Dossier d’œuvre architecture IA06000977 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie du Graillon
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-Maritimes
  • Commune Antibes
  • Lieu-dit Batterie du Graillon
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    batterie du Graillon

Étude historique

Située sur la pointe sud-ouest du cap d’Antibes, face au Golfe Juan et à l’île Sainte-Marguerite de Lérins, à 4 km d’Antibes, la batterie du Graillon est la seule conservée des batteries de côte importantes des abords de la place forte d’Antibes.

A l’origine de la batterie du Graillon est une tour de défense et de surveillance côtière dont la construction initiale n’est pas documentée, mais dont le type architectural peut être identifiée avec une certaine précision, par comparaison typologique.

Il s’agissait d’une tour circulaire d’un peu plus de 16m de diamètre hors œuvre à la base, avec fruit, sa salle basse voûtée au mur épais de plus 3m étant équipée d’embrasures. Cet édifice présentait donc une très nette parenté avec plusieurs tours défendant les îles d’Hyères, celles de Port-Man, du Petit-Langoustier, de l’Eminence, de l’Estissac, ou encore avec la Tour Balaguier de Toulon. Or, toutes ces tours auraient été construites à la suite du rapport sur la situation des ports et places fortes des côtes de Provence rendu à Richelieu en 1632 et 1633 par Henri de Séguiran, président de la cour des comptes de Provence. Une autre tour du même type, avait été construite aussi sous l’administration de Richelieu, en 1634, sur le cap de La Baumette, près d’Agay, entre Cannes et Fréjus ; elle a été remplacée en 1884 par le phare d’Agay. La tour du Cap de la Croix à Cannes et celle du Batiguier, sur l’île Sainte-Marguerite, plus petites, appartenaient au même type.

Dans son projet pour la place forte d’Antibes de novembre 1700, Vauban ne mentionne pas la tour du Graillon, mais juge utile de créer des batteries côtières aux abords, et donne les plans d’une batterie monumentale à tour carré d’un type qu’il a fait réaliser sur d’autres côtes de France (Camaret, Fort Chapus près d’Oléron), à construire sur le bord de mer dans le Golfe Juan. Cette « batterie du Gourjan » ne sera pas réalisée.

Le siège d’Antibes par les troupes Austro-Sardes le 14 décembre 1746 avait été précédé d’une tentative de mise en état de défense préventive des abords de la place forte, notamment par l’aménagement dans l’urgence de plusieurs batteries côtières, ouvrages en terre réalisés à la hâte.

Le « mémoire sur les isles de Lérins », signé du capitaine du génie Legier le 15 juillet 1751 propose un important ouvrage de défense côtière avec tour réduit sur un rocher en presqu’île du Cap d’Antibes, en contrebas de la tour du Graillon : « pour empêcher les galliotes à bombe d’entrer de la golfe Jouan…il faudrait…qu’on fit un établissement considérable à la pointe du côté de l’ouest du cap d’Antibes dans la presqu’île appelée l’Islette (…) Je voudrais l’occuper par une grosse tour voûtée à l’épreuve distribuée en magasins et logements par une enceinte bastionnée, avec de bons parapets du côté de la terre ferme ». Sur la carte jointe, l’ouvrage projeté, qui ne sera pas réalisé, est surplombé à quelque distance par la « tour de Grillon ruinée », sans indication d’une batterie antérieure. La tour enveloppée de son mur de chemise quadrangulaire.La tour enveloppée de son mur de chemise quadrangulaire.

La première batterie du Graillon est en place en l’an 3 de la République, d’après une carte du 19 janvier 17951 : il s’agit d’une batterie en terre formée d’un rempart avec banquette et parapet de plan en demi-cercle face à la mer, et mur de fermeture à la gorge ; elle est complètement indépendante de la vieille tour ronde en place un peu au-dessus, surnommée tour de Gandolf sur la carte.

Cette batterie est la plus importante des quatre batteries alors en place sur le cap d’Antibes ou de la Garde, les autres étant la batterie de la Garroupe (ou du Cap Gros), celle de la Greuille, celle, de l’anse de la Fauconnière, proche du Graillon. Toutes ces batteries ont un magasin à poudres.

