Dans la première moitié du 16e siècle, « le seigneur avait concédé et albergé aux habitants la grande place actuelle, qui portait alors le nom de place du Serre. La communauté la fit niveler et, sans en demander l'autorisation au seigneur, elle y fit amener les belles eaux qui en font aujourd'hui l'ornement ». Afin d'éviter de devoir détruire cette fontaine non-autorisée, la communauté propose à Aymar de Grolée, seigneur de Ribiers, « d'en conduire les écoulements jusque dans son château ou de lui payer une indemnité de cent florins ». Une fontaine fut alors installée dans la cour du château, alimentée par la surverse de celle de la place du Serre, servant entre autre à l'arrosage des prés et jardins situés en contrebas. Dans la foulée, la place du Serre « fut immédiatement complantée d'ormeaux, qu'on arrosait et qu'on protégeait soigneusement ; en 1580, ils étaient déjà forts beaux ». En 1594, des réparations étaient faites aux canalisations de la fontaine. En 1675, un lavoir public construit par M. Pellegrin pour un coût de 90 livres est inauguré sur la place de la Fontaine. (J. Roman, 1892)
Sur le plan du terrier de 1755-1758, la fontaine est figurée à son emplacement actuel, avec un plan octogonal (parcelle 1232) ponctué en son centre d'un buffet d'eau circulaire à six canons. Elle est raccordée à un bassin à l'est, mentionné comme « réservoir » mais qui pourrait correspondre au lavoir. Puis l'eau poursuit son cours par un canal dans la rue longeant l'église, avant de se séparer en deux tronçons qui descendent les deux côtés de la rue du Barry. La branche sud aboutit dans les jardins ; la branche nord se raccorde à un canal qui passe au pied oriental du château. Sur ce document, la place, simplement nommée « place publique du bourg de Ribiers », est représentée plantée d'une double rangée d'arbres sur tout son pourtour.
Sur le plan cadastral de 1823, cette fontaine est très sommairement indiquée, figurée avec un simple trait circulaire, tout à fait similaire au tracé de son actuel bassin. Si l'on se fie à cette forme, cela suggère que le bassin a été reconstruit entre la rédaction de ces deux plans. Au cours des années 1830 et 1840, l'alimentation de cette fontaine pose de plus en plus de problèmes. Les anciennes conduites en terre cuite sont défectueuses et l'eau à la fontaine est jugée de mauvaise qualité. Par ailleurs, les pierres du bassin, gélives, sont dégradées. Les premières démarches de réfection de la fontaine et de son alimentation débutent en novembre 1844. Un devis estimatif, établi par Tourtet, agent voyer cantonal de Serres, pour un montant de 5400 francs, est approuvé par le Conseil municipal en mars 1847. Il s'agit de reprendre les canalisations aux endroits où il est défectueux, le château d'eau près de la source et de refaire entièrement la fontaine, son bassin et un lavoir qui y était associé. "Le bassin aura 4 mètres de diamètre intérieur et 1 m de hauteur depuis le fonds du bassin jusqu'au dessus du tore".. les eaux du bassin doivent se déverser dans le lavoir par un tuyau de trop plein en fonde, raccordé ensuite aux tuyaux en poterie par un tuyau en plomb. Le lavoir aura extérieurement 6 m de long sur 3 m de large, les pierres formant le corps auront 0,60 de hauteur, la face extérieure sera perpendiculaire et la face intérieure sera inclinée de manière à ce que l'épaisseur supérieure soit de 0,15 et l'inférieure de 0,40." Il est indiqué que les pierres de taille seront prises à la carrière de Serre Châtillon sur le territoire de Ribiers ou, si elles ne sont pas de qualité suffisante, dans un carrière située jusqu'à 8 kilomètres de Ribiers.
