Dossier d’œuvre architecture IA05000157 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fortification d'agglomération de Mont-Dauphin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Guillestre - Guillestre
  • Commune Mont-Dauphin
  • Dénominations
    fortification d'agglomération
  • Précision dénomination
    fortification d'agglomération de Mont-Dauphin
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    ouvrage extérieur, fossé, ouvrage d'entrée, édifice logistique, souterrain, réduit, demi-lune, casemate

I. HISTORIQUE.

Cf place forte

II. DESCRIPTION

1. Le front d'Eygliers

Vue générale prise du nord-est. A gauche, les gorges du Guil et le plateau de Guillestre.Vue générale prise du nord-est. A gauche, les gorges du Guil et le plateau de Guillestre. Vue de l'agglomération et du front d'Eygliers pris du sud-est.Vue de l'agglomération et du front d'Eygliers pris du sud-est.

Barrant le plateau et implanté à la crête topographique, ce front, à l'évidence front d'attaque, est constitué d'un couronné à deux fronts bastionnés identiques, faisant entre eux un angle saillant de 115°, dont la capitale est orientée sud-ouest-nord-est, vers le village d'Eygliers.

L'ensemble construit entre 1693 et 1700 sur un projet tracé par Vauban et réalisé de son vivant, est tout à fait conforme à son premier système: bastion central (n° 2) parfaitement symétrique, à orillons circulaires et flancs concaves, bastions de gauche (3) et de droite (1) asymétriques et s'appuyant aux escarpements de la Durance au nord, et du Guil à l'est. Longueur entre saillants de bastion : 232 m pour une moyenne, dans les différentes places contemporaines, variant de 300 à 350 m.

Vue générale de la place prise du nord-est. Au premier plan, le village d'Eygliers. Au deuxième plan, vue rasante du front d'Eygliers.Vue générale de la place prise du nord-est. Au premier plan, le village d'Eygliers. Au deuxième plan, vue rasante du front d'Eygliers. Vue aérienne prise de l'est-est-nord. Le front d'Eygliers, vu de l'avant droite, avec ses dehors.Vue aérienne prise de l'est-est-nord. Le front d'Eygliers, vu de l'avant droite, avec ses dehors.

Escarpe attachée et revêtue de 12 m de haut avec cordon de magistrale en boudin, contrescarpe de 5 m de haut avec chemin couvert à traverses et places d'armes rentrantes. Il semble que le mur antérieur du parapet, au-dessus du cordon, ait été supprimé et remplacé par un talus. Fossé de 18 m de large (16, 40 par endroits). Les places d'armes rentrantes sont desservies depuis le fossé par des pas-de-souris à deux escaliers à volée droite, dont le palier inférieur est à 1,75 m environ au-dessus du fossé, (avec échelle mobile en bois, sans doute, à l'origine) pour en éviter l'utilisation trop facile par un assaillant. Chemin couvert du type courant, à traverses.

Corps de place. Front 2-3 pris du haut du bastion 2. A gauche, porte de Briançon et pont d'accès. A droite, gorge de la lunette 43. Au fond, flanc droit du bastion 3.Corps de place. Front 2-3 pris du haut du bastion 2. A gauche, porte de Briançon et pont d'accès. A droite, gorge de la lunette 43. Au fond, flanc droit du bastion 3. Corps de place. Bastion n° 2, face et flanc gauche vus du pont de la porte de Briançon. A gauche, gorge de la demi-lune 43, fossé, contrescarpe et chemin couvert avec pas-de-souris. Au fond, dans la contrescarpe, poterne d'entrée du souterrain de la lunette 64.Corps de place. Bastion n° 2, face et flanc gauche vus du pont de la porte de Briançon. A gauche, gorge de la demi-lune 43, fossé, contrescarpe et chemin couvert avec pas-de-souris. Au fond, dans la contrescarpe, poterne d'entrée du souterrain de la lunette 64. Vue rapprochée de la place d'armes rentrante à droite de la demi-lune 43 prise du pont de la porte de Briançon. (Remarquer le pas-de-souris d'accès depuis le fossé). A gauche mur de gorge de la demi-lune.Vue rapprochée de la place d'armes rentrante à droite de la demi-lune 43 prise du pont de la porte de Briançon. (Remarquer le pas-de-souris d'accès depuis le fossé). A gauche mur de gorge de la demi-lune.

Chacun des fronts comporte une demi-lune pentagonale (à gauche 43, à droite 42) desservie, à la gorge, depuis le fossé par deux escaliers divergents à volée courbe ménagés dans l'épaisseur d'une portion concave du mur de gorge. Ces demi-lunes sont également à escarpe revêtue et cordon en boudin, avec crête du parapet plus basse que celle de la courtine du corps de place, comme il convient.

La demi-lune 43, couvrant la porte de Briançon, comporte, dans la face droite, l'avant-porte correspondante, à passage à ciel ouvert encadré de deux piliers avec pilastres flanqués, reposant par l'intermédiaire d'un boudin sur un soubassement taluté (talutage parallèle au fruit du parement de l'escarpe) en pierre de taille. Les piliers, également en pierre de taille bien appareillée à joints pleins, sont surmontés d'un chapiteau toscan portant une tablette amortie en pointe de diamant.

La demi-lune 43. Vue arrière droite prise du haut du bastion 2.La demi-lune 43. Vue arrière droite prise du haut du bastion 2. Demi-lune 43. Avant porte de Briançon, vue extérieure.Demi-lune 43. Avant porte de Briançon, vue extérieure.

Les piliers, verticaux, font saillie sur le parement fruité de l'escarpe et comportent une feuillure destinée à recevoir le tablier d'un pont-levis à bascule en dessous en bois, dont la fosse paraît avoir été comblée, et la descente latérale condamnée.

Ce pont-levis est précédé d'un pont dormant à deux arches en plein-cintre en pierre, à voussoirs rayonnants passants un sur deux.

Les murs de tympan comportent une corniche en larmier et sont surmontés d'une tablette en pierre de taille dans lesquelles sont scellés les montants d'un garde-corps en fer forgé, à deux barres horizontales.

L'extrémité de ce pont, qui reçoit la travée du pont-levis, a ses arêtes verticales profilées en quart de cylindre également en pierre de taille.

Comme dans la plupart des places, ce pont a été reconstruit en pierre vers 1770, en remplacement du pont en bois primitif.

La route d'accès traverse le glacis, puis le rempart de la demi-lune en tranchées à parois maçonnées dessinant en élévation le profil de la fortification : ces parois sont couronnées de tablettes en dalles de pierre. En outre, derrière l'avant-porte, les parois du passage comportent, chacune, un pilastre saillant avec une glissière verticale permettant la mise en place de madriers destinés à condamner la trouée de la porte en cas de siège (disposition analogue à la porte haute de la communication Y, à Briançon).

Dans la demi-lune, présence d'un corps de garde (voir plus loin § « bâtiments »).

La demi-lune 42 ne couvrant pas une porte de la place n'est desservie que par les pas-de-souris de gorge, situés en vis à vis d'une poterne traversant la courtine 1-2. Elle est, par contre, couverte par un ouvrage dit « contregarde 63 » (voir plus loin, § « dehors »).

