Dossier d’œuvre architecture IA06002712 | Réalisé par ;
Aliotti Jean-Marc (Enquêteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
Hôpital dit Fondation Bariquand-Alphand, actuellement Institut Médico-éducatif départemental Bariquand Alphand
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton
  • Commune Menton
  • Lieu-dit Garavan
  • Adresse 41 boulevard de Garavan
  • Cadastre 2013 AT 3
  • Dénominations
    hôpital
  • Appellations
    Fondation Bariquand-Alphand, Institut Médico-éductif départemental Bariquand Alphand
  • Parties constituantes non étudiées
    maison, parc, portail, mur de soutènement, conciergerie, jardin botanique

HISTORIQUE

L'hôpital pour enfants de Garavan a été fondé en 1905 par Marie-Jeanne Alphand (1854-1926). Marie-Jeanne Alphand était la fille de Jean-Charles Alphand ingénieur des Ponts et Chaussées ayant participé aux travaux d'embellissement et d'assainissement de Paris avec le baron Haussmann. Il est entre autres le créateur de nombreux espaces verts parisiens. Marie-Jeanne Alphand se retrouve veuve en 1904 d’Émile Bariquand, industriel enrichi dans les industries mécaniques, machines à coudre d'abord puis pièces pour les fusils Chassepot. Sans enfants, elle décide la création d'un hôpital qui accueillerait gratuitement les enfants malades de Menton et de sa région. La première pierre est posée le 8 avril 1905. Les plans d'inspiration italianisante sont dus à l'architecte mentonnais Abel Glena et le bâtiment est décoré par le peintre-fresquiste Guillaume Cerutti-Maori. Une photo de 1907 montre le personnel posant sur le perron.

Le terrain, à l'origine surtout planté d'oliviers, devient un jardin d'acclimatation de plantes rares, entretenu par les petits malades qui sèment et bouturent les plantes tropicales.

Marie-Jeanne Alphand lègue l'établissement au département des Alpes-Maritimes en 1925, peu de temps avant son décès. La fondation devient un préventorium en 1927. Elle est réquisitionnée à la fin de la guerre par l'armée américaine comme hôpital militaire puis redevient en 1947 un centre hélio-marin pour enfants jusqu'en 1967 où le centre commence à accueillir des enfants inadaptés. C'est actuellement un Institut médico-éducatif départemental. Il a fait l'objet d'une importante restauration en 2009. Le jardin fait toujours l'objet d'attention et son entretien entre dans le programme de formation des pensionnaires.

L'institut a été agrandi à une date inconnue, entre 1930 et 1955, par l'acquisition de la propriété du Clos du Romangris, sur laquelle se trouve une villa, construite vers 1880, où a séjourné Lord Mountbatten, père du dernier vice-roi des Indes et où Agatha Christie aurait rédigé son premier roman.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

L'ensemble hospitalier est situé sur les flancs de la colline de Garavan, à l'avant d'un grand terrain accidenté d'environ 53000 m², planté d'oliviers, de cyprès et de pins. Comme il est fréquent à Menton, pour entretenir ces terres, on avait conçu un système d'irrigation combinant la captation de sources et des eaux de pluie que l'on récupérait dans cinq bassins de rétention d'une capacité de 3000 litres.

L'entrée se fait par un grand portail architecturé sur le boulevard de Garavan, d'où part une voie carrossable en lacet qui monte jusqu'aux bâtiments. Le dénivelé a nécessité la construction de murs de soutènement renforcés par des arcs de décharge. Du nord au sud, les différents bâtiments que l'on rencontre sont la villa de la direction, elle-même située sur une terrasse en terre-plein contenue par un mur de soutènement en moellons équarris, l'hôpital, la villa du Romangris, avec à l'arrière une ancienne maison de campagne en ruine. Sur le boulevard, au sud de la propriété se trouve une maison de gardien (conciergerie).

L'hôpital

Le bâtiment est de plan rectangulaire pénétré à l'arrière par deux étroites cours permettant d'augmenter les prises de jour. Il est composé d'un soubassement en moellons équarris de pierre calcaire blanche, d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un entresol, d'un étage carré et d'un étage de comble sur une partie seulement de l'édifice. Les murs sont enduits. Les toits sont couverts de tuiles plates mécaniques. En position centrale sur la façade antérieure, un escalier en moellons, tournant, dont la première volée est double à montées convergentes, permet d'atteindre le rez-de-chaussée surélevé.

L'élévation antérieure (sud-est), qui se développe sur une quarantaine de mètres, se caractérise par la superposition de deux galeries d'arcades plein-cintre retombant sur des colonnes toscanes insérées dans l'alignement des balustres du garde-corps. La galerie se prolonge sur les deux avant-corps latéraux par des serliennes. La galerie supérieure se poursuit sur les élévations latérales. A l'angle sud, la rencontre des deux galeries forme une grande terrasse couverte. Au rez-de-chaussée, les arcades trouvent leur équivalent dans une succession de portes-fenêtres cintrées.

