Dossier d’œuvre architecture IA05000131 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort des Têtes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Alpes - Briançon
  • Commune Briançon
  • Lieu-dit Fort des Trois Têtes
  • Cadastre 1975 B 1190
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fort des Têtes
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    enceinte, ouvrage fortifié, caserne, arsenal, corps de garde, poudrière, ouvrage d'entrée

Intérêt stratégique et chronologie des travaux

Sans exclure totalement que l'idée n'en revienne à l'ingénieur Delabat dans son projet du 12 janvier 1692 (le projet prévoit des ouvrages extérieurs autour de la ville, mais seulement désignés, dans le texte, par des lettres ; or le plan correspondant manque), la première étude de fortification des hauteurs des Têtes apparaît dans le deuxième projet de Vauban pour Briançon (24 août - 2 et 3 septembre 1700). En 1690-92, il ne s'agissait que de mettre les habitants de Briançon à l'abri d'un coup de main de partisans. En 1700, la situation a bien changé : Pignerol a été rasée et rendue à la Savoie ; la guerre de succession d'Espagne est imminente et il devient évident que la place, dont la modernisation se poursuit, peut être foudroyée depuis les hauteurs des Têtes (le plateau des Têtes domine Briançon de 100 m, à 500 m de distance), au cas où un corps d'armée ennemi implanterait son artillerie, ou simplement s'installerait à leur couvert.

Les articles 61 à 64 du projet prévoient l'occupation du plateau par un camp retranché avec enceinte, flanquée de tours et de bastionnets, s'appuyant à l'arrière sur les escarpements des gorges de la Durance, et qu'il « serait bon » de doter de trois corps de casernes, d'un pavillon d'officiers, d'un magasin à poudre, etc. La position doit être reliée à Briançon par une route et un pont sur la Durance, à créer également. Mais, faute de crédits, rien ne se fait jusqu'en 1708, tandis que la situation se détériore rapidement : en 1701 s'ouvre la guerre de succession d'Espagne ; en 1708, Victor Amédée de Savoie tente une attaque par surprise sur Briançon (par le col de Buffère), puis prend Exilles, Fenestrelle et occupe le Mont Genèvre : Briançon - toujours limitée à l'enceinte de ville et un château délabré - est désormais en première ligne.

Le premier soin du maréchal de Berwick, à qui Louis XIV vient de confier le commandement du théâtre d'opérations du sud-est, est d'entreprendre aussitôt l'organisation défensive des positions et ainsi, de brusquer l'exécution, au moins en fortification de campagne, des projets restés en souffrance jusque là. Bien secondé par l'ingénieur Tardif (qui a succédé à Richerand comme directeur des fortifications du Dauphiné) il fait construire, aux Têtes, par main-d’œuvre militaire, un camp retranché, avec fossé et retranchement en terre et pierres sèches dessinant grosso modo un polygone convexe implanté à la crête militaire orientale du plateau, face au pied des pentes de l'Infernet (rien qu'aux Têtes, ces retranchements représentent plus d'un kilomètre de développement, compté depuis la redoute des Suisses au nord).

Le retour à la paix, en 1713, et les traités entérinent la nouvelle situation de Briançon, devenue place de première ligne, et par voie de conséquence, la nécessité de renforcer la place en transformant en ouvrages permanents les organisations passagères de Berwick, dont le fort des Têtes

Si, pour des raisons économiques évidentes, aucun travail ne s'exécute pendant sept ans, les ingénieurs locaux n'en préparent pas moins les projets sous l'autorité du lieutenant général marquis d'Asfeld, nouveau directeur général des fortifications. Dès 1721, les travaux préliminaires commencent, non sans une certaine confusion, par la démolition des retranchements provisoires, puis, l'avant-projet approuvé, par le creusement des fossés. En 1722 l'escarpe du bastion 5 et de la courtine 5-3 (front sud-est, ou de la porte Royale) est construite ; en 1725, les remparts des trois fronts est, sud-est et sud sont terminés, un plan d'urbanisme arrêté, puis modifié en 1727 alors qu'un des corps de caserne et le magasin à poudre sont construits et que plusieurs autres bâtiments sortent de terre.

En 1734, le fort est considéré comme terminé ainsi que la route d'accès et le pont (dit pont d'Asfeld) sur la Durance. Seuls quelques bâtiments prévus au plan de masse (logements d'officiers, hôpital et deux corps de caserne) n'ont pas été réalisés et, bien que longtemps encore portés aux projets annuels, ne le seront jamais (chose curieuse, le plan-relief de 1736 les représente exécutés ; on notera que les réductions de programme ont porté essentiellement sur les logements d'officiers, deux corps de caserne et, chose plus grave, l'hôpital dont l'absence n'améliore pas la situation dramatique de la place sur le plan sanitaire : on le regrettera bientôt au moment du désastre de l'Assiette).

Tel quel, ce formidable ouvrage de 600 m de front (en ligne droite) sur 350 m de profondeur représente beaucoup plus qu'un simple ouvrage détaché du corps de place, mais bien jusqu'en 1870, l'élément essentiel de la place, sa citadelle, dont les autres ouvrages ne sont que les satellites et à côté duquel la ville elle-même fait figure de hameau ou d'annexe.

Il est d'ailleurs évident que la réalisation du fort et de son grand ensemble d'urbanisme militaire - resté d'ailleurs inachevé - est aussi la transposition, sur un site autrement favorable du point de vue tactique, du projet initial de ville basse ou ville neuve (1698-1700), caressé un temps par Richerand et Vauban pour donner à la place les ressources en logements militaires, hôpital, arsenal, etc. introuvables dans l'agglomération existante, compte tenu de son exiguïté : les décisions de 1724 n'ont pas ajourné ce projet de ville neuve, elles l'ont judicieusement déplacé sur le site des Têtes.

Peu de changements ont affecté l'ouvrage depuis 1734 : à la Révolution, la chapelle est désaffectée et transformée, après 1815, en bâtiment de casernement. Armé et occupé lors des invasions de 1814 et 1815, l'ouvrage n'est cependant ni attaqué, ni bombardé.

Après 1870, pour suppléer les magasins existants et qui ne sont plus à l'épreuve de la nouvelle artillerie rayée, on construit en 1874 le magasin à poudre caverne V, puis, de 1878 à 81 le magasin mi-caverne X . La crise de l'obus torpille (1885) amènera le creusement du magasin sous roc A, derniers travaux spécifiques de fortification exécutés.

Par contre, l'utilisation comme casernement et dépôt jusqu'en 1940 amènera l'installation vers 1892 de téléphériques reliant le fort à Briançon et au fort du Randouillet, puis, entre les deux guerres mondiales, la construction du garage P, et divers aménagements intérieurs des bâtiments : l'occupation normale (3ème groupe (temps de paix) du 154e RAP (régiment d'artillerie de position organique du secteur), le centre mobilisateur 144 etc.) cessera, pratiquement, en 1940.

En juin 1940, lors de la campagne franco-italienne, le fort recevra le baptême du feu sous forme d'obus de 149 mm tirés par les tourelles du fort du Chaberton, avant leur mise hors de service par l'artillerie lourde du secteur fortifié.

Analyse architecturale

Le terrain

Vue aérienne du site.Vue aérienne du site. Le terrain d'assiette est constitué par un plateau épousant la forme d'un croissant, dont la pointe est orientée face à l'est, et détaché au pied de la montagne de l'Infernet par deux thalwegs :

- l'un, orienté sud-nord aboutit à Fontenil dans la vallée de la Haute Durance en amont de Briançon

- l'autre, orienté nord-est-sud-ouest, sépare le plateau des Têtes du replat portant le Randouillet, abrite le village de Fontchristiane et débouche dans la basse vallée de la Cerveyrette, et de là dans la Durance en aval de Briançon.

Les têtes de ces deux thalwegs sont séparées par une croupe de terrain liant le saillant du plateau aux pentes nord-ouest de l'Infernet, et constituant le meilleur cheminement pour une attaque en règle du fort.