La mission de la batterie du Graillon, bien définie dans un rapport de 17992, est de défendre de ses tirs l’entrée du « Golfe Jouan » en croisant ses feux avec celle dite de La Convention, sise sur l’île Sainte-Marguerite au large de Cannes.

Sur le projet général d’Antibes pour 1812 , signé Geoffroy (12 mars) sont programmés des dépenses pour mettre à l’abri d’une attaque de vive force les batteries les plus importantes de la côte. Pour la batterie du Graillon est prévu un retranchement à la gorge et un fossé le long de l’épaulement sud.

Le 16 Février 1846, Depigny, commandant en chef du génie de la place d’Antibes, présente un projet de reconstruction intégrale de la batterie du Graillon pour « constituer fortement cette batterie ». Elle comporte alors, au point haut, à côté de la vieille tour une très petite batterie haute ou réduit formé d’un rempart à redans de plan étoilé, en plus de la batterie principale, qui abrite dans son enceinte trois petits bâtiments (corps de garde et magasin).

A l’emplacement de la tour est prévue une tour réduit casematée répondant à un type normatif de plan carré à deux niveaux voûtés et plate-forme crénelé, type défini à l’échelle nationale : la tour-modèle n°1 de 1845 pour 60 hommes. La seule entorse au plan-type, qui comporte des angles abattus à l’étage et des mâchicoulis, est l’absence de fossé (difficile à créer sur le site). Une tour réduit du même type, fossoyée, avec rempart de plan en U muni de 2 traverses formant la batterie, est prévue en même temps pour la batterie de la Convention dans l’île Sainte-Marguerite, qui croise ses feux avec celle du Graillon.

Dans ce projet, la batterie du Graillon, dont les bâtiment internes sont conservés, est fortement agrandie (pour une capacité de 12 canons), bordée de deux très épaisses banquettes à parapet offrant en tout trois directions de tir, et en partie fossoyée. Tour et batterie sont reliées par une muraille de clôture rectiligne de 3m d’élévation servant au défilement des canonniers ; l’ensemble adopte un plan triangulaire dont la base, aux angles abattus, est formé par la batterie, et le pointe par la tour.

Armée de deux obusiers, la tour modèle du Graillon devait remplacer la tour circulaire du XVIIe siècle en ruines, réduite à une élévation de 2m, alors jugée non réutilisable (diamètre jugé trop petit, mur trop épais) et donc destinée à être détruite.

Du fait de la distance existant entre la batterie et la tour « il serait impossible d’y arriver en sûreté sans les deux murs qui le relient à la batterie ».

En 1849, la vieille tour est inchangée, et rien n’a été commencé. Depigny et son subordonné Millot présentent une variante du projet pour 1850, avec, à la place de la tour, toujours à détruire, le nouveau type de tour réduit n°1 pour 60 hommes et 12 pièces d’artillerie défini à l’échelle nationale le 31 juillet 1846. Ce type est de plan rectangulaire, avec parapet à bretèches.

Dix ans plus tard, à l’heure de la réunion de Nice à la France (1860), le projet de la batterie du Graillon est toujours en attente d’exécution.

En application de nouveaux règlements entérinés par la circulaire du 13 avril 1861 par le Maréchal Randon, ministre de la Guerre, portant réforme des modèles 1846 des réduits et corps de garde côtiers, un nouveau projet différent des précédents est présenté pour la batterie du Graillon. Le règlement de 1861 préconisait de préférer, autant que possible, les corps de garde crénelés de plan rectangulaire aux tours, quitte à en renforcer les murs. Le choix d’une tour n’était cependant pas exclu.

Le projet du Graillon pour 1861-1862, établi le 23 février 1861 par l’officier du génie Argellier, est atypique et s’éloigne nettement des modèles type en vigueur : il combine la construction d’un corps de garde crénelé 1846 de type n°3 pour 20 hommes avec le choix rétrograde d’une tour réduit de plan circulaire réemployant le soubassement de la tour ruinée du temps de Richelieu. Les deux éléments projetés sont juxtaposés et pourvus chacun d’un fossé.