On notera l'absence de tenailles figurant sur le projet de Vauban de 1700, mais non réalisées sans doute par économie, s'agissant d'un élément facultatif du front bastionné (il n'en existe pas à Longwy, à Saint-Martin-de-Ré). Les tenailles actuelles, massifs à terre coulante combinés avec une double caponnière (1-2) ou une demi-caponnière (front 2-3) n'ont été établies qu'au XIXe siècle.

A noter également, au revers des orillons des bastions, en fond de fossé, des poternes - murées - correspondant aux escaliers à vis habituellement construits dans les orillons pour descendre des bastions dans le fossé. Il semblerait qu'à la suite d'un changement de parti les escaliers aient été supprimés (aucune trace du débouché supérieur n'est visible), ce qui expliquerait l'occultation des poternes. (Les « escaliers en escargots» des orillons figurent encore sur le plan de l'atlas de 1775).

A gauche, le fossé est fermé, avec les escarpements de la Durance, par le mur crénelé 37, au droit du saillant du bastion 3 et, à droite, par le mur crénelé 34, au-dessus des escarpements du Guil, mur qui assure la continuité de la ligne de défense entre l'escarpe du saillant 26 et de la contregarde 44.

Demi-lune 43. Vue intérieure de l'avant-porte de Briançon. Dans le mur de gauche du passage, feuillure pour blindage éventuel. Au premier plan, à gauche, extrémité du corps de garde.Demi-lune 43. Vue intérieure de l'avant-porte de Briançon. Dans le mur de gauche du passage, feuillure pour blindage éventuel. Au premier plan, à gauche, extrémité du corps de garde. Front d'Eygliers. Vue prise du haut de la face droite du bastion 2. A gauche, contregarde 63 et, derrière, la demi-lune 42. Au premier plan, chemin couvert et, dans le fossé, l'aqueduc de la conduite de la source de Loubatière.Front d'Eygliers. Vue prise du haut de la face droite du bastion 2. A gauche, contregarde 63 et, derrière, la demi-lune 42. Au premier plan, chemin couvert et, dans le fossé, l'aqueduc de la conduite de la source de Loubatière. Mur crénelé 34 (extrémité droite du fossé du front d'Eygliers).Mur crénelé 34 (extrémité droite du fossé du front d'Eygliers).

La maçonnerie courante des murailles est de qualité variable : celle d'origine, constituée de cailloux roulés, a donné rapidement des mécomptes (effondrement de la face gauche de la demi-lune 42 en 1697) en raison du manque d'adhérence des pierres rondes entre elles : il en subsiste cependant des éléments, en particulier du bastion 1. A la suite d'une intervention de Vauban, on utilisera ensuite les mêmes cailloux mais retaillés, ainsi que des moellons parfois assez soigneusement appareillés (courtine 2-3). Les chaînes d'angle sont construites en pierres de taille harpées, les tablettes, cordons de magistrale et, en général, les pierres « nobles» sont en calcaire dur rose, dit « marbre de Guillestre », provenant d'une carrière, aujourd'hui fermée, sise près d'Eygliers.

Porte de Briançon et pavillon D

Corps de place. Courtine 2-3 et porte de Briançon vus depuis une place d'armes du chemin couvert. A droite, flanc droit de la demi-lune 43.Corps de place. Courtine 2-3 et porte de Briançon vus depuis une place d'armes du chemin couvert. A droite, flanc droit de la demi-lune 43. La porte de Briançon vue depuis la demi-lune 43.La porte de Briançon vue depuis la demi-lune 43.

Accès principal de la place, elle s'ouvre au milieu de la courtine 2-3. Elle est desservie par un grand pont dormant à six arches en plein-cintre, venant de la demi-lune 43, et recevant, à son extrémité, la travée du pont-levis. Ce pont a été reconstruit en pierre en même temps que celui de l'avant-porte, et lui est identique point par point (voir plus haut). Porte de Briançon. Façade extérieure. Ensemble.Porte de Briançon. Façade extérieure. Ensemble.

La baie, en anse de panier (largeur du passage libre: 2,90 m) s'ouvre en fond d'une feuillure rectangulaire en hauteur, divisée en deux par un bandeau, et surmontée d'un tympan avec tableau rectangulaire saillant destiné vraisemblablement à être sculpté, mais resté vierge. (La partie basse, sous le bandeau, servant de logement au pont-levis relevé). Cette feuillure est en retrait d'une façade verticale, également rectangulaire, constituée de deux montants appareillés à bossages continus en table portant une plate-bande à claveaux rayonnants. En saillie sur cette façade, deux pilastres toscans portent un entablement surmonté d'un fronton triangulaire encadré d'une corniche moulurée et à tympan nu.

L'ensemble, vertical, fait saillie sur le parement fruité de l'escarpe, dont le cordon correspond à peu près au sommet de la baie; le tout repose, par l'intermédiaire d'un cordon en boudin, sur un soubassement taluté parallèle à l'inclinaison du parement de l'escarpe.

Dans ce soubassement s'ouvre une poterne piétonnière permettant, en venant de la fosse de la bascule, de sortir en fond de fossé.

La baie donne accès à un passage voûté en plein-cintre renforcé de trois arcs doubleaux qui déterminent quatre tronçons :

- le premier correspond à la porte proprement dite, à deux vantaux pivotants en bois à cloutage extérieur (contre l'attaque à la hache) très serré, avec têtes de clous forgées à la main en pointe de diamant. Le vantail de droite comporte un portillon à piétons à trois verrous.

Porte de Briançon. Vue intérieure du passage d'entrée prise vers l'extérieur. Au-dessus, extrémité des palis des orgues.Porte de Briançon. Vue intérieure du passage d'entrée prise vers l'extérieur. Au-dessus, extrémité des palis des orgues. Porte de Briançon. Détail du cloutage d'un vantail.Porte de Briançon. Détail du cloutage d'un vantail.

Ce tronçon correspond également, au-dessous, à la cage de la bascule du pont-levis, du type à bascule en dessous et dont le tablier a été reconstruit en charpente métallique à la Tripier, vraisemblablement entre 1880 et 1914. La cage est recouverte d'un plancher en madriers, masquant la partie arrière du pont et qui constitue le sol du passage. Dans le mur de droite, porte (fermée) correspondant à un ancien accès à la fosse de la bascule.

En arrière, le premier arc doubleau est coupé en deux, verticalement, par la glissière de passage des orgues abritées, au-dessus, dans un petit bâtiment spécial situé juste derrière la façade. Ces orgues et le treuil de manœuvre ont été reconstitués récemment, et les extrémités des palis relevés font saillie en plafond hors de leur passage. Porte de Briançon. Bâtiment des orgues. Vue intérieure.Porte de Briançon. Bâtiment des orgues. Vue intérieure.

Le quatrième tronçon du passage est à voûte plate et correspond à une seconde porte dont les vantaux manquent, mais dont les gonds sont visibles derrière le troisième arc doubleau.

