Construction et armement
L’établissement d’un ouvrage de défense au cap Blanc n’est pas antérieur à l’époque napoléonienne, comme le prouve l’absence de mention du site dans le rapport de la commission d’inspection des défenses côtières entre Marseille et Savone, instituée par le comité de salut public le 14 novembre 1794.
La construction initiale de cette batterie entrerait dans la logique d’application du programme de réorganisation générale des batteries de côtes, lancé par Napoléon en 1810. Cependant, elle est antérieure au grand programme général de mise en place de 160 batteries nouvelles sur l’ensemble des côtes de l’Empire, arrêté par le comité des fortifications au début de 1812. En effet, la séance du 8 aout 1811 de la commission des défenses côtières mentionne cette batterie comme devant être pourvue d’un magasin à poudres (6000 livres), d’un corps de garde, d’une caserne pour 28 hommes et d’un logement de gardien 1. D’autre part, un mémoire très postérieur indique qu’elle a été construite en 1811 pour être armée de cinq canons et de deux mortiers.2
Une commission d’armement des côtes, de la Corse et des îles est constituée le 11 février 1841, pour reconsidérer de façon globale l’artillerie et les capacités défensives des batteries de côte. Les travaux de cette commission conduiront à la programmation d’un projet d’une ampleur sans précédent, qui sera mis en œuvre à partir de 1846, sur la base d’une typologie normalisée de batteries de côte pour les ouvrages neufs ou largement refaits, appliquée à l’ensemble des côtes du territoire national. Les batteries côtières les plus complexes et solides parmi celles qui existent déjà sont conservées et simplement améliorées.
Dans ce cadre, en 1846, la commission étudie les améliorations qu’il convient d’apporter à l’ouvrage du cap Blanc. La batterie existante est à maintenir et à approprier, car elle occupe une position favorable et concourra à resserrer la passe de l’est des îles d’Hyères, ce qui la place au premier degré d’importance. Elle comporte deux épaulements, dont celui situé à l’ouest, qui voit moins bien la passe, ne sera pas armé, tandis que l’autre devra être agrandi. La batterie, ouverte, devra être fermée à la gorge. Les bâtiments existants (deux casernes, logement du gardien et magasin à poudres) sont en assez bon état pour être utilisés, mais il est prévu d’y ajouter un réduit conforme aux modèles-type récemment définis, en l’occurrence un corps de garde défensif n°2, adapté à 40 hommes et à une batterie de huit pièces. L’armement prévu se compose de trois canons de 30 livres 3 de trois obusiers de 22 cm et d’un mortier de 32 livres. Les travaux d’appropriation sont à réaliser sans qu’aucune indemnité ne soit prévue à l’égard des propriétaires des terrains limitrophes, malgré l’impact sur une partie de ces terrains. La redéfinition du périmètre du terrain militaire impose des acquisitions, car ses limites reconnues par le cadastre sont restreintes à l’emprise des parties bâties 4.
Le projet renouvelé pour 1848 est rédigé (le 31 mai), comme celui de la batterie de Léoube, par le capitaine Schoenagel, sous la direction du capitaine en chef du génie aux îles d’Hyères, Victor de Malglaive 5. La conservation des bâtiments de la batterie de 1811 n’est plus à l’ordre du jour, les casernes masquant l’arrière de la batterie et le magasin à poudres n’étant pas vraiment à l’épreuve ; leur démolition est donc proposée. L’armement n’a pas changé, mais l’effectif pour le servir étant de 35 hommes, non 40, le corps de garde défensif projeté n°2 doit être réalisé dans une variante modifiée adaptée à ce chiffre.