Le projet de la batterie diffère des précédents par ce qu’il ne conserve rien de la batterie de la fin du XVIIIe siècle, et par ce que son plan en triangle, bien plus dissymétrique, développe davantage la branche vers le Golfe Juan, et moins les tirs vers le large.

La réalisation en 1862, est conforme au projet à quelques détails près pour la batterie et la tour, mais elle remplace le corps de garde crénelé par un corps de garde ordinaire, non fortifié. C’est l’une des dernières réalisations dérivées des types des ouvrages de défense des côtes de 1846, puisqu’il n’en a plus été construit après 1862, en réaction face au développement de l’artillerie rayée.

Après son déclassement militaire, la batterie a quelque peu repris du service pendant les deux guerres mondiales, mais elle devint assez tôt une propriété privée, dans laquelle a été aménagé un jardin botanique. Cette propriété a été cédée à la ville d’Antibes, qui ouvre le jardin au public et a aménagé un musée napoléonien dans la tour.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Implantée à la pointe sud-ouest du Cap d’Antibes, sur l’escarpement rocheux naturel et confinant à la mer, la batterie du Graillon embrasse une vaste aire triangulaire close de murs dont la base, au point bas, en balcon sur la mer, est la terrasse de la batterie proprement dite, tandis que le sommet est occupé par la tour réduit enveloppée par le mur d’enceinte, et par son corps de garde. Le chemin d’accès d’origine est entièrement effacé par les lotissements du XXe siècle, mais sa branche terminale, qui aboutissait à la porte ménagée dans le côté gauche du triangle, est réutilisée dans un virage de l’actuelle route principale qui fait le tour du Cap (D. 2559) en longeant la côte.

Plan , distribution spatiale, circulations et issues

L’enceinte de la batterie comporte deux longs murs rectilignes peu élevés, plongeant vers la mer en suivant la pente assez régulière du terrain naturel ; ces murs s’apparentent à des parapets d’infanterie par leur relative maigreur (1m à la base) et par les créneaux de fusillade qui y sont percés à intervalle espacé, mais régulier. Formant deux côtés du plan d’ensemble grossièrement triangulaire, ces deux murs divergent à peu près à 45° dans le sens de la descente pour embrasser le développé de la terrasse de la batterie dont le revêtement en front de mer forme le troisième côté, brisé de trois pans peu marqués. Les deux murs parapets convergent dans le sens de la montée jusqu’à la tour circulaire bâtie sur la rupture de pente. Ils ne se raccordent pas directement à la tour mais se retournent pour former autour d’elle, sans discontinuité, une petite enceinte particulière ou chemise de plan rectangulaire. Mur de clôture crénelé de l'enceinte et chemin de ronde montant vers la tour.Mur de clôture crénelé de l'enceinte et chemin de ronde montant vers la tour.

La porte de la tour est à l’opposé de la batterie, face au point haut du Cap, en vis-à-vis du mur pignon du corps de garde, sur lequel se referme le mur d’enceinte crénelé. Le volume rectangulaire du corps de garde est donc en totalité hors œuvre de la chemise crénelée de la tour, et devait être précédé côté plateau d’une sorte de cour close d’une première clôture.

L’enceinte de la batterie a deux entrées ou issues : la porte de la batterie proprement dite, de gabarit charretier, est percée à mi-longueur du mur plongeant regardant le golfe Juan, au bout du chemin militaire d’origine, et permettait l’accès de l’artillerie et d’attelages vers le centre de l’enceinte, où le pendage naturel du terrain est largement aménagé en terrasse. Une issue secondaire, exclusivement piétonne, passait par le corps de garde, au point haut du site, pour entrer dans l’enceinte par la chemise de la tour, en vis-à-vis de sa porte. C’est cet accès qui est aujourd’hui utilisé pour la visite du petit musée aménagé dans la tour.