En ce point, le passage débouche dans un grand vestibule à trois vaisseaux identiques voûtés d'arêtes, en trois files de deux travées, dont celles du centre prolongent le passage, et celles de chaque côté constituent une sorte de déambulatoire pour le personnel de garde et où s'effectuait le contrôle des individus entrant dans la place. Les arcs doubleaux, en plein-cintre, des travées, s'appuient latéralement sur des piliers engagés, et au centre, sur quatre piliers, dont deux intérieurs cruciformes, et deux en façade à noyau carré flanqué de quatre pilastres (comme ceux d'angle de sortie du passage).

Porte de Briançon. Vue intérieure : à gauche vestibule intérieur. A droite passage d'entrée.Porte de Briançon. Vue intérieure : à gauche vestibule intérieur. A droite passage d'entrée. La rue Catinat, vue d'enfilade prise de l'intérieur du passage de la porte de Briançon.La rue Catinat, vue d'enfilade prise de l'intérieur du passage de la porte de Briançon.

Tous les piliers comportent un soubassement et, à la naissance des arcs, un bandeau. Le bandeau des piliers engagés se prolonge tout autour des parois de ce vestibule.

Les arêtes des voûtes sont à voussoirs en V, convergeant sur une clef cruciforme.

Les trois vaisseaux du vestibule s'ouvrent dans la façade arrière du bâtiment (sur la place Vauban) par trois arcades en plein-cintre à voussoirs rayonnants extradossés en gradins retombant sur deux piliers intermédiaires appareillés en tables à bossage et deux montants d'extrémités harpés. Le pavillon D (porte de Briançon) vu dans l'axe de la rue Catinat.Le pavillon D (porte de Briançon) vu dans l'axe de la rue Catinat.

Le reste du bâtiment est constitué :

- Au rez-de-chaussée, de part et d'autre du vestibule, à gauche d'une grande pièce (ancien corps de garde des soldats) à cheminée monumentale et à plafond sur poutres, à droite, d'une petite pièce (à l'origine, corps de garde de l'officier) séparée par un refend de deux autres pièces (anciennes prisons) accessibles en pignon.

(On rappellera que le rez-de-chaussée est en partie engagé dans le massif du rempart et ne prend jour, de ce fait, qu'à l'arrière, sur la place Vauban).

Du vestibule, dans le mur de fond du vaisseau de droite, une porte donne accès à une galerie avec escalier descendant, parallèlement au passage central, à la fosse de la bascule du pont-levis.

- Au premier étage, de pièces d'habitation constituant ou ayant constitué des appartements séparés par deux refends transversaux. Cet étage, doté de cheminées appuyées au pignon de gauche ou au deuxième refend à partir de la gauche, a changé plusieurs fois de distribution et d'affectation (logement du major, du commandant de la place, mess, bureaux etc.).

Le niveau étant de plain-pied avec le terre-plein du rempart prend jour, par sept fenêtres, sur la place Vauban, et par deux portes - accès normaux des locaux – et quatre fenêtres sur le rempart. Ces baies sont protégées à gauche par un auvent sur poteaux de bois, où débouche le grand escalier couvert montant de la place Vauban, le long du pignon ouest. Sous cet escalier, petit local aménagé en W.C. publics pour les touristes.

Au-dessus, desservis par un bel escalier à rampe de bois sur balustres rampants en bois, de vastes combles ont été, après 1870, aménagés en pigeonnier militaire. Au centre et à l'aplomb du milieu de la façade sud-ouest, une tourelle carrée, aérée sur les quatre faces par des baies en demi-lune et couverte d'une toiture à quatre pans surmontée d'une girouette, abrite une horloge dont les contrepoids descendent dans les locaux du premier étage. L'horloge souhaitée par Vauban n'a été posée qu'en 1821 et a été remplacée deux fois depuis, dont la dernière vers 1930. La tourelle est encadrée de deux lucarnes à fronton pignon.

Porte de Briançon. Pavillon D. Façade nord du premier étage prise du terre-plein haut de la courtine.Porte de Briançon. Pavillon D. Façade nord du premier étage prise du terre-plein haut de la courtine. Porte de Briançon. Pavillon D. Combles. Vue de la charpente et de l'escalier d'accès.Porte de Briançon. Pavillon D. Combles. Vue de la charpente et de l'escalier d'accès.

Toujours au niveau des combles, une belle charpente - d'origine - porte la toiture à quatre pans couverte en ardoises.

Comme autres singularités extérieures, on notera :

- les bandeaux en pierre de taille soulignant la séparation entre rez-de-chaussée et premier étage, et entre premier étage et combles

- la corniche, également en pierre de taille et profilée en doucine

- les chaînes harpées soulignant un corps central en très légère saillie sur la façade sud, et les chaînes d'angle également harpées.

L'ensemble du bâtiment - porte et locaux annexes - a été longtemps désigné sous le nom de pavillon D regroupant dans le même volume simple, la porte de ville et des annexes voûtées à l'épreuve et des locaux non à l'épreuve. Il s'agit là, pratiquement, d'une des multiples applications d'un plan type non pas créé par Vauban, mais mis au point par lui à partir de formules préexistantes et répandu dans de nombreuses places (Maubeuge, Longwy, Neuf-Brisach, La Rochelle, Briançon, Valenciennes, etc.) à quelques variantes près.

La façade antérieure de la porte - autre élément spécifique - présente une quasi similitude avec celle de la porte de Pignerol à Briançon, et celle de la porte de Fort Barraux, relevant toutes trois de la direction des fortifications du Dauphiné (confiée à Richerand, puis Langrune) et sensiblement contemporaines (1690-1710). Même remarque pour le système de pont-levis, à bascule en dessous dans les trois cas : ces points confirment l'existence de style et de procédés particuliers à chaque direction régionale, tout en restant dans le strict respect des normes de la fortification de l'époque.

Autres particularités du front d'Eygliers

Courtine 1-2 : poterne traversant le massif du rempart en milieu de la courtine pour desservir la demi-lune 42 en passant par le fond du fossé (poterne 28 du plan).

Bastion 2 : Vauban avait prévu en 1700 de construire dans le bastion un groupe de trois grandes casemates accolées (à l'instar de celles du bastion 4 de la citadelle de Lille). Les casemates ne furent pas construites, le bastion resta creux, et le seul abri réalisé est une petite casemate de 3 x 4 m (n" 33) logée sous la banquette du saillant. On notera, devant la face droite, l'aqueduc à deux arches traversant le fossé et le rempart pour amener les eaux de la source de Loubatière dans la place.

Casemate du bastion 2.Casemate du bastion 2. Front d'Eygliers. Vue d'enfilade du fossé du front 1-2 pris de la contregarde 44. Au premier plan, à gauche, saillant du bastion 1. Au deuxième plan, à droite, flanc de la demi-lune 42. Au fond, flanc droit du bastion n° 2.Front d'Eygliers. Vue d'enfilade du fossé du front 1-2 pris de la contregarde 44. Au premier plan, à gauche, saillant du bastion 1. Au deuxième plan, à droite, flanc de la demi-lune 42. Au fond, flanc droit du bastion n° 2.

