En 1842, le sieur Gassend, propriétaire de la parcelle B 436 située par les uns quartier de la Fuby et par les autres quartiers des Hautes Touisses (ou Touires) a en projet la réalisation d’un moulin à farine et d’un moulin à huile « mis en jeu par les eaux des ravins d’Envalenc et de la Fubie », à roue verticale, sur cette parcelle. A cette époque, les sieurs Aman et Margaillan sont associés à ce projet. Celui-ci sera soumis à enquête publique. Une affiche sera apposée pendant 20 jours « tant à la principale porte de l’église qu’à celle de la maison commune » et un registre sur lequel seront inscrites les observations ou réclamations sera ouvert au secrétariat de la mairie. Les rites les observations ou réclamations sera ouvert au secrétariat de la mairie. Le sieur Bœuf, meunier à Puimoisson et propriétaire de deux moulins ainsi que quelques particuliers feront part de leur opposition à la construction de cette « usine ». AD 04 / E 157 3 O 1
Par la suite (1851), le sieur Gassend sera associé avec le sieur Coulomb avant de se retrouver tout seul sur ce projet (1852), sans que l’on connaisse les raisons de la défection de ses précédents associés. Une nouvelle enquête publique a lieu au printemps 1852, les habitants étant avertis par affiches et « à son de caisse ou de trompe ». AD 04 / E 157 3 O 1. Le décret préfectoral autorisant cette construction et fixant les conditions de fonctionnement sera finalement pris le 9 juin 1852 alors que le moulin est déjà en fonctionnement depuis 8 ans ! Le « Plan et profils seront dressés par le conducteur des Ponts et Chaussées » en cette même année1852, soit 8 ans après sa construction. AD 04 / E 157 1 G 11
Le préfet précise : « …Considérant que quelques réclamations avaient été formées à l’époque où la demande avait été produite et soumise aux formalités de l’enquête, par le sieur Bœuf meunier et par divers autres habitants de Puimoisson qui prétendaient que l’établissement de cette usine les priverait de l’usage des eaux nécessaires à l’arrosage de leurs terres mais que depuis la mise en jeu de ce moulin, les réclamants ont reconnu que la dérivation des eaux du ruisseau d’Envalenc ne leur causait aucun préjudice, et qu’ils n’ont pas renouvelé leur opposition pendant l’enquête à laquelle les propositions de M. l’Ingénieur en chef ont été soumises, du 20 mai au 3 juin courant (1852) : Qu’il importe dès lors, ainsi que l’a demandé le sieur Gassend, de fixer l’existence de cette usine par un règlement d’administration publique ; Arrêtons :
Article 1er. Le sieur Gassend est autorisé à maintenir en activité et à compléter, ainsi qu’il sera dit ci-après, une usine destinée à la mouture du blé et à la fabrication de l’huile, qu’il possède sur le bord du torrent d’Envalenc, au quartier de la Fuby, dans la commune de Puimoisson.
Article 2. Les eaux motrices seront dérivées du torrent d’Envalenc et de celui de la Fuby, par un seul canal partant du 1er de ces cours d’eau et croisant le dernier… »
Suit tout une série d’articles précisant, au centimètre près, les aménagements à réaliser,les niveaux à respecter : « … le niveau légal de la retenue à la première de ces deux prises (le torrent d’Envalenc) est fixé à huit mètres quatre vingt dix huit (8,98 m) en contrebas du seuil en bois de la partie du bâtiment qui recouvre la roue motrice, lequel seuil est de niveau avec un contre-repère formé par une forte entaille dans un gros chêne situé devant cette porte et à cinq mètres de distance... »
La contenance du réservoir ou écluse sera « de deux cents mètres cubes au plus ». Et « au dessus du niveau du seuil de la vanne de décharge, il pourra se servir de ce bassin pour faire fonctionner son usine par éclusées… ». AD 04 / E 157 3 O 1
Ce moulin est porté pour 86 francs et 67 centimes de revenus sur la « Matrice cadastrale des propriétés bâties » à la fin du 19e siècle. AD 04 / E 157 1 G. Un revenu nettement inférieur aux deux autres moulins " Boeuf" se trouvant au pied du village. Ce qui laisse à penser que le volume des grains traités était bien moindre que celui de son concurrent direct ***.
Pour autant, il est expliqué dans le rapport de l'ingénieur en chef du service hydraulique, daté du 23 octobre 1852, que la force motrice du moulin Gassend est supérieure à celle des moulins Boeufs. L'usine de M. Boeuf dépenserait plus d’eau que celle de M. Gassend et cela ne proviendrait pas tant de la différence de taille, qui d'ailleurs n’est pas si grande, que du type de roue. En effet, l'usine Gassend est mue par une roue en dessus, moteur perfectionné qui produit beaucoup de force pour un débit d'eau faible, tandis que l'usine Boeuf est mue par une roue horizontale dite Rouet, laquelle utilise une moindre partie de la force motrice et exige par conséquent une quantité d'eau plus grande.
L'annuaire des Basses-Alpes, relatif aux moulins, fait encore état de son fonctionnement jusqu'en 1923, date à laquelle il disparaît des registres. Mr Chaix, ancien meunier des moulins Boeufs, a rhabillé ses meules depuis son retour de guerre jusqu'à la fin. Nous avons retrouvé quelques propriétaires de ce moulin : Gassend, Aman et Margaillan (associés en 1842), Gassend et Coulomb (associés en 1842), Gassend (1844), Gassend (1852), Rouvier Antoine (aubergiste, meunier à Puimoisson 1882 – 1891), Rouvier Frédéric à partir de 1907, Pierrisnard Jacques, Durand Anne-Marie et Alain en 2006 ***.
Chargée de la valorisation du patrimoine bâti et de la transmission des savoir-faire, Parc naturel régional du Verdon