Ce projet est représenté pour 1849 par le chef de bataillon du génie Pichon, et chiffré à 35 000 francs, sans compter la part de terrain dont l’acquisition est nécessaire, dont le prix est estimé à 950 francs 6. Cette nouvelle rédaction intègre des modifications demandées par le comité des fortifications dans sa délibération du 12 juillet 1848, notamment de placer la porte du corps de garde servant de réduit du côté de la batterie, pour mieux assurer la défense rapprochée de la gorge de celle-ci, la façade d’entrée de corps de garde étant pourvue de quatre créneaux desservis depuis le logement du gardien de batterie, alors que le côté opposé n’en a en qu’un dans le modèle-type. D’autre part, la plate-forme du corps de garde n’étant pas défilée de la hauteur en arrière du cap, il est proposé de prolonger les murs de refend au niveau de cette plate-forme pour tenir lieu de murs de traverse abritant les défenseurs. Le projet comporte aussi un bâtiment annexe non défensif à droite du réduit. Le plan de la batterie proprement dite, en arc à 5 pans, n’est pas symétrique, pour placer davantage de pièces orientées vers la passe et vers ses approches, soit ouest/sud-ouest, sud-ouest et sud. Il est prévu deux couvre-face en terre prolongeant le parapet de la batterie de part et d’autre de l’aire qui s’étend à la gorge, pour défiler le réduit défensif et le bâtiment annexe qui y sont projetés.
La tour réduit type 1846 n°2, vue de l'édifice octogonal, derrière, le phare.Un contre-projet propose de substituer au corps de garde un réduit plus compact, soit une tour crénelée 1846 n° 2, ce qui permet de maintenir la porte du réduit vers la route d’accès tout en assurant la défense de la gorge de la batterie, la face postérieure des tours crénelées type étant percées d’une série de six créneaux. Les tours ayant deux niveaux, le commandement du réduit sur la batterie est optimisé. Cette alternative (par laquelle le projet du cap Blanc ressemble nettement à celui de Léoube) ayant été privilégiée par le général en charge de la tournée d’inspection du génie de 1849, le chef de bataillon Pichon adapte, le 4 janvier 1850, son projet, non sans surcoût (45.000 francs, les tours revenant plus cher que les corps de garde du fait de la profondeur de l’excavation du fossé), pour l’exercice 1850-18517. Le comité des fortifications, dans son avis du 21 juin 1849, n’avait pas prévu d’affecter des fonds pour la batterie du cap Blanc sur l’exercice 1850-1851. Toutefois, des travaux analogues étant programmés immédiatement à côté, à la batterie du cap Bénat, le comité juge plus efficace de programmer une mise en œuvre simultanée des travaux sur ces deux ouvrages côtiers desservis par la même route, et valide le dernier projet Pichon le 28 mars 1850.
La batterie proprement dite est réorganisée en premier lieu, avant la fin de 1850, sur un plan à cinq pans plus régulier et symétrique que prévu. La dépense, de 6 920 francs, a été financée grâce aux dispositions de la loi du 10 juillet 1845. Il n’est plus prévu qu’un épaulement couvre-face du côté est, qui, en date du 5 décembre 1851, reste à réaliser, de même que la tour, dont le fossé seul est creusé 8. Il faut attendre 1854 pour que l’achèvement des ouvrages soit effectif, à en juger par un rapport de la commission spéciale du 14 juin 1853, et par un bilan rétrospectif dressé par le comité des fortifications en 1857. Les travaux auront coûté en tout 67 187, 17 francs. 9 La réalisation n’a pas retenu l’idée de murs-traverses sur la plate-forme du réduit pour en assurer le défilement.
La batterie ne subit aucune modification ou adaptation dans les années 1870, à la différence de celle de Léoube. Sa position est sans doute jugée moins efficace pour défendre la passe que celle d’ouvrages plus proches des îles, d’où un investissement ciblé sur la batterie de Léoube et sur celle du fort de Brégançon (importants travaux en 1877). L’ouvrage du cap Blanc fait donc partie des positions implicitement délaissées à la suite de l’examen de la rade des îles d’Hyères par la commission de 1873.
Dans l’état actuel des connaissances, les circonstances du rasement du rempart de la batterie sont ignorées. Elle est remplacée par un petit édifice de plan centré octogonal et quatre positions de tir sans parapet. Durant la seconde guerre mondiale, après le désarmement (novembre 1940) des batteries de côte des Alpes-Maritimes, zone occupée par les allemands et démilitarisée, l’occupant a déplacé les quatre canons de 105mm Ehr 17 (pièces de la première guerre mondiale) de la batterie du Cauférat (Cap Ferrat) pour les installer dans la batterie du Cap Blanc, sur des emplacements de tir existants conçus pour des canons de 120mm De Bange, modèle 1878, sur affûts fixes de côte. Cette infrastructure témoigne donc de travaux de réappropriation de la batterie, réalisés par les français vers la fin du XIXe ou le début du XXe siècle. L’édifice octogonal, édifié en revanche par les allemands, était un mur ou cuve de protection pour un radar de surveillance Seetakt Fumo. 2 (pour détecter et anticiper les attaques navales et aériennes).