Bastion 1 : au sommet de l'arête de l'angle flanqué, on trouve une échauguette hexagonale en tuf, reposant sur un cul-de-lampe mouluré. Le corps est divisé en deux par un bandeau formant ceinture : en dessous, la partie inférieure est constituée de quatre lits de pierre de taille à joints creux avec à la base, une corniche en larmier couronnant le cul-de-lampe ; au-dessus, la partie supérieure comporte une petite meurtrière au milieu de cinq des côtés et, à l'arrière, la porte d'accès. Le tout est couronné d'une coupole en pierre à six pans et corniche, en tuffeau, avec ressaut à mi-hauteur et, au sommet, une petite embase cylindrique où devait être fixée la traditionnelle fleur de lys en plomb doré aujourd'hui disparue. Bastion 1, vue rapprochée de l'échauguette du saillant prise sur le côté.Bastion 1, vue rapprochée de l'échauguette du saillant prise sur le côté.

Cette échauguette est l'une des deux seules subsistant sur les remparts. Telle qu'elle est située actuellement, avec la base du cul-de-lampe de niveau avec le cordon de magistrale couronnant l'escarpe, cette échauguette semble placée trop haut : normalement, c'est la corniche supérieure du cul-de-lampe qui devrait être dans l'alignement du cordon.

Mais, à l'origine, le cordon devait être surmonté d'un mur vertical d'environ 1 m de haut, soutenant le parapet, et dans lequel venait s'intégrer l'échauguette. Ce mur a été démoli par la suite et remplacé par le talus antérieur du parapet abaissé, laissant l'échauguette dans une situation apparemment anormale.

Bastion 3 : dans le bastion, ancienne glacière (n° 32), enterrée après coup dans le terre-plein (sauf l'entrée encadrée de deux murs en aile). Il s'agit d'une casemate circulaire voûtée en coupole sphérique de 7, 60 m de diamètre et 4,20 m de haut sous clef. A signaler une niche dans la paroi, à 120° environ à gauche de l'entrée.

Bastion 3. Casemate de l'ancienne glacière. Façade.Bastion 3. Casemate de l'ancienne glacière. Façade. Bastion 3. Casemate de l'ancienne glacière. Vue intérieure.Bastion 3. Casemate de l'ancienne glacière. Vue intérieure.

2. Front du Guil

Le bastion n° 1, extrémité droite du front d'Eygliers, comporte un flanc et une face gauche et une face droite plus courte. Le fossé du corps de place l'enveloppe jusqu'au milieu de la face droite puis effectue un retour de 90° à droite, derrière la contregarde 44, avant de déboucher dans le vide, au droit de l'escarpement des gorges du Guil : la trouée est fermée, en fond de fossé, par un batardeau à six créneaux de fusillade sous arcs de décharge dénommé «mur crénelé 37» assurant la continuité entre la contregarde 44 et le saillant 26. Front du Guil pris du plateau de Guillestre, à l'est.Front du Guil pris du plateau de Guillestre, à l'est.

Le front du Guil commence en ce point et s'étend jusqu'au saillant 20 sur 290 m environ. La muraille, dépourvue de fossé, est donc visible sur toute sa hauteur depuis le plateau de Guillestre.

L'escarpe de ce front part, perpendiculairement, de la face droite du bastion 1 à laquelle elle s'appuie, effectue un retour à 90° au saillant 26 et à partir de là, couronne la falaise selon un tracé à peu près tenaillé à angles très ouverts.

Dans le flanc gauche du saillant 26 s'ouvre, en fond de fossé, une grosse poterne (n° 36) en plein-cintre donnant accès au fossé à partir d'une cour fermée, en arrière, par l'escarpe du corps de place, et, à l'ouest, par celle de la face droite du bastion 1.

Saillant 26 et poterne 36, à l'extrémité droite du fossé du front d'Eygliers. A droite, face droite du bastion n° 1, le tout vu de la contregarde 44.Saillant 26 et poterne 36, à l'extrémité droite du fossé du front d'Eygliers. A droite, face droite du bastion n° 1, le tout vu de la contregarde 44.

Au fond de cette cour s'ouvre une seconde porte, débouché d'un passage couvert, voûté venant de l'intérieur de la place.

Le mur fermant la cour est percé de deux créneaux de fusillade tirant dans le fossé du corps de place.

La cour elle-même est battue:

- en tir fichant par une série de créneaux de fusillade, à plongée très accusée, percés dans le parapet de la face droite du bastion 1, qui domine largement le saillant 26

- à hauteur d'homme, par les créneaux d'une galerie de fusillade greffée sur le passage couvert sous la face droite du bastion 1.

Les éléments les plus significatifs de ce front consistent en :

- La batterie 85, construite en 1880, sorte de cavalier rectiligne dont l'épaulement en terre, type 1874, est orienté au sud-est, face à l'extrémité ouest du plateau de Guillestre et nord des hauteurs de Risoul, obliquement par rapport à l'orientation générale du front. Front du Guil. Batterie est (85). Epaulement des pièces et traverses au-dessus des casemates remises, vus de l'arrière.Front du Guil. Batterie est (85). Epaulement des pièces et traverses au-dessus des casemates remises, vus de l'arrière.

Cette batterie, dite « batterie est », a ses positions de pièces établies au-dessus d'un groupe de deux casemates-remises séparées par une gaine voûtée. Ces casemates à voûte surbaissée s'ouvrent dans une façade en pierre de taille orientée au nord-ouest. Les baies dont dotées d'un entourage à montants harpés et arcature à voussoirs rayonnants extradossés en gradins. La gaine centrale en plein-cintre conduit à la batterie 25, en avant et en contrebas, batterie basse bordant l'escarpe et orientée vers le plateau de Guillestre.

- Au saillant 25, échauguette polygonale, à peu près identique à celle du bastion n° 1 mais sans couverture et à ciel ouvert, qui vient d'être restaurée tout récemment.

- Enfin, sur le parcours de la gaine de la batterie 85 est greffée, à gauche, une galerie avec escalier descendant au pied de la muraille du flanc gauche du saillant 25 pour permettre une sortie de patrouille sur la berme couronnant l'escarpement naturel (poterne 30).

- Le front du Guil vu de la contregarde 44.Le front du Guil vu de la contregarde 44.A son extrémité sud, la muraille du rempart dessine un rentrant et vient se raccorder à angle droit à la face gauche du front d'Embrun.

3. Le front d'Embrun

Le projet de Vauban de 1700 prévoyait, de ce côté, un ensemble de quatre petits fronts bastionnés à bastionnets à flancs courts, précédé, à mi-pente par un ouvrage à cornes. Une route en lacets devait monter de la vallée, traverser l'ouvrage à cornes en milieu de courtine et pénétrer dans la place par le flanc gauche d'un demi-bastion. Il n'était pas prévu de fossé devant ces deux lignes de défense, sauf devant la porte de ville. Vue aérienne prise du sud-est. Le front d'Embrun.Vue aérienne prise du sud-est. Le front d'Embrun.

Assez rapidement après le passage de Vauban, et au fur et à mesure du renouvellement des ingénieurs, l'ouvrage à cornes va disparaître des projets annuels comme celui de Guillestre - et ne sera finalement jamais entrepris, sauf, bizarrement, son corps de garde (n° 75) construit du vivant même de Vauban.

