Dossier d’œuvre architecture IA04002959 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ferme dite du Chastelas
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit le Chastelas
  • Cadastre 1827 C 128-142, 144-155  ; 2017 C 153-170
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    ferme du Chastelas
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, remise, fenil, enclos

HISTORIQUE

L'ensemble est porté sur le cadastre de 1827 ; il remonte donc au plus tard à la fin du 18e siècle, d'autant plus que l'état de 1827 témoigne déjà d'un accroissement de l'exploitation. En effet, l'un des bâtiments de la ferme correspondait à cette date à un second logis accolé, appartenant à l'un des fils de Jean Baptiste Allègre dit Nouère, à savoir Joseph Allègre (qui portait d'ailleurs le même sobriquet que son père, Nouère). Les deux logis ont été réunis et l'actuel propriétaire a procédé à des travaux de restauration durant le dernier quart du 20e siècle qui n'ont toutefois pas modifié le parti d'ensemble.

L'exploitation a continué à se développer au 19e siècle, puisque l'entrepôt agricole en contrebas de la ferme, propriété de Jean Baptiste, s'est vu adjoindre deux autres bâtiments très vraisemblablement au tournant du 20e siècle, une maison et un entrepôt agricole. Un enclos à moutons est alors venu occuper une partie de la cour, contrôlé par les trois bâtiments, signe d'une évolution du fonctionnement de l'exploitation. Cette partie de la propriété est aujourd'hui ruinée.

L'abandon de l'exploitation a entraîné un progressif envahissement arbustif des espaces libres autrefois cultivés, notamment sur le plateau devant la ferme au sud ainsi qu'à l'est. La pente naturelle du terrain vers le sud a été rachetée par une série de terrasses de cultures aujourd'hui presque invisibles sous la végétation.

DESCRIPTION

L'ensemble agricole se compose d'une part de plusieurs édifices : la tête d'exploitation - la ferme du Chastelas - située sur un plateau à environ 1 460 m d'altitude, ainsi qu'un agrégat d'entrepôts agricoles avec enclos et une maison à environ 50 m en contrebas. Des terrasses agricoles montées en pierre sèche à l'est relient d'autre part les parties bâties haute et basse de la propriété.

Le bâtiment principal

La ferme du Chastelas est composée de deux maisons-bloc accolées (celle du père et celle du fils) avec un bâtiment agricole accolé en décrochement à l'est. L'implantation prend place sur un terrain en pente avant le replat du plateau. La ferme comprend donc, pour les deux maisons-bloc, deux étages de soubassement et un étage de comble. La dépendance agricole comprend quant à elle un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé. La façade principale est orientée au sud-ouest. Chaque maison-bloc présente les mêmes dispositions : partie agricole au premier étage de soubassement, avec entrée privative sur la façade principale, devant une cour formant terrasse et auparavant enclose par un muret sur une grande partie de sa périphérie (à l’exception du côté orienté au nord-ouest). Au deuxième étage de soubassement on trouve pour chaque logis une entrée indépendante, au nord-ouest et au sud-est : aujourd’hui, les deux espaces intérieurs privatifs communiquent. L’étage de comble tenait lieu de fenil commun sous un toit à longs pans recouvert depuis plusieurs dizaines d’années de tôle. On distingue à cet étage et orienté au sud-est quatre ruchers-placards (qui ont été remontés par l’actuel propriétaire).

L’accès au fenil est facilité par une vaste aire contiguë à l’arrière de l’édifice (en réalité deux aires à battre attenantes pour chacune des maisons-blocs) aujourd’hui réunies. Le rez-de-chaussée surélevé de la dépendance agricole donne également sur cette vaste aire, mais il faut descendre une échelle mobile en bois de quelques marches pour fouler le sol de ce niveau manifestement destiné à l’entreposage de matériel léger. Le soubassement, voûté en berceau segmentaire, tenait lieu d'étable voire de bergerie (c’est aujourd’hui un bûcher). La maçonnerie de l’ensemble traduit une mise en œuvre courante sur la commune : des moellons de grès majoritaire de taille variable avec quelques moellons calcaire en complément, ces derniers étant souvent travaillés contrairement aux autres. Une grosse partie de l’édifice a été sinon remonté, du moins repris (notamment les ouvertures), ce qui empêche de procéder à une lecture très précise du bâtiment. Néanmoins, le plan n’a pas été modifié. On observe en façade principale quelques traces lacunaires d’enduit à pierres vues sans pouvoir déterminer la période de mise en œuvre.

la ferme dispose d'une source et l'acheminement de l'eau est assuré par des canalisations en bois creusé monoxyles.