La concavité arrière du plateau, orientée au nord-ouest, tombe directement sur la gorge de la Durance qui sépare la ville du fort : c'est de ce côté qu'a été aménagée la route militaire qui, partant du saillant sud-est de l'enceinte de ville, franchit la gorge sur le pont d'Asfeld, et par plusieurs lacets aboutit à l'entrée arrière du fort.

Les pentes sont particulièrement escarpées autour des extrémités nord et sud-ouest du plateau.

A l'origine, le sommet n'était pas plan, mais était constitué de trois mamelons rocheux (d'où le nom des « Trois Têtes ») qu'Il a fallu raser pour asseoir la «ville» militaire intérieure.

L'abandon des travaux, en 1734, a laissé subsister, dans la cour centrale au sud-ouest du bâtiment E, un gros rocher qui devait normalement sauter pour libérer l'emprise d'un bâtiment (pavillon F pour les officiers de la garnison) qui ne fut jamais construit.

Il va de soi que la construction du fort a nécessité de gros travaux de déroctage (souvent à la mine) de déblaiement; et de remblaiement (pour réaliser les glacis « réglés» restés, d'ailleurs, inachevés).

L'enceinte

Compte tenu des formes et de la nature du terrain, les ingénieurs militaires ont réalisé un système bastionné à peu près régulier (alors qu'au contraire, et compte tenu d'un terrain tout à fait différent, le fort du Randouillet préfigure nettement avec un demi-siècle d'avance la fortification polygonale à la Montalembert) (premier système de Vauban, bastions à flancs droits) une sorte de double couronne asymétrique à trois fronts principaux, plus un front de gorge.

Front sud

Vue aérienne de la zone sud.Vue aérienne de la zone sud.Long de 320 m (longueur moyenne d'un front du premier système de Vauban, en terrain plat ou moyennement accidenté : 360 m (Sarrelouis), il est constitué ainsi : à droite, un demi-bastion sur lequel est greffée une sorte d'ouvrage en queue d'hironde abritant l'arsenal et le magasin à poudre T. Au centre, une longue courtine où s'ouvre, au centre, la porte sud donnant accès à la communication Y et, de là, à l'arrière du fort de Randouillet. A gauche : bastion 1 (régulier). Fossé normal. Pas de demi-lune. Chemin couvert linéaire sans traverses. Pas de tenaille. Escarpe et contrescarpe revêtues.

Front sud-est

Vue aérienne générale prise du sud-est, face au front d'attaque.Vue aérienne générale prise du sud-est, face au front d'attaque.Front d'attaque probable, il n'a que 180 m entre saillants de bastions. A droite : bastion 1 (régulier). Au centre, la courtine est percée, au milieu, de la porte Royale (A) précédée de la demi-lune 11 dont la face droite comporte l'avant porte, le flanc et la face gauche sont couverts par le tenaillon 43.

Le bastion 1 a, lui, sa face gauche couverte par le tenaillon 12, lui-même enveloppé par le bastion 13, départ de l'enceinte enveloppe sud (voir plus loin). Pas de tenaille. Fossé normal, escarpe et contrescarpe revêtues. La contrescarpe, autour du tenaillon 43, est creuse et munie d'une galerie de fusillade tirant dans le fossé . Un tronçon de galerie souterraine, greffée sur la précédente en capitale du saillant, mène à une sorte de flèche ou de nid de pie 42 destiné à surveiller le glacis et les approches dans une zone particulièrement mal vue du corps de place.

Le chemin couvert, avec places d'armes rentrantes, s'arrête à droite, au pied du bastion 13 et comporte des crochets, mais pas de traverses.

On notera que le parapet du bastion 1 s'inscrit dans un plan incliné relevé à l'avant, de manière à mieux défiler l'intérieur de l'ouvrage aux vues et aux coups du Randouillet. Même disposition pour le tenaillon 12.

Front nord

Constitué, en fait, de deux parties distinctes :

1) Un front bastionné régulier de 110 m entre saillants, formé à droite par le bastion 3, au centre par une courtine percée d'une poterne en fond de fossé et, à gauche, par le demi-bastion 5. Celui-ci se referme à l'arrière pour venir se raccorder à une courtine orientée face au nord-est, et faisant partie des défenses du front de gorge du fort.

2) Du saillant du demi-bastion 5, avec un décrochement en niveau de plusieurs mètres et une coupure masquée par un batardeau, la ligne de défense se prolonge par une longue courtine brisée en dehors terminée, à gauche, par le demi-bastion 8, lui-même prolongé, au nord et plus bas, par le bastion 9-10, extrémité nord du corps de place du fort.

Fossé général type normal, à escarpe et contrescarpe revêtues, continuant celui des autres fronts. Au centre de la première partie, la poterne donne accès à une double caponnière menant à la place d'armes rentrante à chemin couvert 45, avec réduit 42. Le fossé se termine, à gauche, à l'angle d'épaule du demi-bastion 8.

Autrement dit, tout en présentant à l'ennemi une escarpe et un fossé continus, bien flanqués par les flancs des demi-bastions 5 et 8 et du bastion 3, ce front comporte en son centre une discontinuité de circulation et une interruption de parapet, correspondant à un des retranchements intérieurs fractionnant le système de défense.

Front de gorge

Front nord-ouest.Front nord-ouest.Orienté face au nord-ouest - donc vers la ville - il est en partie constitué de deux et même trois lignes de défense, sans qu'on voit très bien de prime abord l'utilité de ce luxe de précautions face à une direction où, même en supposant la ville prise, une attaque en règle était pratiquement impossible.

Par ailleurs, implanté grosso modo à la crête militaire des pentes descendant vers la Durance, le rempart, dépourvu à peu près partout de fossé, et grâce à son élévation, découvre bien le terrain et se trouve, de ce fait, convenablement garanti contre une attaque par surprise menée en cheminant par la gorge de la Durance.

Le front de gorge est ainsi organisé, de l'intérieur vers l'extérieur :

- Du saillant sud du fort au demi-bastion 28, une troisième ligne de défense, constituée d'une haute escarpe (jusqu'à 16 m) disposée en crémaillère irrégulière de façon à assurer le flanquement. Sur une partie de son développement, cette escarpe sert de mur de fond à la caserne casematée 0.

- A partir du saillant du bastion 28 le système se détriple en plan et en niveau

- A l'intérieur : une troisième ligne de défense formée par le demi-bastion 28, le bastion 3 et la courtine intermédiaire, précédée d'un fossé, et percée de la porte 32

- Au centre : une seconde ligne de défense, plus basse, est formée par le mur de gorge du demi-bastion 8, le prolongement du front nord, le chemin couvert, avec place d'armes de la porte 32, venant se raccorder au pied du saillant du demi-bastion 28

- A l'extérieur : la première ligne de défense, sorte de fausse braie bastionnée, plus basse, joignait le flanc gauche du bastion 10 au pied du demi-bastion 28, en passant par les bastions 37 et 34.

Front de gorge, porte 36 et pont d'accès. Vue oblique prise du sud.Front de gorge, porte 36 et pont d'accès. Vue oblique prise du sud.C'est dans le flanc gauche du bastion 37, muni d'un tronçon de fossé, qu'est percée la porte 36, entrée arrière principale du fort, et première des quatre portes à franchir, en venant de Briançon, pour parvenir au cœur de l'ouvrage.

Par ailleurs, le saillant nord du fort est enveloppé par un chemin couvert constitué d'un mur en maçonnerie établi en tracé partie bastionné, partie tenaillé, et que traverse la route militaire de Briançon au Randouillet et à l'Infernet.

- Dehors : le front sud du corps de place du fort est précédé d'une première enceinte enveloppe à escarpe revêtue, constituée de deux éléments de fronts bastionnés, l'un, à l'est, disposé en gradins suivant la ligne de plus grande pente (bastion 18), l'autre, au sud, au pied du glacis et sensiblement horizontal (courtine 6, demi-bastion 5) se rejoignant, au pied du fort pour se raccorder à la communication Y et commander celle-ci. Le tronçon sud a sa courtine percée de créneaux de fusillade et, en son centre, d'une porte charretière autrefois munie d'un pont-levis à flèche.

Le terrain inclus dans cette enveloppe comporte encore, au sommet, devant la face droite du bastion I, des vestiges des retranchements de Berwick. Selon le projet de 1727, on devait y construire des bâtiments (casernes X, Y et Z) - donc à l'extérieur du fort proprement dit -. En fin de compte, ces bâtiments ne furent jamais réalisés (ils ne figurent d'ailleurs déjà plus au projet de 1741.

Retranchement intérieur

Le corps de place proprement dit est, en outre, coupé d'un retranchement intérieur courant entre le front de gorge et le tiers nord de la courtine 1-3 (front sud-est) et constitué des demi-bastions 28 et 30 et des courtines 29 et 31. Ce retranchement, à escarpe revêtue (contrescarpe à terre coulante; le fossé en est d'ailleurs peu profond, sauf devant la porte) et précédée d'un fossé, isole le cœur du fort d'une partie nord plus basse, qui elle-même commande le prolongement du front nord et la fausse braie de gorge.

Front intérieur. Porte 31 vue de l'extérieur. A droite, mur de fond de la caserne B.Front intérieur. Porte 31 vue de l'extérieur. A droite, mur de fond de la caserne B. La courtine 31 est percée d'une porte à pont-levis (quatrième passage à franchir lorsqu'on vient de Briançon par le pont d'Asfeld) et reliant le fort «haut» et le fort « bas », Le fossé couvrant cette porte se termine au dos du mur d'escarpe de la courtine 1-3 interrompant la ligne de défense, mais pas la continuité de l'escarpe constituée en ce point par un batardeau surmonté d'une dame.

Ce retranchement a pour mission de permettre la prolongation de la défense en cas de prise de la partie nord du fort.

Toutes ces dispositions prouvent que loin d'être un simple ouvrage détaché, où en application du principe d'irréversibilité de la fortification, la gorge devrait être organisée légèrement, pour permettre aux feux du noyau central d'en rendre l'occupation impossible à l'ennemi, le fort a bien été conçu comme épicentre de la forteresse, et sa gorge solidement organisée pour foudroyer la ville et le château : on semble donc avoir tablé sur l'hypothèse de la chute de la ville avant l'attaque des Têtes, confirmation du rôle de citadelle, implicitement attribuée au fort, même si le tenue n'est pas prononcé.

Dispositions de détail

- Escarpes: toutes attachées et entièrement revêtues (on n'a pas repris l'escarpe à demi-revêtement du troisième système de Vauban). Parements soigneusement appareillés. Cordon de magistrale en boudin et tablettes de couronnement.

- Embrasures: le plus généralement échancrées dans les parapets (à ébrasement extérieur). On trouve quelques embrasures couvertes soit en casemate (flanc 26) soit en batteries à air libre (flanc droit du bastion 34 : 3, face droite du bastion 37 : 4, face gauche du bastion 38: 3, etc.).

Communications

- Extérieures : une route relie Briançon à l'arrière du fort (par la porte 36). Une seconde monte de la communication Y et pénètre dans le fort par la porte 15 (au milieu de la courtine du front sud).

Enfin, la porte Royale mène à l'extérieur et de là au Randouillet. Toutes ces routes sont reliées entre elles et permettent les liaisons avec les différents forts.

- Intérieures : on trouve de nombreuses descentes de fossé, galeries à l'épreuve et passages voûtés (tenaillon 12, flèche 44) donnant accès aux ouvrages ou permettant de les traverser.

L'accès aux dehors, par le fond du fossé, se fait par des pas de souris à volée droite. Compte tenu de la disposition intérieure du fort en grandes surfaces planes disposées en gradins, les communications entre niveaux ne soulèvent pas d'observations particulières.

Bâtiments

(dans l'ordre alphabétique de la désignation)

Bâtiment A : porte Royale

Porte Royale.Porte Royale.Implanté au centre de la courtine, ce bâtiment reproduit, à quelques détails près, les dispositions habituelles des portes de ville de l'époque et qui constituent presque un plan type. (On remarquera l'analogie avec la porte de Pignerol à Briançon, la porte de Metz à Toul, la porte de Mons à Maubeuge, la porte Royale à la citadelle de Lille, etc.).

Il se compose :

1) d'un bâtiment rectangulaire à deux niveaux, engagé dans le talus du rempart, avec rez-de-chaussée voûté « à l'épreuve» de niveau avec la cour intérieure du fort, et un premier étage à usage de logement, de niveau avec le terre-plein

2) d'un passage voûté (passage d'entrée) traversant le rempart

3) d'une façade monumentale, au nu de l'escarpe.

1) Bâtiment : dimensions: 10 m x 27, 5 m. Façade principale dans l'alignement du pied du talus intérieur du rempart, dans lequel le rez-de-chaussée est presque complètement engagé. Les ouvertures donnent sur la rue du Rempart.

Au rez-de-chaussée : au centre, vestibule à trois travées voûtées en berceau soutenues par quatre piliers carrés. La travée centrale, plus haute, est le prolongement du passage d'entrée, les deux autres tenant lieu de déambulatoire pour le personnel de garde, le tout ouvert vers l'intérieur de l'ouvrage.

De part et d'autre de ce vestibule :

- au nord : une pièce voûtée avec cheminée et deux fenêtres est le corps de garde des soldats

- au sud, deux petites pièces, vraisemblablement à l'origine corps de garde de l'officier chef de poste et prison. Chaque pièce comporte une fenêtre, par symétrie avec la partie nord

- à l'est, et de part et d'autre du passage d'entrée- sous le rempart - deux pièces voûtées, aveugles désignées comme « caves », sont probablement des abris.

L'accès de ces locaux se fait par des portes donnant dans le vestibule central.

Contigus à l'extérieur du bâtiment, on trouve en outre:

- au nord, encastrées dans le talus: des latrines à deux pièces (4 pour la troupe, 5 pour l'officier) précédées d'une courette

- au sud : - un escalier extérieur à volée droite, en pierre, avec rambarde de même menant au premier étage et au terre-plein du rempart. Sous l'escalier, réduit 10

- le départ d'une galerie descendant à une poterne donnant dans le fossé.

Premier étage : dégagé du rempart sur ses quatre faces, l'édifice s'élève au-dessus du terre-plein. Souligné à l'extérieur par un bandeau de pierre, ce niveau n'est pas voûté à l'épreuve, et a été conçu, à l'origine, comme habitation du major de la place puis transformé, ultérieurement, en bureaux (télégraphe, téléphone, poste du réseau de tir, sous-officiers, etc.).

Trois refends transversaux le divisent en quatre parties inégales, elles-mêmes compartimentées par des cloisons plus légères. A l'avant (vers l'est) des portes donnent de plain-pied sur le terre-plein. A l'arrière, sept fenêtres à linteau surbaissé prennent jour sur la rue du Rempart. A l'angle nord-est, hors-œuvre, un appentis à usage d'écurie.

Murs en maçonnerie enduite au mortier de chaux et surmontés d'une corniche moulurée en pierre de taille. Encadrements des baies et chaînes d'angle en pierre de taille harpée.

Toiture à quatre pans en ardoise dont émergent à l'arrière trois lucarnes, et en faîte, deux souches de cheminée en maçonnerie.

Bâtiment en assez mauvais état : toiture percée, huisseries disparues etc.

2) Passage d'entrée : Tunnel rectiligne traversant le rempart de la façade extérieure au vestibule du bâtiment proprement dit.

Porte Royale. Travée mobile du pont-levis et partie de la façade : au-dessus du passage, entre les logements des bras du pont-levis, des traces des scellements de la plaque de bronze rappelant la construction sous les ordres de d'Asfeld. Au centre, le passage d'entrée traversant le rempart.Porte Royale. Travée mobile du pont-levis et partie de la façade : au-dessus du passage, entre les logements des bras du pont-levis, des traces des scellements de la plaque de bronze rappelant la construction sous les ordres de d'Asfeld. Au centre, le passage d'entrée traversant le rempart.De l'extérieur vers l'intérieur, on rencontre :

- La chambre du pont-levis s'élargissant pour permettre l'effacement, latéralement, des vantaux de la porte primitive (disparue. La porte métallique actuelle a été installée aussitôt derrière la façade et empêcherait la manœuvre de la bascule). Cette première partie est couverte en voûte surbaissée.

