Avant la construction de la grande jetée, la rade de Toulon s'ouvrait sur le large et ses menaces. En 1689, Vauban pose pour la première fois dans un mémoire le principe de sécurité de la rade de Toulon. Il propose l'établissement d'une estacade établie entre la grosse tour et la tour Balaguier et prévoit d'en faire fermer l'entrée la nuit. Le projet n'est pas retenu à l'origine mais en 1742 le sujet revient avec les tensions entre la France et la Grande-Bretagne. L'estacade prévue par Vauban est finalement réalisée entre 1843 et 1845. Celle-ci est démolie en 1871, jugée insuffisante. En 1876, le ministre de la Marine adopte le principe de la construction d'un système de jetées en pierres établi entre le Mourillon et la presqu'île de Saint-Mandrier. L'ouvrage est destiné à se prémunir contre une intrusion dans la rade en vue de torpiller les vaiseaux au mouillage. Les travaux commencent 1877. La grande jetée est achevée en 1881. Les ouvrages sont formés par un massif en enrochements naturels immergés à même le fond, les jetées devant dépasser la hauteur des flots, 300 000 m3 de matériaux sont mis en oeuvre. Au moment de leur construction, les jetées sont dotées à leur extrémité d'un musoir avec escalier d'accès, d'une plateforme entourée d'une rambarde en fer et d'une maison où loge le gardien de phare. Ces superstructures n'ont pas résisté aux bombardements de la dernière guerre. L'entreprise Dussaud a reconstruit la jetée. Des blocs de béton de 2m x 2m x 4m ont été installés en couronnement sur les enrochements en 1932. Plusieurs remises en état de la grande jetée sont effectuées au cours du 20e siècle.