Une ressource rare
Le site originel du village de Saint-Julien est construit sur une élévation rocheuse. En l'absence de source et de puits, la seule possibilité du bourg pour s'alimenter en eau est la fontaine de Saint-Julien en contrebas à mi-chemin vers Saint-Pierre. Un accès insuffisant à l'eau a contribué à partir du 19e siècle au regroupement des nouvelles habitations en contrebas du village, au hameau de Saint-Pierre devenu le chef-lieu en 1926. Antérieurement, l'alimentation en eau relève de puits particuliers ou communaux, de citernes dont l'eau est parfois impropre à la consommation. Un témoignage de l'abbé Spariat sur le hameau des Rouvières en 1898, précise qu'il ne dispose ni de source, ni de de fontaine, ni de lavoir mais seulement de puits et citernes pour alimenter les habitants et le bétail. En 1904 la commune recense tous les points d'eau du village afin d’établir les travaux à y conduire en priorité, l'idée d'un réseau d'eau est posée.
deux citernes publique dans le haut du village et aux Rouvieres
Citernes du bourg de Saint-Julien
Plusieurs citernes ont existé dans le bourg de Saint-Julien à proximité de la maison seigneuriale. En 1635, la communauté acquiert la maison de Martin Féraud pour y construire une citerne (on ne situe pas cette maison). En 1652, il est fait mention de réparations à la "poussaraque de la citerne de Ville". En 1657, un projet de construction d'une citerne. Le 24 mars 1658, Monseigneur de la Verdière envisage la création d'une citerne dans le village à l'endroit "où il y a un fossé rempli d'eau". Il envoie dans ce but à Saint-Julien, maître Antoine Vian, citernier. On s'accorde que ledit Vian creusera 3 cannes de profondeur et autant de largeur, pour un prix de 15 écus la canne carrée. Pour qu'il puisse travailler, les Consuls lui feront épuiser l'eau et autres immondices qui sont dans le fossé. Vian sera tenu d’enlever les pierres (Notes préalables du Parc du Verdon).
En 1930, le presbytère et l'hôtel de ville de l'ancien village de Saint-Julien sont proposés à la vente aux enchères, il est fait état d'une grande citerne sous le presbytère (parcelle 121 section A du cadastre napoléonien). "De l'ancien Hôtel de ville et du Presbytère. Les eaux de pluies des pentes de la toiture donnant sur les façades sud sont acquises à l'acheteur pour alimenter la citerne qui se trouvent à l'intérieur du presbytère. Les eaux de pluie des pentes de la toiture des autres façades sont réservées pour alimenter la citerne communale se trouvant sous l'immeuble, dont l'accès se trouve sur la place du village" (Vente d'immeubles, cahier des charges, Commune de Saint Julien, vu et approuvé par le préfet 26 juillet 1930).
Puits
Lavoirs
A partir du 19e siècle, le lavoir devient un aménagement commun indispensable. Les habitants aspirent à davantage de confort, les préoccupations d’hygiène se développent et les communes acquièrent une certaine autonomie financière. Malgré la dispersion de l’habitat sur le territoire de la commune, on fit en sorte que tous les habitants aient accès à ce confort. On trouve ainsi dix lavoirs pour les hameaux de Saint-Julien. Ils furent construits de toute pièce ou aménagés sur le lieu traditionnel de la lessive: source ou ruisseau, comme ici à Saint-Pierre. Certains se trouvent aux abords des habitations d’autres sur la route menant d’un lieu-dit à un autre.
Le 26 juillet 1930, la commune sollicite le Génie Rural pour la captation de la source de Beaucas. En 1932, la commune acquière une pompe (1600 F) pour le hameau des Guis. Une première tranche du réseau d'alimentation concerne en 1937 les hameaux de Saint-Pierre, les Maisons et les Guis : travaux de captage, construction d'une chambre de mise en charge (entreprise Buisson et Kieffer). Il faut attendre 1966 pour l'adjudication générale de l'adduction en eau (entreprise Seillé). L'entreprise Montel installe deux groupes motopompes et la stérilisation des eaux est confiée à l'entreprise Degrémond. En mars 1966, des terrains du vieux village sont acquis pour l'édification d'un château d'eau. L'année suivante est crée le syndicat intercommunal d'adduction d'eau potable des communes de Rians, Ginasservis, Laverdière, Esparron, Saint-Martin de Pallières et Saint-Julien. Une alimentation de secours du village est alimentée par un pompage dans le canal de Provence (1967). Une dernière tranche du réseau d'eau potable est lancée en janvier 1968. En 1997, le service et l'entretien des réseaux d'eau et d'assainissement est affermé à la société SAUR.
Une source d'eau non potable qui était utilisée pour le lavoir communal devenait inutilisable après les pluies (Projet d'adduction d'eau potable. Mémoire explicatif, 1937).
