Données historiques
La position de cette maison au cœur de l'aile principale du château de Ribiers, avec sa façade orientale faisant partie intégrante de la fortification du bourg castral, suggère une origine médiévale sans ce que cela soit réellement conforté par l'observation des maçonneries actuelles.
Côté cour, la structure du bâtiment avec colombage sur galerie – remise à jour à la fin des années 1970 – indique une construction du début de l'époque Moderne. En effet, ce genre d'assemblage massif et fortement chevillé, « atteste une construction du XVIe-XVIIe siècle », dont on trouverait deux autres rares exemples à Serre et à Veynes (M.-P. Estienne et N. Nicolas, 1999).
[Ribiers, château, maison seigneuriale. Elévation ouest, premier niveau. Mise à jour de la galerie lors de travaux à la fin des années 1970].
Proposition de restitution de la façade originelle. Infographie A. Laurent.
1755 : terrier de Ribiers
En 1755, cette maison inclut notamment une « chambre attenante au château » (parcelle 908), propriété de « Monsieur le Marquis du Muy Seigneur & Comte de Ribiers ».
Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Détail du plan 7 : le château.
1793 : lotissement et vente des biens seigneuriaux
En octobre 1793, lors de la « division des biens provenant de l’émigrée Marie Thérèse Felix femme Créqui (…) cy devant comtesse dudit lieu », cette maison correspond aux lots n° 60 et 61 désignés comme « batiment qui dépend du cy-devant château ». Il est précisé que la construction confronte à l'est « la terrasse » – espace libre aménagé au pied oriental de la fortification – et à l'ouest « la basse cour ». D'une surface totale d'environ 75 m² chacun, ces lots sont estimés valoir l'un 630 livres et l'autre 600 livres. Les « murs, voutes de la cave, planchers et couverts sont en bon état ».
L'étage de soubassement est occupé par une grande « cave » voûtée, ce qui implique que l'acquéreur de chaque lot devra « faire construire a frais communs avec ses voisins des murs de separation pour diviser la cave totalle ».
Dans la partie sud de la maison, le rez-de-chaussée accueille « la cuisine » qui « se trouve fermée par deux portes double battants en bois noyer garnies de leurs pannes, gonds et serrure en bon état ». Éclairée par une fenêtre ouverte côté est, elle est équipée d'« un placard affiché dans une alcove en bois noyer a porte double par un second affiché même bois en bon état ».
L'étage est occupé par une « chambre » et l'étage de comble par des « galettas ».
Ces deux lots étant détachés du reste du château, il n'existe « aucun escalier qui communique de la cave au rez de chaussée la montant jusques au galletas » et « il sera indispensable que l’acquéreur de cette portion fasse construire un escalier s’il le juge a propos ». Enfin, « chaque acquéreur jouira du terrain qui sera vis-à-vis leur portion adjugée jusques au bord du Pré de l’Iscle ainsi que la faculté commune de l’espace de l’emplacement de la basse cour ».
1823 : cadastre de Ribiers
Dans le cadastre de 1823, le lotissement de 1793 est conservé puisque la maison est séparée en deux parcelles, l'une possédée par RIVAS Jean Laurens et hoirs (1823 E2 399, 60 m² d'emprise au sol), et l'autre partagée entre EYSSERIC Joseph et DUPUY Antoine (1823 E2 400, 65 m²).
20e siècle
La tradition orale rapporte qu'au début du 20e siècle, la grande salle de cette maison avait été aménagée avec des claies et des cloisons en bois pour accueillir les élevages de ver à soie.
Dans les années 1970, les intérieurs ont été entièrement modifiés et cloisonnés pour accueillir des gîtes, détruisant ou masquant les aménagements d'origine.
Description architecturale
Cette maison correspond à la partie centrale de l'aile orientale du château de Ribiers. Sa façade est compose une partie de la muraille fortifiée qui domine la plaine du Buëch, alors que sa façade ouest ferme le côté est de la basse cour du château. Elle comporte un étage de soubassement – occupé par une resserre ou cellier couvert par une voûte – un rez-de-chaussée, un étage et un étage de comble destinés au logis. Il est possible que la construction agricole installée en excroissance côté cour, à l'extrémité sud de la façade ouest, reprenne l'emplacement d'un escalier hors œuvre qui distribuait les étages.
Construite en maçonnerie de moellons calcaires et de galets, son élévation orientale est aveugle dans sa partie inférieure et doublée d'un puissant contrefort taluté. Au-dessus de ce renforcement, une grande baie partiellement murée pourrait correspondre à une ancienne croisée. Quant au dernier niveau de cette élévation, sa mise en œuvre indique qu'il s'agit d'un remplissage laissant bien visible le mur pignon, disposition qui témoigne que cette partie supérieure était probablement bâtie à l'origine en encorbellement sur pans de bois.
Sur la façade ouest, le premier niveau conserve la structure d'une galerie en bois soutenue par des poteaux moulurés. Les deux niveaux supérieurs sont construits en colombage à pan de bois.
Le toit à longs pans est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment. L'avant-toit est constitué de trois rangs de génoise côté est, de quatre rangs côté ouest.
Elévation est.
Elévation ouest.
Elévation ouest, premier niveau. Poteau de la galerie.
Elévation ouest, deuxième niveau. Détail de la structure porteuse.
L'excroissance agricole flanquant le passage couvert de la porte fortifiée : ancien escalier hors oeuvre ?