Le corps de place va ainsi rester fermé de manière précaire (muraille provisoire, retranchement ?) pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle. Ce n'est qu'en 1751 que Bourcet conçut le tracé actuel, qui fut considéré comme bon pour l'exécution en 1755, et les mesures préparatoires du chantier prises simultanément.

On constate qu'en 1760 les travaux étaient en cours, mais les casemates prévues pour être adossées à la muraille (futures casemates K ou caserne Rochambeau) furent très longues à construire, en raison du manque de crédits lié à la guerre de sept ans et à ses séquelles, puis à la guerre d'indépendance américaine. Les voûtes en sont commencées en 1774, et les casemates de la face gauche du saillant 20 construites mais des désordres apparaissent. En 1781, les voûtes de l'ensemble étaient achevées, mais la poussée des voûtes concentrée sur le pan coupé saillant à la jonction des deuxième et troisième corps de bâtiments, des fissures étaient apparues, provoquant des infiltrations d'eau et laissant prévoir des risques d'effondrement. Le capitaine Frémond eut alors l'idée de proposer la construction d'un arc-boutant pour soutenir le pan coupé incriminé: ce fut fait en 1783 et 84 avec le résultat attendu, mais ce ne fut qu'entre 1819 et 1823 que les casemates reçurent la toiture portée par la fameuse charpente à la Philibert Delorme établie par le capitaine Massillon et qui constitue un des points d'intérêt de la place: le problème des infiltrations se trouvait du même coup résolu.

Il y a lieu de noter que :

- Le nouveau tracé de ce front est établi légèrement en retrait de celui envisagé à l'origine, à plan régulier à deux bastions seulement, avec des flancs plus développés. De plus la porte d'Embrun est placée en milieu de courtine, et non pas dans le flanc d'un bastion comme proposé antérieurement.

- Les « casemates K » sont, en fait, le regroupement en un seul bâtiment de plusieurs groupes de casemates-logements figurant, en divers points de l'enceinte, dans les projets du milieu du XVIIIe siècle (dont celui d'Heuriance de 1748) compte tenu de ce que les casernes « vieilles» et « neuves» n'étaient pas à l'épreuve.

- C'est à l'achèvement de ce front, entre 1784 et 87, que Rouget de Lisle alors lieutenant en second du génie fut employé : un plan du dépôt des fortifications (Vincennes - art. 8) porte sa signature, ainsi que plusieurs attachements.

Extérieurement, le front d'Embrun se compose de deux demi-bastions (210 m entre saillants) complété à gauche par le redan 20, à pan coupé, où vient se raccorder le front du Guil.

L'escarpe, très bien construite en moellons, s'appuie sur un soubassement. Le parement comporte un fruit jusqu'au bandeau constituant le cordon de magistrale, lui-même surmonté d'un petit mur à bahut vertical formant parapet. Front d'Embrun. Vue générale prise du sommet du bastion de droite. A droite, demi-lune 41. Au deuxième plan, demi-bastion de gauche et toiture de la caserne Rochambeau. En arrière et à gauche, toitures de l'écurie J et de la caserne Binot.Front d'Embrun. Vue générale prise du sommet du bastion de droite. A droite, demi-lune 41. Au deuxième plan, demi-bastion de gauche et toiture de la caserne Rochambeau. En arrière et à gauche, toitures de l'écurie J et de la caserne Binot.

Le tout représente une hauteur de 15 m environ sous toiture.

Le front comporte une petite demi-lune (41) (en fait un ravelin) commencée, mais non terminée, précédant la porte d'Embrun à laquelle elle devait être reliée par un pont dormant. Mais le chantier fut interrompu, le fossé ne fut pas creusé devant le demi-front de droite, le pont ne fut pas réalisé et resta à l'état d'amorce visible, à la gorge de la demi-lune. Cette dernière fut arrêtée, en élévation, un peu au-dessus du niveau du sol du passage, et seules les bases des piliers de l'avant-porte et les corbeaux destinés à recevoir le pont-levis furent construits.

A la gorge de l'ouvrage, sous l'amorce du pont dormant, une poterne donne accès à un abri voûté en cul-de-four. De là, une galerie suit la moitié gauche du front de gorge, tirant à revers dans le fossé par trois créneaux, et, en bout, dessine un retour à 180°, qui, par un escalier d'une vingtaine de marches, débouche à air libre sur le terre-plein intérieur de l'ouvrage.

Porte d'Embrun

S'ouvrant au milieu de la courtine du front, elle constitue la porte de secours, seconde entrée de la place, reliée à l'environnement par une route en lacets, tardivement aménagée et ayant nécessité, par la suite, des remises en état périodiques dues à sa pente et aux passages délicats qu'elle traverse. Front d'Embrun. Vue générale prise des abords de la demi-lune 41, au premier plan à droite.Front d'Embrun. Vue générale prise des abords de la demi-lune 41, au premier plan à droite.

Prévue dans le projet de Vauban de 1700 elle avait fait l'objet de projets assez somptueux, vers 1745-50 (Bourcet, Heuriance) avant d'être réalisée assez simplement vers 1784-86, complétée dans la première moitié du XIXe siècle et portée, alors, à son état actuel.

La porte est constituée d'un court passage courbe, voûté en plein-cintre, partant d'un mur prolongeant en pan coupé la façade des casemates C, à l'extrémité inférieure de la rue Rouget de Lisle, mur soutenant le terrain de la plantation.

La baie intérieure, en plein-cintre, encadrée de deux chasse-roues, est entourée d'un encadrement en pierre de taille en gros appareil, avec arc à voussoirs rayonnants surmonté d'un œil-de-bœuf A côté, dans le mur, niche abri pour la sentinelle contrôlant les sorties.

La baie extérieure, plus basse, est identique, sans œil-de-bœuf. Au XIXe siècle, on perça la courtine de part et d'autre du sommet de l'arc pour installer, à l'intérieur, le mécanisme d'un pont-levis à contrepoids variable « à la Poncelet »1, inventé en 1822 et répandu, à de nombreux exemplaires, dans les ouvrages construits par la monarchie de juillet et même après 1870.

Porte d'Embrun.Porte d'Embrun. Porte d'Embrun. Vue intérieure du passage et mécanisme du pont-levis.Porte d'Embrun. Vue intérieure du passage et mécanisme du pont-levis.

Les chaînes lourdes, à masselottes, constituant les contrepoids sont encore en place, oxydées et en état médiocre, dans les placards en bois disposés en retrait, derrière les montants de la baie. Les chaînes de traction, encore présentes, traversent l'escarpe par des passages rectangulaires et reposent sur des poulies en fonte émergeant partiellement du parement. Le tablier de la travée levante est en charpente métallique et platelage en bois. La porte proprement dite est à deux vantaux pivotants dont celui de gauche est encore en place et l'autre dégondé gît au sol dans les casemates C.

On note dans le piédroit de gauche du passage le départ d'une galerie piétonne voûtée débouchant, par une poterne, dans le haha de 10 x 4 m précédant la baie extérieure. Ce haha fut établi au XIXe siècle, en même temps que le pont mobile, pour doter la porte d'un minimum de sécurité, après l'abandon après 1815 du creusement du fossé général du front et de la construction du grand pont devant la relier à la demi-lune 41.

