Contexte de l'enquête
Le repérage
Ce dossier concerne les entrepôts agricoles de la commune de Val Buëch-Méouge (canton de Laragne, Parc naturel régional des Baronnies provençales, département des Hautes-Alpes), qui regroupe depuis le 1er janvier 2016 les anciennes communes d'Antonaves, Châteauneuf-de-Chabre (qui avait absorbé l'ancienne commune de Pomet en 1944) et Ribiers. [Nota : ces communes sont notées (Ant.), (Châ.) et (Rib.) pour préciser le territoire dans la suite du texte].
Le terme "entrepôt agricole" correspond aux édifices destinés à stocker des denrées agricoles (foin notamment) ou de l'outillage (remise). Souvent, ils comprennent également une partie destinée au bétail (étable, bergerie, écurie…) ou à l'homme (logis saisonnier). Ne sont pas concernées ici les dépendances immédiates des fermes (voir dossier collectif fermes IA05001505).
Les conditions de l'enquête
Le repérage des entrepôts agricoles sur la commune de Val Buëch-Méouge a été effectué en deux missions distinctes. A Châteauneuf-de-Chabre, le repérage s'est déroulé au cours des mois d'avril et mai 2016. A Antonaves et Ribiers il a été effectué en novembre et décembre 2017, et d'avril à juin 2018. Le recensement s'est fait à partir des cadastres des éditions mises à jour en 1983, 1984 et 1998. Les anciens plans cadastraux de 1823 (Ribiers) et 1824 (Antonaves et Châteauneuf-de-Chabre) ont servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états des sections de ces cadastres a été consulté.
Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux entrepôts agricoles et décrivant :
- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment, niveaux par niveaux,
- la mitoyenneté,
- les accès,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme du toit, la nature de la charpente, de la couverture et de l'avant-toit,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les aménagements intérieurs,
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…
Les résultats de cette grille de repérage ont été versés dans une base de données permettant l'élaboration d'un traitement statistique et cartographique. Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…
122 entrepôts agricoles ont été repérés sur l'ensemble de la commune : 27 sur l'ancienne commune d'Antonaves (19 au village et 8 dispersés) ; 21 sur Châteauneuf-de-Chabre (6 au hameau de Grange Neuve, 3 au Plan et 12 dispersés) ; 74 sur Ribiers (34 au bourg, 2 au hameau de La Combe, un à celui de la Flogère, un à celui de Saint-Aubert et 36 dispersés). 35 d'entre eux ont été sélectionnés (28 % du corpus total) et font l'objet d'un dossier d'inventaire individuel : 7 sur Antonaves, 9 sur Châteauneuf-de-Chabre et 19 sur Ribiers.
La qualité de conservation architecturale du corpus communal est bonne puisque 46 % des entrepôts agricoles ont pu être considérés comme « préservés » et 10 % comme « restaurés ». A l'inverse, 22 % ont été « dénaturés » et 22 % doivent être considérés comme « ruinés » – il s'agit dans ce cas uniquement de la ruine de la toiture et d'une partie des aménagements intérieurs, qui n'empêche pas la saisie des critères de repérage essentiels). Plus d'un quart (27 %) des entrepôts agricoles sont encore en activité, 44 % sont désaffectés et 28 % sont réutilisés.
D'une manière générale, il faut préciser que les données portant sur la commune nouvelle Val Buëch-Méouge masquent parfois des variations marquées entre les anciennes communes – Antonaves, Ribiers et Châteauneuf-de-Chabre. Les deux premières partagent en effet de nombreux caractères propres aux territoires de la haute Provence. Alors que la situation de Châteauneuf-de-Chabre est plus originale, traduction d'un abandon presque total des versants, réalisé à la charnière des 19e et 20e siècles, l'occupation humaine et bâtie étant attirée vers la plaine par les successives conquêtes agricoles et endiguements effectués sur le lit majeur du Buëch. Toutefois, ce phénomène de glissement existe également également sur Ribiers et dans une moindre mesure sur Antonaves.
Caractères morphologiques
Localisation et contexte historique
Localisation
Entre un tiers et la moitié des entrepôts agricoles sont isolés et dispersés dans les terres agricoles, les prés de fauche ou les pâturages. Les autres sont situés en agglomération, hameau ou village, associés à d'autres constructions. Cette dernière configuration est largement majoritaire à Antonaves. Sur Châteauneuf-de-Chabre, la ruine des deux anciens villages perchés – Pomet et Châteauneuf – explique l'absence d'entrepôts agricoles dans ce type d'agglomération.
Bâtiment en îlot au bourg de Ribiers.
Bâtiment au village d'Antonaves.
Bâtiment dispersé au quartier des Clots (Antonaves).
Bâtiment dispersé au quartier de Barbelle (Ribiers).
Bâtiment dispersé au quartier de Barrare (Châteauneuf-de-Chabre).
Hangar au quartier du Château des Îles (Ribiers).
LOCALISATION | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
En village | 44 % | 70 % | 0 % | 46 % |
En hameau | 10 % | 0 % | 43 % | 5 % |
Dispersés | 46 % | 30 % | 57 % | 49 % |
Contexte historique
Seuls cinq bâtiments (4 % du corpus communal) possèdent une date portée significative. La plus ancienne (1782) se trouve au bourg de Ribiers et la plus récente (1911) au hameau de Grange Neuve (Châ.). Les trois autres (1816, 1871 et 1891) sont gravées sur des bâtiments dispersés de Ribiers.
Dans leur état actuel, environ 20 % des bâtiments agricoles situés au bourg de Ribiers semblent remonter au 16e siècle ou au 17e siècle, et près de la moitié datent du 18e siècle. Au village d'Antonaves et au hameau de Grange Neuve (Châ.), environ un tiers des entrepôts datent aussi du 18e siècle, ce qui est également le cas pour près de 10 % des bâtiments dispersés sur l'ensemble de la commune Val Buëch-Méouge. D'une manière générale, un quart des entrepôts agricoles datent du 19e siècle, 19 % de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle. Une construction au cours de la première moitié du 20e siècle a été repérée pour 12 % des édifices, et au cours de la seconde moitié du 20e siècle pour 8 %.
Ces datations d'origine doivent néanmoins être nuancées par le fait que plus d'un quart des bâtiments ont connu des reprises au cours du temps. D'ailleurs une extension ancienne par collage de maçonnerie a été observée pour 15 % du corpus communal, et la trace d'une surélévation pour 12 %. En outre, le remploi d'éléments lapidaires a été constaté sur 11 % des bâtiments. Il s'agit presque exclusivement d'encadrements, qui ont parfois été partiellement retaillés.
