Les premiers lotissements apparaissent le long de la rue Le-Pelletier dans le troisième quart du 19e siècle et dans le quartier de l'Estaque-Eglise. Il s'agit de rangées de maisons de ville et de petits immeubles alignés le long de rues, avec passage. Ceux du dernier quart du 19e siècle se développent dans le quartier de l'Estaque-Gare avec des impasses butant sur la voie ferrée et dans le quartier de l'Estaque-Eglise, en constructions homogènes alignées de long des rues et à vocation locative avérée, notamment à l'emplacement d'anciennes tuileries.
Au tournant du 19e siècle et du 20e siècle coexistent deux types de lotissements : la continuation des lotissements où les bâtiments mitoyens sont alignés le long de rue et l'apparition de lotissements pavillonnaires avec implantation du bâti en retrait sur rue et sans mitoyenneté. Cette forme est celle des lotissements de cabanons, en périphérie loin de l'urbanisation, mais aussi la forme des lotissements de maisons pavillonnaires bourgeoises en bord de mer, à vocation ou non de villégiature.
Dans l'entre-deux guerres dominent les lotissements pavillonnaires qui sont d'abord des lotissements de colonisation, loin des urbanisations préexistantes, puis des lotissements de comblement bastidaire, quand les parcs et jardins des campagnes sont partiellement lotis à partir des années 1930, mais surtout après 1945.
Le mouvement continue dans la deuxième partie du 20e siècle, mais à la fin du 20e siècle apparaissent des lotissements pavillonnaires où les maisons sont sur un même modèle ou varient autour d'un modèle, alors que dans les premiers lotissements pavillonnaires, le style des constructions était plus hétérogènes, les propriétaires étant certes encadrés par un cahier des charges, mais libres du choix du constructeur.
Dans les lotissements du 19e siècle domine la construction en série, par des propriétaires issus de familles possédant des terres et ou des tuileries, dans un but locatif ou de revente, même si apparaît la figure du lotisseur dès les années 1840 dans la proximité de la gare : les lotissements Crillon (Référence IA13001488 et IA13001486). Les lotissements du début du 20e siècle sont également le fait de propriétaires fonciers, mais qui vendent des parcelles nues. Celles-ci sont acquises par des propriétaires qui font construire une seule maison et s'y domicilie, qu'il s'agisse de maisons de ville comme dans le cas des lotissements de la Fontaine-des-Tuiles ou de maison pavillonnaire. Le premier exemple d'acquisition de terrain pour en faire un lotissement pavillonnaire est le lotissement Rabezzana (Référence IA13001165). Ce type de promotion deviendra la norme dans le dernier quart du 20e siècle. Dans l'entre-deux-guerres, un lotissement locatif de terrain nus avec vente à terme est à l'origine d'un bidonville (aujourd'hui disparu) dans le grand lotissement Farrenc (Référence IA13001058).
Ingénieur d'étude-chercheur au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1974 à 2015.