Cet entrepôt agricole isolé fait partie de la quarantaine de « cabanons » identifiés sur la commune de Rosans.
Commentaire historique
Cet entrepôt agricole, dont la construction très homogène ne montre pas de traces de reprises significatives, ne paraît pas antérieur au début du 19e siècle.
Dans le cadastre de 1839, il est mentionné comme un « bâtiment rural » avec une emprise au sol de 18 m². Accompagné d'un jardin mitoyen (parcelle 1839 F4 06, 150 m²), il est installé en bordure d'une grande parcelle de terre labourable (F4 08, 1,2 hectares), dans un quartier nommé « le Rivet ». La terre labourable est imposée dans la 1ère classe fiscale, attestant sa valeur agricole, le jardin dans la 2e classe.
L'ensemble appartient au marchand Aimé-Jean-François-Louis Arnaud, qui possède également d'autres terres agricoles proches – labours irrigables (F5 05), prés disposant d'un réservoir d'arrosage (F4 09 et F5 04) – mais aussi, au bourg de Rosans, une grande maison (F1 186, 220 m²), un autre bâtiment agricole (F1 184) et un jardin (F1 117).
Plan de masse et de situation d'après le plan cadastral de 1839, section F4. Echelle d'origine 1/1000e.
Propriétés du marchand Aimé Arnaud en 1839, d'après le plan cadastral de 1839, section F4. Echelle d'origine 1/1000e.
En 1847, le jardin est amputé des deux-tiers de sa superficie lors de sa « cession à la voie publique » imposée par les travaux de la construction de la Route Nationale 94 (actuelle R.D. 994).
En 1892, le bâtiment, ce qu'il reste du jardin et les terres agricoles associées deviennent la propriété de Jean Dasin, fils de Jean-Fidèle, puis de Jules Dasin, « marchand de pommes ». En 1897, ils passent à Pierre Reynier, fils Autran. En 1907, ils sont acquis par Abel-Elie Pellegrin, anciennement facteur à Tebessa ou Tbessa (Algérie) et revenu à Rosans ensuite.
Ce bâtiment a été restauré durant l'automne 2022.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole est isolé approximativement à 400 mètres à l'ouest du bourg de Rosans, à une altitude d'environ 650 mètres, au bord de la R.D. 994 menant à Verclause. De plan presque carré, il comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Vue aérienne de situation, prise du nord-ouest.
Vue de situation prise de l'ouest.
Fonctions et aménagements intérieurs
L'étage de soubassement est occupé par une remise à outils, pouvant servir de resserre au moment des récoltes, et par un poulailler. L'accès se fait par une porte piétonne ouverte dans la façade sud, le poulailler dispose d'un petit jour côté ouest. Le couvrement est un plancher sur solives.
Elévation sud.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Elévation ouest, premier niveau. Jour du poulailler fermé par un plaque métallique sur glissières.
Le rez-de-chaussée surélevé est réservé à un logis saisonnier. Accessible de plain-pied grâce à une porte piétonne ouverte côté nord, cette pièce est éclairée par une fenêtre côté sud.
Le mur ouest accueille une cheminée – dont le foyer et le conduit sont entièrement engagés dans l'épaisseur de la maçonnerie – flanquée d'un placard-niche. Deux petites étagères en planche sont installées sur le mur sud, soutenues par des consoles en ferronnerie scellées dans le mur.
Le sol est un plancher et les murs sont enduits et peints, avec un décor de fausse plinthe noire. Le couvrement est un plancher sur solives.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Mur sud.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Mur ouest, cheminée et placard-niche.
L'étage de comble est uniquement accessible depuis le rez-de-chaussée grâce à une trappe. Il séparé en deux parties inégales par une cloison en planches dressées. La partie orientale accueille un séchoir alors que la partie occidentale est réservée à un pigeonnier disposant d'une baie d'envol côté sud. Dans le séchoir, les murs reçoivent un enduit rustique mais dans le pigeonnier, il s'agit d'un enduit lisse.
Les boulins sont de deux types. La plupart sont intégrés dans une structure en menuiserie dressée contre les murs, munie d'étagères cloisonnées. Ils sont complétés par des corbeilles en vannerie, suspendues au mur par des petits crochets en ferronnerie scellés dans la maçonnerie.
Etage de comble, séchoir. Cloison du pigeonnier.
Etage de comble, pigeonnier. Mur sud, boulin en vannerie suspendu.
Etage de comble, pigeonnier. Mur ouest, crochet de suspension d'un boulin en vannerie.
Structure et matériaux
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès, avec des chaînes d'angles en gros moellons équarris. Les élévations conservent un enduit lisse.
Vue d'ensemble prise du nord-est.
Elévation ouest.
Les encadrements de la porte et de la fenêtre du logis sont en pierre de taille de grès, avec une finition bouchardée et des arêtes ciselées, avec un linteau droit monolithe. Celui de la fenêtre est feuilluré et une pièce de bois horizontale est intégrée dans la maçonnerie au-dessus de son linteau, afin de réduire les efforts de poussée. Celui de la porte de la remise-resserre possède des piédroits en moellons et un linteau droit constitué d'une épaisse dalle. Celui de la baie du pigeonnier est façonné au mortier, avec un appui saillant réalisé par une dalle de grès et un linteau droit en bois. Cette baie est équipée d'une grille d'envol en menuiserie : large planche percée de trois trous ronds.
Elévation sud, premier niveau. Porte de la remise-resserre.
Elévation nord, porte du logis.
Elévation sud, deuxième niveau. Fenêtre du logis.
La menuiserie de la porte de la remise-resserre est en planches doublées et cloutées, avec un petit jour fermé par deux penture métalliques croisées. Celle de la porte du logis est à panneaux, avec un corniche médiane saillante et moulurée. La fenêtre du logis est à un seul vantail, vitré avec six carreaux. Sur la façade ouest, le petit jour du poulailler est fermé par une plaque en fer munie d'une poignée (ancienne martelière de canal), coulissant dans deux rainures métalliques scellées au plâtre.
Elévation sud, premier niveau. Porte de remise-resserre, détail de la menuiserie cloutée.
Elévation sud, troisième niveau. Baie d'envol du pigeonnier avec grille en menuiserie.
Le toit en pavillon, en cours d'effondrement, est soutenu par une charpente à chevrons reposant sur un entrait disposé en diagonal entre les angles sud-est et nord-ouest. La couverture en tuile creuse est posée sur des chevrons jointifs en bois de brin. L'avant-toit est constitué de trois rangs de génoise peints en blanc, leur passage aux angles du bâtiment est traité en éventail.
Couverture en tuile creuse du toit en pavillon.
Croisée de la charpente.
Elévation ouest, avant-toit constitué de trois rangs de génoise.
Une structure métallique est ancrée sur la façade ouest, support d'une vigne palissée en treille. Le bâtiment est accompagné d'une rangée de tilleuls, un noyer est planté devant la façade nord.
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