Galerie au rez-de-chaussée surélevé. Dessus de porte au décor de peinture et de sgraffite.Galerie au rez-de-chaussée surélevé. Dessus de porte au décor de peinture et de sgraffite.Les élévations sont ornées de décors peints ou réalisés selon la technique du sgraffite. Les écoinçons des arcades de la galerie portent au rez-de-chaussée des motifs floraux (tournesols ?) dessinés sur fond jaune et à l'étage, un mufle de lion en médaillon dans une couronne de feuillage en trompe-l’œil, motif que l'on retrouve sur les tableaux carrés de part et d'autre des portes-fenêtres des avant-corps latéraux. Les oculi de la serlienne, à l'étage, sont encadrés de putti feuillagés au sgraffite. Les murs intérieurs de la galerie du rez-de-chaussée ont également des décors peints. Les tympans au-dessus des portes présentent des figures rouges sur fond jaune : mufle de lion en médaillon entouré de lys ou visage féminin dans un hexagramme cerné et entouré de fleurs. On retrouve ce même décor à la galerie de l'étage. A l'esprit néo-classique des motifs au sgraffite s'oppose le décor peint de l'espace mural entre les portes, agrémenté de lauriers roses, et du plafond de la galerie à ornements géométriques et végétaux.

Palais de Monaco : - L'Escalier d'Honneur et la Galerie d'Hercule.Palais de Monaco : - L'Escalier d'Honneur et la Galerie d'Hercule. Élévation antérieure.Élévation antérieure.A l'hôpital Bariquand-Alphand, Abel Glena tire son inspiration de la Renaissance italienne. Les deux étages de galeries à arcades font penser à la basilique de Vicence de Palladio (1549) ou à la bibliothèque Saint-Marc de Jacopo Sansovino, à Venise (1560), ou plus tôt dans le temps, au portique et à la cour de l'hôpital des Innocents de Brunelleschi, à Florence (1419). Si l'on n'a dans ce dernier exemple qu'un seul étage d'arcades, les proportions de celles-ci sont proches de celles de la fondation. Et la cour des Innocents porte un décor de médaillons peints dans les écoinçons. Plus près de Menton, l'influence pourrait être celle de la galerie d'Hercule (1560) au palais princier de Monaco où les deux étages de galeries sont de proportions similaires et où les arcs retombent aussi sur des colonnes intégrées dans l'alignement des balustres. L'escalier d'honneur n'a été rajouté qu'en 1875 masquant en partie le registre inférieur. Le décor peint de la façade extérieure de la galerie d'Hercule (vers 1870) avec ses panneaux à fond rouge à ornements végétaux et ses personnages feuillagés peut avoir inspiré Guillaume Cerutti-Maori. 1

La villa du Romangris

Villa du Romangris. Vue prise de l'est.Villa du Romangris. Vue prise de l'est.La villa se compose d'un étage au dessus d'un rez-de-chaussée surélevé. Le volume est prolongé à l'est par une terrasse en terre-plein accessible par une volée d'escalier et bordée par une balustrade. La terrasse est en belvédère sur la mer.

L'enduit ne permet pas de voir les matériaux. L'édifice est couvert d'un toit de tuiles creuses fermé par quatre rangs de génoises.

L'élévation sud-est se développe sur sept travées et trois niveaux. Le soubassement est précédé d'un portique. Au rez-de-chaussée, les portes-fenêtres en plein cintre ouvrent sur un balcon filant. La travée gauche est constituée de loggias. L'élévation nord-est est sur deux niveaux. C'est là que se trouve l'entrée, au rez-de-chaussée surélevé, sous un porche hors-œuvre. L'entrée, par une porte aux vantaux en fer forgé, se fait dans un couloir qui débouche dans un hall où se trouve l'escalier tournant à trois volées droites, adossé au mur nord-ouest et éclairé par une grande baie rectangulaire horizontale. Les marches sont en marbre blanc veiné de gris, la rampe d'appui est en fer forgé. A l'étage, le palier forme une galerie en surplomb sur le hall. Le sol du hall est revêtu d'un plancher. Au sud-est, trois portes en plein cintre ouvrent dans ce qui était un salon. Le mur nord-est est percé de trois verrières dont celle du centre est ornée d'une croix grecque rayonnante. Une cheminée en bois (chêne ?) a été transformée en petit autel. Elle porte un décor néo-renaissance dont des figures engainées sur les piédroits. Dimensions de la cheminée : Hauteur = 120 ; largeur = 113 ; hauteur des piédroits = 96 ; hauteur de l'entablement = 27. L'aménagement de cette salle est postérieure à l'intégration de la villa à l’hôpital.