Le rempart ou terrasse de la batterie, limité vers l’intérieur de l’enceinte par un mur de soutènement, a perdu l’organisation défensive de sa banquette et de son parapet de terre au profit d’un aménagement en terrasse d’agrément panoramique. On y accède par un escalier sans caractère, et l’on ne reconnaît plus la rampe qui permettait d’y monter les canons. En revanche, un petit saillant que forme le revêtement extérieur de la terrasse porte un emplacement de tir formant tourelle en belvédère pour une pièce d’artillerie tournante, sans doute aménagé au début du XXe siècle, fermé d’un gros parapet circulaire maçonné. Emplacement de tir formant tourelle sur la batterie côtière.Emplacement de tir formant tourelle sur la batterie côtière.  Bloc de défense interne à l'enceinte, pour fusil mitrailleur. Bloc de défense interne à l'enceinte, pour fusil mitrailleur.

La partie intérieure à l’enceinte du chemin qui entre par la porte principale forme une terrasse à mi–pente aménagée par décaissement du terrain, et délimitée vers la partie haute du site par un mur de soutènement discontinu. Un petit blockhaus en hémicycle pour fusil mitrailleur assurant une défense interne de la batterie a été adossé après coup à ce mur de soutènement.

Au contact du mur d’enceinte, à côté de la porte d’entrée (où ce mur atteint sa hauteur maximum du fait du décaissement du terrain), une volée droite d’escalier monte au-dessus du mur de soutènement auquel elle est adossée, vers le chemin de ronde qui longe ce côté du mur d’enceinte jusqu’au pied de la tour. Ce chemin de ronde en rampe, aujourd’hui jalonné de quelques marches, dessert au passage les créneaux de fusillade percés dans le mur d’enceinte. La partie inférieure de ce côté de l’enceinte et tout le côté opposé sont aussi bordés par le même chemin de ronde rampant le long du parapet crénelé formant mur d’enceinte.

Le volume de la tour, plus large que haut, forme un tronc de cône jusqu’au cordon qui marque très classiquement la transition avec le parapet bordant la plate-forme supérieure. Le corps tronconique, assis sur le soubassement dérasé à l’horizontale de la tour du XVIIe siècle, n’abrite qu’un seul niveau voûté en coupole (alors que le projet prévoyait un pilier central évidé d’une descente d’eaux). Cette salle voûtée est faiblement éclairée par trois jours haut percés équidistants traversant la voûte en pénétration, l’un, carré, au dessus de la porte, les deux autres, soupiraux à bouche horizontale regardant dans l’axe de l’alignement des deux murs d’enceinte crénelés divergents qui raccordent la chemise de la tour à la batterie. L’accès à la plate-forme supérieure de la tour est assuré par un escalier curviligne voûté, rampant dans l’épaisseur du mur à partir du couloir d’entrée (à droite en entrant). Le parapet de la plate-forme de la tour, aussi épais que le mur d’enceinte de la batterie, est percé d’une série de créneaux de fusillade et d’une unique embrasure à canon, orientée vers le centre du cap d’Antibes. Il est recoupé par une bretèche à deux mâchicoulis surplombant la porte de la tour. La porte de la tour surmontée d'un jour et d'une bretèche, en contre-plongée.La porte de la tour surmontée d'un jour et d'une bretèche, en contre-plongée.

Structure et aménagements.