Edifice octogonal défensif du radar de 1940 et tour réduit type 1846.Deux abris en béton, dont un grand édifié à côté du corps de garde de 1851-1854, relèvent du même contexte. 10
La batterie a été reprise à l’occupant allemand par les Commandos d'Afrique débarqués au Cap Nègre dans l'après midi du 16 aout 1944.
Dans l’état actuel, le site, difficile d’accès du fait de la privatisation des voies carrossables, est bien conservé, mais à l’abandon ; les constructions menacent ruine.
Analyse architecturale
Site et implantation générale
Dans la configuration très découpée de la côte rocheuse à l’est des îles d’Hyères, le cap Bénat et le cap Blanc forment chacun une branche d’une ample avancée rocheuse bifide. Le premier cap (dont l’appellation est dominante), le plus à l’est, forme une sorte de presqu’île à deux pointes, rattachée au littoral par un isthme assez large de faible altitude. Le cap Blanc, au contraire, est directement attenant à une crête rocheuse aux pentes escarpées, et se termine par une pointe unique, aiguë et étroite. La batterie du cap Blanc occupe l’espace disponible sur le premier replat aménagé, à 48,5m d’altitude, à mi longueur du cap, en balcon au-dessus de la pointe rocheuse proprement dite. Cette position jouit de vues directes privilégiées ouest et sud-ouest sur l’île de Porquerolles, en sorte que la batterie pouvait croiser ses feux avec celles, insulaires, des Mèdes et de Lequin, cette dernière étant un ouvrage du même type 1841-1846.
La route littorale, ancienne route militaire (actuellement privatisée), qui relie les deux caps, passe immédiatement à la gorge du terrain militaire de la batterie, au ras de la façade d’entrée du réduit. De l’autre côté de la route, est installé le phare dit du cap Bénat.
Plan, distribution spatiale, circulations et issues
La batterie du cap Blanc, comme celle de Léoube, sur la même côte, à peu de distance, ou comme celles de Galeasson et de Bagaud, sur les îles d’Hyères, était représentative des batteries de côte ouvertes créées en 1811 et remaniées par adjonction d’une tour-type 1846 crénelée servant de réduit.
Dans l’état actuel remanié durant la seconde guerre mondiale, depuis le dérasement du rempart ou épaulement polygonal de la batterie proprement dite, cette identité de l’ouvrage n’est plus exprimée que par la tour crénelée n° 2, le bâtiment voisin non défensif, aujourd’hui très ruiné, ayant été lui aussi reconstruit au XXe siècle. Cette tour forme un binôme hétéroclite avec le mur de protection du radar allemand de 1941.
La tour crénelée, bien que laissée sans entretien, est dans l’ensemble très bien conservée sans mutilations ni restaurations, mais largement masquée par une végétation parasite de taillis ou par le voisinage immédiat d’un grand abri allemand en béton de 1941.
Elle offre toutes les caractéristiques propres au modèle-type : un plan presque carré de 14,97m sur 15, 18m hors œuvre, une élévation à trois niveaux, sur 9,50m de hauteur depuis le fond du fossé : étage de soubassement, étage d’entrée, casematés, et plate-forme dont le parapet alterne bretèches (deux par côté), créneaux (deux par face) et embrasures (une au milieu de chaque face). Ces embrasures de la plate-forme sont susceptibles d’accueillir, de manière optionnelle, des pièces de plus petit calibre et de moins longue portée que celles de la batterie, par exemple des obusiers de 15 ou de 16cm. Face postérieure de la tour réduit type 1846 n° 2.
