Historique
D'après la tradition orale et certains écrits, l'édifice actuel serait un château seigneurial construit au 16e siècle pour remplacer le château féodal de Puy-Figette situé à quelques centaines de mètres sur la colline de Saint-Etienne (commune limitrophe de La Penne, Alpes-Maritimes). 1
Il semble qu'il s'agisse en réalité de l'ancien prieuré Saint-Pierre, donné à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille en 1044 par Jean et ses fils, seigneurs de Puy-Figette et conservé dans le domaine de l'abbaye tout au long de l'Ancien Régime.
En 1400, le prieuré est uni avec celui de Puy-Figette. D'après Achard, dans sa Description historique de Provence, l'ancien bâtiment conventuel du prieuré appartenaient à la fin du 18e siècle à des particuliers qui payaient encore à l'époque une redevance au chapitre de Saint-Victor. Les chanoines possédaient d'ailleurs encore quelques terres alentours avant la Révolution.
En 1817, le cadastre napoléonien reflète la même situation. L'édifice, avec le même plan de masse qu'actuellement, appartient à 5 personnes, probablement tous membres de la même famille de notables, les Isnardy, dont un représentant, curé de la paroisse de Saint-Pierre, avait fondé en 1752 une chapellenie dédiée à Notre-Dame de Pitié dans l'église paroissiale.
Au nord de cet ensemble se trouvait l'église du prieuré devenue église paroissiale, démolie en deux campagnes. Une première démolition, avant 1873, avait laissé subsister la partie attenante au cimetière. Le conseil municipal avait envisagé de la transformer en chapelle funéraire pour les enterrements. Le coût élevé des travaux a probablement empéché le projet de se réaliser. La démolition totale est intervenue quelques années avant 1926 et a été réalisée par M. Burdeze, entrepreneur à Sigale (Alpes-Maritimes).
Le détail des bâtiments donné par le cadastre de 1817 est le suivant : Baud Philip ("cour", "bâtiment rural"), Isnardy Casimir ("le dessus" du bâtiment rural précédent, "maison et cour"), Isnardy Honoré Victorin ("maison"), Isnardy Antoine notaire ("maison et cour"). En outre, l'aire à battre et le jardin situés au sud sont la propriété de Isnardy Pencrace.
Tous ces éléments font supposer que le prieuré médiéval a été désaffecté par l'abbaye de Saint-Victor à une époque indéterminée, puis cédé à la famille Isnardy qui l'a transformé en exploitation agricole et maintenu en indivision.
Les bâtiments actuels ne conservent pas de traces de la construction primitive. La date 1673, gravée sur la porte est de l'élévation sud, correspond probablement à une des campagnes d'extension ou de reconstruction de l'édifice. On relève aussi la date 1768 à la base du passage couvert. La lecture des différents collages de maçonnerie montre que l'édifice a été plusieurs fois agrandi par l'ajout de parties accolées, les principales extensions datant d'avant 1817. L'adjonction d'un bâtiment agricole disjoint au sud est postérieur à cette date.
La tradition orale rapporte que la partie supérieure de la tour s'est effondrée suite à un tremblement de terre, aux alentours de 1900.
L'historien Joseph-Antoine Durbec signale que, dans les années 1920, le "château" possédait encore une importante bibliothèque (dont des archives relatives à Saint-Victor de Marseille), un mobilier abondant et des murs tapissés. Dans les années 1940-1950, les bâtiments, en partie ruinés, ont été restaurés ou reconstruits.
Description
Composition
L'édifice est adossé parallèlement au sens de la pente et se compose de plusieurs bâtiments accolés et d'un bâtiment disjoint.
Une cour caladée borde le côté sud et est accessible par un passage couvert. Les bâtiments comportent quatre étages : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble.
Distribution
L'étage de soubassement est occupé par des étables et des resserres, couvertes par des voûtes en berceau segmentaire. Les sols sont en terre battue, en calade ou constitués par la roche en place aplanie. Dans la partie est se trouve un four à pain (bouche, coupole et sol en grès) et son fournil.
Le rez-de-chaussée est occupé par différents logis (cuisines et chambres) qui correspondent au lotissement du bâtiment. Dans la partie est se trouve une cuisine avec une cheminée adossée (le fond de l'âtre montre la bouche d'un ancien four à pain) et un potager à deux grilles. Dans cette même partie on trouve également un coffre à grain en menuiserie. Les murs et les plafonds sont enduits, les sols sont en carreaux de terre cuite ou en tomettes.
L'étage carré et l'étage de comble ont été profondément modifiés. Ils abritaient des logis, des fenils et des séchoirs.
Escaliers
Dans la partie est, un escalier intérieur tournant dessert tous les étages depuis l'étage de soubassement.
Dans la partie ouest, on note les vestiges d'un ancien escalier intérieur précédé d'un couloir communiquant avec la base de la tour.
Dans la tour, se trouve un escalier en vis qui part actuellement du rez-de-chaussée surélevé et qui dessert chaque étage grâce à des portes dont les encadrements en pierre de taille sont chanfreinés.
Mise en oeuvre
L'ensemble est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de grès. Les enduits sont récents.
A la base de la chaîne d'angle sud-ouest, on note la présence de quelques bossages grossiers.
Au premier niveau de l'élévation sud, on trouve une porte en arc plein-cintre, dont l'encadrement en pierre de taille porte la date 1673 sculptée en réserve. Au premier niveau de la tour, on trouve une porte en arc plein avec encadrement en pierre de taille et au premier niveau de l'élévation nord, une porte avec un encadrement en pierre de taille. Les autres encadrements des ouvertures sont façonnés au mortier, avec linteau en bois.
Les toits sont couverts en tuile creuse, en tuile plate mécanique et en plaques de ciment-amiante.
L'avant-toit et la saillie de rive sont constitués d'un ou deux rangs de génoises. Le faîtage ouest est couronné d'une boule de grès monolithe, surmontée d'une croix en ferronnerie à branches fleuronnées. Au troisième niveau de l'élévation ouest, on trouve le stylet d'un ancien cadran solaire.
Parties disjointes
Un puits-citerne se trouve accolé à l'élévation nord, il est alimenté par les eaux de pluies collectées sur la toiture ainsi que par une veine d'eau souterraine. Le cuvelage est en maçonnerie.
Un autre puits de plan circulaire est situé devant l'élévation nord ( diamètre extérieur = 250 ; hauteur = 280). Il est alimenté en eau par une veine souterraine ainsi que par les eaux pluviales collectées par la toiture.
A l'intérieur, le cuvelage circulaire en maçonnerie descend à plus de 5 mètres de profondeur. Le couvrement est réalisé par une coupole maçonnée en encorbellement. Une poutre de suspension reçoit une poulie métallique, une chaîne et un crochet pour le seau.
La partie aérienne est construite en moellons de calcaire et de grès, avec un enduit rustique au mortier de chaux. Un jour de puisage est fermé par un contrevent en bois. La voûte de couverture est percée d'un trou destiné à recevoir le tuyau d'arrivée des eaux pluviales.
Le toit conique est couvert en maçonnerie avec un épais enduit.
Un bâtiment agricole disjoint se trouve immédiatement devant l'élévation sud, il est couvert par un toit à un pan en tuile plate mécanique.