- Le tunnel, ensuite voûté en plein-cintre, est renforcé de trois arcs doubleaux:

- Derrière le premier arc, la voûte est coupée sur toute sa portée d'un étroit passage transversal rebouché en maçonnerie grossière: il s'agit d'un passage prévu pour une herse, dont le bâtiment logement qui devait, comme ailleurs, être édifié au-dessus, sur le terre-plein du rempart, n'a jamais été construit.

- Derrière le troisième arc - donc, au moment d'atteindre le vestibule - on trouve la trace des gonds d'une seconde porte à deux vantaux.

3) Façade extérieure : Habillage extérieur de la tête du passage d'entrée, elle est constituée d'un plan rectangulaire vertical en saillie sur l'escarpe, en pierre de taille appareillée, échancré au centre d'une feuillure couverte d'un arc surbaissé, recevant le tablier de la travée levante. Dans cette feuillure, en retrait, s'ouvre le passage proprement dit, voûté en plein-cintre. La baie est encadrée de deux pilastres surmontés d'une corniche moulurée, portant un fronton triangulaire, aux deux pans également soulignés d'une corniche identique et entaillés des passages des flèches de la bascule.

Au-dessus du passage, sous la corniche, emplacement d'une plaque de bronze, aujourd'hui mise en sûreté au secteur du génie de Briançon (magasin X) et portant, en relief, l'inscription suivante :

DU RÈGNE DE LOUIS XV CES FORTS ONT ÉTÉ CONSTRUITS PAR LES ORDRES DU MARÉCHAL D'ASFELD, GÉNÉRAL DES ARMÉES DU ROY, CHER DE LA TOISON D'OR, DIRECTEUR GENAL DES FORTIFICAONS L'AN 1734

Caserne B

Caserne casematée rectangulaire de 70 x 11 m, parallèle à la courtine 1-3 et au bâtiment A, dont elle n'est séparée que par la rue du Rempart du front sud-est. Elle ferme le côté sud-est de la cour d'honneur du fort, en vis à vis de l'ensemble D-E, cour d'honneur dont les deux autres côtés auraient dû être occupés par les pavillons C et G qui ne furent jamais entrepris.

En outre, son mur de fond, très exposé aux coups, est très épais (3, 50 m) et forme parados pour défiler partiellement l'espace intérieur du fort contre les coups tirés du sud-est.

Le bâtiment est constitué de trois niveaux (rez-de-chaussée, premier et deuxième étages) constitués chacun de cinq cellules élémentaires à la Vauban, du type à une cage d'escalier centrale encadrée de deux chambres de troupes voûtées à l'épreuve.

Le rez-de-chaussée étant traversé par un passage voûté (prolongement de la porte Royale), décalé au nord par rapport à la médiane du bâtiment, l'espace habitable est réduit de deux chambres au rez-de-chaussée et d'une aux deux niveaux supérieurs.

On totalise ainsi 26 chambres pour 5 cages d'escalier, et déduction faite des locaux détournés ultérieurement à d'autres destinations que celle de chambrée (prison, ordinaire, coopératives), on arrivait selon le petit atlas de 1936 à une contenance normale de 95 hommes, et maximale de 133.

Au rez-de-chaussée, le passage central comporte à l'entrée est le passage d'une herse (dont la chambre est située au deuxième étage) et, aussitôt derrière, un élargissement correspondant à une porte à deux vantaux fermant le passage. Chaque chambrée est dotée d'une cheminée, ménagée dans le mur de fond et d'une fenêtre donnant sur la cour centrale. Chaque cage d'escalier (tournant à volées droites, repos intermédiaire et paliers d'étage) comporte une porte donnant sur la cour centrale et, à chaque étage, une fenêtre éclairant le palier. Au total 41 portes et fenêtres, plus le passage central. Les baies sont à montants harpés et linteau surbaissé, en pierre de taille, et s'ouvrent toutes dans la façade nord-ouest (le mur de fond est aveugle). Chaînes d'angle harpées. Toitures à deux pans asymétriques : un grand pan couvrant les locaux, le petit le mur de fond. En faîte, 8 souches de cheminées émergent légèrement du faite.

Bâtiment C

A l'origine (1741) bâtiment non construit. li s'agit d'un pavillon d'officiers qui devait occuper le côté nord du rectangle de la place d'armes. Figure aux projets depuis 1727 jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Dans la partie basse du fort, bâtiment rectangulaire, couvert en bâtière, désigné comme magasin du génie.

Bâtiment D

Construit vers 1730 comme gouvernement, c'est-à-dire logement et bureaux du gouverneur du fort, il occupe la partie nord du côté nord-ouest de la place d'armes, à droite de la chapelle D dont il est contigu. Un autre pavillon (F) devait en constituer le pendant, à gauche de la chapelle, et n'a jamais été construit.

Cour centrale. Bâtiment E (ancienne chapelle) et pavillon D (gouvernement). A l'arrière plan, à gauche, la caserne K, le garage P et le bâtiment R. Le rocher à gauche du bâtiment E, vestige du relief originel, aurait dû être rasé pour faire place à un bâtiment projeté, mais non construit.Cour centrale. Bâtiment E (ancienne chapelle) et pavillon D (gouvernement). A l'arrière plan, à gauche, la caserne K, le garage P et le bâtiment R. Le rocher à gauche du bâtiment E, vestige du relief originel, aurait dû être rasé pour faire place à un bâtiment projeté, mais non construit. Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire, à trois niveaux habitables (rez-de-chaussée, premier étage, deux étages en combles mansardés, combles et sous-sol partiel). Dimensions : 16 x 25 m. L'édifice s'appuie par le pignon sud-ouest au mur latéral du bâtiment E, mitoyen.

Rez-de-chaussée : un refend longitudinal (interrompu au centre) et trois refends transversaux encadrent le vestibule d'entrée et la cage d'escalier monumentale, et divisent le bâtiment en quatre cantons, eux-mêmes compartimentés en pièces par des cloisons.

Bâtiment D (gouvernement). Escalier.Bâtiment D (gouvernement). Escalier. Large escalier tournant à volées droites, à gauche, sur mm d'échiffre portant la trace d'une balustrade en ferronnerie, actuellement disparue.

Plafond en plâtre sur lattis (hauteur sous plafond 3, 60 m), Cheminées dans les refends.

Les façades avant (sur cour du fort) et arrière (sur jardin) sont percées, chacune, à chaque niveau, au centre de la porte d'entrée, et de chaque côté de trois fenêtres à encadrement en pierres de taille harpées (soit 14 ouvertures par façade). En outre, les deuxième et troisième niveaux sont soulignés extérieurement par des chaînes horizontales portant bandeau.

Les portes principales extérieures ont leur entourage en pierres de taille dressées, un linteau en arc surbaissé, surmonté d'une corniche horizontale moulurée en tore coïncidant avec la chaîne du premier étage. Elles sont précédées d'un degré rectangulaire à trois marches.

Toiture à trois pans (le quatrième raccordé au toit du bâtiment E contigu) dont émergent les souches parallélépipédiques des cheminées et, au troisième niveau, les lucarnes éclairant ce niveau (à l'origine,sept par versants, une pour la croupe, deux ont disparu sur le versant est).

Derrière le bâtiment, cour (ou jardin) fermée par un mm de clôture parallèle à la courtine 27, venant se refermer à l'arrière du bâtiment E. Ce mur sert également de mur de fond au petit bâtiment N (voir plus loin).

Bâtiment E

Bâtiment E (ancienne chapelle).Bâtiment E (ancienne chapelle).Ancienne chapelle du fort, transformée en caserne au début du XIXe siècle. C'est un bâtiment rectangulaire à abside hémicylindrique, orienté nord-ouest-sud-est. Son grand axe, coïncidant avec celui du passage de la caserne B et celui de la porte Royale, est en fait l'axe noble de l'ensemble - inachevé - de la place d'armes du fort.

