annexe surplombe la route départementale, qui décrit un virage pour la contourner, et la côte, à l'est-sud-est et au sud. Les ruines de l'ouvrage se confondent dans le paysage et ne sont pas nettement pas lisibles d'en bas.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Bien que ruinée, l'ancienne batterie annexe n'a fait l'objet d'aucune destruction massive, et a conservé en assez bon état de conservation ses formes d'origine, si l'on excepte l'érosion modérée des profils du parapet et de la traverse latérale gauche.

Dans l'ordre d'approche de la batterie annexe par l'ancien chemin d'accès venant de la batterie de Peyras, on passe à gauche devant l'entrée de l'escalier descendant au magasin à poudres en caverne : la saignée frontale dans le rocher brut schisteux dégage un espace étroit occupé par un mur de façade parementé en moyen appareil de moellons équarris avec joints au ciment tirés au fer. Dans ce mur s'ouvrait la porte de l'escalier en caverne, dont l'encadrement a été entièrement arraché, ne laissant qu'une large brèche. Celle-ci est solidement obturée par un murage récent de parpaings de béton avec enduit ciment qui interdit toute visite au magasin en caverne, dont les dimensions modestes et la position latérale à droite au bas de l'escalier sont connues par le plan de 1903. L'emplacement du magasin de séparation des poudres, en avant et à droite du mur de façade, est occupé aujourd'hui par un amas de décombres provenant e sa démolition. Ce petit bâtiment, encore en place dans les années 1960, n'est tombé en ruines que vers les années 1980.

Mur de façade de l'entrée du magasin à poudres en caverne, porte arrachée et murée.Mur de façade de l'entrée du magasin à poudres en caverne, porte arrachée et murée.

Le chemin d'accès fait un quart de cercle à gauche, pour contourner le pied de la butte sous laquelle est creusé le magasin-caverne, puis, après 50m, débouche sur le chemin de ronde de l'épaulement de batterie, qui se développe en retour d'équerre sur la droite. Dans le tournant, à gauche, il dessert au passage l'ancien poste de commandement, qui surplombe de 3m le chemin de ronde. Etabli dans une saignée du rocher jadis aménagé en traverse, l'escalier d'accès droit de 13 marches figuré sur le plan de 1903 n'existe plus qu'à l'état de décombres du fait de l'écroulement du revêtement maçonné en schistes feuilleté des parois de la saignée. Le poste de commandement proprement dit composé de murs garde-corps maigres en blocage de moellons liés au ciment à joints gras, se compose d'un petit local rectangulaire à ciel ouvert prolongé au fond d'une travée de même plan formant à droite, face à l'Est/sud-est, soit dans la direction de la batterie, une saillie en exèdre demi-circulaire, le tiers gauche (ouest) de cette travée étant occupé par un petit local carré couvert. On accède à ce petit abri, dont le sol est surbaissé de plusieurs marches, par un petit escalier droit longeant le mur gauche de la première travée du poste, et bordé à droite d'une rambarde en fer. La porte d'entrée de l'abri, encadrée en brique, sous arc segmentaire, est actuellement condamnée par murage. La dalle de béton qui couvre l'abri n'est peut-être pas d'origine, elle a pu remplacer une voûte surbaissée qui portait une masse couvrante en terre figurée sur le plan de 1903. La partie du poste prolongée en exèdre pouvait être couverte légèrement d'un toit cintré en tôle formant visière au-dessus de l'exèdre, comme était de poste de commande du poste photo-électrique du Cap Sicié, construit à la même époque au service des deux batteries de Peyras.

Détail de l'ancien poste de direction de tir et de son abri, du côté de l'entrée.Détail de l'ancien poste de direction de tir et de son abri, du côté de l'entrée.

La batterie proprement dite est bien conservée avec ses trois plate-formes de tir doubles de plan rectangulaire ménageant deux petites exèdres hémicirculaires jumelles dans le revêtement de genouillère, chacune correspondant à un canon. Surplombant de 1, 40m le chemin de ronde3 , l'aire intérieure de chaque section est desservi par un perron à deux volées opposées de 4 marches, parallèle au revêtement, complété par une volée perpendiculaire de 2 marches engagées dans ce revêtement. Les sous-sellettes des affûts de côte des canons de 95mm au droit de chaque exèdre, conservent leurs tiges filetées disposées en cercle encore en place. Elles correspondent au modèle 1888 du canon de 95mm Lahitolle, sur affût crinoline, dont un exemplaire est actuellement en place sur la "butte" hors enceinte du front de tête de la batterie principale de Peyras. Les sections sont séparées par un bloc maçonné cubique non défilant, c'est à dire de même hauteur que le parapet, et non surhaussée d'une masse couvrante à la différence d'une traverse classique. Les niches à munitions sont creusées, par paires, dans le revêtement de façade de ces blocs massifs intermédiaires, donnant de plain-pied sur le chemin de ronde. Le parement du revêtement, y compris genouillère, et escalier, est en moyen appareil de moellons équarris avec joints ciment tirés au fer. Les marches d'escalier monolithes en pierre de taille dure bouchardée ont été en partie pillées. L'encadrement des niches a munitions, voûtées en berceau surbaissé, est en briques débordant à la clef et aux sommiers, et comporte une feuillure pour les vantaux de fermetures (aujourd'hui disparus). La brique, posée de chant, était sans doute également être le matériau employé pour les tablettes couvrant les arases de l'ensemble des revêtement, mais ces tablettes ont été entièrement pillées. Un larmier en ciment à deux versants en "accent circonflexe" souligne l'extrados des arcs des niches à munitions, pour les mettre à l'abri des la pénétration des eaux pluviales.Bloc intermédiaire avec niches à munition jumelles et plate-forme de tir double, avec son escalier et les sous-sellettes de l'affût des canons de 95mm.Bloc intermédiaire avec niches à munition jumelles et plate-forme de tir double, avec son escalier et les sous-sellettes de l'affût des canons de 95mm.Détail d'un bloc intermédiaire entre deux plates-formes de tir, avec ses deux niches à munitions encadrées en briques.Détail d'un bloc intermédiaire entre deux plates-formes de tir, avec ses deux niches à munitions encadrées en briques.