En juillet 1847, Jean Felix Fournery "propriétaire fontainier patenté" de Montbrun-les-Bains est choisi. Les travaux, qui devaient être terminés en novembre 1847, ne sont reçus définitivement qu'en décembre 1848, et signés par l'entrepreneur en mai 1851. Les élus locaux rencontrent en effet des difficultés pour obtenir les derniers travaux et les modifications demandées du fait d'un coût visiblement sous-évalué. Ils sont alors contraints de faire intervenir un autre artisan pour terminer les travaux en 1848 et les derniers paiements interviennent en 1857. Le hangar protégeant le lavoir est construit en 1880-1881 afin de permettre aux lavandières de travailler "surtout dans les moments de pluie et pendant l'hiver, époque à laquelle elles sont exposées à toutes les rigueurs du froid de la neige et l'été à l'ardeur du soleil". Quatre piliers en fonte soutenaient une charpente à deux pans en bois de sapin, recouverte de tuiles plates "Saint-Henri" (fabrique de Marseille). A cette occasion, une petite borne fontaine est installée contre le bassin du lavoir.
Un demi siècle plus tard, il s'avère indispensable de reprendre les canalisations qui alimentent la fontaine communale. Les mêmes reproches sont faits : mauvaise qualité de l'eau, irrégularité du débit. Les tuyaux en terre sont remplacés par des canalisations en fonte. Après des plaintes présentées en Conseil municipal en août 1898, le devis des travaux est approuvé par la commune en février 1899 pour un montant de 22 000 francs. Il est également prévu de créer sept bornes-fontaines de la village le long du réseau d'eau. Les travaux sont adjugés à Aimé Conchy, entrepreneur à Sisteron en février 1900 et un procès-verbal provisoire de réception des travaux est établi en octobre 1900.
Le buffet d'eau semble plus récent que le bassin, et la date de 1851 qu'il porte pourrait indiquer la période de sa reconstruction. Enfin, le buste de Marianne est encore plus récent et date de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle.
Des cartes postales ou des photographies des années 1900 montrent le lavoir qui accompagnait cette fontaine. Celui-ci, légèrement disjoint à l'est, s'intercalait entre la fontaine et le platane encore debout. Le bassin de lavage, orienté est-ouest, disposait d'un large buffet d'eau côté ouest, qui alimentait sur son autre face un bassin de fontaine rectangulaire. Le lavoir était abrité par un hangar sur ossature métallique, avec un toit à longs pans et croupes couvert en tuile plate mécanique. Il a été construit en 1880-1881 afin de permettre aux lavandières de travailler "surtout dans les moments de pluie et pendant l'hiver, époque à laquelle elles sont exposées à toutes les rigueurs du froid de la neige et l'été à l'ardeur du soleil". Quatre piliers en fonte soutenaient une charpente à deux pans en bois de sapin, recouverte de tuiles plates "Saint-Henri" (fabrique de Marseille). A cette occasion, une petite borne fontaine est installée contre le bassin du lavoir. A cette époque, l'ensemble de la place est encore plantée de platanes ; ceux du côté nord seront rapidement remplacés par des mûriers.
Le lavoir est déplacé dans les années 1932-1935, à l'occasion de la création du réseau d'eau potable et d'assainissement du village. la petite borne-fontaine qui le flanquait depuis 1880 a été conservée près de la grande fontaine afin de faciliter l'accès à l'eau de celle-ci. Le lavoir est alors installé sur une parcelle communale, le long du réseau d'adduction d'eau provenant de la source de Riousset (actuellement cadastrée E, n°1384). Détruit dans les années 1960, son emplacement est aujourd'hui intégré à la cour de l'école élémentaire. Des travaux de réfection de la chaussée effectués au niveau de cet ancien lavoir au milieu des années 2010 ont mis au jour un pavement en grand appareil de pierre de taille brochée. Plusieurs blocs présentent une rigole en surface et d'autres sont percés d'une canalisation en terre cuite. Ces blocs ont été déposés et conservés pour un usage futur.
Jean Félix Fournery a réalisé plusieurs fontaines et réseaux d'adduction dans le sud de la Drôme et des Hautes-Alpes. En 1841, à Montbrun-les-Bains (fontaine du Beffroi) et en 1848 à Ribiers (fontaine de la Place).