La tour réduit est construite en blocage de moellons de tout venant, plus gros dans le corps tronconique que dans le parapet, assemblés à joints gras de mortier de chaux traditionnelle au nu des parements. Le soubassement remployé de la tour du XVIIe siècle, un peu plus haut côté mer du fait de la pente du terrain, emploie des moellons de plus petit calibres, noyés dans le mortier qui forme un voile couvrant au nu des parements. La pierre de taille (calcaire dur gris) est employée pour le cordon, profilé en tore outrepassé pour dégager un larmier, pour les trois corbeaux très sobres qui portent la bretèche, pour l’encadrement de l’embrasure unique du parapet et pour la tablette qui le couvre. La même pierre finement taillée est employée pour l’encadrement en léger relief de la porte de la tour, aux formes épurées : jambages et arc plein-cintre extradossé de même épaisseur, seulement recoupés par les tailloirs et une clef passante. La sortie en guérite de l’escalier mural sur la plate-forme supérieure offre également un encadrement de porte en pierre de taille soigneusement appareillée. La brique, troisième catégorie de matériau employé pour la tour, est réservé aux voûtes (donc celle de l’escalier), à l’encadrement des créneaux du parapet doublement ébrasés, et à celui des trois jours haut percés de la salle du premier niveau. La bretèche est percée de trois créneaux deux fois plus petits que ceux du parapet, non ébrasés à l’extérieur, également encadrés en briques. La plate-forme est revêtue d’une chape bitumée. Détail de la bretèche crénelée de la tour, du parapet et du cordon.Détail de la bretèche crénelée de la tour, du parapet et du cordon. Détail de la porte de la tour, vue de l'extérieur.Détail de la porte de la tour, vue de l'extérieur.

Les murs d’enceinte, tant de la chemise de la tour que des longs pans rampants entre tour et batterie, sont aussi en blocage de moellons de tout-venant, mais sans finition des joints. Le relief marqué des encadrements des baies d’origine qui y sont ménagées (porte, créneaux), laisse à penser qu’un enduit couvrant était prévu et n’a jamais été réalisé. Les encadrements des créneaux, ébrasés vers l’intérieur, simple fente au dehors, sont en briques, de même que la moitié vers l’intérieur de l’enceinte du chaperon qui couvre la crête du mur (briques de chant). L’un et l’autre de ces éléments de briques se caractérisent par un harpage alterné régulier et systématique « en créneaux » dans le parement de moellons. L’emploi de la pierre de taille est réservé à la moitié extérieure du chaperon, formant tablette, et aux chaînages harpés des angles que forme le mur, dans sa partie chemisant la tour ; la pierre dure grise y est soigneusement bouchardée sans finition lisse. Le principal élément faisant appel à la pierre de taille (calcaire blanc) et à la stéréotomie, est la grande porte d’entrée de l’enceinte. Son arcade d’entrée couverte en plein-cintre, simple et extradossée vers l’extérieur, forme vers l’intérieur une arrière-voussure du type dit « de Marseille », régulièrement clavée. A la clef de l’arcade extérieure est gravé le millésime « 1862 », le seul de l’ensemble de la batterie. Les marches et le repos de l’escalier qui est attenant à cette porte sont en pierre dure grise impeccablement taillée.

Le bloc pour fusil mitrailleur et le parapet de la tourelle de pièce d’artillerie tournante sur la batterie emploient le béton avec incrustation de moellons en parement. Le bloc conserve un blindage en fer abritant le tireur.

Le corps de garde, couvert d’un toit à longs pans à faible pente revêtu de tuiles canal, a des angles chaînés en pierre blanche ; ceux du mur pignon regardant la tour sont aussi chaînés dans le mur de chemise. A la différence des parements de ce mur, ceux du corps de garde ont reçu un enduit couvrant, récemment restauré. La façade du mur pignon regardant la tour est percée au milieu d’une porte qui reprend, en pierre blanche, le modèle de celle de la tour, en strict vis-à-vis. Les fenêtres de cette façade : oculus au-dessus de la porte, en demi-cercle de part et d’autre, ont un encadrement de brique. En bas de façade sont percés des créneaux en fente, aussi encadrés en briques. Les baies des murs gouttereaux, simples et régulières, ont été en partie remaniées à une époque récente, de même que la distribution intérieure du corps de garde.

1Archives du génie, Art. 8, section 1, Antibes, carton 3, n° 212Archives du génie, Art. 8, section 1, Antibes, carton 3, n° 33

A l’origine de la batterie du Graillon est une tour de défense et de surveillance côtière dont la construction initiale n’est pas documentée, mais dont le type architectural peut être identifiée avec une certaine précision, par comparaison typologique avec les tours des îles d'Hyères édifiées après 1633 à la suite de la remise à Richelieu du rapport sur la situation des ports et places fortes des côtes de Provence d'Henri de Séguiran.

