Historique
La partie amont du canal d'arrosage est figurée sur le plan cadastral de 1824. La prise d'eau sur le Buëch se situe alors un peu en aval de l'actuel pont de Laragne, et il se termine au niveau de l'actuel Quartier de l'Ecole. Ce canal alimente également un moulin, néanmoins mentionné comme « ruiné ».
Les délibérations communales de la première moitié du 18e siècle montrent que l'entretien de ce canal, notamment après les pluies d'orage, est réalisé par les habitants, soit par des journées de prestation, soit en travaux d'utilité communale réservés « à la classe pauvre ».
En 1856, un projet d'extension de ce canal est discuté, devant s'étendre originellement sur Antonaves et jusqu'à Ribiers. « Le canal, une fois bien organisé, fera la richesse de la commune et de chaque intéressé en particulier, ainsi que l'espèrent tous les propriétaires qui le désirent depuis longtemps ». Il est prévu « que la chute du canal soit fixée entre les propriétés en culture de vigne […] touchant la rive gauche de Méouge », et que « une partie de la chute d'eau du canal pendant la saison des irrigations soit dirigée sur le quartier appelé le Pied du Plan qui est très éloigné du canal et fait perdre beaucoup de temps aux propriétaires de ce quartier ».
L'abbé Allard précise qu'un décret impérial de mai 1858 donne l'autorisation pour la construction du prolongement du canal, sur 3,2 kilomètres, permettant ainsi l'irrigation de 120 hectares. En 1862, le prolongement du canal est terminé.
Localisation sur la carte IGN.
En 1873, la « Commission syndicale du canal d'arrosage » tente d'améliorer la gestion de l'ouvrage, car « le canal fonctionne tout à fait mal par suite de l'inobservation du règlement d'eau dans la partie en amont et par le manque d'un garde canal qui puisse dresser des procès verbaux contre les délinquants, comme aussi par l'usage démesuré que font de l'eau les propriétaires des Iles ». Il est donc décidé que « l'entretien du canal, le repurgement et la prise d'eau sera donnée à l'avenir par adjudication à un entrepreneur qui sera sur le prix de l'adjudication d'avoir un garde canal assermenté après l'autorisation préfectorale ».
Par ailleurs, il n'est plus possible de « supporter à l'avenir que les Iles prennent l'eau du canal autorisé de la Plaine » et « une deuxième prise d'eau [sera] faite au Buëch pour leur usage [des Iles] sans aucune communication avec le canal autorisé par décret destiné à la Plaine ».
Modernisé dans le milieu des années 1950, le canal d'arrosage, appelé « Grand Canal », est resté en activité jusqu'aux début des années 1990, date à partir de laquelle il a été remplacé par un système de canalisations enterrées permettant l'aspersion.
Passage du canal d'arrosage au quartier de Touissane. Vue prise du sud.
Description
Ce canal d'irrigation est aménagé sur une longueur d'environ 5 kilomètres, du Pont de Laragne jusqu'à la Méouge.
Installé au pied de la rupture de pente entre le versant et la plaine du Buëch, son tracé est encore bien visible aujourd'hui. Il est constitué d'une large rigole creusée, soutenue côté plaine par une forte levée de terre. Les dérivations nécessaires à l'arrosage des parcelles riveraine sont aménagées en béton, avec des martelières manuelles métalliques.
Passage du canal d'arrosage au quartier de la Vignasse. Vue prise du nord. Petite vanne, au quartier de la Vignasse.
Le franchissement des ravins se fait en souterrain. Ainsi, au quartier de la ferme Abel, le franchissement du torrent du Dévez se fait par une longue galerie courbe, couverte par une voûte en berceau plein-cintre, en béton coffré. Les extrémités de cette galerie sont encadrées en arc plein-cintre, en pierre de taille calcaire à claveaux extradossés.
Encadrement de l'ouverture de la galerie, quartier d'Abel. Passage du canal dans la galerie, quartier d'Abel.
Les chemins agricoles franchissent ce canal sur des petits ponceaux en béton.
Passage du canal d'arrosage sous un ponceau agricole, au quartier de l'Ecole.