Captage de la source du Beaucas pour l'adduction en eau de la commune de Saint-Julien et du hameau Saint-Pierre, 1954
Dans son rapport de 1930 le Professeur J. Repelin du service Géologique de France, stipule que "l'eau qui alimente Saint-Pierre provient des écoulements du terrain alluvionnaire qui constitue la plaine cultivée de Saint-Julien. La source est dans de très mauvaises conditions et exposée à de multiples souillures. Elle est d'ailleurs fréquemment trouble et tout à fait insuffisante car elle tarit en été”. Selon l'extrait du registre des délibérations de la commune de Saint-Julien en date du 26 décembre 1929, le maire "appelle l'attention spéciale de l'assemblée sur la nécessité, depuis longtemps constatée et qui se fait de jour en jour vivement sentir, de l'établissement de fontaines publiques destinées à distribuer dans le chef-lieu de la commune, la quantité d'eau indispensable pour satisfaire aux besoins généraux de l'alimentation [...] Considérant que l'établissement de fontaines publiques dans le chef-lieu constitue une amélioration de première nécessité ; que la commune possède, au lieu dit Bocas une source dont les eaux, très pures, très abondantes en toute saison et très saines d'après l'analyse qui en a été faite [...]", le conseil municipal vote l'accord pour procéder aux études préalables par un ingénieur ou architecte pour la "rédaction des plans et devis des travaux, et à s'entendre ultérieurement avec les propriétaires des terrains où des fouilles seront nécessaires soit pour la recherche des eaux, soit pour le placement des tuyaux de conduite."
Par le vote favorable du conseil municipal en date du 20 juillet 1930, il est autorisé au maire de faire appel au génie rural pour faire l'étude du projet (Extrait du registre des délibérations, 1930). Le rapport géologique indique que l'utilisation de la source du Bocas (Beaucas aujourd'hui) est bien située pour alimenter Saint-Pierre, étant à peu près située à la même côte que l'agglomération de Saint-Pierre. Il sera nécessaire tout de même de faire des travaux pour relever le point d'émergement de la source afin d'en augmenter le débit. Il est à noter que l'usage des eaux de cette source du Beaucas sont signalées comme alimentant un lavoir public d'un autre hameau de la commune de Saint-Julien (Rapport de l'ingénieur en chef du Génie rural, B. Brun, 12 juillet 1938). Il pourrait s'agir de la fontaine- lavoir dite du Beaucas (IA830002139) mais le manque de précision sur la localisation et sa dénomination ne permet pas d'affirmer cette localisation avec certitude. Le 26 mars 1931, le conseil municipal décide de signer de gré à gré pour commencer les travaux de captage (Extrait du registre des délibérations, séance du 26 mars 1931). Une convention est faite le 18 juin 1931 entre la mairie et l'entrepreneur M. Bielach, chargé des travaux de captage de la source du Baucas. Il faudra pourtant attendre 1937 pour que soit réalisé le projet d'adduction d'eau potable de la source du Beaucas. Le 10 juillet 1937, M. Piccon, l'ingénieur chargé d'études dresse des plans de situation de la source et des réservoirs projetés. Nous pouvons voir sur le plan du tracé du réseau de distribution que les canalisations passent au hameau de Saint-Pierre et non loin de la fontaine ; un cercle rouge signale son emplacement sur la place, derrière la mairie. S’il est difficile de certifier que les travaux de captage prévus ont alimenté la fontaine de Saint-Pierre en eau potable, on peut raisonnablement penser que le réseau d'adduction a servi à améliorer l'adduction en eau de la fontaine de Saint-Pierre compte tenu de son passage à proximité. En s’appuyant sur le bordereau des pièces et le rapport de M. Troin, datés de 1937, nous savons que ce projet d'adduction comprend la captation de la source du Beaucas, la construction d'un double réservoir de 100 m3, la construction d'une station de pompage, de tout le réseau de canalisations et des branchements secondaires sur 600 m avec 9 bornes incendie et 5 bornes fontaine à créer dans le village. Par cette nouvelle adduction les habitants vont pouvoir se raccorder. On peut voir la canalisation projetée sur le plan de situation de la station de pompage et du réservoir, dressé par l'ingénieur chargé d'études M. Piccon le 10 juillet 1937. Sur d'autres feuillets sont dessinés les plans au sol du bassin et du bâtiment de la station de pompage, les différentes coupes du bâtiment, ainsi que le plan au sol et les coupes du réservoir. Le coût global pour ce projet de distribution d'eau potable est estimé à 679 000 Frs (Extrait du registre des délibérations, 25 juillet 1937). Dans le cahier des charges général est détaillé la provenance des matériaux, leur qualité et quantité, l'attention que devra développer l'entrepreneur à ne pas entraver la vie du village, la circulation et l’accès aux habitations. Dans l'extrait du registre des délibérations du conseil municipal du 6 avril 1939, il est voté l'ouverture d'une enquête pour établir l’utilité publique du projet de captation de la source du Beaucas afin d'obtenir les subventions nécessaires aux travaux et pour que les propriétaires impactés puissent être indemnisés. En 1940, la période n'est plus aux subventions, l'entrée en guerre signifie refus de soutenir ce dossier (Minute du ministre de l'agriculture, 15 mars 1940). Cependant, à partir de 1954, plusieurs mandats de paiement attestent de la réalisation des travaux d'adduction en eau potable. C’est l'entreprise Buisson Kiffer à Ginasservis qui les exécute. Le procès verbal d'adjudication à l'entrepreneur date du 31 octobre 1953 (Mandat de paiement, 1954). Le montant final des travaux s'élève à 6 988 337 Frs (Fiche récapitulative des travaux d'adduction en eau potable, 1954).
Habitants de Saint-Julien qui a procédé au classement des archives communales, auteur de plusieurs livres sur la commune de Saint-Julien.