La première batterie du Graillon est en place en l’an 3 de la République, d’après une carte du 19 janvier 1795 : il s’agit d’une batterie en terre formée d’un rempart avec banquette et parapet de plan en demi-cercle face à la mer, et mur de fermeture à la gorge ; elle est complètement indépendante de la vieille tour ronde en place un peu au-dessus.

Plusieurs projet de reconstruction de la batterie, prévoyant la destruction de la tour ronde, se succèdent au 19e siècle, sans amorce de réalisation. Le projet finalement réalisé en 1862, établi par l’officier du génie Argellier, s’éloigne nettement des modèles type en vigueur : il combine la construction d’un corps de garde non fortifié avec le choix rétrograde d’une tour réduit de plan circulaire réemployant le soubassement de la tour ruinée du temps de Richelieu. Les deux éléments projetés sont juxtaposés et pourvus chacun d’un fossé. Il ne conserve rien de la batterie de la fin du 18e siècle.

Après son déclassement militaire, la batterie a quelque peu repris du service pendant les deux guerres mondiales, mais elle devint assez tôt une propriété privée, dans laquelle a été aménagé un jardin botanique. Cette propriété a été cédée à la ville d’Antibes, qui ouvre le jardin au public et a aménagé un musée napoléonien dans la tour.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 17e siècle, 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1862, porte la date
  • Auteur(s)

L’enceinte de la batterie comporte deux longs murs rectilignes peu élevés, percés à intervalles réguliers de créneaux de fusillade. Ils convergent jusqu’à la tour circulaire et se referment sur un corps de garde. Le rempart ou terrasse de la batterie, limité vers l’intérieur de l’enceinte par un mur de soutènement, a perdu l’organisation défensive de sa banquette et de son parapet de terre. Un petit saillant que forme le revêtement extérieur de la terrasse porte un emplacement de tir formant tourelle en belvédère pour une pièce d’artillerie tournante, sans doute aménagé au début du 20e siècle, fermé d’un gros parapet circulaire maçonné. Un petit blockhaus en hémicycle pour fusil mitrailleur assurant une défense interne de la batterie a été adossé après coup à ce mur de soutènement.

Le volume de la tour, plus large que haut, forme un tronc de cône assis sur le soubassement dérasé à l’horizontale de la tour du 17e siècle. A l'intérieur, un seul niveau voûté en coupole faiblement éclairée par trois jours traversant la voûte en pénétration. L’accès à la plate-forme supérieure de la tour est assuré par un escalier curviligne voûté, rampant dans l’épaisseur du mur à partir du couloir d’entrée. Le parapet de la plate-forme de la tour, aussi épais que le mur d’enceinte de la batterie, est percé d’une série de créneaux de fusillade et d’une unique embrasure à canon, orientée vers le centre du cap d’Antibes. Il est recoupé par une bretèche à deux mâchicoulis surplombant la porte de la tour.

La tour réduit est construite en blocage de moellons de tout venant. Le soubassement remployé de la tour du 17e siècle emploie des moellons de plus petit calibres, noyés dans le mortier qui forme un voile couvrant au nu des parements. La pierre de taille calcaire est employée pour certains encadrements, dont celui de la grande porte d'entrée de l'enceinte. Les encadrements des créneaux sont en briques, de même que la moitié vers l’intérieur de l’enceinte du chaperon qui couvre la crête du mur. L’un et l’autre de ces éléments de briques se caractérisent par un harpage alterné régulier et systématique « en créneaux » dans le parement de moellons. Le bloc pour fusil mitrailleur et le parapet de la tourelle de pièce d’artillerie tournante sur la batterie emploient le béton avec incrustation de moellons en parement. Le bloc conserve un blindage en fer abritant le tireur. Le corps de garde est couvert d’un toit à longs pans à faible pente revêtu de tuiles canal.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • brique
    • béton
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • coupole
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Mémoire raisonné de l’état de situation de la côte de la sous-direction d’Antibes 24 sept 1799, signé Léon. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Art. 8, section 1, Antibes, carton 3, n° 33

Date d'enquête 2006 ; Date(s) de rédaction 2011
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