Le pompage des eaux de la Bresque
Un rapport des services du Génie rural daté du 17 avril 1886, propose d'alimenter le village de Sillans par les eaux de la Bresque, rivière située en contrebas du village. Le projet de l’ingénieur ordinaire consiste à créer, par dérivation sur la rivière, une chute motrice "capable d'actionner une machine élévatoire”. Un bélier hydraulique, système Decoeur type n°8, pompe l’eau vers un bassin surélevé et la conduit par un canal jusqu’au bassin situé en cœur de village qui alimente un réseau de bornes-fontaines. Le plan établi en 1888 figure la galerie projetée qui alimente un réseau de trois fontaines à construire dans le village (plan et profil en long de la conduite d'amenée, dessiné en 1887 par l’architecte Arzan).
"La dérivation se fera au moyen d'une simple coupure dans la berge ; l'eau dérivée sera recueillie dans des tuyaux de fonte jusqu'au bélier hydraulique adapté comme machine élévatoire. [...] La prise d'eau se fera par une tête d'aqueduc grillée et pourvue d'un robinet vanne destiné à isoler la conduite motrice en cas de besoin. Les tuyaux en fonte de la conduite motrice seront posés dans la berge de la rivière qui sera creusée à la profondeur voulue ; ils seront ensuite placés souterrainement à des profondeurs variant de 3 à 5 mètres. La traversée du chemin de fer se fera au dessous du passage inférieur du chemin des Gourrèdes. Cette partie de la canalisation est prévue en galerie maçonnée pour éviter les ébranlements et les tassements qui accompagnent toujours l'ouverture de tranchées profondes. La section fouillée sera entièrement remplie en maçonnerie, de sorte qu'il ne se produira ni vides, ni tassements ultérieurs. La galerie maçonnée ne sera pas entièrement remplie d'eau. [...] Un regard avec cheminée d'évent est prévu à l'origine de la conduite de batterie qui aboutit au bélier. Ce regard a pour but de faciliter l'évacuation de l'air et de permettre en tout temps de visiter la galerie maçonnée ; un enduit au ciment assure l'étanchéité des maçonneries. Des échelons en fer scellés dans les deux angles de la cheminée permettront de descendre, aussi commodément que possible dans le regard.
Nous avons fait le choix, pour la machine élévatoire, d'un bélier hydraulique système Decoeur type n°8. [...] On peut régler les soupapes de façon à faire varier le débit pour le proportionner aux ressources dont on dispose ou aux besoins à desservir. Ce moteur sera placé dans une chambre spéciale, dont les dessins reproduisent les dispositions et qui sera, en partie, enfoncé dans le sol pour soustraire l'appareil à l'action des gênées. L'eau sera refoulée dans un réservoir de 21 m3 de capacité établi sur une place et qui contiendra une réserve en cas d'incendie. Trois bornes fontaines à colonne à fermeture automatique, dont le modèle est employé dans plusieurs ville, et nous a donnée complète satisfaction à Ginasservis, seront posées aux principaux carrefours. Une de ces bornes, placée à l'extrémité de la conduite au bord de la route conduisant à la station de chemin de fer, coulera continuellement. Son débit sera réglé par un robinet de jauge ; les versures de cette fontaine seront recueillies dans un bassin en pierre de taille où pourront s'abreuver les attelages. Un autre bassin semblable sera placé au bas du réservoir et sera alimenté soit par le trop plein de celui-ci, soit par la borne fontaine. Les dépenses prévues s'élèvent à 12 000 Frs" (Rapport de l'ingénieur ordinaire, G. Rocque, Projet d'adduction et de distribution d'eau. 21 février 1895).
Le nouveau réseau d'adduction
L’adduction en eau du village est reconsidérée à partir de 1927, les conduites en fonte doivent d'être remplacées par une galerie, pour la section alimentant les fontaines. Les travaux sont pris en charge par la commune (délibérations du 19 juin 1927, 15 000 Fr aucune subvention n'est obtenue). Un plan et une coupe de cette galerie sont dressés par l'ingénieur adjoint Buzzegoli, le 1er juillet 1926, et validé par le préfet le 15 avril 1927.