Implantation et composition d'ensemble
Implantation
Sur l'ensemble du corpus de Val Buëch-Méouge, près des deux-tiers des entrepôts agricoles ne possèdent pas de mur mitoyen. Mais, si cette proportion est également valable dans les hameaux, cette configuration ne concerne en revanche qu'un quart des bâtiments situés en village. A l'inverse, tous les bâtiments dispersés sont exempts de mitoyenneté : il n'existe aucun îlot isolé dans la campagne et regroupant plusieurs bâtiments agricoles.
Les autres bâtiments comptent un, deux ou trois murs mitoyens. Au bourg de Ribiers, un tiers des bâtiments agricoles sont intégrés dans des îlots bâti denses et possèdent trois murs mitoyens. Par contre, au village d'Antonaves, près de la moitié ne disposent que d'un mur mitoyen.
MITOYENNETE | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers | En village (V B-M) | En hameau (V B-M) | Dispersé (V B-M) |
0 mur | 63 % | 45 % | 86 % | 61 % | 25 % | 62 % | 100 % |
1 mur | 14 % | 33 % | 0 % | 12 % | 31 % | 8 % | 0 % |
2 murs | 11 % | 19 % | 10 % | 8 % | 21 % | 15 % | 0 % |
dont 2 murs // | 69 % | 80 % | 0 % | 83 % | 82 % | 0 % | 0 % |
dont 2 murs T | 31 % | 20 % | 100 % | 17 % | 18 % | 100 % | 0 % |
3 murs | 12 % | 3 % | 4 % | 16 % | 23 % | 15 % | 0 % |
D'une manière générale, un gros tiers des entrepôts agricoles sont implantés en terrain plat, cette proportion étant plus faible à Antonaves et plus forte à Ribiers, situation logique au vu du relief respectif de ces deux anciennes communes. Sur l'ensemble du territoire de Val Buëch-Méouge, plus de la moitié des bâtiments agricoles dispersés sont installés sur un terrain plat. Du fait d'un relief marqué sur l'ensemble du territoire, les autres sont installés en terrain pentu. Ils sont le plus souvent adossées parallèlement au sens de la pente, sinon perpendiculairement. L'adossement à la pente se traduit par la présence fréquente d'un ou deux étages de soubassement.
IMPLANTATION | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers | En village (V B-M) | En hameau (V B-M) | Dispersé (V B-M) |
// à la pente | 39 % | 52 % | 43 % | 34 % | 55 % | 38 % | 25 % |
T à la pente | 25 % | 30 % | 24 % | 23 % | 26 % | 24 % | 23 % |
Terrain plat | 36 % | 18 % | 33 % | 43 % | 19 % | 38 % | 52 % |
Espaces libres et équipements annexes
La présence d'une aire à battre mitoyenne n'a été relevée que pour quelques bâtiments (5 % du corpus de Val Buëch-Méouge) : trois au village d'Antonaves, un au hameau de La Combe (Rib.) et deux dispersés à Font de Poiron (Ant.) et Barbelle (Rib.).
La présence d'une cour est un peu plus fréquente, concernant 13 % du corpus communal, surtout en village ou écart. Celle-ci est fermée dans un tiers des cas, par un mur haut ou un muret – ce dernier pouvant être en pierre sèche comme à la Poirière (Ant.) ou à Barbelle (Rib.). Les autres sont ouvertes.
Un jardin accompagne 13 % des entrepôts, pour moitié agglomérés et pour autre moitié dispersés, mais il n'est jamais associé à une cour. Dans les deux-tiers des cas, ce jardin est fermé par un muret, un mur haut ou une haie.
Aucun enclos à ovins n'a été repéré à proximité des entrepôts agricoles. Au quartier du Virail (Rib.) un bâtiment est accompagné d'un puits disjoint avec couvrement maçonné en coupole.
Environnement végétal
Parfois, les entrepôts agricoles sont accompagnés d'un ou deux arbres. Les plus fréquents sont les tilleuls, comme à Cabole ou à la Poirière (Ant.), à Grange Neuve (Châ.) ou au quartier du Virail (Rib.), mais il peut aussi s'agir de marronniers, de noyers comme aux Autarets (Rib.) ou de chênes.
Quelques bâtiments sont implantés dans un verger (cerisier, amandier), par exemple au quartier du Plan (Rib.) ou de Touissane (Châ.). Une treille de vigne a été observée sur un bâtiment du village d'Antonaves.
Matériaux et mise en œuvre
Maçonnerie
Les entrepôts agricoles sont construits en maçonnerie de moellons montés à la chaux, en opus incertum. Des moellons calcaires sont présents dans la maçonnerie de 90% d'entre eux. Ce matériau est très fréquemment complété par des galets, lesquels se retrouvent dans plus des trois quarts des bâtiments du corpus communal. Un contrefort taluté vient parfois renforcer la construction. La présence de moellons de brèche calcaire a été repérée dans un tiers des entrepôts d'Antonaves et très ponctuellement à Châteauneuf-de-Chabre et Ribiers. De manière anecdotique, un édifice situé au Villard (Châ.) emploie quelques blocs de schiste, et un autre situé à Très Faves (Rib.) utilise du tuf. Les maçonneries montrent régulièrement des calages en tessons de tuile creuse, voire avec des fragments de tegulae en remploi comme au Petit Pré Gris (Rib.).
Seulement deux bâtiments maçonnés à cru, c'est à dire en pierre sèche, ont été repérés. L'un aux Lauzette (Châ.) et l'autre au pied de Gloritte (Rib.).
La brique se rencontre dans un tiers des entrepôts de Châteauneuf-de-Chabre, mais elle est beaucoup moins présente à Ribiers et n'a pas été repérée à Antonaves. A Ribiers, ce matériau est employé seul, mais ailleurs il est associé à d'autres. Dans deux cas, au Pré Neuf (Rib.) et au Petit Pré Gris (Rib.), le bâtiment est entièrement construit en brique creuse.
Le béton est présent dans un huitième des bâtiments, soit sous forme de parpaings pleins moulés, par exemple à Cabole (Ant.), soit sous forme de banchage comme au quartier du Moulin (Ant.). A Châteauneuf-de-Chabre, il a été observé dans près d'un quart des édifices. Comme la brique, il est souvent complété par d'autres matériaux.
Enfin, l'usage du bois (planches de bardage) n'a été observé que pour deux entrepôts : un au quartier du Moulin (Ant.) et l'autre à Larbous (Châ.). Un essentage en tôle sur ossature bois a été repéré au village d'Antonaves.
Pour plus de la moitié du corpus communal, les chaînes d'angles sont en moellons calcaires, dont près des trois quarts en gros moellons équarris. Parfois ces deux modules sont associés, notamment dans les cas de surélévations. Les chaînes d'angles en pierre de taille calcaire ne concernent qu'environ un quart des entrepôts agricoles de Val Buëch-Méouge, mais cette proportion monte à plus d'un tiers de ceux d'Antonaves. Elles sont souvent complétées par d'autres matériaux : gros moellons équarris, briques ou parpaings de béton. A Très Faves (Rib.) et à Rougias (Rib.), les chaînes d'angles font partiellement appel à des blocs de tuf. Quelques chaînes d'angles en briques ont été relevées à Châteauneuf-de-Chabre et à Ribiers, et d'autres en béton ou parpaings de béton à Antonaves et Ribiers.
Chaîne d'angle en pierre de taille. Bâtiment au quartier des Clots (Antonaves).
Maçonnerie et chaîne d'angle en moellons équarris. Bâtiment au quartier du Rata (Ribiers).
Chaîne d'angle avec blocs de brèche calcaire. Bâtiment au quartier de Rebinnelle (Ribiers).
Maçonnerie en briques creuses. Bâtiment au quartier du Petit Pré Gris (Ribiers).
Maçonnerie en bloc de béton plein et brique creuse. Bâtiment au quartier du Moulin (Châteauneuf-de-Chabre).
Seuls trois hangars ont été repérés – la grande majorité de ceux existant étant récents et pas antérieurs au dernier quart du 20e siècle. Ils sont soutenu uniquement par des piliers, au nombre de six à dix-huit, en béton armé. Une demi-douzaine de remises ouvertes ont été repérées, soutenues par des murs porteurs – construits en maçonnerie de moellons, en briques ou en parpaings de béton – et/ou par des piliers qui recourent aux mêmes matériaux en y ajoutant le béton armé.
Les enduits anciens sont conservés dans 79 % des cas et 13 % des bâtiments possèdent deux types d'enduits selon les façades. Sur l'ensemble de la commune, les trois quarts du corpus se partagent de façon assez équitable entre les bâtiments n'ayant pas d'enduit, ceux portant un enduit à pierres vues et ceux qui ont un enduit rustique. A Antonaves et Châteauneuf-de-Chabre, c'est l'absence d'enduit qui est la plus fréquente. Ponctuellement, quelques enduits à inclusions de petits cailloux ont été repérés, ainsi que des enduits lisses ou à la tyrolienne, notamment à Ribiers.
Chaîne d'angle en pierre Enduit à pierres vues. Bâtiment au quartier de Très Faves (Ribiers).
Enduit à la tyrolienne et décor peint de cadre de façade. Bâtiment au quartier de la Prairie (Ribiers).
ENDUITS | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
À pierres-vues | 24 % | 19 % | 6 % | 30 % |
À inclusions | 2 % | 5 % | 0 % | 1 % |
Rustique | 28 % | 16 % | 29 % | 33 % |
À la tyrolienne | 2 % | 0 % | 0 % | 3 % |
Lisse | 9 % | 4 % | 5 % | 12 % |
Sans enduit | 26 % | 23 % | 44 % | 22 % |
Enduit récent | 23 % | 33 % | 16 % | 21 % |
Ouvertures
Pour 11 % du corpus communal, les encadrements des ouvertures (portes et fenêtres) ont été trop transformés pour êtres pertinents, jusqu'à 30% à Antonaves. On note également qu'un tiers des entrepôts agricoles possèdent des encadrements de différentes natures.
Sur l'ensemble du territoire de Val Buëch-Méouge, les encadrements façonnés au mortier de gypse sont ceux qui se rencontrent le plus fréquemment sur les bâtiments. Ils sont presque systématiquement accompagnés d'un linteau droit en bois. On note que les embrasures de portes ont parfois servi de support pour des graffitis de comptabilité. Les encadrements les plus simples, laissés brut de maçonnerie, se rencontrent dans les deux tiers des cas sur un bâtiment dispersé, les autres dans les hameaux et villages. Ils possèdent presque toujours un linteau droit en bois.
Fenêtre de logis saisonnier, avec encadrement en carreaux de terre cuite et inteau en bois, puis façonné au mortier de gypse. Bâtiment au quartier des Faysses (Ribiers).
Fenêtre de logis saisonnier, occultée par un contrevent à cadre. Bâtiment au quartier du Rata (Ribiers).
Les encadrements en pierre de taille calcaire se rencontrent sur environ un quart du corpus ; deux exemples de pierre de taille en brèche calcaire ont été observés au quartier de la Poirière (Ant.) et au village d'Antonaves. Ils sont souvent accompagnés d'un couvrement en arc segmentaire, surtout dans les villages et hameaux, ou en anse-de-panier comme dans quelques cas au bourg de Ribiers. Trois couvrements en arc plein-cintre ont été repérés, un au hameau de La Combe (Rib.), un au bourg de Ribiers et le dernier au village d'Antonaves. Une demi-douzaine de linteaux droits monolithes ont aussi été repérés. Au bourg de Ribiers, deux cas de jambages communs à deux ouvertures mitoyennes ont été relevés.
Porte d'étable avec encadrement en arc plein-cintre chanfreiné et piédroits à quart-de-rond ; contreforts talutés. Bâtiment au quartier de Saint-Aubert (Ribiers).
Porte de logis saisonnier à linteau droit. Bâtiment au quartier du Virail (Ribiers).
Porte de resserre avec encadrement en pierre de taille de brèche calcaire, en arc segmentaire, surmonté d'un jour. Bâtiment au village d'Antonaves.
La présence d'encadrements en brique est notable partout. Si les linteaux en bois restent les plus fréquents, un quart des couvrements sont réalisés en arc segmentaire, ou plus exceptionnellement en plate-bande.
Les encadrements en béton sont surtout présents à Châteauneuf-de-Chabre et à Ribiers, tant sur le bâti dispersé dans les zones de conquêtes agricoles sur le Buëch que sur certains bâtiments agglomérés. Le couvrement est généralement armé avec les piédroits, mais il peut aussi être constitué d'un linteau en bois ou d'une poutrelle métallique.
Porte de remise avec encadrement en pierre de taille et anse-de-panier en brique pleine. Bâtiment au bourg de Ribiers.
Baie fenière avec encadrement en brique pleine. Bâtiment au hameau du Plan (Châteauneuf-de-Chabre).
Jour d'étable avec encadrement en béton. Bâtiment au hameau de la Combe (Ribiers).
