DESCRIPTION
Vue de situation de la villa au-dessus des jardins en terrasse.La villa a été construite au centre d'une vaste propriété s'étendant du sommet de la colline boisée du Meinier, où Victor Margueritte avait fait aménager un belvédère, jusqu'à la mer. Comme plusieurs propriétés voisines, Toi et Moi, Massilia, elle était en partie plantée de vignes. La villa est disposée sur une terrasse en terre-plein dominant un jardin en terrasses planté d'essences méditerranéennes et parcouru de cheminements délimités par des murets en schiste local. A proximité de la maison de maître, se trouve la maison du jardinier.
La maison présente un corps de bâtiment principal de plan carré, d'une superficie au sol d'environ 150 m² sur deux niveaux, prolongé par une aile en biais en rez-de-chaussée au-dessus d'un sous-sol, au nord-est. Au nord, le garage a été rajouté par rapport au plan initial. La construction est vraisemblablement en moellons. L'enduit ocre rouge qui la recouvre est récent mais se rapproche de l'enduit d'origine qui est décrit en 1938 comme ayant la "couleur des voiles ocrées". Les toits à longs pans à croupes sont couverts de tuiles creuses et bordés de trois rangs de génoise.
La villa est orientée plein sud. La façade d'agrément, sur jardin, est en retrait par rapport à un portique à trois grandes arcades plein-cintres surmonté d'une galerie rythmée par quatre colonnes d'inspiration toscane reliées par des garde-corps en ferronnerie néo-18e siècle. Les baies sont segmentaires.
L'entrée principale se fait sous un petit porche dans l'angle entre les deux corps de bâtiment, à l'est. On pénètre dans un vestibule. Au rez-de-chaussée, le nord est occupé par les pièces de services, deux chambres de domestiques, office et cuisine. L'office a une entrée indépendante au nord. Au sud se trouvent le salon-salle à manger ouvrant par une porte fenêtre sur le portique, et une chambre d'amis avec cabinet de toilette. Un laboratoire photographique est mentionné dans une excroissance à l'ouest. L'escalier occupe la partie centrale de la façade nord. A l'étage un cabinet de travail et une chambre ouvrent sur la galerie au sud. Une autre chambre se trouve au nord-ouest. Le nord-est est dévolu aux sanitaires, salle de bains et cabinet de toilette. On peut noter l'importance donné au cabinet de travail qui occupe un espace plus vaste que les chambres.
NOTE DE SYNTHÈSE
L'architecte René Darde est considéré comme l'un des chefs de file de l'architecture néo-régionaliste qui se développe dans les années 1920. Dans la préface à L'habitation provençale, ouvrage demandé en 1926 par les éditions Massin à Darde, Henri Algoud écrit en parlant du Clos de la Madrague "les lignes sont calmes et d'excellentes proportions, des recherches et des réminiscences prouvent l'étude et l'observation attentive : le fruit du mur de la façade, les belles et fortes arcatures qui l'ajourent vers le bas, l'arrondi des angles, la loggia bien tempéré, le porche discret : il y a dans ce logis, d'ailleurs en situation délicieuse une justesse de formes de simplicité paisible qui le rendent tout à fait captivant."
Si le Clos de la Madrague fait référence à l'architecture régionaliste provençale ce n'est pas dans ce qu'elle a de plus courant, c'est à dire l'emprunt d'éléments à l'architecture vernaculaire provençale réelle ou élaborée par les architectes, dont la juxtaposition des volumes pour simuler les agrandissements successifs. Ici c'est plutôt par la simplicité du plan-masse et des volumes (si l'on ne tient pas compte de l'aile nord-est) et par la régularité des travées que cet édifice fait référence à l'architecture provençale mais à une architecture plus aristocratique, celle de la bastide. On peut même dire que ses emprunts sont plus italianisants que véritablement provençaux avec le jeu du portique et de la galerie. Il nous semble préférable en cela de plutôt la rattacher au caractère niçois tel que nous l'avons défini, plan-masse simple, volumétrie sobre, enduit de couleur ocre, façade structurée, mélange d'éléments puisés dans l'architecture vernaculaire et savante (portique, galerie ouverte, loggia).
Un ensemble résidentiel construit en 1982
La résidence est aménagée dans ce qui était le parc paysager de la villa. Elle se compose de cinq immeubles allongés de plan et de volumétrie composites, constitués de plusieurs modules dits "mazets" agrégés, en rez-de-jardin surélevé, chaque "mazet" comportant deux appartements superposés, tous orientés au sud-est. L'inspiration est néo-régionaliste. Les toits sont en appentis, très débordants pour abriter les terrasses.
Les voitures ne circulent pas dans le parc. Un garage et des parkings sont prévus à l'entrée. Un funiculaire relie l'entrée aux parties hautes dans lesquelles se trouvent aussi des garages à bateaux accessibles par le boulevard du Meinier. De l'autre côté du chemin de la Vierge Noire, se trouvent un parking pour les visiteurs et la piscine. Un passage souterrain sous l'avenue du Maréchal-Leclerc permet un accès direct à la mer.
La résidence Le clos de la Madrague se situe dans la lignée des expériences d'habitat groupé inséré dans le paysage, constitué de maisons en bandes complétées d'espaces publics et d'équipements communs, telles quelles ont été menées dans le Var dans les années 1960-1975.
Plan masse de l'ensemble résidentiel.
Garage de l'ensemble résidentiel Le Clos de la Madrague.
Vue de situation de la villa et de l'ensemble résidentiel.
Photographe de l'Inventaire, région Sud-Paca.