1Toulon, SHD, ESID, 2 / 1841 / 1, feuille n° 402Le plan de 1903, mis à jour le 1er septembre 1908, puis le 1er janvier 1911, intègre dans sa légende, en ajout, les postes télémétrique et téléphonique3Le plan de 1903 donne un surplomb de 1m, démenti par l'état actuel

Vingt ans après sa construction ex nihilo, la grande batterie fermée de Peyras est complétée d'une batterie annexe ouverte, fondée à 300m de distance en léger contrebas. Cette batterie annexe, construite en 1899, moyennant 33.000 francs, appartient à une génération de batteries de côte édifiées à partir de la fin du XIXe siècle, après la "crise" de l'obus-torpille chargé à la mélinite, pour accueillir des pièces d'artillerie récentes de fort calibre. De la même génération sont les deux batteries annexes de la Croix des Signaux, sur les hauteurs de la presqu'île de Saint Mandrier. A Peyras, l'épaulement, rectiligne est adapté à six pièces de 95mm sur affûts de côte, sur trois sections d'artillerie, ou trois plate-formes de tir doubles, sur un parapet faisant face à l'est-sud-est. Elle dispose d'un poste de commandement surélevé sur une traverse en retour d'équerre à gauche, d'un magasin à poudres en caverne, conforme aux nouvelles normes, et d'un magasin de séparation des poudres, simplement enterré, mais non en caverne. L'économie de cette batterie ouverte lui permettait une certaine autonomie, mais en l'absence de corps de garde ou d'abri de traverses, elle était tributaire de la batterie principale de Peyras pour le logement de son personnel la nuit. On ignore la date d'abandon définitif de cette batterie, mais il semble qu'elle ait été désarmée durant la première guerre mondiale, au même titre que la batterie principale de Peyras, sans réutilisation postérieure.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1899, daté par source

Implantée à la cote d'altitude 181m, en contrebas et à 300m sud de la batterie de Peyras qui occupe le point culminant, la batterie annexe n'était initialement accessible que par le nord, par un prolongement de la route militaire de la batterie principale. le magasin à poudres en caverne, desservi par la route d'accès, 80m environ avant d'arriver à la batterie proprement dite, sous une petite bute rocheuse pointue, n'est plus accessible, l'entrée de son escalier étant murée. A l'extrémité gauche de l'épaulement, l'ancien poste de commandement, qui surplombe de 3m le chemin de ronde, en haut d'un escalier éboulé, et incluant un petit abri couvert d'une dalle de béton. La batterie proprement dite est bien conservée avec ses trois emplacements de tir doubles de plan rectangulaire ménageant deux petites exèdres hémicirculaires jumelles dans le revêtement de genouillère, chacune correspondant à un canon de 95mm Lahitolle, sur affût crinoline, dont les tiges filetées des sous-sellettes restent en place. Un exemplaire de ce canon est actuellement exposé dans la batterie principale de Peyras. Les sections sont séparées par un bloc cubique maçonné non défilant, à la différence d'une traverse classique. Les niches à munitions, encadrées en briques, sont creusées, par paires, dans le revêtement de façade de ces blocs intermédiaires, parementés en moyen appareil de moellons équarris, comme les murs de genouillère, et les escalier d'accès aux plate-formes, dont les marches en pierre de taille ont été en partie pillées.

  • Murs
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille parement
    • brique brique et pierre
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
    batterie ouverte
  • État de conservation
    mauvais état
  • Techniques
  • Sites de protection
    zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique

Bibliographie

  • FRIJNS, M., MALCHAIR, L., MOULINS, J.-J., PUELINCKX, J. Index de la fortification française, Métropole et Outre-mer, 1874-1914. Welkenraedt : 2008.

    p. 196

Documents figurés

  • Batterie annexe de Peyras, [plan d'état des lieux]. / Dessin, encre et lavis, 1903, mis à jour en 1908 et en 1911. Service Historique de la Défense, Toulon : ESID 2 / 1841 / 1, feuille n° 40.

Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble