Les deux bâtiments formant l'ensemble sont construits en maçonnerie de moellons de grès sans chaîne en pierre de taille liés par un mortier de chaux partiellement repris au ciment. La mise en oeuvre, contemporaine, s'avère plus serrée et dense que l'usage traditionnel, même si l'assise reste irrégulière. La première dépendance, située au sud du chemin rural, est un bâtiment sur deux niveaux : un rez-de-chaussée et un étage de comble, ouvert sur le gouttereau par une large entrée sans porte permettant le passage du gros matériel agricole et faciliter ainsi les déplacements entre le chemin et la remise. La partie droite est séparée du reste par une cloison montée en parpaing artisanal qui délimite un espace privatif accessible par deux portes sur le gouttereau nord, mais qui ne prend pas toute la profondeur du bâtiment. Il n'a pas été possible d'entrer et de comprendre la distribution intérieure de cet espace. L'étage de comble est dévolu au fenil, et le gouttereau nord présente une lucarne passante dans un chien assis permettant un approvisionnement direct depuis l'extérieur. Le toit à longs pans et pente douce est couvert de bac acier depuis les années 2015 (tôle auparavant). Un canal d'arrosage creusé le long de la rive sud du chemin rural, et qui longe le mur-gouttereau sud de la dépendance, assure l'irrigation des terres cultivées : il est alimenté par le ravin de la Lance.
La seconde dépendance, qui contient également du galet cassé dans sa mise en oeuvre, a été construite en trois temps. Un premier bâtiment à l'ouest sur un terrain décaissé, s'est vu accoler très rapidement une adjonction sur un niveau unique derrière, en étage de soubassement, avec une porte ouvrant sur un espace correspondant à une pièce voûtée en berceau segmentaire, mise en oeuvre au ciment, avec trappe zénithale. Cette trappe servait-elle à l'alimentation directe du bétail en fourrage ? Sa position au sommet de la voûte n'est pas habituelle pour une bergerie, ce qui rend incertaine la destination de cet espace. C'est au-dessus de la porte de cette adjonction qu'une pierre porte la date 1947. Une seconde phase de travaux a prolongé le premier bâtiment (c'est sur cette partie qu'on trouve une autre date (1950) avec les initiales A. V. dans un cadre, lui-même flanqué de part et d'autre de deux autres initiales de dimensions plus petites : M. D. Cette adjonction tient lieu d'étable (vraisemblablement à vaches) avec mangeoire, abat-foin et trappe d'alimentation depuis le fenil, et complète la bergerie attenante. Le rez-de-chaussée surélevé correspond au fenil, qui se développe sur un étage de comble. Si le très vaste fenil occupe l'essentiel de l'espace, un logis ponctuel a été aménagé dans la partie sud-est à ce niveau, car les propriétaires avaient initialement l'intention de créer des appartements, d'où les ouvertures amples sur le mur gouttereau sud. On peut d'ailleurs identifier en façade sud une fenêtre vitrée qui vient éclairer la pièce de logis. Si le projet n'a pas été mené à bien, la maçonnerie conserve le souvenir de cette entreprise finalement abandonnée. Les dimensions peu habituelles des ouvertures ne correspondent donc originellement pas à un changement de mise en oeuvre en adéquation directe avec une architecture évoluant de l'architecture traditionnelle vers une architecture plus adaptée aux mutations économiques. En revanche, l'ampleur du bâtiment s'inscrit bien dans ce mouvement de bascule de l'économie agricole locale qui promeut l'activité d'élevage. On accède au logis par un escalier droit en bois parallèle au mur-pignon est, qui donne accès à deux portes : la première ouvre sur le logis ponctuel, la seconde sur le fenil. Sur le gouttereau sud, à l'étage de comble, prend place une lucarne passante dans un chien assis, sur le modèle de celle de la dépendance qui fait face. Le toit à longs pans et pente douce lui aussi est couvert de bac acier depuis les années 2015 (auparavant tôle ondulée). L'accès au fenil s'effectue directement au rez-de-chaussée surélevé par le mur gouttereau nord. Le toit dissymétrique s'explique par l'adjonction nord, qui prolonge la dépendance en profondeur.
L'implantation dans la pente a nécessité la mise en oeuvre d'un mur de soutènement de deux mètres de hauteur environ sur lequel sont posées des ruches, doublé d'un autre, l'espace intermédiaire étant protégé par une structure couverte. Un petit entrepôt (troisième dépendance construite en maçonnerie de moellons de grès liés au mortier de chaux et sable et en galets cassés) tenait lieu de poulailler et de porcherie avec deux trappes d'alimentation accessibles depuis l'extérieur. Elle s'adosse à la pente, à proximité immédiate de la deuxième dépendance, et complète le dispositif.
Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).