ENCADREMENTS | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Brut de maçonnerie | 21 % | 19 % | 24 % | 21 % |
Façonné au mortier | 44 % | 30 % | 38 % | 50 % |
Pierre de taille | 24 % | 26 % | 19 % | 23 % |
Brique | 16 % | 11 % | 19 % | 17 % |
Béton / parpaing | 9 % | 4 % | 10 % | 11 % |
Non significatif | 11 % | 30 % | 5 % | 5 % |
Une demi-douzaine d'encadrements présentant un chanfrein, accompagné d'une accolade dans un cas, ont été repérés au hameau de La Combe (Rib.) et au bourg de Ribiers. Pour la plupart, il s'agit de remplois.
Voûtes et couvrements
L'absence d'une voûte a été attestée pour la quasi-totalité des bâtiments possédant un seul niveau, et pour plus d'un tiers du corpus communal possédant deux niveaux ou plus. Parmi ces derniers, sa présence n'a pu être constatée que dans 15 % des cas – la plupart des intérieurs n'ayant pas été vus. Il s'agit alors de voûtes en berceau, segmentaire dans les trois quarts des cas, ou plus rarement de voûtes d'arêtes sur pilier. Au centre du bourg de Ribiers, un bâtiment comporte deux niveaux voûtés superposés, l'un en sous-sol et l'autre en rez-de-chaussée. Quelques exemples de couvrements en voûtains ont aussi été repérés, par exemple au hameau de la Flogère (Rib.).
En cas d'absence de voûte et si nécessaire, la séparation des étages supérieurs se fait par des planchers rustiques sur solives.
Etable couverte par une voûte en berceau segmentaire. Bâtiment au quartier des Clots (Antonaves).
Etable couverte par une voûte d'arêtes sur pilier. Bâtiment au bourg de Ribiers.
Etable-remise couverte par un plafond sur solives. Bâtiment au quartier des Peyrouses (Ribiers).
Aménagements intérieurs
Remarque : ces renseignements n'ont pu être renseignés que pour 37 % du corpus.
Le sol de l'étable ou de la remise est généralement en terre battue. Dans une pièce de logis saisonnier, il peut être en carreaux de terre cuite ou simplement constitué d'une chape de mortier. Cette dernière disposition se retrouve aussi dans un fenil ou un séchoir, sinon il s'agit d'un plancher comme au quartier des Peyrouses (Rib.). Les séchoirs disposent généralement de jours pour l'aération et quelques cas de sections de canalisation en terre cuite vernissée employées à cet effet ont été repérés, au quartier du Moulin (Châ.), au Villaret (Rib.) ou au Virail (Rib.).
Mangeoire sur banquette maçonnée. Bâtiment au quartier du Moulin (Châteauneuf-de-Chabre).
Aérations en terre cuite. Bâtiment au quartier du Virail (Ribiers).
Dans les logis saisonniers, les murs intérieurs sont souvent enduits, exceptionnellement décorés d'une plinthe par exemple au quartier des Faysses (Rib.). Au Champ de la Dame (Rib.), des pieds de verres scellés dans l'enduit et servant de porte-manteaux ont été observés. La présence d'une cheminée a été repérée dans la moitié des logis saisonniers. Généralement simplement adossée à un mur, elle peut aussi occuper un angle, par exemple au quartier des Peyrouses (Rib.), et son conduit peut être parfois engagé dans la maçonnerie, comme au quartier du Villaret (Rib.). Au quartier du Moulin (Châ.), la souche de cheminée d'un petit bâtiment est constituée d'une section de canalisation en terre cuite vernissée.
Logis saisonnier en étage, vue de volume et structure. Bâtiment au quartier du Champ de la Dame (Ribiers).
Coupe d'un plancher de logis saisonnier en étage. Bâtiment au quartier du Champ de la Dame (Ribiers).
Pieds de verre scellés dans la maçonnerie, dans un logis saisonnier. Bâtiment au quartier du Champ de la Dame (Ribiers).
Les escaliers intérieurs sont rares – leur absence est attestée pour près des deux tiers des bâtiments – de même que les échelles de meunier comme celle observée au quartier du Moulin (Châ.). L'absence de cloison intérieure a été relevée pour près de la moitié du corpus communal. Lorsqu'il y en a une, celle-ci est construite en maçonnerie légère, éventuellement confortée par une ossature en pans de bois.
Dans les pigeonniers, les boulins peuvent être constitués d'éléments semi-circulaires préfabriqués en mortier de gypse comme aux Faysses (Rib.), de carreaux de terre cuite assemblés comme au quartier du Moulin (Châ.) ou au Champ de la Dame (Rib.), ou être en demi-corbeille de vannerie suspendues à des clous comme dans un autre bâtiment du quartier des Faysses (Rib.). Toutes les grilles de baie d'envol repérées sont façonnées au mortier de gypse. Dans deux cas, la grille est ornée des initiales « JF », au quartier du Plan (Rib.) et au bourg de Ribiers. Ces baies étaient entourées d'un parement de carreaux de terre cuite glaçurés, comme celui qui subsiste au quartier du Moulin (Ant.).
Structure, élévation, distribution
Façades et structuration des niveaux
Seuls trois hangars sur piliers et six remises ouvertes soutenues par des murs porteurs et/ou par des piliers ont été repérés. Les autres bâtiments sont entièrement maçonnés.
Pour 59 % des entrepôts agricoles du corpus communal, la façade principale est en mur gouttereau, et pour le reste elle est en pignon. Mais cette répartition n'est pas la même selon les anciennes communes. Ainsi, alors qu'à Antonaves et Ribiers près des deux tiers des bâtiments ont une façade en gouttereau, cette proportion est inversée à Châteauneuf-de-Chabre où ce sont les façades en pignon qui sont les plus nombreuses.
En fait cette dissymétrie tient surtout au caractère urbain plus ou moins marqué du territoire. En effet, lorsque les entrepôts agricoles sont installés en village ils sont plus de 80 % à avoir une façade en mur gouttereau. Cette disposition est imposée par l'intégration des bâtiments dans des îlots, la mitoyenneté se faisant par les murs pignons. La surreprésentation des façades en pignon à Châteauneuf-de-Chabre est aussi liée pour moitié à l'existence aux hameaux de Grange Neuve et du Plan de plusieurs bâtiments agricoles sans mitoyenneté et pour le reste aux petits « cabanons » dispersés dans la plaine agricole (quartiers du Moulin, de Touissane...).
Il faut remarquer que 70 % des bâtiments à façade en pignon sont dispersés et que les deux-tiers intègrent a minima l'association fonctionnelle resserre-remise. Ils correspondent pour beaucoup aux petits « cabanons » dispersés dans la plaine agricole. La surreprésentation des façades en pignon à Châteauneuf-de-Chabre est liée au fait que cette disposition concerne aussi les deux tiers de ceux agglomérés au Plan et à Grange Neuve. D'ailleurs, on note que, d'une manière générale qu'il existe une très forte corrélation (92 % des cas) entre ce type de façade en pignon et l'absence de mitoyenneté – y compris en village ou en écart.
FAÇADES MURS | Val Buëch-Méouge | V B-M. village | V B-M. hameau | V B-M. dispersé | Antonaves | Ant. village | Ant. hameau | Ant. dispersé | Châteauneuf- de-Chabre | Châ. village | Châ. hameau | Châ. dispersé | Ribiers | Rib. village | Rib. hameau | Rib. dispersé |
Mur gouttereau | 59 % | 85 % | 46 % | 38 % | 67 % | 79 % | / | 38 % | 38 % | / | 33 % | 42 % | 62 % | 88 % | 75 % | 36 % |
Mur pignon | 41 % | 15 % | 54 % | 62% | 33 % | 21 % | / | 62 % | 62 % | / | 67 % | 58 % | 38 % | 12 % | 25 % | 64 % |
Environ un tiers des entrepôts agricoles de Val Buëch-Méouge comportent un niveau, mais ils sont près de la moitié à Châteauneuf-de-Chabre. Les autres comportent deux ou trois niveaux, exceptionnellement quatre. Un tiers des bâtiments dispersés comptent deux niveaux, alors qu'ils sont plus de la moitié dans les villages. Les entrepôts à deux et trois niveaux se partagent équitablement dans les hameaux. Plus de la moitié des bâtiments dispersés et un quart de ceux regroupés en hameaux disposent d'un niveau unique. Mais dans ces hameaux, les trois quarts des entrepôts agricoles possèdent deux ou trois niveaux, proportion qui atteint 81 % en village. Un seul bâtiment agricole de quatre niveaux a été observé au bourg de Ribiers.
NIVEAUX | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Un | 34 % | 30 % | 48 % | 32 % |
Deux | 40 % | 33 % | 28 % | 46 % |
Trois | 26 % | 37 % | 24 % | 20 % |
Quatre | 1 % | 0 % | 0 % | 1 % |
NIVEAUX / LOCALISATION | En village | En hameau | Dispersé |
Un | 17 % | 23 % | 54 % |
Deux | 49 % | 38 % | 32 % |
Trois | 32 % | 39 % | 14 % |
Quatre | 2 % | 0 % | 0 % |
Structuration des étages
Du fait d'un relief marqué sur Antonaves, près des deux tiers des entrepôts agricoles possèdent un ou deux étages de soubassement. Sur Châteauneuf-de-Chabre, plus de la moitié comportent un étage de soubassement. A l'inverse à Ribiers, plus des trois quarts des bâtiments ne possèdent pas d'étage de soubassement. La disposition : rez-de-chaussée + 1 étage carré OU + 1 étage de comble regroupe 30 % du corpus de Val Buëch-Méouge (40 % sur Ribiers, mais seulement 24 % sur Châteauneuf et 11 % sur Antonaves). La seconde disposition est celle d'un unique rez-de-chaussée (26 % du corpus général, 30 % sur Ribiers, 22 % sur Antonaves et 19 % sur Châteauneuf).
ETAGES DE SOUBASSEMENT | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Un étage de soubassement | 31 % | 41 % | 57 % | 19 % |
Deux étages de soub. | 7 % | 22 % | 0 % | 4 % |
Trois étages de soub. | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Sans objet | 62 % | 37 % | 43 % | 77 % |
Organisation des fonctions par niveaux
Premier niveau
Dans les deux-tiers des cas le premier niveau des entrepôts agricoles de Val Buëch-Méouge accueille plusieurs fonctions qui, dans les petits bâtiments, sont regroupées dans une seule pièce : resserre au moment des récoltes, remise à outils agricoles voir ponctuellement étable ou logis. Dans les écarts et les villages, le premier niveau associe parfois étable et remise dans une seule grande pièce, la remise pouvant alors accueillir des petits véhicules agricoles.
A contrario, sur Antonaves un peu plus de la moitié des premiers niveaux sont uni-fonctionnels et très majoritairement destinés à accueillir une étable, notamment au village.
Que se soit dans en mono- ou en multi-fonctionnalité, c'est la remise agricole qui est partout la plus fréquente, remise à outil ou remise à véhicules. Vient ensuite la resserre, destinée au stockage – généralement ponctuel – des récoltes maraîchères ou fruitières, puis l'étable. L'existence d'un logement saisonnier a été repérée dans 13 % des bâtiments, avec une présence un peu plus fréquente sur Ribiers. Il s'agit exclusivement de bâtiments dispersés.
Plus rarement on trouve d'autres usages, toujours associés à au moins une des fonctions principales : étable à cochon, poulailler, séchoir. Un cellier vinaire associé à une cuve de fermentation maçonnée a été observée au bourg de Ribiers. La tradition orale a également permis de repérer une ancienne magnanerie au Bastidon (Châ.).
Enfin, une construction ruinée à usage unique de bergerie a été observée au quartier de Gloritte (Rib.). Très basse, avec une façade en pignon, elle constitue d'ailleurs le seul bâtiment agricole en pierre sèche repéré sur cette ancienne commune.
FONCTIONS DU 1er NIVEAU | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Niveau uni-fonctionnel | 34 % | 56 % | 24 % | 31 % |
Niveau multi-fonctionnel | 66 % | 44 % | 76 % | 69 % |
remise | 57 % | 22 % | 43 % | 72 % |
resserre | 49 % | 22 % | 43 % | 61 % |
étable | 39 % | 55 % | 33 % | 34 % |
logement | 12 % | 4 % | 10 % | 18 % |
cellier et cuvage | 1 % | 0 % | 0 % | 1 % |
Autres : poulailler, étable à cochon, séchoir, atelier... | 4 % | 4 % | 10 % | 2 % |
Cas des bâtiments à niveau unique
Il faut rappeler qu'un tiers des bâtiments agricoles de Val Buëch-Méouge comportent un unique niveau (30 % sur Antonaves, 32 % sur Ribiers et 48 % du Châteauneuf). Il est uni-fonctionnel dans seulement un quart des cas, proportion que l'on retrouve de façon très homogène sur les trois anciennes communes. Dans 90 % des cas, il est alors à usage de remise agricole destinées aux véhicules et machines, disposition qui comprend les trois hangars sur piliers repérés.
