Dossier d’œuvre architecture IA06003549 | Réalisé par
Aliotti Jean-Marc (Rédacteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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Charles Stéphanie (Rédacteur)
Charles Stéphanie

En charge de vacations au sein du pôle "recherche et inventaire" de la Direction du patrimoine historique, archéologie, archives de la ville de Nice.

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Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
Hôtel de voyageurs dit successivement hôtel Victoria puis hôtel de Rome puis hôtel West-end
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Rue de France
  • Adresse 31 promenade des Anglais
  • Cadastre 2017 KV 0234
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    hôtel Victoria, hôtel de Rome, hôtel West end

Hôtel Victoria

En 1800, la propriété appartenait à Jean-André Chabaud. Elle était limitée au nord par la grande route de France, au sud par les lais de la mer, à l’ouest par la propriété Martini et à l’est par celle de Jean-Baptiste Randon. D’une superficie d’environ 5000m2, elle se composait d’une grande maison de 247 m2 et d’un hangar donnant sur la route de France. Sa principale richesse était un potager et des orangers. Aucun puits ni irrigation pour l’exploitation agricole n’était recensé. En 1837, le plan régulateur permit d’agrandir la propriété de la veuve Catarina Chabaud de 1500 m2. A son décès, sa fille, épouse Bonfils, vendit 2200 m2 de terres situées en bord de mer à Joseph Féraut. Ce dernier, maître d’hôtel, avait sans doute déjà l’idée d’y installer un hôtel. Quelques mois plus tard, il en construira un sur le futur boulevard Victor Hugo. Quant à la partie nord, elle fut conservée par Madame Chabaud (épouse Bonfils) puis après succession, séparée en deux par une allée. Le banquier Pécoud Bonfils ayant la partie ouest et Meyer Bonfils Félix, la partie est. Ce ne fut pas Féraut mais son nouvel acquéreur, l’entrepreneur César Gilly qui réalisa le projet d’hôtel. Il acheta les terres en 1854 et construisit trois étages sur rez-de-chaussée prenant publiquement toute la surface du terrain. Le bâtiment pris le nom d’ « Hôtel Victoria ». La direction de l’hôtel fut confiée à Jean Zichitelli. A ce moment là, l’édifice faisait trois étages sur rez-de-chaussée au niveau des deux pavillons est et ouest, avec un avant-corps sur la cour. La partie centrale reliant ces deux pavillons avait deux étages sur rez-de-chaussée et un troisième étage en retrait avec une terrasse au sud. On trouvait sous le rez-de-chaussée les caves et les bas offices. La toiture des pavillons était à quatre pans. L’ensemble couvrait 769 m2 et était estimé à 150 000 francs. Pour satisfaire sa clientèle, Zichitelli ajouta à son hôtel, au fond du jardin, du côté de la route de France, une maison « bien meublée pour recevoir les personnes à la santé délicate qui pourraient être incommodés par le bruit de la mer ».

L'incendie de 1867

Le 17 décembre 1867, peu après sa surélévation, l’hôtel Victoria fut la proie des flammes. Le feu démarra au 5ème étage et eut pour origine un vice de construction, fréquent à Nice. Les chevrons qui avoisinaient les cheminées étaient trop rapprochés des tuyaux et n’étaient recouverts que d’une légère couche de plâtre. Malgré les secours de deux cents hommes et de trois pompes, les dégâts furent très importants. Le propriétaire tenta de faire couvrir le sinistre par son assurance, la Paternelle, mais cette dernière essaya de dénoncer le vice de construction. L’expert repoussa cet argument en expliquant que dans ces conditions, aucun bâtiment de Nice ne pourrait être assuré. L’ordonnance de Police de 1843, en vigueur depuis le rattachement de 1860, exigeait que les foyers de cheminées fussent posés sur des voûtes en maçonnerie ou sur des trémies en matière incombustibles. Une action en dommages et intérêts à l’encontre de César Gilly avec l’appui des experts Maurel et Abeille, fut rejetée par le Tribunal de grande instance de Nice : « le locataire devant répondre de l’incendie à moins qu’il ne prouve que cet incendie fut arrivé par cas fortuit ». Malgré son appel, Zichitelli se heurta à l’expert de Gilly, Monsieur Barroza et à l’architecte Sabatier. Ne pouvant apporter la preuve de la véritable cause de l’incendie, l’action en dommages et intérêts fut repoussée le 17 juin 1868. Jean Zichitelli fut débouté.

