Dossier d’œuvre architecture IA04002883 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, patrimoine bâti lié à l’eau du PNR du Verdon
Fontaine, lavoir et abreuvoir dite source de Poiraque
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Verdon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Verdon - Valensole
  • Commune Quinson
  • Lieu-dit Poiraque
  • Adresse chemin de Poiraque
  • Cadastre 2016 A2 non cadastré; à proximité de parcelle 177; 518 ; 1825 A2 228 Section A2 dite du Plan; Côte: 105 Fi 158/003 ; Parcelle: prés de 228
  • Dénominations
    fontaine, lavoir, abreuvoir
  • Appellations
    source de Poiraque

Le village de Quinson possède un grand privilège, celui de disposer de huit fontaines depuis 1877. Mais la vie était bien plus difficile pour les fermes des écarts du plateau, au nord de la commune. L’eau y est rare, seule la source dite de Poiraque est digne de ce nom. Elle présente également l’avantage de jaillir à peu près au centre de cet habitat dispersé. Son aménagement a dû constituer un événement majeur pour toutes les fermes du secteur, car les points d’eau, essentiels pour la vie du plateau, constituaient également un lieu privilégié de la sociabilité villageoise. On y rencontrait les voisins, on échangeait les nouvelles comme les mille et un services qui tramaient le quotidien, et quel bon prétexte que d’aller puiser l’eau pour les jeunes gens qui voulaient se rencontrer !

Une lecture attentive des comptes rendus des réunions de la Communauté de Quinson (ancêtre de notre Conseil Municipal) à partir de 1650 et jusqu'à la veille de la Révolution a permis de relever une trentaine de mention de la source de Poiraque:

- En novembre 1650, on inflige des "amendes à ceux qui lavent aux puits de Poiraque, la Guidière et Clapier".

- Le 7 mai 1656, on envisage de réparer "la fons de Poiraque"

- De 1664 à 1673,le Conseil se réunit sous la présidence du juge et de son lieutenant, par procuration du Prévôt de Barjols – qui gère les biens et les affaires des chanoines co-seigneurs de Quinson avec le Marquis de Foresta.

A l'époque, il y a trois fontaines (le Merderez, le Collet et la Poiraque) qui doivent être régulièrement remises en état ("accommodées"). C'est ainsi que le 9 juin 1667 on décide de "donner le travail à la Poiraque à prix fait", mais on attend le 1er novembre 1668 pour payer le maçon et le "charriage" des matériaux.

-Les réparations ont sans doute été efficaces puisqu'on n'en parle plus pendant une trentaine d'années avec une livraison de "22 setiers[1] de chaux[2]. pour la Poiraque" le 30 janvier 1701. Entre temps, d'autres points d'approvisionnement en eau apparaissent et posent problème : la fontaine du Puits de ville qu'il convient de "rhabiller" et de débarrasser du fumier alentour le 1er novembre 1690, et celle de Cucuron (?) "qui a trop d'eau et où il faut faire un réservoir" en septembre 1694.

- La litanie recommence le 7 février 1718 "ilfaut demander un devis pour réparer la Poiraque", ce que l'on a sans doute tardé à exécuter puisqu'on prend la même résolution le 1er janvier 1729, et le 1er janvier suivant ! le 30 août 1744, on se préoccupe de réparer "l'abreuvoir de la Poiraque et de la Gudèle". C'est la première fois qu'il est fait mention d'un abreuvoir. Et il faudra attendre le 2 novembre 1749 pour que les travaux envisagés soient mis aux enchères, et le 28 février 1751 pour que quatre propositions soient enregistrées, dont deux artisans de Saint-Julien. Joseph Constantin emportera l'adjudication pour 240 livres. Le 4 mai 1752 les travaux sont jugés "conformes, même s'il y a un bourbier au dessus du béton du fond" et que l'enchère du carrelage soit attribuée à Louis Arène, boulanger ! S'agit-il du fond du puits, de l'abreuvoir ou d'un lavoir, bien qu'aucun lavoir ne soit mentionné dans les comptes-rendus dont nous disposons jusqu'en 1810 ?

- Comble de malchance pour les édiles quinsonnais qui constatent trois ans plus tard, le 27 avril 1755 qu' "il est urgent de réparer la Poiraque" et le 12 février 1758 qu'un devis est indispensable, devis qui ne sera officiellement demandé que le 4 février de l'année suivante pour "la Poiraque, la fontaine dessous le Collet et les abreuvoirs séparés à côté". Il faudra deux ans supplémentaires avant que les travaux soient "terminés le 9 janvier 1761 à quelques détails près" après la décision d'avoir fait transporter "80 quintaux de chaux à mouiller" le 16 octobre 1759 et le paiement en mars 1760 de "9 livres à Brun pour son devis".

- Les travaux reprendront en août 1779, on décidera de nouvelles enchères le 10 février 1783, auxquelles on procèdera en avril 1783, puis à nouveau en février 1784.

- Le 3 juin 1785, il est "interdit de mener les cochons boire à la Poiraque".

Grâce aux comptes de gestion de la commune de Quinson, nous savons que le 8 avril 1820, la somme de 216 francs est dépensée pour la fontaine Poiraque. Ce montant apparaît dans les dépenses extraordinaires. Et en 1821, une expertise de la fontaine est faite ce qui a coûté à la commune 1703,97 francs.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle , daté par source

Cet ensemble se compose d'une source aménagée en fontaine à noria, d'un lavoir couvert, et d'un bassin recevant les eaux de surverse utilisées pour l’arrosage des jardins. Située en bas d'un vallon, les eaux de la source sont collectées dans une citerne voûtée, faite en moellons de pays, dont l'entrée est protégée d'une grille en fer forgé. Le système de puisage est positionné au-dessus de la voûte: en tournant la roue, l'eau remontait à la surface. Ce type de fontaine à noria, dotée d’un système de chaîne et de piston, se nommait la pouso-raco en provençal, c'est-à-dire “la puise-crache”, littéralement. D’où son nom, légèrement altéré, de Poiraque. L'eau de surverse s'écoule par une cunette longeant le mur en pierre sèche, pour se diriger vers un abreuvoir constitué de pierre de taille, dont la pierre frontale porte l'inscription 1786 gravée dans la pierre.

L'eau circule sous le chemin pour aller alimenter le lavoir. Celui-ci est constitué d'un bassin composé d'un rinçoir (L: 1.35 m; l:1 m) séparé du lavoir (L: 6.60 m; l: 1 m). Bâti en moellons de pays hourdés, ce bassin est couronné de margelles épaisses en pierre de taille. Le lavoir s'appuie à un mur d'adossement en moellons grossiers hourdés au mortier rustique, les côtés étant également fermés. La toiture à pente unique est faite d'une charpente traditionnelle en bois couverte de tuiles creuses, soutenue par un pilier central de section rectangulaire.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • État de conservation
    restauré
  • Mesures
    • l : 4,3 m (fontaine)
    • la : 1,3 m (fontaine)
    • l : 7,5 m (lavoir)
    • la : 2,1 m (lavoir)
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Compte-rendu de réunions de la communauté de Quinson: 1650 à 1789. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains.

Documents d'archives

  • Dépenses pour la fontaine Poiraque. Comptes de gestion de la commune de Quinson, 1820-1821. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 3 O 371

Bibliographie

  • François Warin. Quinson sur Verdon, découverte d'un village de Haute-Provence. Editions Les Alpes de lumière, Mane, 2002.

    P. 101-102

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Quinson, 1825. /Dessin à l'encre sur papier par les géomètres: Fortoul, Navelle, Hugues, 1825, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains: 105 Fi 158

Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Verdon