I. La première ferme
Elle n'a pas fait l'objet de modification majeure, en tout cas à l'extérieur, depuis le 18e siècle, et propose donc un état préservé. Maison-bloc en hauteur implantée perpendiculairement à la pente, elle se déploie sur trois niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble. La maçonnerie est recouverte d'un enduit à la chaux ayant reçu une couche de peinture saumonée, devenue lacunaire, sur les façades principales sud-ouest (au second niveau) et sud-est. L'étage de soubassement est entièrement dévolu aux activités agricoles, et son accès est protégé des intempéries par l'avancée profonde de deux mètres environ que constitue la coursière courant le long de la façade principale et qui repose sur des poteaux de bois. La distribution intérieure de cet étage de soubassement ménage des espaces doubles en profondeur. Un mur de séparation maçonné en moellons de grès divise équitablement l'espace en front de parcelle, mais une ouverture assure un passage d'une pièce à l'autre. Chaque espace communique avec les autres. Une voûte d'arêtes surbaissée tient lieu de mode de couvrement sur les trois quarts de la surface, dans l'espace en fond de parcelle ainsi que dans la partie sud-est en front de parcelle, qui a été étayée pour des raisons de fragilité structurelle. La partie nord-ouest est quant à elle planchéiée et elle aussi étayée par des poteaux de bois. Il est possible que le mur de séparation perpendiculaire à la façade ainsi que celui qui est venu partiellement combler l'arc dégagé par le voûtement de séparation entre le front et le fond de parcelle dans la partie nord-ouest aient été motivés par des raisons de renforcement du bâti, manifestement instable. Ces espaces ont été observés depuis l'extérieur : ils ont pu servir à la fois de remise et de bergerie, éventuellement d'étable à mulets, mais aucune mangeoire n'a été repérée. Un bûcher occupe une partie de l'espace sous la coursière.
L'accès au logis au rez-de-chaussée surélevé s'effectue par l'intermédiaire de la coursière, qui distribue les différents espaces intérieurs, avec deux portes commandant deux espaces de logis dotés chacun d'une cheminée aux deux extrémités de l'étage. Le logis situé côté nord-ouest est double en profondeur, avec deux pièces chacune éclairée par une fenêtre (en façade principale sud-ouest et sur le mur-pignon nord-ouest). Celui situé côté sud-est est constitué d'une seule pièce et reste cantonné en front de parcelle, car ce même niveau abrite aussi une fonction agricole, identifiable sur le mur-pignon par une porte charretière. Il s'agit d'une remise, qui se prolonge sur la moitié environ de la longueur de la parcelle (voir la deuxième ferme pour une disposition similaire). Selon toute vraisemblance, l'accès à l'étage de comble s'effectue depuis ce lieu.
Il n'a pas été possible de savoir avec certitude si le fenil qui prend place à l'étage de comble - et qui se déploie sur un double niveau - occupe l'intégralité de cet espace, car une incertitude demeure sur la présence ou non d'une autre pièce de logis dans la partie nord-ouest du bâtiment. Une porte haute pour l'alimentation en fourrage occupe le mur-pignon sud-est. La toiture à longs pans et demi-croupe sur chacun des pignons présente une pente forte. La pente du toit sur le versant sud-ouest (façade principale) est traité avec un égout retroussé : ce débord assure la protection de la coursière contre les intempéries. Seule la demi-croupe du pignon sud-est a conservé sa couverture en bardeau de mélèze. Le reste du toit reçoit une couverture en tôle.
On notera qu'à l'angle du mur-pignon sud-est est accolé un oratoire maçonné sommé d'une croix en fer forgé, dont la dédicace reste incertaine. La niche abrite une représentation peinte moderne d'un "Noli me tangere".
II. Une ferme "complémentaire"
La propriété d'Antoine Girard était en 1827 également constituée d'une seconde ferme, à proximité immédiate de la première (ancienne parcelle 1827 B 375). Elle est difficilement analysable de manière pertinente en l'état. Restaurée et modifiée par ses actuels propriétaires, elle a toutefois conservé ses principales caractéristiques, même si les fonctions agricoles ne sont plus opérationnelles, puisqu'il s'agit désormais d'une résidence secondaire déconnectée de sa destination passée. Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès liés au mortier de chaux et de sable, à pierres vues, sur quatre niveaux (étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé et double étage de comble). Sa distribution intérieure observe une juxtaposition des fonctions à partir du rez-de-chaussée surélevé comme en témoigne la façade principale ouest : agricole au premier niveau (dont une remise à droite avec une porte charretière), accompagné par une pièce indéterminée qui pouvait servir de resserre ou d'atelier (éclairée par une fenêtre, à gauche).
La porte d'entrée ouvre sur un escalier droit menant à un palier au rez-de-chaussée surélevé lui-même desservi par une autre porte d'entrée, en façade est. Cet étage est aujourd'hui entièrement dévolu à la fonction logis et un balcon filant court le long de la façade principale. Certaines ouvertures ayant fait l'objet de modifications, il n'est pas possible de savoir si les différentes pièces étaient desservies par ce balcon par plusieurs portes. Actuellement, une seule est en place. De même, une intervention en façade nord a laissé le souvenir en creux d'une ancienne porte, certainement charretière (en partie murée et limitée à une fenêtre) qui devait mener à une remise, directement sous le fenil (une distribution proche de celle observable dans la première ferme, voir ci-dessus). Les transformations apportées à la ferme ont modifié la destination de cet espace, devenu pièce de logis. A cet étage toujours, le plancher séparant l'étage de soubassement du niveau supérieur du bâtiment attenant, partiellement ruiné, a été restauré sous forme d'une dalle de béton. Celle-ci sert de terrasse accessible depuis le pignon sud de la ferme.
Le double étage de comble servait de fenil qui se déployait sur deux niveaux : le pignon nord conserve une porte haute ancienne attestant de cette fonction, et une lucarne sous forme de chien assis existe toujours côté est. La toiture à longs pans et égout retroussé en façade principale ouest, de façon à protéger le balcon filant, présente une forte pente ; il est couvert en bac acier. L'entrepôt agricole jouxtant sur le pignon nord cette première ferme, bien que faisant aujourd'hui partie de la même propriété, n'appartenait pas alors à Antoine Girard dit Cardagnon.
Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).