Hôtel de Rome - Hôtel West-end

Après la remise en état, la direction fut confiée à un nouvel homme, Vincent Palmiéri, et l’appellation devint « Hôtel de Rome ». En 1876, sa veuve poursuivit la gestion d’un hôtel mal entretenu qui se dégrada. Les locataires successifs eurent aussi des difficultés qui se soldèrent par des faillites : en 1885, Georges Berthold, en 1886 Amélie Malinger née Seebold, en 1888, Esther Eynon, puis Jacques Crépeaux. Victor Masséna, prince d’Essling résidant dans la villa voisine racheta l’établissement qui devint « l’Hôtel West End ». En 1905, il signa avec le maître d’hôtel Charles Carolet, un bail pour vingt-neuf ans et six mois qui lui interdisait de sous-louer l’établissement. Le loyer annuel était de 40 000 francs et les preneurs s’engageaient à ne pas réclamer de réduction de loyer. Ils devaient également entretenir les lieux en bons pères de famille, se comporter en locataires soigneux et de bonne foi et rendre l’hôtel en bon état à la fin du bail. L’usage du bâtiment fut celui d’un hôtel pension de premier ordre. D’importants travaux, comme l’agrandissement du hall, furent réalisés par l’architecte de la famille d’Essling, Aaron Messiah. Une transformation plus complète, en 1909, fut menée par l’architecte parisien Georges Eugène Debrie qui lui donna l’aspect actuel. Mais le bail fut rompu puisqu’en 1912, le nouveau directeur s’appelait : Ulrich Simon Stiffler. Les publicités de l’époque vantaient sa table d’hôtes par tables séparées, son chauffage central dans toutes les chambres, des appartements avec salle de bains, l’électricité et la présence d’un ascenseur. Ces salles de bain avaient d’ailleurs posé problème, elles avaient un plancher qui ployait sous le poids des baignoires. L’hôtelier Stiffler entama une procédure judiciaire contre le marquis d’Albufera, rentier à Paris et nouveau propriétaire. Dans ses débuts, l’hôtel accueillit des personnages aussi prestigieux que Frédéric Auguste III, le grand duc Constantin Nicolaï, fils de l’impératrice de Russie, le prince d’Oldenbourg, sa famille et sa suite composant le modeste chiffre de quarante personnes ainsi que Sophie de Wurtemberg, reine des Pays-Bas. Comme tous les hôtels, il dut subir la période difficile des deux guerres, mais sut, à chaque fois, échapper au triste sort de certains autres palaces. Il fut surélevé de deux étages dans les années 1990.

César Gilly acheta un terrain en bordure de la promenade longeant la mer en 1854 et y construisit un hôtel de trois étages sur rez-de-chaussée qui prit le nom d’hôtel Victoria. Cet hôtel fut le premier à être édifié sur la Promenade des Anglais. Il subit un important incendie en 1867 et après sa remise en état prit le nom d'hôtel de Rome. C'est suite à cette rénovation, en 1868, qu'est installé un premier "wagon ascensionnel" (ascenseur). L'hôtel prendrait le nom de West end en 1885. Vers 1905, Victor Masséna, Prince d'Essling, résidant dans la villa voisine, le racheta. Aaron Messiah agrandit alors le hall et, en 1909, l'architecte Georges Eugène Debrie fit de plus amples transformations et lui donna l'aspect actuel. Il sera surélevé de deux étages en style post-moderniste dans les années 1990 par les architectes François Druet et Aliette Guillaud et une véranda est construite sur la terrasse du rez-de-chaussée afin d'accueillir un restaurant.