Mais les trois quarts des bâtiments sont multifonctionnels, l'association resserre-remise est prédominante. Ce simple binôme représente presque la moitié des occurrences – il correspond pour bonne part à de petits bâtiments dispersés, localement appelés « cabanons » – et plus des deux tiers lorsqu'il est associé à encore d'autres fonctions.
En revanche, une étable n'est présente que dans 20 % du corpus à niveau unique – presque jamais seule et pour les deux tiers en village ou écart.
Quant au logis saisonnier, il est encore un peu moins fréquent et reste toujours associé à au moins une resserre-remise.
FONCTIONS DU NIVEAU UNIQUE | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Niveau uni-fonctionnel | 24 % | 25 % | 27 % | 22 % |
Niveau multi-fonctionnel | 76 % | 75 % | 73 % | 78 % |
remise | 98 % | 100 % | 90 % | 100 % |
resserre | 68 % | 50 % | 73 % | 74 % |
étable | 20 % | 38 % | 14 % | 9 % |
logement | 17 % | 13 % | 10 % | 17 % |
Autres : poulailler, étable à cochon, séchoir, atelier... | 7 % | 8 % | 5 % | 0 % |
Deuxième niveau
Un deuxième niveau existe pour les deux tiers des entrepôts agricoles : second étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage carré ou étage de comble selon les cas. Il est dédié à une fonction unique 8 fois sur 10, voir encore plus sur Antonaves. Sinon il associe deux à trois fonctions.
Il est avant tout utilisé comme fenil, et/ou comme séchoir, ou éventuellement comme remise lorsqu'il est placé au-dessus d'un étage de soubassement. Un logement saisonnier existe dans 13 % des édifices, là encore presque tous dispersés (un seul au au bourg de Ribiers). Quelques exemples de pigeonniers ont également été observés à Châteauneuf-de-Chabre et Ribiers.
FONCTIONS DU 2ème NIVEAU | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Niveau uni-fonctionnel | 82 % | 90 % | 82 % | 77 % |
Niveau multi-fonctionnel | 18 % | 10 % | 18 % | 23 % |
fenil | 62 % | 79 % | 64 % | 58 % |
séchoir | 26 % | 5 % | 27 % | 33 % |
logement | 13 % | 11 % | 10 % | 15 % |
remise | 11 % | 16 % | 10 % | 10 % |
pigeonnier | 4 % | 0 % | 10 % | 4 % |
Troisième niveau
Un quart des bâtiments agricoles du corpus de Val Buëch-Méouge disposent d'un troisième niveau : étage carré ou étage de comble selon les cas. Il est dédié à une fonction unique pour 90 % du corpus communal (100 % à Antonaves), sinon il associe deux fonctions.
Il est avant tout utilisé comme fenil (plus des trois quarts des cas à Antonaves mais seulement un peu plus d'un tiers à Ribiers) et/ou comme séchoir. Plusieurs pigeonniers ont été observés.
FONCTIONS DU 3ème NIVEAU | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Niveau uni-fonctionnel | 90 % | 100 % | 80 % | 81 % |
Niveau multi-fonctionnel | 10 % | 0 % | 20 % | 19 % |
fenil | 52 % | 80 % | 40 % | 38 % |
séchoir | 26 % | 0 % | 20 % | 44 % |
pigeonnier | 26 % | 20 % | 60 % | 19 % |
Quatrième niveau
Un seul entrepôt agricole du bourg de Ribiers dispose d'un quatrième niveau, occupé par un séchoir.
Logis saisonniers et pigeonniers
Sur l'ensemble du corpus communal, tous étages confondus, la présence d'un logis saisonnier concerne 22% du corpus communal (30 % sur Ribiers, 14 % sur Châteauneuf, 11 % sur Antonaves). Les bâtiments concernés sont le plus souvent éloignés des zones d'habitat, même si on en trouve deux au bourg de Ribiers. Ce phénomène témoigne d'une limite floue entre bâtiment destiné à l'habitation et bâtiment destiné au stockage agricole, caractéristique qui peut parfois compliquer le distinguo entre maison et bâtiment agricole.
Quant aux pigeonniers, en prenant en compte tous les étages, ils sont présents dans 9 % des entrepôts agricoles (19 % sur Châteauneuf, 7 % sur Antonaves et Ribiers).
Accès, distribution et circulations
L'accès au bâtiment s'effectue grâce à une porte unique pour 60 % du corpus communal, mais seulement 48% à Antonaves. Cette porte est percée majoritairement dans le mur pignon, dans 50 % des cas à Ribiers à 70 % des cas à Châteauneuf-de-Chabre, sinon dans le mur gouttereau.
Dans le cas d'entrepôts possédant plusieurs portes d'accès percées sur une seule et même élévation (10 % du corpus communal, mais 20 % à Antonaves), celles-ci sont presque toujours percées sur le mur gouttereau.
Dans le cas de bâtiments possédant plusieurs portes percées sur des élévations différentes (30 % du corpus communal, mais seulement 20 % à Châteauneuf-de-Chabre), celles-ci aménagent le plus souvent un accès orthogonal (63 % des cas). Elles peuvent néanmoins être parfois affrontées en mur gouttereau (28 % des cas communaux, 38 % à Antonaves) ou en mur pignon (9 % des cas communaux, 25 % à Châteauneuf-de-Chabre).
La présence de baies fenières concerne plus d'un tiers du corpus communal et plus de la moitié à Antonaves. Elles sont percées en façade principale (48 % des cas communaux, 63 % à Ribiers), en façade arrière (44 % des cas communaux, 67 % à Antonaves) ou en façade latérale (12 % des cas, 33% à Châteauneuf-de-Chabre). Sur quelques bâtiments, deux façades distinctes accueillent chacune une baie fenière. Ces baies consistent en une porte haute sur près des deux-tiers des bâtiments de Val Buëch-Méouge, disposition qui concerne presque tous ceux de Châteauneuf-de-Chabre. Sinon il s'agit d'une porte basse. Sur quelques entrepôts, les deux sont parfois associées, et un exemple de deux portes superposées a été repéré au hameau de Grange Neuve (Châ.).
L'existence d'un escalier de distribution extérieur a été notée pour seulement 7 % des bâtiments, pour les deux-tiers installés en contexte aggloméré. De forme droite et construit en maçonnerie sur un massif ou sur une petite voûte – par exemple au hameau du Plan (Châ.) ou au quartier des Faysses (Rib.), il est le plus souvent adossé parallèlement à la façade et peut être prolongé par un palier filant comme au quartier du Virail (Rib.).
Escalier de distribution extérieur parallèle à la façade. Bâtiment au quartier du Virail (Ribiers).
