Cet entrepôt agricole isolé fait partie de la quarantaine de « cabanons » identifiés sur la commune de Rosans.
Commentaire historique
Sur le cadastre de 1839, ce bâtiment n'existe pas et son emplacement est situé en bordure d'une grande parcelle de terre « labourable arrosable » (1839 G1 10 ; 1,05 hectares) appartenant à Claude-Marie Rolland. Celui-ci possède aussi une maison, deux dépendances agricoles et un jardin au bourg de Ribiers et d'autres terrains sur le territoire communal : quartiers de la Clavelière, Grand Ray, Coularive, la Longeagne, Pré des Contes, Champaure, etc.
Le quartier où se trouve le bâtiment est alors appelé Pigerolles. Claude-Marie Rolland y détient également deux autres parcelles toutes proches : une grande zone de « landes » (1839 G1 07, 2,04 ha) dans laquelle est enclavée une petite « vigne » (1839 G1 08, 480 m²).
En 1861, ces trois parcelles deviennent la propriété de Antoine Reynier, fils de feu Antoine, exerçant la profession de « voiturier ». En 1866, celui-ci déclare sur la matrice cadastrale la « construction nouvelle » d'une « maison ». Comptant 3 ouvertures, elle est imposée dans la 8e et dernière classe fiscale ; mais en 1879, elle apparaît avec seulement 2 ouvertures.
L'extension occidentale a été ajoutée dans le deuxième quart du 20e siècle. L'escalier extérieur a vraisemblablement été repris à cette époque : structure en poutrelles métalliques, palier en ciment sur planches.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole est isolé approximativement à 1 kilomètre à l'ouest du bourg de Rosans, à une altitude d'environ 640 mètres. Implanté en terrain plat, en bordure d'une parcelle agricole et au pied d'un versant marneux, il possède un plan rectangulaire orienté est-ouest. Sa façade principale est en pignon, il comporte un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. Côté ouest, il est flanqué d'une remise plus récente.
Localisation d'après la carte IGN de 2021. Echelle d'origine 1/25 000e.
Vue de situation prise du sud-est.
Vue de situation prise du sud.
Plans schématiques du bâtiment. En haut,étage de comble et toit. Au milieu : premier étage. En bas : rez-de-chaussée.
Fonctions et aménagements intérieurs
Le rez-de-chaussée est accessible par une porte large, ouverte dans le pignon sud. Il est occupé par une remise à outils pouvant servir de resserre pendant les récoltes mais aussi de cellier, comme en témoigne des cerclages de tonneaux conservés sur place. Une fonction de cuvage (cuve de fermentation du vin) est probable.
La pièce, aérée par un jour en fente pratiqué dans le mur ouest, est couverte par deux travées d'une voûte d'arêtes coffrée. Le sol est en terre battue et les murs sont enduits.
Rez-de-chaussée, resserre-cellier. Vue de volume partielle prise du sud.
Rez-de-chaussée, resserre-cellier. Vue de volume prise du sud-est.
L'étage carré est réservé à un logis saisonnier, auquel on accède grâce à un escalier extérieur, adossé parallèlement au pignon sud et prolongé par un palier desservant une porte piétonne. La pièce, éclairée par deux fenêtres ouvertes au sud et à l'est, dispose d'une cheminée adossée sur son mur nord, avec un manteau maçonné reposant sur deux consoles et prolongé par une hotte droite.
Le sol paraît être en lauzes de grès, les murs sont enduits et le couvrement est un plancher sur solives, chaulé. Un escalier menant à l'étage de comble occupe la partie ouest. Son limon est en bois et il est fermé par une cloison en brique, enduite.
Premier étage, logis. Vue de volume prise du sud.
L'étage de comble, accessible par l'escalier intérieur depuis le rez-de-chaussée, est occupé par un séchoir qui a également pu servir de pigeonnier. Deux grands jours rectangulaires sont ouverts côté sud ; un autre jour plus étroit, presque en fente, est percé côté nord.
Structure et matériaux
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès de calcaire, avec des chaînes d'angles en gros moellons équarris. Les élévations conservent les vestiges d'un enduit lisse, mais il est très dégradé sur les élévations ouest et sud.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Vue d'ensemble prise du sud-est.
Vue d'ensemble prise du nord-est.
Chaîne d'angle sud-est.
L'usage de la pierre de taille de grès pour les encadrements des ouvertures se limite à quelques monolithes horizontaux, avec une finition bouchardée à arêtes ciselées : appui et linteau de la fenêtre sud, appui de la fenêtre est, seuil de la porte. Pour cette dernière, plusieurs blocs de son piédroit occidental sont communs à la chaîne d'angle. Pour le reste, les encadrements sont façonnés au mortier, avec un linteau droit en bois. Seul l'encadrement de la fenêtre sud est feuilluré.
Pignon sud, deuxième niveau. Porte du logis.
Pignon sud, deuxième niveau. Moellons équarris communs au piédroit de la porte du logis et à la chaîne d'angle.
Elévation est, second niveau. Fenêtre du logis.
Les deux portes possèdent une menuiserie en planches doublées et cloutées. Les fenêtres du logis sont équipées de contrevents en planches croisées.
Pignon sud, premier niveau. Porte du cellier, détail de la menuiserie et de la poignée.
Pignon sud, deuxième niveau. Porte du logis, détail de la menuiserie.
Pignon sud, deuxième niveau. Contrevent de la fenêtre du logis.
L'escalier de distribution extérieur menant à la porte du logis possède des marches en pierre de taille de grès. Il est construit sur une logette, ouverte côté sud et aérée par un jour en fente côté ouest. Si cet escalier est en grande partie maçonné, il est conforté par une structure en petites poutrelles métalliques qui soutiennent les marches et les planches qui forment le palier devant la porte – recouvertes à l'extérieur par une chape de mortier de ciment.
Pignon sud, premier niveau. Escalier extérieur sur logette.
Pignon sud, premier niveau. Logette sous l'escalier extérieur.
Le toit à longs pans est couvert en tuile creuse. La souche de la cheminée est constituée d'une large section de canalisation en terre cuite rainurée. L'avant-toit et la saillie de rive des pignons sont constitués de deux rangs de génoise, peints en blanc ; leur passage aux angles du bâtiment est traité en éventail.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Couverture en tuile creuse et souche de la cheminée.
Elévation ouest, avant-toit constitué de deux rangs de génoise peints en blanc.
Angle sud-est, passage en éventail des deux rangs de génoise de l'avant-toit vers la saillie de rive.
Dépendance accolée
L'extension accolée sur la façade ouest est à usage de remise à véhicules agricoles. Une épave de moissonneuse-lieuse y est encore conservée (DEERING N° 5, machine à traction animale datant des années 1920-1930), ainsi que des échelles à fruitiers.
Ce bâtiment, entièrement ouvert côté sud, est fermé au nord et à l'ouest par des murs percés de jours verticaux. Il est abrité sous un toit à longs pans couvert en plaques de tôle ondulée supportées par une charpente à pannes.
Bâtiment de la remise. Vue de volume prise du sud.
Bâtiment de la remise. Mur ouest.
Bâtiment de la remise. Moissonneuse-lieuse de marque DEERING.