Hôtel dessiné sur un plan rectangulaire avec deux petites ailes en double retour. Ces ailes de quatre travées, légèrement marquées sur la façade méridionale sont les vestiges du 1er état de l'hôtel et étaient davantage visibles en raison du retrait de la partie centrale que présentait alors le bâtiment au niveau du 3ème étage. Actuellement (2018), l'élévation principale de sept niveaux laisse place au premier plan à un espace de cour protégé par un mur bahut en maçonnerie et planté d'essences variées. L'effet de masse procuré par l'hôtel est immédiat tant la proportion se rapproche du carré avec un ordonnancement régulier de quinze travées et sept niveaux. Les proportions des baies sont carrées et les garde-corps distribuent la variété, parfois droits parfois galbés, parfois maçonnés, parfois mixtes. Les étages sont séparés par de fins bandeaux qui se transforment en corniche plus saillante sur les derniers niveaux, voire plus épaisse sur la sommitale. L'ensemble reste d'une grande homogénéité, et la couleur uniforme appliquée sur la façade sans distinction n'est pas étrangère à ce sentiment. Toiture à versants et croupes, couverte de tuiles mécaniques. escalier dans oeuvre.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
    • béton béton armé
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    6 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Techniques
    • maçonnerie
    • décor stuqué
    • ferronnerie
  • Précision représentations

    Décor éclectique concentré autour des baies : en allège et en linteau, notamment par des tables décoratives ou des frontons flanqués de modillons. Support de corniche isolée ou de balcon filant. Le dernier niveau laisse apparaître des trumeaux intégrant des colonnes géminées avec des faces à ressauts, des chapiteaux cubiques stylisés empochés dans la structure de l'entablement.

Z Nice repérage

  • 01-DENO hôtel de voyageur
  • 02-CHRONO 1860-1919
  • 03-CARACTERE éclectique
  • 04-TENDANCES
  • 05-INTEGRITE complète
  • 06-VISIBILITE bonne
  • 07-SITUATION isolé
  • 08-IMPLANTATION en retrait
  • 09-MATERIAUX non
  • 10-MACONNERIE enduit avec parements
  • 11-SUR FACADE
  • 12-ENTREE
  • 13-TOIT
  • 14-COMBLES
  • 15-DOME
  • 16-BELVEDERE non
  • 17-FRISE
  • 18-CERAMIQUE
  • 19-MATERIEUX GROS OEUVRE
  • 20-SITE dimension paysagère
  • 21-LOTISSEMENT
  • 22-PERGOLA non
  • 23-JOINTS
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    fronton, cour, porte

Documents d'archives

  • Nice, demande de permis de construire [réparations sur un hôtel], 1867. Archives communales, Nice : 2T24 140.

Bibliographie

  • THUIN-CHAUDRON, Véronique. Nice, de la colline du Château aux châteaux des collines, architecture, construction, urbanisation de 1860 à 1914, Nice : Serre, 2009, 560 p.

    p. 263-264
  • MASSIMI, Michel. La promenade des Anglais : son histoire, hôtels, palais et villas. Sophia-Antipolis : éditions Campanile, 2016. 288 p.

    p. 119-121
  • BOTTARO, Alain, THUIN-CHAUDRON Véronique (et al.). Hôtels et palaces, Nice. Nice : Gilletta, 2019. 197 p.

    p. 40 et 46

Documents figurés

  • [Hôtel Victoria, Promenade des Anglais à Nice, élévation de la façade principale] / 1853. Dessin sur papier. Archives communales, Nice : O4 plan 12-150.

  • Le chemin des Anglais / Ercole Trachel. 1855 . 1 aquarelle. Musée Masséna, Nice : MAH 10225.

  • [Vues intérieures de l'hôtel West-end, Nice] / dépliant touristique anonyme non daté [circa 1900]. Collection particulière.

  • [L'hôtel West-end, Nice]. / carte postale non datée, [circa 1930]. Collection particulière.

Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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Charles Stéphanie
Charles Stéphanie

En charge de vacations au sein du pôle "recherche et inventaire" de la Direction du patrimoine historique, archéologie, archives de la ville de Nice.

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Prédal Christophe
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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