Les deux étages casematés sont divisés dans l’axe principal, soit celui de la porte, par une circulation en corridor, et transversalement, par deux murs de refend portant les sommiers du voûtement. Cette partition définit quatre chambres, cloisonnées ou non sur le corridor, et deux travées plus petites au revers de la façade d’entrée et de part et d’autre du sas de la porte à pont-levis. La travée à droite de la porte est réservée pour l’escalier à ¼ tournant sur mur-noyau descendant à l’étage de soubassement, tandis que celle à gauche dessert l’escalier montant à la plate-forme. Les chambres du soubassement, prenant jour sur le fossé par des soupiraux, sont affectées aux magasins (vivres, artillerie), dont le magasin à poudres (travée du fond, à droite) avec évents en chicane au lieu des soupiraux, la petite travée à gauche, face au départ de l’escalier, servant de cuisine. Sous cette petite travée, sur toute la largeur, est creusée en sous-sol une citerne assez basse sous voûte, avec trop-plein sur le fossé.
A l’étage de l’entrée, les chambres abritent le casernement, y compris la loge du chef de poste, près de l’entrée. Cet étage est largement percé de créneaux de fusillade à ébrasement extérieur en trémie : 4 en façade d’entrée, cinq par faces latérales, à raison de deux par travée de chambre et d’un par petite travée, six en face postérieure. Au-dessus de ces créneaux, la prise de jour des chambres est assurée par des baies hautes en imposte demi-circulaires (arc sur appui), à raison d’une par chambre (dans les faces latérales) ou petite travée, en sorte que la face postérieure n’en a aucune.
La porte à pont-levis comporte un sas peu profond, ouvert sur l’extérieur quand le pont-levis est baissé (soit en temps ordinaire), qui accueille le système de levage à chaînes (poulies et contrepoids) sous sa voûte percée d’un créneau de pied ; ce sas est flanqué en outre d’un créneau-judas de chaque côté, desservi depuis les petites travées (escalier, loge). Une porte bien fermée d’un vantail le sépare d’un vestibule carré, point de départ de la distribution des étages.
Détail de l'arc de la porte à pont-levis de la tour réduit type 1846 n°2.L’une des particularités de la tour absolument normative du cap Blanc est son enfoncement dans le fossé, un peu supérieur à la moyenne, le seuil de la porte à pont-levis étant au niveau du sol extérieur et non légèrement au-dessus comme c’est souvent le cas. Ce trait répond au souci de défiler au mieux la tour-réduit, qui, en principe, devait être à l’abri des tirs des vaisseaux ennemis au large car suffisamment défilée en avant-plan par le parapet de la batterie. L’édicule octogonal de 1941 doit s’élever à peu près au niveau qu’atteignait le parapet de la batterie rasée, ce qui permet d’apprécier la position défilée de la tour à l’arrière-plan.
Le bâtiment édifié à droite de la tour-réduit, dans un axe légèrement oblique, n’était pas défilé depuis l’ouest, la réalisation du projet de 1850 n’ayant pas retenu le couvre-face de ce côté. L’édifice actuel, en simple rez-de-chaussée, comporte une travée centrale d’entrée et de vestibule avec escalier extérieur, encadré symétriquement de deux travées de pièces rectangulaires. Sa fonction exacte est inconnue.
L’édicule ou mur de plan octogonal construit pour abriter le pied du radar de détection installé par les allemands vers 1941 est une étrange construction semi-défensive à géométrie imparfaite, aux parois extérieures en léger fruit, avec large entrée de type garage occupant un pan, encadrée de deux murs parallèles et regardant vers le réduit. Le mur polygonal est percé, un pan sur deux, de quatre fenêtres de tir pour arme automatique portée, avec socle d’accès, jadis munies d’une plaque de blindage. Un pan orienté au sud-ouest est percé d’une ouverture plus large et basse à fonction non identifiée (pour le passage d’une pièce d’artillerie ?) Détail d'une baie de l'édifice octogonal défensif du radar de 1940.
Près de cet édifice s’élève un petit bâtiment en deux corps qui abritait des locaux techniques liés au fonctionnement du radar, dont un transformateur électrique.
L’abri édifié également par les allemands au bord de la contrescarpe du fossé de la tour-réduit, du côté regardant le large et le radar, donc dérobé aux vues de la route par la tour, est un simple parallélépipède muni d’une porte et d’une seule fenêtre.