Le front de la Durance

Constituant deux côtés de l'hexagone dessiné par la place, il court du saillant 13 (angle flanqué du demi-bastion de droite du front d'Embrun) au saillant du bastion 3 aile droite du front d'Eygliers.

Couronnant des falaises ruiniformes, ce front n'a pas de fossé et n'est constitué que par une escarpe de hauteur variable, complètement vue en élévation, surmontée sur la plus grande partie de son développement par un simple mur à bahut, constituant le parapet.

Vue oblique du front de la Durance, à gauche. Vue aérienne prise du sud-ouest.Vue oblique du front de la Durance, à gauche. Vue aérienne prise du sud-ouest.En plan, ce front est formé d'alignements droits comportant quelques brisures ou décrochements permettant un flanquement minimal depuis la crête. On trouve une poterne voûtée (n° 31) passant sous le rempart derrière la poudrière P et desservant les dehors de la berme de pied d'enceinte et la contregarde 104.

Les dehors

Les ouvrages avancés se concentrent essentiellement, en toute logique, devant le front d'Eygliers qui, de toute évidence, constitue le front d'attaque probable. Ailleurs (front de la Durance) on ne trouve guère que des protubérances basses, sans grand intérêt.

Sur le front d'Eygliers, on trouve, de gauche à droite, l'ouvrage 65-103, sorte d'ouvrage à cornes irrégulier bordé, à gauche, par les escarpements de la Durance, donnant des feux frontaux sur le plateau au nord-est et de flanquement, à droite, vers la lunette 64. Entièrement à escarpe revêtue, il enveloppe le bastion 3 et une partie de la lunette 43, sa gorge étant constituée par la contrescarpe du corps de place.

Face droite de l'ouvrage 65.Face droite de l'ouvrage 65. Front de la Durance. Coupure 104. Pont-levis vu de face.Front de la Durance. Coupure 104. Pont-levis vu de face.

Entrée par un portail à linteau en arc segmentaire, très simple, ménagé dans le flanc retiré de droite du demi-bastion 65, à l'extrémité du chemin couvert de la face droite de la demi-lune 43.

Le demi-bastion de gauche (103) est couvert par la contregarde 68, elle-même défilée au nord-est par le masque - ou contregarde - 104. Le tout est enveloppé par un fossé à contrescarpe à terre coulante avec chemin couvert.

Il existe un second cheminement d'accès défilé, par la poterne 31, la berme de pied du front du Guil, le pont de la coupure 67 et le pont-levis de la coupure 46, ce dernier organisé pour s'opposer, en se relevant, à un adversaire utilisant précisément ce cheminement pour atteindre, à revers, la contregarde 104. Front de la Durance. Coupure 104 et pont-levis, vue prise du côté droit, dans l'axe du haha.Front de la Durance. Coupure 104 et pont-levis, vue prise du côté droit, dans l'axe du haha.

La lunette 64

Située sur la capitale du bastion (2) central du front d'Eygliers à 113 m de la contrescarpe, sa genèse est assez longue et complexe.

Dans son projet de 1700, Vauban prévoyait, en avant du front d'Eygliers, trois redoutes carrées disposées en diagonale avec fossé et chemin couvert, pour constituer une première ligne de défense avancée. En 1708, l'ingénieur Tardif, faute de fonds (on était en pleine guerre de succession d'Espagne et Tardif, directeur des fortifications du Dauphiné, était, en fait, le « sapeur» du maréchal de Berwick) ne put réaliser que l'avant chemin couvert. C'est entre 1728 et 1731 (en même temps que la construction des forts de Briançon) que fut construite la lunette 64, premier de deux ouvrages prévus dans les projets pour remplacer les trois redoutes de Vauban, non réalisées.

Selon les procédés de l'époque, la lunette 64 est reliée au chemin couvert de la place par une double caponnière.

Le projet, presque idéal, de 1748 prévoyait alors, d'arrière en avant :

- des contregardes devant les bastions et les demi-lunes du corps de place

- un chemin couvert

- deux lunettes (64 et 65) séparées par la contregarde 67 et épaulées par des contregardes à droite et à gauche

- un avant-chemin couvert continu, constituant la première ligne de défense.

En outre, un système complet de contremines était prévu sous l'avant-glacis ainsi que sous le glacis du corps de place.

Mais, faute de fonds, les choses n'avaient pratiquement pas bougé quand d'Arçon vint inspecter la place en 1791 et proposa de transformer la lunette 64 en lunette selon son système (c'est-à-dire avec réduit de sûreté, casemates à feux de revers et liaison souterraine avec la place) et de construire deux autres lunettes « à la d'Arçon », ceci contre l'avis de Vallier-Lapeyrouse, directeur local des fortifications.

Les travaux de transformation commencèrent dès 1792 mais traînèrent en longueur et ne furent achevés qu'en 1801, pour la seule lunette 64 (les deux autres ne furent pas construites) puis complétés par des amorces de contremines et la suppression de la double caponnière.

La lunette, à deux faces et deux petits flancs, est fermée à la gorge par un mur non terrassé brisé en dehors dont les deux branches convergent sur le réduit de sûreté, conforme au plan type. De part et d'autre de celui-ci, un portillon à vantail de tôle donne accès à l'intérieur de la demi-lune, où se trouve, en capitale, l'abri-traverse casematé à façade arrière et deux sorties de chaque côté, sur le rempart.

Lunette 64. Vue rapprochée du réduit.Lunette 64. Vue rapprochée du réduit. Lunette 64. Vue du réduit prise dans l'alignement du mur de gorge.Lunette 64. Vue du réduit prise dans l'alignement du mur de gorge.

Une galerie souterraine rectiligne, partant de la contrescarpe, dessert le sous-sol du réduit, d'où un escalier monte à l'étage de combat. Un peu plus loin, sous la traverse centrale, le ciel de la galerie est échancré par la cage d'un escalier en pierre, à volée droite, accessible, à la base, par une seconde volée en bois basculante, montée sur tourillons : cette disposition permet d'établir ou d'interrompre à volonté, en faisant basculer la volée mobile, les communications entre le fossé du corps de place et l'intérieur de la lunette, en particulier en cas de repli de la garnison.

Le réduit vu depuis l'intérieur de la traverse casematée.Le réduit vu depuis l'intérieur de la traverse casematée. Lunette 64. Réduit, vue intérieure de l'étage de combat.Lunette 64. Réduit, vue intérieure de l'étage de combat.

La galerie continue jusqu'aux « casemates à feux de revers» (en fait un coffre double de contrescarpe) et se prolonge, ensuite, sous le glacis, en galerie de contremine. Quatre autres tronçons de galeries de contremine se greffent sur la communication principale, deux divergeant en vis à vis un peu avant le coffre de contrescarpe, un à l'entrée et le quatrième partant obliquement à droite du sous-sol du réduit.

A part les amorces de contremines, liées au cas particulier du terrain, toutes les dispositions sont conformes au plan type conçu par d'Arçon, et auxquelles il suffira de se référer.