En 1932, M. le Maire de Sillans demande au Conseil départemental de désigner l'ingénieur Fiol pour dresser le plan d'embellissement et d'extension de la commune. Il explique qu'il y a la nécessité depuis longtemps d'établir des canalisations et des fontaines publiques destinées à distribuer dans les diverses parties du territoire de la commune la quantité d'eau indispensable pour satisfaire aux besoins généraux de l'alimentation.
Il existe dans la commune, au lieu-dit Roquebeirard, une source appartenant à M. Authier, dont les eaux pourraient largement répondre à ces besoins. Les travaux d'adduction consisterait à faire dériver l'eau de cette source par des tuyaux de conduite (Délibérations du conseil municipal, séance du 22 septembre 1932).
En 1935, le projet d'adduction d'eau de la commune de Sillans se trouve encore à l'enquête hydraulique en raison notamment des objections qu'il a pu soulever. Le Conseil départemental d'Hygiène a émis des réserves quant à l'importance de la dépense occasionnée et la projection de l'élévation des eaux au moyen d'un pompage. Pourtant, les conditions d'alimentation en eau potable sont assez précaires car l'eau qui est livrée à la consommation est seulement puisée dans la rivière de La Bresque (Rapport de l'inspecteur départemental concernant l'alimentation en eau potable, 21 mars 1935). Dans l'extension projetée, il est prévu la création de "3 squares, d'un groupe scolaire, d'un stade municipal, d'un hôpital, d'un abattoir, d'un cimetière, d'une gare d'autocars, d'un bassin de natation avec plage sur les rives de la Bresque, d'une usine d'incinération des ordures ménagères, d'un établissement de bains-douches, de fontaines publiques, de lavoirs publics, de water-closet et urinoirs, il est même prévu un terrain d'aviation.
Au point de vue hygiène, le Préfet prévoit l'installation de conduites pour la distribution de l'eau potable provenant de la source de Roquebeirard à raison de 200 litres par habitant et alimentant des bornes-fontaines, des bouches d'incendie et d'arrosage. Le projet prévoit enfin l'installation d'un réseau d'égouts pour les vidanges avec une station d'épuration en aval de la cascade au quartier des Baumes. Ce projet est approuvé par la Commission départementale même si des réserves ont été avancées concernant l'ampleur du projet pour la taille de la commune (190 habitants). Les habitants ne sont pas contre à condition que l’État prenne tous les frais à sa charge (Projet d'aménagement, d'embellissement et d'extension de Sillans - Plan d'aménagement - Commission départementale, 15 janvier 1935). Nous ne savons pas si ce projet d’aménagement et d’embellissement a réellement vu le jour. En revanche, peut-être que les travaux d'alimentation en eau potable réalisés en 1955 dans le cadre de l'agrandissement du quartier de la gare correspondraient à une partie des améliorations projetées dès 1932.
Dans les années cinquante, l'alimentation en eau du village est jugée précaire : "un bélier hydraulique puisant l'eau nécessaire à la commune dans la rivière est relié à un réservoir de 10m3, alimentant d'une conduite de 300 m de longueur desservant 3 bornes-fontaines. La vétusté, l'insuffisance et le dérangement continuel de cette installation assure un débit presque inexistant. D'autre part, les eaux sont contaminées par des écoulements de surface des prairies adjacentes normalement pâturées par des moutons". (mémoire explicatif, dressé par l'ingénieur des travaux ruraux, daté du 13 septembre 1951).
En 1954, des travaux d'adduction conduisent à créer un puits et une station de captage électrifiée. Le nouveau puits de captage puise dans la nappe phréatique des alluvions sur la rive droite de la rivière au nord-ouest du pont du chemin de fer. Pour autant, cet ouvrage n’a pas été recensé dans la campagne en cours.