Les quatre positions de tir circulaires des pièces d’artillerie De Bange en batterie, mises en place après le rasement du parapet de la batterie de 1850, sont encore lisibles au sol, disposées en arc de cercle, avec leurs plaques de fixation des affûts.
Structure et mise en œuvre
La tour, comme tous les autres édifices du même type, est solidement construite en maçonnerie employant des matériaux de provenance locale, au moins pour les cœurs de murs et les parements ordinaires, y compris ceux de la contrescarpe du fossé, montés en blocage de moellons sommairement calibrés de granite et de schistes, tirés des rochers alentours. Les éléments classiquement réalisés en pierre de taille empruntent à deux veines différentes : La première est une roche blanche dure qui a très bien résisté au temps, employée dans des parties raidissantes, porteuses ou structurantes : chaînages d’encoignures réguliers en besace, bandeau courant à la base du parapet de la plate-forme et formant linteau (ou plutôt arc monolithe surbaissé) pour les bretèches, consoles portant ces bretèches, à raison de trois consoles par bretèche, deux en corbeau unique en 1/5e de rond et la médiane à deux ressauts en quart de rond. L’encadrement de la porte à pont-levis et celui des fenêtres hautes de l’étage d’entrée, formées d’un arc plein-cintre sur appui saillant, emploient aussi cette veine de pierre. L’autre veine est un calcaire plus jaune et plus tendre, qui est inégalement dégradé selon son exposition aux vents dominants et aux intempéries. Il est employé pour l’encadrement rectangulaire à ébrasement extérieur en trémie des créneaux, y compris ceux du parapet de la plate-forme, pour l’encadrement des embrasures du même parapet et pour celui des petits créneaux des bretèches. C’est aussi le matériau employé pour l’encadrement de la porte dans le sas, et pour le parement tout pierre de taille qui règne entre l’arc plein-cintre de cette porte et la voûte du sas. La tablette de couvrement commune au parapet et aux bretèches est sans doute en pierre dure, mais elle est assez dégradée du fait de son exposition. Les parois extérieures en maçonnerie ordinaires sont revêtues d’un enduit couvrant grenu de teinte gris-jaune, nettement arrêté au droit des pierres de taille, assez bien conservé à l’exception de quelques fissures 11. La porte, conforme au modèle-type, fait l’objet d’un travail soigné de taille de pierre. L’arcade d’entrée en plein-cintre est inscrite dans le tableau rectangulaire d’encastrement du tablier du pont-levis, et les claveaux de l’arc se continuent d’un bloc dans le couvrement horizontal (en plate-bande) de ce tableau, pour les trois claveaux de tête et pour les sommiers (mais pas pour les pierres d’angle de l’encadrement). Les pierres formant sommier sont incisées de la base de la fente de passage des chaines du pont-levis.
Au revers de ces fentes, l’axe tournant en fer à deux poulies sur lesquelles roulaient les chaînes du pont-levis, lestées par un contrepoids, est encore en place.
Les parements de la contrescarpe du fossé sont les seules parties extérieures de parement ordinaire non enduites.
Le bâtiment ruiné à droite de la tour est médiocrement construit pour l’essentiel en briques plâtrières (murs) et briques classiques, enduites au ciment.
Le mur de protection octogonal du radar, construit pour l’essentiel en béton armé, se distingue par ses parements, tant extérieurs qu’intérieur, en pierre locale débitée en dalles, gneiss, schistes et micaschistes, disposés soit en assises à plat, soit de chant, formant un opus incertum en écailles. Cette mise en œuvre originale et peu complexe à réaliser répondait peut-être à un souci relatif de camouflage de la structure bâtie, au demeurant très solide.
Intérieur de l'édifice octogonal défensif du radar de 1940. Le petit bâtiment électrique associé, actuellement très délabré, est réalisé en béton armé, y compris le toit incurvé, de même que le grand abri près du fossé de la tour, dont l’aspect extérieur à arêtes émoussées évoque un bloc d’ouvrage actif, ou encore un réservoir.
historien de l'architecture et de la fortification