En 1848, Antoine Bousquet, tourneur en bois et habitant à Toulon, envoie un courrier pour demander la construction d'un moulin à blé et d'une usine “mécanique pour la fabrication de cuillères à pot en bois" dans le quartier de la Ville-Vieille. Il indique les limites de sa propriété. Il argumente de l'intérêt général de construire un deuxième moulin pour les habitants et une usine donnant du travail et dont l'équivalent n'existe pas à proximité (Lettre d’Antoine Bousquet, 1848). Dans le même temps, il demande l'autorisation de construire une vanne pour capter les eaux de la source dite Charde ***. Plusieurs pétitions sont signées l’année suivante contre l'installation de l'usine et du moulin argumentant que la source sert à l'arrosage des prés et fournit l’eau pour la ville. Toujours en 1849, l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Jean Siméon Gaduel, visite le site avec les opposants à la création de l'usine et du moulin, puis du détournement de la source. Sont également présents Antoine Bousquet et M. le Maire, ce dernier plaidant pour la création du moulin et de l'usine à cuillères à pot arguant qu'il n'y a qu'un seul moulin, restant insuffisant pour la population, et que l'usine permettrait d'offrir du travail aux ouvriers de la commune (Procès Verbal de visite des lieux, 1849). En 1850, M. le Maire d’Aiguines et le conseil municipal vote favorablement pour l'utilisation de l'eau de la source Charde et accorde la construction d'un moulin à farine et d’"une machine à fabriquer les cuillères à pot en bois" sur demande de Monsieur Bousquet Antoine. Toutefois, la prise d'eau ne doit pas nuire à l'arrosage des prés ni au bain public (Extrait de délibération du conseil municipal, 21 avril 1850). Dans un décret du Ministère des travaux publics datant du 27 novembre 1850, il est stipulé que : "le canal AG sera barré au point G situé à trente-cinq mètres de la source, à l'aide d'une vanne en bois avec piliers en maçonnerie, dont la largeur égale à celle du canal sera de 50 cm, la hauteur de 40cm et dont le seuil sera creusé à la cote 24m des profils ci-dessus visés, c'est-à-dire à 1m en contrebas d'une croix gravée sur une pierre dans le piédroit de la voûte de la source, et prise pour repère provisoire." Une vanne en amont de celle-ci est aussi prévue avec un canal de prise devant traverser "un chemin rural à l'aide d'un petit aqueduc couvert avec une dalle de 15cm d'épaisseur construit et entretenu par le Sieur Bousquet”. Le décret fixe l'usage de l'eau, notamment du 1er octobre au 1er avril quand l'eau n'est pas employée pour l'arrosage, puis le reste de l'année selon les usages locaux. Il est prévu un canal d'amenée vers un réservoir de la propriété muni d'écluse "pour faire mouvoir son usine" uniquement utilisable pendant la période du 1er octobre au 1er avril. Un repère est fixé "afin de faciliter à l'avenir les moyens de constater les changements qui pourraient être indûment apportés à la hauteur de la retenue des eaux". Le procès verbal de réception des travaux date du 31 août 1853. Il y est attesté que les conditions d'exécution des travaux se sont réalisées conformément au décret du 27/11/1850.