Toit et couverture
Forme du toit
Sur la commune de Val Buëch-Méouge, presque tous les toits sont en pente douce. Seuls quatre ont été repérés à Ribiers avec une pente forte : deux au quartier du Pré Neuf – dont un avec un toit en pavillon – un au Pré Gris et un à l'Iscle. Ces derniers étaient couverts dès l'origine en tuile plate mécanique, matériau permettant une telle inclinaison.
Les toits les plus fréquents sont à longs pans – exceptionnellement asymétriques – sauf à Antonaves où les toits à un pan regroupent plus de la moitié des entrepôts agricoles. Un seul bâtiment au quartier du Moulin (Châ.) possède les deux formes. Quelques cas de croupe ont été observés à Ribiers, sur les deux types de toits.
TOITS | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Un pan | 37 % | 54 % | 28 % | 34 % |
dont un pan + croupe | 2 % | 0 % | 0 % | 4 % |
Longs pans | 62 % | 46 % | 72 % | 65 % |
dont longs pans + croupe | 3 % | 0 % | 0 % | 4 % |
Pavillon | 1 % | 0 % | 0 % | 1 % |
Charpente
L'observation de la charpente n'a été possible que pour 61 % du corpus communal.
Elle est à pannes dans 90 % des cas et les plus petits bâtiments peuvent n'avoir qu'une unique panne faîtière. Trois cas de charpente à chevrons ont été notés, au hameau de Grange Neuve (Châ.), au quartier du Villard (Châ.) et au bourg de Ribiers. Dans un cas, à Grange Neuve, elle est renforcée par une pile de fond bâtie en brique et béton. Cinq cas de charpente à fermes ont été relevés au quartier de Larbous (Châ.), au quartier de l'Iscle (Rib.), aux hameaux de La Combe et de Saint-Aubert (Rib.) et au village d'Antonaves. Il s'agit surtout de fermes à poinçons et arbalétriers.
Charpente à pannes. Bâtiment au quartier de Barbelle (Ribiers).
Charpente à pannes sur chevrons, et pilier de fond. Bâtiment au hameau de Grange Neuve (Châteauneuf-de-Chabre).
Avant-toit et saillie de rive
L'observation de ce critère n'a été possible pour 64 % des bâtiments repérés, soit à cause de la ruine de la toiture, soit à cause de sa réfection récente.
Un avant-toit constitué du simple débord des tuiles de couverture a été observé pour un peu moins d'un quart du corpus communal, mais à Antonaves il concerne un tiers des bâtiments. L'existence d'un avant-toit composé du débord des chevrons de couverture a été repérée dans des proportions similaires, bien que moindres. Mais ce sont les avant-toits en génoise qui sont les plus fréquents. A Antonaves, 40 % des bâtiments en possèdent un rang, et à Ribiers 45 % en possèdent deux rangs – voire trois rangs dans un unique cas. Sur l'ensemble de la commune, près de la moitié de ces génoises reçoivent un badigeon blanc au lait de chaux, et deux génoises peintes en jaune ont été notées à Ribiers, au quartier des Faysses et au Champ de la Dame.
Une saillie de rive a été observée sur un tiers des édifices de Val Buëch-Méouge. A Châteauneuf-de-Chabre, ce sont celles constituées du débord de la charpente qui sont les plus nombreuses, alors qu'ailleurs ce sont celles composées d'une génoise. Ainsi à Antonaves plus de la moitié des bâtiments ont une saillie de rive comportant un rang de génoise, alors qu'à Ribiers plus d'un tiers possèdent deux rangs de génoise en rive. Le passage de la génoise entre l'avant-toit et la saillie de rive, au niveau de la chaîne d'angle, est traité en éventail dans plus de la moitié des cas, sauf à Châteauneuf-de-Chabre où ce dispositif n'a pas été repéré.
Avant-toit constitué du débord des tuiles de couverture. Bâtiment au village d'Antonaves.
Avant-toit constitué du débord de la couverture (liteaux et tuiles). Bâtiment au quartier de Barbelle (Ribiers).
Avant-toit constitué de deux rangs de génoise. Bâtiment au quartier de la Guillonne (Ribiers).
Saillie de rive constituée de deux rangs de génoise. Bâtiment au quartier des Faysses (Ribiers).
AVANT-TOITS (corpus hors non significatif) | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Débord de lauzes | 0% | 0% | 0% | 0% |
Débord des tuiles | 22 % | 33 % | 27 % | 17 % |
Débords des chevrons | 18 % | 20 % | 27 % | 19 % |
1 rang de génoise | 23 % | 40 % | 19 % | 19 % |
2 rangs de génoise | 36 % | 7 % | 27 % | 45 % |
3 rangs de génoise | 1 % | 0% | 0% | 2 % |
SAILLIES DE RIVES (corpus hors non significatif) | ||||
Débord de lauzes | 0% | 0% | 0% | 0% |
Débord des tuiles | 17 % | 14 % | 50 % | 8 % |
En charpente | 17 % | 29 % | 12 % | 15 % |
1 rang de génoise | 44 % | 57 % | 38 % | 42 % |
2 rangs de génoise | 22 % | 0% | 0% | 35 % |
Couverture
La tuile creuse est le matériau de couverture traditionnel. Elle est généralement posée sur des chevrons de couverture taillés en quartons, mais quelques cas de tuiles posées sur un plancher de sous-toiture ont été observés, par exemple au quartier de Touissane (Châ.). Lorsque le dernier niveau est occupé par un pigeonnier, ce plancher de sous-toiture est remplacé par des éléments en terre cuite interdisant l'accès aux rongeurs. Il s'agit normalement de carreaux de terre cuite, mais sur un bâtiment du quartier des Faysses (Rib.) il s'agit d'environ 220 tegulae. Toutefois, la tuile creuse se rencontre actuellement sur moins d'un quart du corpus communal, et depuis le dernier quart 20e siècle elles sont désormais posées par dessus des plaques de fibro-ciment.
La tuile plate mécanique a été utilisée dès la construction des bâtiments installés à la fin du 19e siècle et au 20e siècle. Pour d'autres, elle remplace une ancienne couverture en tuile creuse. Plusieurs fabricants ont été relevés, certains relativement proches comme la tuilerie Reybaud à Eyguian (Hautes-Alpes) ou Giou & Reboulin à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), ou installés dans la périphérie marseillaise : Arnaud Etienne & Cie, Guichard Frères, Guichard & Carvin, Tuileries de la Méditerranée, etc.
La tôle (qui se rencontre sur près d'un quart des édifices de Châteauneuf-de-Chabre) semble être un matériau de substitution qui remplace la tuile creuse.
