Dossier d’œuvre architecture IA04002114 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ferme
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit Bois des Espiniers
  • Cadastre 1827 A1 19-22  ; 2010 A1 187
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    entrepôt agricole, logement, bergerie, étable, fenil

Il existait un ensemble de trois bâtiments sur le cadastre napoléonien, au lieu-dit quartier de Louria, dont l'emprise au sol ne correspond pas à la ferme actuelle, même si le lieu est le même. Ces trois constructions (deux bâtiments agricoles en 1827 A1 19, un four ruiné en 1827 A1 21) qu'accompagnaient une aire en 1827 A1 20, un jardin potager, une pièce d'eau (réservoir) respectivement en 1827 A1 22 et 23, appartenaient, ainsi que l'ensemble de la propriété, aux héritiers de Jean-Baptiste Brémond, propriétaire au chef-lieu Colmars. La propriété comportait aussi deux bâtiments ruraux (en 1827 A1 9 et 40, ce dernier étant indiqué en ruine) et de nombreuses parcelles de terres labourables. Les cultures étaient essentiellement composées de terres labourables, pour les céréales (blé et/ou orge). Aucun bâtiment ne semblait à cette date comporter d'habitation. La ferme actuelle (habitation et entrepôt agricole), par son type, ses fonctions et son aménagement intérieur (elle a visiblement été construite dans une optique d'élevage exclusif, se détournant de la polyculture vivrière encore en activité dans la première moitié du 19e siècle et au-delà, et dispose de pièces d'habitation bien plus vastes qu'à l'ordinaire pour l'habitat vernaculaire du 19e siècle), ne paraît pas antérieure au début du 20e siècle. Elle a à cette époque adopté une stratégie résolument tournée vers la production ovine. Les archives tendent à confirmer cette hypothèse. En effet l'absence d'information sur le registre des augmentations/diminutions pour la période 1841-1914 concernant les anciennes parcelles 19 et 21 laisse penser que la modification est intervenue après, dans la limite du premier quart du 20e siècle, soit dans l'immédiat après-guerre. L'activité d'élevage est quant à elle attestée par plusieurs inscriptions gravées sur le chambranle de la porte d'entrée. On peut y lire notamment : " souvenir de/Louis Bonnet/berger aux espinier/le 9 juillet 1954 », ou encore « Souvenir de/Michel Barbaroux/Bergers aux Espèniers/le 14 juillet 1963/2300 brebis/36 flacas [bêtes malades, qui ne mangent pas] 25 arrêts [béliers]/43 chèvres/21 chevraux ». La vaste propriété, partagée entre plusieurs héritiers de Jean-Baptiste Brémond, fondait toutefois sans aucun doute une grosse partie de ses revenus sur l'élevage ovin dès le 19e siècle. On remarque ainsi sur le cadastre ancien, et donc dès le 18e siècle au moins, la présence d'une carraïre pour les troupeaux de moutons qui longe en partie le ravin de la Chapelle, lequel coupe la propriété en deux. Plusieurs terres appartenant aux héritiers Brémond la bordaient en 1827 (les anciennes parcelles 69 et 70), ainsi que pour le sentier qui la prolongeait (les anciennes parcelles 26, 31 et 40). Le four ruiné (ancienne parcelle 21) a été remplacé par un entrepôt qui sert de remise et de fenil. Le nouveau bâtiment, qui contient l'habitation, a réutilisé les matériaux de construction de l'ancien entrepôt agricole situé en face (même parcelle 19), pour des raisons pratiques. Le bâtiment rural occupant l’ancienne parcelle 1827 A1 9 est illisible aujourd'hui. Il avait toutefois été converti en maison en 1858 par un héritier Brémond, prénommé Jean-Baptiste, comme le précise le registre des augmentations/diminutions.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle

Le bâtiment principal présente un plan allongé sur trois niveaux constituant un bloc parallélépipédique perpendiculaire à la pente. La mise en oeuvre utilise des moellons de calcaire et de grès (minoritaires) non assisés liés au mortier de chaux. La disposition intérieure, simple, ménage une fonction par étage : bergerie en étage de soubassement, logis sur deux pièces au rez-de-chaussée surélevé, fenil en comble. La bergerie propose un espace unifié d'une superficie intérieure importante (11 m de longueur X 5 m de largeur environ soit environ 55 m carrés), prenant en partie appui sur le rocher avec, à son extrémité sud-ouest, une banquette maçonnée recevant une mangeoire pour les mulets. Un pilier central en bois soutient une poutre transversale ancrée légèrement plus bas que celles qui soutiennent le plancher du logis supérieur. Cette poutre vient donc doubler la poutre transversale supérieure sur laquelle repose en partie le plancher.

On accède au logis par un degré maçonné de trois marches qui rachète la pente à cet endroit (façade sud-ouest), avec rampe en bois de fortune. Le logis, un espace initialement unique, a très vite été scindé en deux pièces séparées par une fine cloison de plâtre avec raidisseurs en bois verticaux, selon une proportion 2/5 - 3/5 : la première pièce, la plus petite, comprend une cheminée partiellement engagée et ruinée : elle est éclairée par une fenêtre percée dans le mur sud-ouest. La seconde, profonde, contient dans le mur nord-ouest, aveugle, un placard mural avec étagères. La lumière provient principalement des deux fenêtres qui percent la façade sud-est, dont une présente de grandes dimensions. S'y ajoute un jour, côté nord-ouest, ménagé dans une embrasure plus grande contenant également une étagère. Le mobilier, rudimentaire, se limite à une table en bois et quelques chaises. Les deux pièces disposent d'un sol en planches directement cloutées sur les poutres porteuses. L'emplacement du corps principal, côté nord-ouest, a été décaissé, de sorte qu'une sorte de passerelle devait permettre d'accéder à la lucarne (un chien assis) du fenil, et donc à l'étage de comble. Cela laissait le champ libre à la circulation tout autour de l'édifice.

Le fenil, comme la bergerie et le logis à l'origine, est un espace unique. Le volume intérieur, important, s'inscrit sous une charpente élaborée, à chevrons-portant-fermes, reposant sur une sablière constituée de pièces de bois à l'extrémité biaise ajointées bout à bout par des entures maintenues par des clous. Les entraits sont assemblés à queue d'aronde sur la sablière et sont doublés par une série de deux faux entraits.

La couverture a conservé le traditionnel bardeau de mélèze. Le reste de la propriété de 1827, composé de terres de cultures d'une manière générale (terres labourables) est aujourd'hui entièrement envahi par une végétation arborée parfois dense qui fait partie du Bois des Espiniers.

La dépendance, inscrite dans la pente (un étage de soubassement et un étage de comble), reprend la mise en oeuvre du bâtiment principal, également sans enduit de couvrement, avec un pignon en planches de part et d'autre. Le toit à longs pans en revanche est couvert en bac acier. L'entrée s'effectue sur le mur-pignon sud-est, avec une pièce au sol en terre battue et plafond planchéié, dévolue à la fonction de remise pour le matériel agricole. L'accès à l'étage de comble s'effectue côté opposé, par une porte en bois avec loquet en bois. Il tenait lieu de fenil (mais sert actuellement de remise). L'ouverture dans le pignon en planches côté sud-est assurait la ventilation naturelle du fourrage emmagasiné.

  • Murs
    • calcaire
    • grès
    • moellon
  • Toits
    bardeau
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    F3a2 : ferme à maison-bloc en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété privée, []

La ferme prenant place sur un éperon bordant une robine, les matériaux de mise en oeuvre ont dû pour une large part être acheminés depuis le fond de vallée, en tout cas pas ne se trouvaient-ils pas sur le site proprement dit. Le remploi se justifiait donc pleinement pour des raisons d'économie. L'ensemble se trouve à proximité d'un chemin de troupeaux ou carraire indiqué sur le cadastre ancien.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

    Section A, feuille n° 1 terminée par Bouffier, géomètre auxilliaire le 24 mai 1827 (parcelles A 19-22).
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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