La façade (pignon sud-est) fait légèrement saillie sur celle du bâtiment D contigu au nord-est. Un autre bâtiment (F) devait lui être accolé au sud-ouest, en symétrie du bâtiment D : il n'a pas été construit.

Bâtiment E (ancienne chapelle). Rez-de-chaussée. Local 7. Au sol : pavage d'origine. Au fond : partie inférieure des pilastres de la nef en partie masqués par les cloisonnements réalisés au XIXe siècle, lors de la conversion du bâtiment en casernement.Bâtiment E (ancienne chapelle). Rez-de-chaussée. Local 7. Au sol : pavage d'origine. Au fond : partie inférieure des pilastres de la nef en partie masqués par les cloisonnements réalisés au XIXe siècle, lors de la conversion du bâtiment en casernement. A l'origine, l'immeuble était constitué par un vaisseau unique voûté à cinq travées soulignées à l'extérieur de contreforts, à grande saillie autour de l'abside et à l'intérieur par des pilastres. Chaque travée était éclairée par des hautes fenêtres en plein-cintre. Entrée principale dans le pignon sud-est.

La transformation en casernement a consisté à :

- construire cinq refends transversaux et deux refends longitudinaux partiels fractionnant chaque niveau en chambrées et couloirs de circulation

- construire deux planchers intermédiaires, divisant le bâtiment en trois niveaux (rez-de-chaussée, premier et deuxième étages plus combles sur voûtes)

- boucher les hautes fenêtres et supprimer le portail sud-est

- ouvrir de nouvelles fenêtres (analogues à celles des autres bâtiments de caserne) et trois portes (une au milieu du long pan sud-ouest, deux en pignon sud-est)

- construire des escaliers (un, à volée droite, le long du long pan nord-est, entre le rez-de-chaussée et le premier étage; un, transversal, à volée droite, entre premier et deuxième étages, au centre du bâtiment)

- réaliser diverses commodités : une cuisine (pièce 4 du rez-de-chaussée) et des lavabos (pièce 3 du rez-de-chaussée).

Des dispositions originelles subsistent : les chaînes d'angle harpées, la corniche moulurée, le logement de l'horloge (dans le haut du pignon est : œil de bœuf à entourage en pierre de taille, la lucarne de toiture (croupe sud-est) à encadrement en pierre constitué de deux pilastres à entablement toscan et ailerons à volutes, portant une corniche moulurée en plein-cintre, les contreforts et l'empattement taluté à ressauts entourant l'abside et les trois fenêtres (bouchées) de l'abside.

Selon un projet de 1729 (archives du génie, Briançon), le portail principal (en pignon sud-est) aurait consisté en une porte en plein-cintre, encadrée de pilastres toscans portant un fronton en arc segmentaire à tympan sculpté: s'il a été effectivement réalisé, il n'en subsiste pas trace.

Bâtiment E'

Édicule édifié au XIXe siècle, au-dessus du magasin à poudre V à proximité de l'abside du bâtiment E. Ruiné.

Bâtiment F

A l'origine (1727) : bâtiment projeté, mais non construit.

Pendant du bâtiment D par rapport à la chapelle E, de même élévation, mais un peu plus long, il était prévu comme pavillon pour les officiers majors de la garnison, Le nivellement du terrain d'emprise n'a jamais été terminé, et il subsiste, à l'emplacement prévu, un gros rocher, vestige d'une des « Têtes» dont le fort tire son nom.

Actuellement, la lettre F désigne le magasin à poudre du fort bas construit après 1741 (il ne figure pas sur le projet annuel) pour remplacer les magasins G de 1725 puis N de 1727, non réalisés, et desservir les positions de batteries de l'extrémité nord du fort, trop éloignées du magasin T.

Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire en élévation, voûté en berceau à l'épreuve, du type à la Vauban, mais sans contreforts extérieurs (dimensions extérieures 21 x 10, 5 m, capacité 40800 kg) entouré d'un mur d'isolement avec porte d'accès près de l'angle nord-ouest. Entrée de la chambre à poudre dans le pignon nord. Toiture en maçonnerie en bâtière considérée à l'épreuve jusqu'à la crise de l'artillerie rayée (1858-60), qui rendra obligatoire son remplacement.

Bâtiment G

A l'origine, bâtiment projeté et non construit. Prévu comme «pavillon pour les officiers particuliers» il aurait constitué le côté sud-ouest de la place d'armes, en vis à vis du bâtiment C, lui-même non réalisé.

Ultérieurement, la lettre « G » a été affectée à la désignation de latrines implantées dans la courtine du front sud, en face du bâtiment I et pour la commodité des occupants de ce dernier.

Bâtiment H

A l'origine, bâtiment projeté comme pavillon d'officiers à l'extrémité du bâtiment I, où, en pignon est, les pierres en attente sont encore visibles. Ce pavillon n'a jamais été réalisé.

Ultérieurement, le sigle H a été attribué à des latrines situées sur la face du demi- bastion 16.

Bâtiments I et K

Vue d'ensemble du front sud. De gauche à droite : saillant 16, casernes K, I et porte 15, bastion 1.Vue d'ensemble du front sud. De gauche à droite : saillant 16, casernes K, I et porte 15, bastion 1.Bâtiments de casernes identiques de 48,5 m x 16 m, implantés parallèlement à la courtine du front sud, de part et d'autre de la porte centrale 15. Voûtés à l'épreuve, ces bâtiments à quatre niveaux (un sous-sol, un rez-de-chaussée, premier étage plus combles) devaient être complétés, en extrémité (est pour le bâtiment I, ouest pour le bâtiment K) chacun, par un pavillon d'officiers (H et L) attenant, destiné au logement des officiers subalternes des compagnies d'infanterie dont la troupe occupait les casernes.

Chaque bâtiment est constitué de trois modules élémentaires à la Vauban (cage d'escalier centrale encadrée, de chaque côté, de deux chambres à chaque niveau) avec refend longitudinal, interrompu au niveau des cages d'escalier, et portant les cheminées des chambres. Chaque chambre est voûtée et comporte une fenêtre et une cheminée.

Là, comme ailleurs, des modifications ultérieures ont cherché à faire communiquer entre elles les chambres d'une même cellule, et les cellules contigües, d'où des percements effectués dans les refends transversaux et longitudinaux, la suppression d'une partie des cheminées etc.

Les sous-sols sont constitués par des citernes.

Bâtiment I : citerne A, de 1200 m3 en deux parties séparées par un terre-plein et cloisonnées par le refend longitudinal.

Bâtiment K : citernes B, de 2300 m3, cloisonnées en quatre par les refends longitudinaux et transversaux.

On notera, dans certains locaux, des peintures murales par les troupes occupant les bâtiments, entre les deux guerres mondiales.

Toiture à trois pans (deux versants - une croupe), un pignon d'extrémité de chaque bâtiment étant resté en attente du pavillon d'officier qui devait le prolonger. Six souches de cheminée émergent de l'arête faîtière.

Les combles étaient éclairés par des lucarnes en bois dont la majorité a disparu. L'accès est assuré par la cage d'escalier centrale qui débouche sous un abri voûté.

Murs extérieurs très épais (environ 2 m) tant pour des raisons de stabilité que de protection contre les coups. Chaînes d'angles harpées. Chaîne horizontale en bandeau soulignant le premier étage. Pignons -aveugles, sauf le pignon est du bâtiment l, percé au rez-de-chaussée d'une porte et d'une fenêtre et au premier étage de deux fenêtres.

Bâtiment J

Latrines implantées sur l'escarpe du front de gorge, en face du pignon ouest du bâtiment R.

Bâtiment K'

Petit bâtiment sans étage, à usage d'écurie, construit à la fin du XIXe siècle et adossé au pignon ouest du bâtiment K, donc sur l'emprise réservée, à l'origine, au pavillon L. La toiture, à versant unique, a disparu.