1PEYNAUD, Claude. Façades peintes. Edifices civils du sud-ouest des Alpes. 2e partie. XXe siècle. https://coureur2.blogspot.fr/2015/01/facades-peintes-edifices-civils-du-sud.html

L'hôpital pour enfants a été fondé en 1905 par Marie-Jeanne Bariquand. Les plans sont dus à l'architecte Abel Glena et le bâtiment est décoré par le peintre-fresquiste Guillaume Cerutti-Maori.

Dans la propriété se trouve la villa Clos du Romangris construite vers 1880.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1905, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Glena Abel
      Glena Abel

      Architecte à Menton. Auteur entre autre de l'hôtel Riviera Palace (1898), de la villa Mer et Monts (1905), de la fondation Bariquand-Alphand (1905), du Palais Glena (1912) et de la villa la Victoire (1914). Il a participé à l'aménagement du jardin des romanciers pour Vicente Blasco Ibanez de 1921 à 1928.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Cerutti-Maori Guglielmo , dit(e) Guillaume Cerutti-Maori
      Cerutti-Maori Guglielmo

      Peintre, fresquiste, pratiquant aussi la technique du sgraffite, Guillaume Cerutti-Maori est le principal représentant d'une famille d'artistes italiens installés à Menton en 1863. Il prend la succession de son père Carlo en 1883 et se distingue par la réalisation d'environ 500 frises peintes sur les façades de maisons et immeubles de Menton et de la région. Il collabore avec l'architecte Abel Glena avec qui il a des liens familiaux. Son entreprise compte une centaine d'employés. Elle cesse son activité à la fin de la Première Guerre mondiale, vers 1918.

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      peintre attribution par source
    • Personnalité :
      Bariquand Marie-Jeanne
      Bariquand Marie-Jeanne

      Marie-Jeanne Alphand était la fille de Jean-Charles Alphand ingénieur des Ponts et Chaussées ayant participé aux travaux d'embellissement et d'assainissement de Paris avec le baron Haussmann. Il est entre autre le créateur de nombreux espaces verts parisiens. Marie-Jeanne Alphand se retrouve veuve en 1904 d’Émile Bariquand, industriel enrichi dans les industries mécaniques, machines à coudre d'abord puis pièces pour les fusils Chassepot. Sans enfants, elle décide la création d'un hôpital qui accueillerait gratuitement les enfants malades de Menton et de sa région. C'est l'hôpital dit Fondation Bariquand-Alphand construit en 1905.

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      donateur attribution par source

L'ensemble hospitalier est situé à l'avant d'un terrain d'environ 53000 m², planté d'oliviers, de cyprès et de pins.

Le bâtiment est de plan rectangulaire symétrique. Il est composé d'un soubassement en moellons, d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un entresol, d'un étage carré et d'un étage de comble sur une partie seulement de l'édifice. Les murs sont enduits. Les toits à longs pans à croupes sont couverts de tuiles plates mécaniques. Sur la façade antérieure, un escalier en moellons, symétrique, permet d'atteindre le rez-de-chaussée surélevé. Les élévations se caractérisent par des travées d'arcades. L'escalier dans-œuvre, en maçonnerie, est tournant à retours avec jour.

  • Murs
    • enduit partiel
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire symétrique
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, entresol, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier de distribution extérieur : escalier symétrique en maçonnerie
  • Jardins
    bois de jardin
  • Typologies
    plan-masse symétrique ; volumétrie symétrique ; élévation avec axe ; caractère éclectique
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • ornement végétal, fleur, tournesol, feuillage, lys, putto, mufle de lion, femme, ornement géométrique
  • Précision représentations

    Les élévations et la galerie sont ornées de décors peints ou réalisés selon la technique du sgraffite. Ce sont des ornements géométriques ou végétaux (feuillage et fleurs dont des tournesols et des lys). Des médaillons parfois encadrés de putti alternent mufles de lions et visages féminins.

  • Statut de la propriété
    propriété du département
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • Institut Bariquand-Alphand - Travaux d'aménagement et entretien du mobilier. 1934-1948. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 04 N 0090.

    Fonds de l'administration départementale, 1934-1948.
  • Réparation et aménagements de l'institut hélio-marin Bariquand-Alphan. Menton. 1931-1956. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 0198 W 0006.

    Mention de l’acquisition de la propriété Clos du Romangris en vue de son agrandissement.

Bibliographie

  • Office de tourisme de Menton. Fondation Bariquand Alphand. <URL : https://www.tourisme-menton.fr/Le-Jardin-de-la-Fondation.html>.

Documents figurés

  • [Le personnel de l'hôpital sur le perron en 1907.] / Tirage photographique sur papier par E. Nebel, 1907. Collection particulière.

    Le cadre est signé Yann Cytha et daté 1912.
  • Palais de MONACO : - L'Escalier d'Honneur et la Galerie d'Hercule / Carte postale, Éditions Neurdein frères (ND Phot.), vers 1900. Collection particulière.

Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2014, 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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