La maison a été bâtie pour Madame S. Bertinelli par César Cavallin, architecte à Cannes, en 1937.

1.  Situation

La propriété s'étend dans la partie sud du cap, sur le versant est, entre l'avenue, qui serpente en direction de l'est, côté sud, et une traverse non carrossable reliant, côté nord, le chemin de la Garoupe à l'avenue des Maréchaux.

2.  Composition d'ensemble

La parcelle a une forme totalement irrégulière qui tient à sa position entre les courbes des deux voies. La pente du terrain se fait vers le sud-est. L'accès principal se trouve au sud sur l'avenue au niveau de l'étage de soubassement de la villa, mais un autre accès, davantage monumentalisé dans une demi-lune et mentionnant le nom de la villa, s'ouvre sur la traverse, en lien direct avec la porte d'entrée.

Des degrés de quelques marches permettent de monter, de pad et d'autre de la villa, vers le niveau du jardin qui communique avec le rez-de-chaussée, côté ouest. La villa s'élève au centre de la parcelle.

3.  Matériaux

L'ensemble de la construction est en maçonnerie enduite. Sols, linteaux et piliers sont en béton armé. Les menuiseries sont à châssis métalliques. Emmarchements extérieurs en brique pleine.

4.  Structure

La villa comprend un étage de soubassement ouvrant à l'est et un rez-de-chaussée surélevé ouvrant à l'ouest et au nord.

L'étage de soubassement n'occupe que les trois quarts de la surface du rez-de-chaussée; il abrite un appartement indépendant accessible par un porche dans œuvre au nord; à l'est des piliers soutiennent l'arrondi de la partie correspondante du rez-de-chaussée dont l'élévation est en retrait de la largeur d'une coursière qui en fait le tour,

Le rez-de-chaussée est accessible par une entrée disposée à l'ouest sous un porche dans œuvre et du côté nord par une porte ouvrant sur la cuisine. Un petit vestibule ouvre sur l'ensemble des pièces: à droite la chambre principale et la salle de bain, à gauche un W.C., la cuisine et une autre chambre; en face la pièce de séjour éclairée au sud et à l'est par les baies perçant l'élévation est en arrondi.

On accède à la terrasse de couverture par une échelle métallique placée sur le retour nord de la coursière du rez-de-chaussée. Sur cette terrasse est aménagé un volume abritant une citerne.

5. Élévations extérieures

L'ensemble des élévations  est recouvert d'un enduit lisse badigeonné de blanc. Des bandeaux en béton accentuent le parti d'horizontalité, au-dessus de certaines fenêtres et sur l'arrondi oriental. Un lourd auvent de béton avec inclusion de pavés de verre abrite l'entrée ouest ; il est surmonté par une surélévation de l'élévation masquant la citerne et formant une sorte d'exèdre au droit de la porte d'entrée, pour animer la façade. Le sol et l'emmarchement du perron d'accès sont en brique. La verticalité est donnée par un mât imitant celui d'un bateau, fixé au centre de la terrasse de couverture.

Des grilles en fer forgé protègent les fenêtres de l'étage de soubassement.

Une grille orné de trois motifs superposés de tridents protège la fenêtre de la salle de bain, du côté sud. Elle est surmontée de la date 1937 en fer forgé, en applique sur le nu du mur. A sa droite, un oculus circulaire est barré par une grille ornée du même motif.

Des mains-courantes en tube ont été placées sur le garde-corps plein en maçonnerie de la coursière et sur celui de la terrasse de couverture, dans sa partie arrondie.

 6. Couverture

L'ensemble de la villa est couvert par une terrasse en béton armé. Il en est de même pour la partie de l'étage de soubassement couverte par la coursière.

7. Distribution intérieure.

L'ensemble de l'aménagement intérieur paraît conservé dans son état d'origine.

Les sols sont recouverts de carreaux de grès industriel de 11 cm de côté de couleurs diverses formant un encadrement tout autour des pièces.

Dans le vestibule, la porte de la pièce de séjour est en plein cintre, avec des panneaux initialement prévus en verre dépoli. Les portes des placards qui devaient l'encadrer pour former une serlienne ont en fait été réalisées dans le passage qui ouvre sur le séjour.

Dans la pièce de séjour, le carrelage, de couleur bistre, a une bordure marron; au centre de la partie arrondie de cette pièce a été réalisé un emblema (90 x 70cm) représentant schématiquement un navire.

La série de trois fenêtres ouvrant à l'est a des menuiseries métalliques à guillotine, les vitrages descendant encore facilement dans l'épaisseur de l'allège; les contrepoids, accessibles par de petits volets, sont cachés dans les piliers séparant ces baies.

Au centre du mur ouest se trouve la cheminée qui forme une composition dissymétrique. Parement en travertin, ouverture du foyer en métal avec rideau, niche concave encadrée de deux bandes de 15 cm de largeur de miroirs gravés et décorés en sous-face d'animaux marins, peut-être réalisés par Max Ingrand. Dans cette niche se trouve une statue de baigneuse accroupie en terre cuite de Marcel Bouraine (signée au dos du socle : Bouraine. Hauteur : 50 cm.)

Au centre du côté nord un grand miroir sert de fond au-dessus d'un bahut (remplacé) ; il est encadré, jusqu'au sol, d'une bande de 15 cm de largeur de miroirs gravés et décorés en sous-face de motifs marins de la même main que ceux de la cheminée.

Centrée de cette pièce se fait par une sorte de sas couvert en plein cintre encadré de deux placards. La porte a un vantail en plein cintre orné de panneaux rectangulaires.

La chambre principale sud, possède le simulacre d'une alcôve sous la forme d'un renfoncement d'une épaisseur de 20 cm aménagé au centre du côté ouest ; ses piédroits s'ornent d'impostes en talon

La cuisine conserve son équipement : évier, placards, ainsi qu'un réfrigérateur Frigidaire, un lave-vaisselle Général Electric et une gazinière Sauter, tous des années 1950.

La salle de bain est recouverte de carreaux de faïence blanche sur une hauteur de 1,60 m.

Conclusion

Cette villa est intéressante comme illustration de l'œuvre de César Cavallin sur la côte. Son caractère moderne est particulier à cet architecte, à la fois rigoureux et élégant, mais adouci par un ensemble de courbes qui lui confèrent une certaine mollesse, notamment pour la façade de l'entrée, et empreint de culture classique qui transparaît dans l'axialité de ses dispositions et dans l'usage de figures telles que la serlienne. L'appartenance à ce qu'on a appelé le style paquebot est évidente ici par la forme de proue de la partie est avec sa coursière, ses mains-courantes en tube, l'échelle métallique de la terrasse, le mât qui domine l'ensemble et son nom même de Brigantine. Tout l'édifice est enfin axé en direction de la mer que l'on voit à quelque distance à l'est.