Bâtiment L

Bâtiment L, vue intérieure, avec la machinerie du téléphérique.Bâtiment L, vue intérieure, avec la machinerie du téléphérique.A l'origine, conçu comme pavillon d'officiers attenant au bâtiment K ci-dessus, et qui n'a pas été réalisé (projets de 1727 et ultérieurs).

La lettre L a été ensuite affectée à la désignation du petit hangar à toiture en bâtière construit vers 1892 pour abriter la machinerie de la recette supérieure du téléphérique reliant l'ouvrage au noyau central.

L'essentiel du mécanisme (non motorisé) subsiste en l'état, sans les câbles. Ses éléments sont fixés à un mur pignon percé de deux fenêtres de passage des câbles, et servant d'appui à une traverse métallique en profilés. Toiture sur charpente de bois.

Bâtiment L'

Bâtiment détruit, implanté derrière le flanc du demi-bastion 16 (front sud). De même origine et contemporain du bâtiment L ci-dessus, le bâtiment L'abritait la recette inférieure du téléphérique reliant les Têtes au fort du Randouillet.

Bâtiment M

A l'origine, bâtiment isolé projeté comme «magasin en cas de besoin» et non construit. Son implantation était prévue entre le chevet de la chapelle et l'extrémité ouest du pavillon L (cité ici pour mémoire).

Désigne actuellement les latrines de la face gauche du demi-bastion 37 (front de gorge).

Bâtiment N

A l'origine, bâtiment isolé, projeté comme hôpital du fort, parallèle au corps central de la caserne 0 et en vis à vis, et qui n'a jamais été réalisé (cité pour mémoire).

Désigne un petit bâtiment sans étage, adossé à la face intérieure du mur d'enceinte de la cour du bâtiment D. En plan en V renversé très ouvert, il est divisé en quatre pièces: l (cave), 2-4 (latrines officiers), 3 (latrines de troupe).

Figurant sur le plan de 1741, il n'est pas impossible qu'il ait été construit comme logement du chapelain desservant la chapelle E ou comme sacristie. Semble avoir été ensuite utilisé comme cuisine.

Bâtiment O

Vaste caserne casematée adossée à l'escarpe du front de gorge, derrière l'abside du bâtiment E.

Dans cette zone, le rebord ouest du plateau sommital marque un rentrant : au lieu d'implanter la ligne de défense à la crête militaire, les ingénieurs se sont, semble-t-il, résolu, entre 1725 et 1727, à englober ce rentrant dans un tracé d'escarpe rectiligne s'appuyant sur la pente en contrebas. lis augmentaient, du même coup, la surface intérieure utile de l'ouvrage et, en élevant l'escarpe au niveau des autres fronts, ils ont tenaient à la fois un commandement de plus de 16 m sur les pentes ouest du fort, et la possibilité d'adosser, à l'intérieur de l'escarpe, quatre niveaux de locaux à façade dégagée sur une excavation naturelle, le tout avec un minimum de travaux de terrassement.

D'un développement total de près de 150 mètres, le bâtiment 0 dessine un plan en crémaillère, constitué d'un grand corps central (25) de 120 m de long, orienté sud-ouest- nord-est, prolongé au sud-ouest et au nord-est de deux ailes formant flancs 24 et 26.

Les locaux, voûtés à l'épreuve de la bombe, s'ordonnent selon une variante du module à la Vauban constituée d'une cage d'escalier centrale desservant latéralement, à chaque niveau, à droite et à gauche deux pièces en alignement, disposées parallèlement à la façade (et non perpendiculairement, ceci pour diminuer la profondeur du bâtiment) avec l'inconvénient d'avoir à traverser une chambrée pour accéder à la seconde.

Les longueurs ne correspondant pas à un nombre entier de modules, on trouve, à l'angle sud-ouest un demi-module formé d'un escalier ne desservant que deux chambres à droite et, dans le flanc 26 un module à escalier desservant une chambre à droite et une à gauche.

En élévation, on trouve quatre niveaux, dont trois voûtés à l'épreuve:

- un sous-sol partiel, n'intéressant que le corps central, à 3 escaliers et 12 pièces prenant jour sur la cour par des soupiraux

- un rez-de-chaussée, à 3 « modules » plus demi-module (soit 4 escaliers et 14 pièces) dont chaque chambre comporte une fenêtre sur cour et une cheminée adossée au mur d'escarpe. Dans le flanc 26, une pièce aveugle (magasin ?)

Bâtiment O. Four à pain.Bâtiment O. Four à pain.- un premier étage avec, dans le flanc 24, la boulangerie du fort (deux fours en vis à vis, aux deux extrémités du local de la paneterie) ; dans le corps central, les mêmes locaux qu'au rez-de-chaussée (4 escaliers, 14 pièces); dans le flanc 26, un vestibule et 3 chambres soit, pour le seul bâtiment, 31 chambrées à 8 places couchées, en s'en tenant aux utilisations originelles.

Enfin, au niveau du terre-plein supérieur, un étage constitué par un bâtiment non à l'épreuve, simplement couvert d'un toit en bâtière reposant sur deux murs assez minces percés, à l'arrière, de fenêtres sur la cour. Ce deuxième étage, non cloisonné, est destiné à l'usage de magasin de temps de paix, pour le bois ou les fourrages.

On notera que les locaux du flanc 26 ont été munis d'embrasures à canon, avec évents d'évacuation des fumées, pour flanquer toute la partie nord du front de gorge.

Remarquer, au moins pour l'implantation, certaines analogies avec la caserne Rochambeau à Montdauphin construite en 1754.

Bâtiment P

A l'origine, corps de caserne projeté, mais non construit (1741).(Cité ici pour mémoire). Il devait être construit dans le prolongement et à l'ouest du bâtiment K

Simple hangar à véhicules, à ossature en béton armé et toit en bâtière construit entre 1935 et 1939 à l'emplacement du corps de caserne P, non réalisé.

Les piliers d'ossature délimitent 12 travées dont Il à usage de garage et 1 aménagée en atelier.

Bâtiment Q

A l'origine, et pour mémoire, corps de caserne projeté (plan de 1741) parallèlement et au sud du bâtiment P ci-dessus. Ce bâtiment n'a jamais été construit, et son sigle n'a jamais été attribué à une construction ultérieure.

Bâtiment R

Magasin aux vivres (1728-34) transformé ultérieurement en casernement. Partie intégrante du programme originel, il est situé dans l'extrémité ouest du front sud, parallèlement et au nord de l'arsenal S.

Son plan dessine un trapèze rectangle, avec un pignon oblique bordant, à l'ouest, l'escarpe du front de gorge. Intérieurement il est divisé sur trois niveaux (rez-de- chaussée + 2 étages) + combles, en une zone « magasin» rectangulaire à l'est, et une zone « chambres-bureaux» trapézoïdale à l'ouest.

La zone ({ magasin» est organisée comme une cellule de casernement à la Vauban : une cage d'escalier centrale traversant le bâtiment, et une file longitudinale de piliers reliés par une cloison (au lieu du refend habituel) divisent chaque niveau en quatre grandes pièces, chacune équivalent à deux chambrées et éclairée par deux fenêtres en façade. Les pièces sont voûtées d'arêtes à nervures retombant sur les piliers ou les pilastres d'angle: destinées au stockage des vivres, elles ne comportent pas de cheminées.

C'est la construction, après 1870, des grands établissements d'intendance du noyau central (Briançon Sainte-Catherine) reliés aux forts, vers 1890, par le réseau de téléphériques qui ôta beaucoup de son utilité à ce magasin et permit son appropriation à divers usages (armurerie, ateliers, magasins d'habillement, chambres de sous-officiers, etc.).

La zone « bureaux-chambres », à plan en trapèze rectangle, s'appuie au refend transversal formant pignon ouest de la zone magasin. Elle est constituée, elle aussi, par une cage d'escalier centrale, disposée selon le grand axe du bâtiment, et desservait à chaque palier, au nord, une chambre à une fenêtre et une cheminée et au sud, un groupe de deux chambres avec une cheminée et une fenêtre chacune.