L'ouvrage est soigneusement construit en bonne maçonnerie de moellons (gorge et contrescarpe) et de pierre de taille de gros appareil (faces et flancs) avec tablette de couronnement en dalles soigneusement dressées. La casemate à feux de revers et le réduit sont en pierres de gros appareil très soigneusement dressées, tant en élévation qu'en sous-sol. La muraille du réduit est surmontée de modillons en quart-de-rond portant une corniche de même, sur laquelle s'appuie la base d'une toiture conique en ardoises recouvrant l'extrados des voûtes de l'étage de combat.

Le tout, en « marbre» de Guillestre (en fait d'Eygliers) a une coloration rose plus ou moins foncée d'une pierre à l'autre, donnant une impression générale très agréable, agrémentée d'effets de polychromie.

Lunette 64. Saillant. Casemates à feux de revers vues depuis le fond du fossé.Lunette 64. Saillant. Casemates à feux de revers vues depuis le fond du fossé. Lunette 64. Vue intérieure d'une casemate à feux de revers.Lunette 64. Vue intérieure d'une casemate à feux de revers. Lunette 64. Casemate à feux de revers. Vue intérieure de la cage d'escalier. A gauche, en bas, débouché de la galerie d'accès.Lunette 64. Casemate à feux de revers. Vue intérieure de la cage d'escalier. A gauche, en bas, débouché de la galerie d'accès.

Restauré récemment, cet ouvrage, bien que n'étant pas d'origine « à la d'Arçon », mais transformé « à la d'Arçon» plus d'un demi-siècle après sa construction, est le mieux conservé et le plus représentatif des huit exemplaires réalisés à Metz, Landau, Besançon (Touzey, Trois Chatels, Chaudanne) Perpignan et Montdauphin (les trois premières rasées, les quatre suivantes en mauvais état voire estropiées). On n'évoquera que pour mémoire les dizaines d'ouvrages prévus, dans toutes les places par Michaud d'Arçon lors de sa grande tournée et où, pressentant le rôle des futurs forts détachés, il pensait résoudre tous les problèmes avec un seul plan type.

Contregarde 63

Vue rapprochée du saillant de la contregarde 63. Au deuxième plan, échauguette du bastion 1.Vue rapprochée du saillant de la contregarde 63. Au deuxième plan, échauguette du bastion 1.

Plus « lunette» ou « flèche» que contregarde, adossée au fossé du corps de place, sur la capitale de la lunette 42, elle couvre cette dernière et en prolonge l'action.

Elle comporte des flancs retirés dominant, de chaque côté, un abaissement du chemin couvert général. L'accès se fait par un pas-de-souris depuis le fossé général.

La principale originalité de cet ouvrage réside dans son fossé, à contrescarpe en pierre sèche et remblai artificiel sur la face droite et dont la profondeur est réduite, sur chaque flanc, pour se raccorder, en arrière, au fossé général, avec un ressaut interdisant la libre circulation d'un fossé à l'autre.

Contregarde 44

Seule réalisée des contregardes systématiquement prévues dans les projets du XVIIIe siècle, elle couvre le bastion n° 1. Elle comporte un décrochement, à gauche, correspondant au prolongement avec la contregarde 46, projetée, mais non réalisée. Fossé à contrescarpe à terre coulante devant la face gauche seulement ; la face droite est entièrement vue en élévation du plateau de Guillestre. L'aile gauche est traversée par une poterne (56) reliant le fossé général de la place à celui de la contregarde et permettant, du même coup, de sortir sur les glacis près de la contregarde 63.

Sur le front d'Embrun :

Corps de garde 73

Ensemble constituant, sur la rampe d'Embrun, une défense avancée de la porte. Implanté sur un point de passage obligé des escarpements, il regroupe :

- un corps de garde crénelé, à deux niveaux, casematé encastré dans la falaise le long de la rampe

- un réduit crénelé, sorte de tambour, où la rampe pénètre par un portail à pont-levis, ménagé dans la face droite. Le pont-levis, du type à bascule en dessous, avait sa bascule s'effaçant dans une fosse (aujourd'hui comblée lors de la dernière réfection de la rampe) attenant au sous-sol du corps de garde ci-dessus.

Corps de garde de la Roche (73). Vue extérieure de la porte et du réduit.Corps de garde de la Roche (73). Vue extérieure de la porte et du réduit. Corps de garde de la Roche (73). Réduit. Vue intérieure prise de l'arrière.Corps de garde de la Roche (73). Réduit. Vue intérieure prise de l'arrière.

Dans la face gauche, une porte couverte d'un arc segmentaire donne accès à un chemin en pente douce, bordé d'un mur à bahut, conduisant, le long de l'escarpement, à la batterie 72 dite du « colifichet». Cette batterie avancée, très en contrebas du plateau, est ainsi beaucoup mieux placée que l'enceinte pour agir sur les routes passant au pied de la place.

Front de la Durance

On notera, au pied de l'escarpe du corps de place, quelques protubérances aménagées, comme la position du mirador, la batterie du balai (avec petit abri casematé) flanquant le front, et le petit retranchement crénelé avec poterne datée 1856, couronnant une pente constituant une zone d'infiltrations possibles près de l'ouvrage 103. Front de la Durance. Mur crénelé du retranchement bas.Front de la Durance. Mur crénelé du retranchement bas.

Ces divers ouvrages ne donnent pas lieu à des remarques plus approfondies.

Corps de garde 43

Situé dans la demi-lune 43 (dont il porte le numéro) il assurait la surveillance de l'avant porte de Briançon. Conforme au plan type de Vauban, répandu à de nombreux exemplaires dans les places (Briançon, Saint-Martin-de-Ré, Phalsbourg etc.) il comporte (en regardant la façade) :

- à droite, le corps de garde des soldats, occupant les deux-tiers de l'édifice avec une porte entre deux fenêtres

- à gauche, en façade, le corps de garde de l'officier et derrière, la prison, avec, en façade, une porte et une fenêtre.

Corps de garde de la demi-lune 43.Corps de garde de la demi-lune 43.Les deux groupes de locaux sont séparés par un refend transversal portant les cheminées disposées dos à dos.

La façade est précédée par un portique en bois à quatre arcades sur poteaux de bois et arcs (aisseliers) surbaissés et poinçon pendant sculpté en bouton carré.

Toiture à quatre pans (deux longs pans et deux croupes) dont émerge, en faîte, la robuste souche de la cheminée, ceinturée de deux bandeaux superposés.

Corps de garde 75

Ce corps de garde avait été prévu par Vauban dans le projet de 1700, comme organe de sécurité de l'ouvrage à cornes d'Embrun, ouvrage avancé du corps de place. L'ouvrage ne fut pas construit, mais le corps de garde, effectivement réalisé très tôt, en constitue le seul témoin.

Il est situé, en avant du fort d'Embrun, à 110 m du demi-bastion de gauche - donc en dehors de l'enceinte et dans une boucle de la « rampe» d'Embrun. Ainsi placé, il n'avait guère d'utilité d'autant qu'il est couvert, en avant et plus bas, par le corps de garde défensif 73.

Front d'Embrun. Corps de garde extérieur 75.Front d'Embrun. Corps de garde extérieur 75.C'est un bâtiment identique au corps de garde 43, mais sans portique (non réalisé ou disparu) et avec disposition des locaux inversée.