Les dépendances

L’ensemble bâti en contrebas comprend deux entrepôts agricoles ainsi qu'une maison, qui s'appuient sur la pente du terrain qui surplombe le torrent de la Lance. L'état délabré des bâtiments permet l'identification de chacun mais n'autorise pas de détailler par le menu les aménagements intérieurs. Le premier entrepôt, mentionné sur le cadastre de 1827, se compose vraisemblablement de deux étages, le premier en soubassement et voûté en berceau segmentaire servait de bergerie, le second en comble de fenil, mais il a pu comporter un logis temporaire (d'ailleurs l'état de section établi à partir du cadastre signale qu'il s'agissait en 1827 d'un bâtiment de première catégorie). Le second entrepôt agricole, plus tardif, se déploie lui aussi sur deux étages, selon les mêmes dispositions que le précédent : bergerie en soubassement et fenil en comble avec un accès direct depuis l'extérieur. Mais il affecte la forme d'un rectangle plus vaste que le premier (environ 9 x 5 mètres de côté), sans voûtement en partie basse, adapté au rassemblement d'un troupeau plus étoffé. La maison est relié à cet entrepôt par un muret monté en pierre sèche, d'une hauteur d'environ 1,50 mètre de hauteur, sur une largeur identique. Elle aussi à deux étages, elle s'établit en revanche sur un sol quasiment plan, en retrait de la courbe de terrain : d'où un rez-de-chaussée destiné au logis, surmonté d'un comble dévolu peut-être au fenil. Les matériaux de gros oeuvre sont identiques pour les trois bâtiments : moellons de grès et de calcaire non assisés, mais on observe que si, pour les deux bergeries, le mortier de chaux a été grossièrement mêlé à de la terre, le liant utilisé pour la maison est mixte puisqu'au précédent s'ajoute un mortier de gypse à la couleur rouge orangé caractéristique qui témoigne d'une mise en oeuvre plus soignée. Ce mortier apparaît surtout au niveau des encadrements de fenêtres (feuillures pour les volets qui ont disparu), dont les dimensions ont été manifestement standardisées. Les murs intérieurs devaient être recouverts d'un enduit de plâtre, dont on garde la trace sur les encadrements de fenêtres cloutés pour faire tenir la couche d'enduit. La disposition des bâtiments, renforcée par le muret mentionné ci-dessus, ferme en quelque sorte le nord et l'ouest de la propriété, tandis qu'un enclos en ferme les côtés sud et est. L'entrée des bergeries donne évidemment sur cet enclos.

Cet aménagement est relié aux terrasses agricoles à l'est par un chemin muletier bordé par un muret monté en pierre sèche. Il s'agit donc d'un ensemble agricole très organisé réparti entre deux membres d'une même famille ‒ le père et l'un de ses deux fils.

UN MODE D'EXPLOITATION FAMILIAL

La ferme du Chastelas s'avère en effet particulièrement intéressante en ce qu'elle témoigne d'un mode d'organisation familiale au sein de l'exploitation. Le père et l'un de ses fils disposaient chacun de son propre logis avec "patègue" sur deux parcelles mitoyennes (respectivement en 1827 C 151 et 137). Le fils Joseph avait aussi une dépendance contiguë à son logis sur l'ancienne parcelle 1827 C 138). Chacun possédait aussi ses propres parcelles de terrain, sans mélange, mais les deux propriétés accolées constituaient un ensemble compact. Le père, Jean Baptiste, avait aussi une maison dans le village de Colmars, rue de l'Hospice, sur l'ancienne parcelle 1827 E 100 (qui correspond aujourd'hui à un édifice de cinq niveaux dont trois de logis et une étable ainsi qu'un fenil aux niveaux inférieur et supérieur).

Ces terrains rassemblaient l'essentiel de la propriété du fils. Le père disposait d'autres parcelles, ailleurs sur la section C, dont certaines proches voire contiguës de son autre fils lui aussi prénommé Jean Baptiste. Cela tend à montrer que le partage des espaces d'exploitation conservait au moins pour partie un caractère familial, et que le père et ses fils pouvaient s'entraider, même si chacun restait chez soi, comme en témoigne les deux logis mitoyens mais indépendants à la ferme du Chastelas. Là-bas, les deux aires à battre, et les fenils accolés, étaient évidemment partagés, et les travaux agricoles présentaient une part de caractère collectif.

L'ensemble est porté sur le cadastre de 1827 ; il remonte donc au plus tard à la fin du 18e siècle.

L'exploitation a continué à se développer au 19e siècle, puisque l'entrepôt agricole en contrebas de la ferme, propriété de Jean Baptiste, s'est vu adjoindre deux autres bâtiments très vraisemblablement au tournant du 20e siècle. Cette partie est aujourd'hui ruinée.

L'actuel propriétaire a procédé à des travaux de restauration durant le dernier quart du 20e siècle qui n'ont toutefois pas modifié le parti d'ensemble. L'exploitation a cependant périclité.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : limite 19e siècle 20e siècle

La ferme est constituée de la réunion de deux bâtiments contenant le logis et d'une dépendance jointive. L'ensemble s'inscrit dans la pente et présente deux étages de soubassement et un étage de comble. Le gros-oeuvre se constitue de maçonnerie de moellons calcaire avec des moellons de grès en complément. Le toit à longs pans et pan unique sur la dépendance présente une pente faible ; il est recouvert de tôle aplatie. La façade principale orientée au sud-ouest a été partiellement remontée au niveau des ouvertures et des huisseries. A l'étage de comble, l'ouverture cloisonnée en planches jointives qui court en bandeau sur l'essentiel du développé de la façade, témoigne également d'une restauration contemporaine.

Les dépendances en contrebas sont partiellement ruinées : toiture et charpente ont disparu dans chacun des trois bâtiments. La maçonnerie reprend celle mis en oeuvre dans la ferme, mais on observe une standardisation des huisseries.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Toits
    fer en couverture
  • Étages
    2 étages de soubassement, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à un pan
  • Typologies
    F3a : ferme à maison-bloc à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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