Bâtiment S

Bâtiment S : arsenal. Ensemble de la façade sud pris depuis la cour de l'établissement.Bâtiment S : arsenal. Ensemble de la façade sud pris depuis la cour de l'établissement.Bâtiment rectangulaire, à l'épreuve, implanté dans le saillant sud-ouest du fort, à l'extrémité du front sud, parallèlement et en vis à vis du bâtiment R précité (fig. 56), avec son grand axe orienté est-ouest. Dimensions approximatives: 60 x 16 m.

Spécialisé dans sa fonction de magasin et d'atelier pour le matériel d'artillerie, il est essentiellement constitué, sur trois niveaux identiques, à chaque niveau, par une grande pièce centrale intéressant toute la largeur et divisée, par une file axiale de six piliers carrés, en deux vaisseaux de sept travées voûtées en anse de panier dont les nervures retombent, au centre, sur les piliers et, à la périphérie, sur des pilastres saillants des murs. Le deuxième étage est couvert de voûtes rampantes accolées symétriquement.

Bâtiment S. Rez-de-chaussée. Vue intérieure.Bâtiment S. Rez-de-chaussée. Vue intérieure.Bâtiment S (arsenal). Premier étage. Intérieur.Bâtiment S (arsenal). Premier étage. Intérieur.

Chaque travée est éclairée, de chaque côté, par une fenêtre rectangulaire à linteau en arc segmentaire et entourage harpé en pierre de taille.

Le bâtiment comporte, à chaque extrémité, dans l'angle une cage d'escalier accolée à des locaux, chambres ou bureaux destinés au personnel exploitant l'établissement.

L'escalier sud-ouest est particulièrement spectaculaire: tournant à gauche autour d'un vide central (sans doute réservé au hissage du matériel vers les différents niveaux) il comporte, entre deux paliers, trois volées droites séparées par deux repos intermédiaires, et portées par des voûtes d'arêtes rampantes reposant aux angles du vide intérieur, sur trois piliers carrés et une clef pendante en bouton festonné.

Éclairée, à chaque niveau, par une fenêtre, chaque volée est fermée, du côté intérieur, par une rampe d'appui pleine en maçonnerie à main courante en pierre de taille à arêtes amorties en quart-de-rond.

Bâtiment S (arsenal). Rez-de-chaussée. Départ de l'escalier.Bâtiment S (arsenal). Rez-de-chaussée. Départ de l'escalier. Bâtiment S (arsenal). Premier étage. Escalier.Bâtiment S (arsenal). Premier étage. Escalier.

Accès, en milieu de chaque long pan par une porte charretière à linteau en arc segmentaire. Longs pans couronnés d'une corniche moulurée surmontée d'un toit en bâtière, Comme la plupart des établissements de ce type, l'arsenal S comporte à l'arrière (sud) une cour entourée d'un haut mur et dessinant un trapèze rectangle, dont le bâtiment S constitue l'oblique, le bâtiment S2 la grande base, tandis que le magasin à poudre T s'appuierait à l'extérieur de la hauteur.

Bâtiment S2

Ateliers. Annexe de l'arsenal. Construit vraisemblablement vers 1887.

Situé dans la cour du bâtiment S, ce petit bâtiment sans étage est rectangulaire et divisé en deux par un refend transversal. La façade ouest est percée de cinq larges baies à linteau en arc segmentaire en briques. Les deux ateliers abritent les débris de fours et des épaves de hottes, de machines (dont une machine à cercler les roues). Toiture à deux versants, en très mauvais état.

Bâtiment T

Bâtiment T (magasin à poudre). Vue prise du sud. A l'arrière-plan, le bâtiment S (arsenal).Bâtiment T (magasin à poudre). Vue prise du sud. A l'arrière-plan, le bâtiment S (arsenal).Magasin à poudre. Élément du programme initial (il apparaît en rouge - construit ou en construction - sur le plan du projet de 1727, ainsi que la caserne 1) c'est un magasin à l'épreuve du type à la Vauban, d'une capacité nominale de 65.400 kg et identique au magasin H du Randouillet.

Bâtiment rectangulaire, couvert en bâtière et épaulé latéralement par quatre contreforts de chaque côté. Entrée dans le pignon sud, surmontée d'une fenêtre. Le volet fermant cette fenêtre est plein, à pentures en fer forgé terminées en fleurs de lys, et doublé de feuilles de tôle clouées (ce volet a été descendu et accroché au gond supérieur de la porte d'entrée). Fenêtre identique dans le pignon nord.

Chambre à poudre voûtée en berceau, ayant comporté un plancher intermédiaire sur poutres transversales.

Le magasin est, selon l'usage, entouré d'un mur d'isolement, avec entrée également au sud, relevé à l'est, face aux directions dangereuses. L'angle sud-est est arrondi pour ne pas gêner la circulation sur la rue du Rempart.

Bâtiment V

Magasin à poudre caverne (1874-77). Bâtiment léger, en briques, de 6 m x 12,40 m, constituant chambre à poudres (capacité normale : 37800 kg) (hauteur sous plafond : 4 m) construit à l'intérieur d'une caverne creusée dans le roc derrière l'abside du bâtiment E, dans la pente du talus bordant la cour de la caserne O. Cette construction vise à remplacer, pour le temps de guerre, le magasin T qui n'était plus à l'épreuve de la nouvelle artillerie rayée.

L'excavation, protégée par une couverture verticale de 4 m de roc franc, a été établie à des dimensions ménageant un vide de 0, 80 m autour, et 1, 20 m au-dessus du bâtiment des poudres pour assurer la ventilation et garder l'explosif au sec. Une cheminée verticale, ménagée en fond de fouille et dépassant du sol, complète cette disposition.

Bâtiment X

Magasin à poudre mi-caverne (1878-81).

Magasin du type 1874 construit de 1878 à 1881 pour les mêmes raisons que le magasin V voisin. L'ouvrage, également implanté dans le talus ouest du plateau, face à la caserne 0, a été construit dans une fouille faite dans le roc, à ciel ouvert, et recomblé après travaux.

La chambre à poudres, de 6 x 17 m, voûtée, est précédée d'un vestibule et entourée de la gaine d'assainissement, avec chambre des lanternes et cheminées d'aération habituelles. Capacité nominale: 60.000 kg de poudre.

Bâtiment Y

Corps de garde de la porte arrière du fort n° 36.

Bâtiment du programme initial, situé dans la partie basse du front de gorge, en face du débouché intérieur de la porte 36, tournant le dos au magasin à poudre V, il devait assurer la garde de la porte et du magasin, d'où une capacité plus grande que la normale (22 soldats et 1 officier) et des dimensions à proportion (8 x 17 m). Rectangulaire, trois refends transversaux le divisent (de gauche à droite) en corps de garde pour 17 hommes, chambre d'officier, corps de garde pour 5 hommes, avec au fond le « violon» (sic).

La façade sud, dépourvue de portique, est percée de cinq baies: une porte, trois fenêtres et une porte, à linteau en arc segmentaire, et entourage en pierres de taille harpées, comme les chaînes d'angle.

On notera que l'emprise du bâtiment a été obtenue, en partie est, en entaillant le versant rocheux.

La toiture à quatre pans est effondrée ainsi que les cheminées et plafonds.

Bâtiment Z

Intérieur de la demi-lune 11 vu du bastion 3. Au centre, le bâtiment Z (corps de garde) et l'extrémité du pont de la porte Royale.Intérieur de la demi-lune 11 vu du bastion 3. Au centre, le bâtiment Z (corps de garde) et l'extrémité du pont de la porte Royale.

Corps de garde de la demi-lune 11 (avant porte Royale).

Identique au précédent, mais plus petit (6 x 10, 50 m) et situé en bordure de la route d'accès, dans la demi-lune 11, il assurait la sécurité de la porte de cet ouvrage, avant porte de la porte Royale.

Rectangulaire, il est divisé par un refend en deux pièces : un corps de garde pour 8 hommes et chambre d'officier, le fond de cette dernière étant occupé par le « violon» et les latrines. Chauffage par cheminées adossées au refend. Toiture à quatre pans écroulée, ainsi que la souche de cheminée.