Corps de garde défensif73

Pour mémoire (voir plus haut « front d'Embrun »).

Bâtiment I

Situé tout près de l'arsenal, derrière le front de la Durance, il avait été un des tous premiers bâtiments construits, comme manutention, pour l'alimentation des troupes employées à la construction de la place. Il est ensuite utilisé comme forge de l'artillerie, puis logement de l'ingénieur en chef de la place (1775) et enfin comme cure. Il a été détruit le 22 juin 1940 par l'explosion des munitions entreposées dans l'aile ouest (a) de l'arsenal : on n'en a pas trouvé de représentation.

1Ce système est conçu vers 1820 par le général mathématicien Jean Victor Poncelet. Le contrepoids des chaînes agissant sur le tablier est formé d'un chapelet de lourds maillons qui descend dans une fosse à mesure que le tablier se relève. La manœuvre est facile dans un espace restreint. Ce système est un des plus répandus entre 1875 et 1914.

En 1700, Vauban propose de doter le front d'Eygliers de deux redoutes avancées. Ce front est achevé avant 1707. En 1717, le front d'Embrun est fermé, les murailles des fronts nord-ouest et sud-est presque achevées. L'enceinte est encore inachevée. Sous l'égide des généraux Larerye et Legier du Plan est édifiée la lunette 64 sur la capitale du bastion central du front d'Eygliers, principal ouvrage d'avance. Durant la première moitié du 18e siècle, divers projets furent réalisés par des ingénieurs tels que Larerye, d'Heuriance et Bourcet. En 1791, le général d'Arçon propose de transformer la lunette 64 en un schéma-type de son invention que l'on a dénommé la lunette d'Arçon. De 1815 à 1860 sont construits des ouvrages complémentaires, telles que des contregardes et les batteries du Balai et du Colifichet. Vers 1878, la batterie dite de l'escarpement et la batterie est sont édifiées. Ultérieurement, d'autres épaulements d'artillerie furent construits au dehors du corps de place.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Le Prestre de Vauban Sébastien
      Le Prestre de Vauban Sébastien

      Ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Nommé maréchal de France par Louis XIV. Expert en poliorcétique (c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte), il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes.

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    • Auteur :
      Legier du Plan
      Legier du Plan

      Ingénieur du Génie. Collabore au chantier du fort Sainte-Marguerite et à celui de la forteresse de Montdauphin. Auteur du projet du bastion de la Marine à Antibes construit en 1768-1770.

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    • Auteur :
      d'Heuriance Jean-Louis
      d'Heuriance Jean-Louis

      Ingénieur ordinaire en 1723, affecté à Grenoble. - Lieutenant réformé en 1726, à Briançon en 1732. - Campagnes d'Italie de 1733 à 1735. - A Fort-Barraux en 1737. - Capitaine réformé au Régiment d'infanterie de Normandie et ingénieur en chef à Embrun en 1741. - Mort en activité. - Auteur d'un mémoire manuscrit sur le Dauphiné dans la collection géographique du marquis de Paulmy. Source : Data.bnf.fr

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    • Auteur :
      Bourcet Pierre-Joseph
      Bourcet Pierre-Joseph

      Pierre-Joseph Bourcet ou de Bourcet est né en 1700 à Usseaux et mort en 1780 à Grenoble. Frère aîné de Jean-Baptiste Bourcet de la Saigne.

      Lieutenant-général, tacticien et ingénieur militaire. Il intègre en 1729 le Corps des ingénieurs du Génie. Nommé Directeur général des fortifications du Dauphiné le 1er janvier 1756. Commissaire principal du roi pour le règlement des limites sur les frontières du Dauphiné, de la Provence et de la Bourgogne.

      Auteur en 1748 des Cartes des Frontières Est de la France pour la zone concernant le comté de Nice.

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    • Auteur :
      Le Michaud d'Arçon Jean-Claude-Eléonore
      Le Michaud d'Arçon Jean-Claude-Eléonore

      Général Français spécialisé dans les fortification. A dirigé plusieurs campagnes de réalisation de cartes militaires, dont celle qui, en 1777-178, avait pour but d'achever la couverture entreprise en Provence par Bourcet de La Saigne entre 1764 et 1769.

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L'enceinte est constituée du front d'Eygliers au nord-est, du front du Guil au sud-est, du front d'Embrun au sud-ouest et du front de la Durance à l'ouest. Le front d'Eygliers a deux fronts bastionnés identiques et asymétriques. Les escarpes sont précédées de fossés. La maçonnerie des murailles est constituée de moellons et de pierre de taille aux chaînes d'angle. Chaque front comporte une demi-lune pentagonale. L'une d'elles couvre la porte de Briançon. Celle-ci est précédée par un pont de pierre, un passage voûté en plein-cintre et un bâtiment rectangulaire à deux niveaux et à étage de comble, couvert d'un toit à quatre pans en ardoises. Le front du Guil, également bastionné, comporte des batteries. Le front d'Embrun, bastionné, précède des casemates, couvre la porte d'Embrun, court passage voûté en plein-cintre. Le front de la Durance est constitué de murailles couronnant des falaises. La lunette 64, située sur la capitale du bastion central du front d'Eygliers, est formée d'un réduit de sûreté à toiture conique en ardoise, de casemates à feu de revers et liaison souterraine avec la place. Sur le même front se trouvent des contregardes. Des corps de garde sont situés sur les fronts d'Embrun et de la Durance.

  • Murs
    • pierre moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique
  • Typologies
    lunette à la d'Arçon
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents figurés

  • Plan de Montdauphin. / Dessin, par De la Reyrie [de Larerye], 1723 Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 1, Pièce 26.

  • Plan de Montdauphin pour 1732. / Dessin, par De la Reyrie [de Larerye]. Service historique de la Défense, Vincennes, Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 1, Pièce 35.

  • Plan de Montdauphin. / Dessin, par d'Heuriance, 25 octobre 1748. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 1, Pièce 49.

  • Elévation géométrique du front projetté à Montdauphin [...]. / Dessin, signé Heuriance, 1750. Service historique de la Défense, Vincennes, Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 1.

  • Montdauphin. 1783 pour 1784. Plan du front d'Embrun et de la poterne relatif au 1er article du projet. / Dessin, 1783. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 3, Pièce 7.

  • Fragment du plan de Montdauphin, où l'on a dessiné le front d'attaque de cette place et la manière dont MM les inspecteurs de l'Est proposent de le fortifier. / Dessin, par Le Michaud d'Arçon et Rostaing, 1791. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 3, Pièce 18.

  • Plan et coupe du réduit de sûreté de la lunette 64, Montdauphin. / Dessin, 1798. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 3, Pièce 26.

  • Plan d'ensemble de Mont-Dauphin, 1974 / Dessin, Dominique Ronsseray, 1974.

  • Plan des piles du pont nord, 1992 / Dessin, François Botton, 1992. 1/50e.

  • Coupe AA du pont nord, 1992 / Dessin, François Botton, 1992. 1/50e.

  • Coupe BB du pont nord, 1992 / Dessin, François Botton, 1992. 1/50e.

  • Élévation ouest du pont nord. Système du pont-levis. 1992 / Dessin, François Botton, 1992. 1/50e.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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