Enfin, on note qu'en 1835 « une bergerie couverte en gerbes de jonc » est mentionnée dans la vente du domaine agricole des Îles1. Toutefois, les couvertures végétales ont aujourd'hui totalement disparu.
Couverture en tuile creuse. Bâtiment au quartier de Barbelle (Ribiers).
Couverture en tuile creuse. Bâtiment au quartier de Touissanne (Châteauneuf-de-Chabre).
Couverture en tuile plate mécanique. Bâtiment situé en périphérie du bourg de Ribiers.
Tuile plate mécanique, fabricant : Usines Reybaud à Eyguians (Hautes-Alpes). Bâtiment au quartier des Faysses (Ribiers).
COUVERTURES | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
Tuile creuse | 45 % | 37 % | 53 % | 46 % |
Tuile plate mécanique | 14 % | 11 % | 14 % | 14 % |
Tôle | 11 % | 11 % | 24 % | 7 % |
Matériau moderne | 36 % | 48 % | 24 % | 35 % |
Décors extérieurs
Les décors de façade ne concernent que 11 % du corpus communal et ils se rencontrent notamment à Ribiers. Dans cette ancienne commune, 82 % des décors s'observent sur des bâtiments dispersés aux alentours du village, installés dans des anciennes vignes ou des jardins.
Il s'agit avant tout de décors peints, même si un faux appareil gravé a été repéré au village d'Antonaves. Le cas le plus fréquent associe un cadre de façade peint à des faux encadrements peints, et beaucoup plus rarement un faux appareil peint. Au Champ de la Dame (Rib.) un oculus en trompe-l’œil a été observé, et au Pré Neuf (Rib.) une frise peinte à motifs de grappes de raisins a également été repérée.
Décor d'oculus et de frise sous génoise ; date et initiales peintes : 1871 J B. Bâtiment au quartier du Champ de la Dame (Ribiers).
Décor peint de faux encadrement. Bâtiment au quartier de la Prairie (Ribiers).
Fenêtre de logis saisonnier, décor peint de faux encadrement. Bâtiment au quartier du Champ de la Dame (Ribiers).
Typologie
1 – ENTREPÔTS AGRICOLES UNI-FONCTIONNELS
1.1 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : fenil (0 % du corpus communal) → un ou deux niveaux ; fonction unique de fenil = 0 entrepôt repéré dont 0 sélectionné (0 %)
1.2 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : remise ou étable (8 % du corpus communal) → un ou deux niveaux ; fonction unique de remise ou d'étable = 10 repérés ; 3 sélectionnés (30 %)
2 – ENTREPÔTS AGRICOLES MULTI-FONCTIONNELS
2.1 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : fenil sur étable (11 % du corpus communal) → deux niveaux ou plus ; fonction double : étable + fenil = 14 repérés ; 5 sélectionnés (36 %)
2.2 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent avec fenil (34 % du corpus communal ) → deux niveaux ou plus ; fonctions multiples + fenil = 41 repérés ; 13 sélectionnés (32 %)
2.3 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent sans fenil (47 % du corpus communal) → un à plusieurs niveaux ; fonctions multiples + absence de fenil = 57 repérés ; 14 sélectionné (25 %)
Interprétation de la classification
Les données statistiques sur la commune de Val Buëch-Méouge montrent que seulement 8 % des entrepôts agricoles sont uni-fonctionnels, tous les autres associant au moins deux fonctions. D'autre part, il faut remarquer que plus de la moitié des bâtiments (55 %) excluent la fonction de fenil.
Les entrepôts agricoles uni-fonctionnel à vocation stricte de fenil (type 1.1) sont absents du corpus communal.
Les entrepôts agricoles uni-fonctionnel sans fenil (type 1.2) représentent 8 % du corpus communal (7 % sur Antonaves et Ribiers, 10 % sur Châteauneuf). Ils sont pour moitié dispersés, sinon regroupés en village ou écart, et ils accueillent tous une remise sauf à Gloritte (Ri.) où il s'agit d'une bergerie. Les trois hangars sur piliers intègrent aussi cette catégorie, ainsi que la moitié des remises ouvertes.
En outre, les entrepôts à fonctions multiples sans fenil ( type 2.3), regroupent presque la moitie du corpus communal (et cette proportion monte jusqu'à 57 % à Châteauneuf-de-Chabre). Ils abritent préférentiellement l'association resserre-remise (86 % des cas) éventuelle associée à une ou plusieurs autres fonctions, notamment un logement saisonnier (21 %) et/ou un pigeonnier (18 %). Pour plus de 93 % de ces bâtiments, il n'existe aucune mitoyenneté et d'ailleurs les trois quarts sont dispersés en dehors des agglomérations. Pour moitié, ils sont installés en terrain plat, c'est-à-dire dans le fond de la vallée, où il correspondent pour bonne part à de petits bâtiments dispersés, localement appelés « cabanons ».
Les entrepôts à fonctions multiples intégrant un fenil représentent malgré tout 45 % du corpus communal. Ils sont divisé en deux types.
Le type 2.1 correspond à l'association étable + fenil de type grange-étable. Il ne concerne que 11 % des entrepôts agricoles de la commune, seulement 7 % sur Ribiers mais cette part monte à presque un quart sur Antonaves. D'une manière générale, aucun édifice de ce type n'a été repéré en contexte isolé et tous sont agglomérés en hameau ou village. Ils sont tous mitoyens, et parfois sur trois côtés.
Le type 2.2 représente 34 % du corpus communal, mais seulement 19 % sur Châteauneuf. Plus d'un tiers comprennent plus de deux niveaux. Ils correspondent généralement au couple étable-fenil, auquel est associé une remise et un séchoir dans plus d'un tiers des cas, ou un logement saisonnier, un pigeonnier, etc. Sur 10 bâtiments agricoles de ce type, 8 sont agglomérés en village ou écarts, les autres étant dispersé. Malgré tout, l'absence de mitoyenneté a été observée dans un tiers des cas.
D'une manière générale, la disposition "fenil sur étable" facilite le nourrissage du bétail en stabulation pendant l'hiver, encore améliorée par l'aménagement fréquent de trappes d'abat-foin entre le fenil et l'étable.
TYPES | Val Buëch-Méouge | Antonaves | Châteauneuf-de-Chabre | Ribiers |
1.1 | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
1.2 | 8 % | 7 % | 10 % | 7 % |
2.1 | 11 % | 22 % | 14 % | 7 % |
2.2 | 34 % | 38 % | 19 % | 37 % |
2.3 | 47 % | 33 % | 57 % | 49 % |
TOTAL | 100 % | 100 % | 100 % | 100 % |