En façade sud-ouest - dépourvue de portique - quatre ouvertures: une porte, deux fenêtres, une porte à entourage en pierres de taille harpées et linteau en arc segmentaire. Chaînes d'angle harpées.

Autres éléments

Porte 15

Porte Dauphine (porte 15). Vue extérieure.Porte Dauphine (porte 15). Vue extérieure.Percée en milieu de la courtine sud entre les casernes I et K, cette porte donne accès à une route en lacets menant à la communication Y et de là, en sûreté, au fort du Randouillet ou à Briançon.

Non intégré à un bâtiment, l'édifice se réduit, en quelque sorte, à un arc de triomphe dressé sur l'escarpe.

La baie, à linteau en arc segmentaire, s'ouvre dans une feuillure identique, ménagée dans un panneau de façade amorti latéralement de pans concaves. Le passage est encadré de deux pilastres toscans surmontés d'une corniche moulurée échancrée des passages des bras du pont-levis, et portant, chacun, un amortissement à boule. Au centre, entre les échancrures, l'ensemble est couronné d'un fronton polygonal à trois pans, lui-même surmonté d'un amortissement à boule.

Pont-levis à flèches réduit à son tablier en bois, à quatre longerons, et dont la bascule supérieure a disparu.

Pont dormant reconstruit en maçonnerie vers 1778, à quatre arches en plein-cintre, et bordé d'une rambarde en fer sur supports carrés soutenus par des jambes de force ouvragées.

Ouvrage très sobre, mais très élégant et bien proportionné.

Conclusion

Ouvrage particulièrement imposant, tant par ses dimensions que par sa situation dans un paysage grandiose, le fort des Têtes, longtemps véritable centre de gravité de la forteresse de Briançon, a conservé l'intégralité de ses dispositions d'origine et, en particulier, un ensemble homogène d'éléments bastionnés réguliers et d'autres adaptés au cas particulier du site montagneux.

Il renferme, en outre, un ensemble d'urbanisme militaire, qui malgré son inachèvement présente une gamme assez complète d'applications des plans-types élaborés par Vauban un demi-siècle auparavant. Sobre, mais néanmoins élégante, l'architecture des différents éléments constitutifs (murailles, portes, bâtiments) en fait un monument à la fois très impressionnant et représentatif de l'architecture militaire classique, à protéger d'autant plus que son emprise et ses structures offrent de grandes possibilités pour une réutilisation fonctionnelle.

L'état général est bon, bien que, de point en point, des décollements de parements et renversements de tablettes commencent à affecter les escarpes et contrescarpes. Celui des bâtiments devient inquiétant, après quarante ans d'abandon et de pillages: portes, croisées et planchers enlevés et brûlés, toitures crevées ou effondrées, charpentes pourries ou détériorées par vandalisme, on ne saurait tabler éternellement sur la robustesse légendaire des bâtiments, même réputés à l'épreuve.

La première étude de fortification des Têtes se trouve dans le projet de 1700 de Vauban. Le maréchal de Berwick, secondé par l'ingénieur Tardif, fait construire aux Têtes un camp retranché. Les projets sont repris par la suite sous l'autorité du marquis d'Asfeld. Les travaux recommencent en 1721. En 1734, le fort est considéré comme terminé. La chapelle est désaffectée et transformée, après 1815, en caserne. Des magasins sont construits au dernier quart du 19e siècle. Le fort ne fut jamais attaqué ni bombardé, sauf en juin 1940. Il présente en véritable ensemble d'urbanisme militaire, bien qu'une partie des bâtiments projetés ne fut jamais réalisée.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 18e siècle
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Auteur(s)

De grandes dimensions, son plan s'inscrit dans un système bastionné régulier. Le front de gorge est constitué de lignes de défense. A l'intérieur de l'enceinte ont été construits plusieurs édifices logistiques : casernes, poudrières et corps de garde. La majorité des bâtiments est à étage et à toiture d'ardoises. L'une des casernes a trois étages ; elle est couverte d'un toit à deux pans. Le bâtiment de la Porte royale, ouvrage d'entrée du fort, sur deux niveaux, a un toit à quatre pans en ardoise. L'une des casernes, occupant l'ancienne chapelle du fort, se termine par une abside hémicylindrique. La pièce centrale de l'arsenal est voûtée en anse-de-panier et comporte un escalier à trois volées, reposant sur un arc en arrête rampant. Une poudrière est construite en briques dans une caverne aménagée. Une autre est voûtée en berceau et couverte d'un toit à deux pans.

  • Murs
    • pierre moellon
    • brique
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    3 étages carrés
  • Couvrements
    • roche en couvrement
    • voûte en berceau
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau en anse-de-panier
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans croupe polygonale
    • toit à longs pans pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours en maçonnerie, sur voûte
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1989/06/08
    inscrit MH, 1989/06/08
  • Référence MH

Documents figurés

  • Elévation géométrique des Testes sur les hauteurs de Briançon. / Dessin avec rabat, 1725. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 2, n° 14, feuille 4.

  • Plan des Testes. / Dessin, 1725. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 2, n° 14 (1).

  • Plan des Testes. / Dessin avec rabat, 1727. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 2, n° 17 (2).

  • Briançon 1727. Elévation géométrique des Testes sur les hauteurs de Briançon prise sur la ligne A, B, du plan. / Dessin, 1727. Service Historique de la Défense, Vincennes : Article 8. Section 1. Carton 2 n°17, feuille 1.

  • Plan des Testes pour servir au projet de 1740. / Dessin. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 2, n° 36, feuille 1.

  • Partie du plan des Testes et du Randouillet. / Dessin, 1740. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 2, n° 17 (3).

  • Plan général de la ville et des forts de Briançon. / Dessin, plume et lavis, 1747. Service historique de la Défense, Vincennes, Fonds du Génie, article 8, Section 1, Carton 3, n° 6 (2), feuille 1.

  • Plan de l'état actuel du fort des Têtes. / Dessin, 1747. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 3, n° 6 (9), feuille 8.

  • Plan représentant les ouvrages des Têtes et du Randouillet avec les redoutes proposées sur les différentes hauteurs qui environnent Briançon. Dessin, plume et aquarelle, 18e siècle. Service historique de la Défense, Vincennes.

    Service Historique de la Défense, Vincennes
  • Les Têtes, bâtiment D. Plans. / Dessin, 1819. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 5, n° 48 (26).

  • Les Têtes, bâtiment E. Plans. / Dessin, 1819. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 5, n° 48 (27), feuille 3.

  • Atlas des bâtiments militaires. Place de Briançon. Fort des Têtes. Caserne cotée B. [Elévation, coupe, plans] / Dessin, 1825. Service historique de la Défense, Vincennes : Grand atlas, T 336, feuille 10.

  • Atlas des bâtiments militaires. Fort des Têtes. Casemates 0. [Elévation, plan et coupe] / Dessin, 1826. Service historique de la Défense, Vincennes : Grand atlas, T 336, feuille 14.

  • Atlas des bâtiments militaires. Fort des Têtes. [Bâtiments divers]. / Dessin, 1828. Service historique de la Défense, Vincennes : Grand atlas, T 336, feuille 9.

  • Place de Briançon. Plan de la ville et des forts./ Dessin, plume et lavis, 1854. Service historique de la Défense, Vincennes, Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires.

  • Projets pour 1845. Construire un magasin à poudre (...) au bas fort des Têtes. / Dessin, 1845. Service historique de la Défense, Vincennes, article 8, section 1, carton 13, n° 1, feuille 12.

  • Projets supplémentaires pour 1853 : construire une chapelle au fort des Têtes, dans les combles du bâtiment I. / Dessin, 1852. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, section 1, carton 15, n° 1, feuille 13.

  • Plan terrier. Le fort des Têtes et la communication Y. / Dessin, 1861. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires, feuille 2.

  • Magasin à poudre A du fort des Têtes. / Dessin (calque), 1894. Service historique de la Défense, Vincennes.

  • Magasins à poudre V et X du fort des Têtes. / Dessin, sd (19e siècle). Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, grand atlas T 336, folio 34.

Date d'enquête 1987 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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