I. Contexte de l'enquête
Le repérage
Ce dossier concerne les maisons d'Allons. Ce terme comprend les édifices totalement dévolus à l'habitation, ainsi que ceux comprenant une partie habitation et une partie agricole (étable, remise, fenil…) réunies sous un même toit.
Les conditions de l'enquête
Le repérage de l'habitat sur la commune d'Allons a été effectué au mois de mai 2006. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1982. Le cadastre napoléonien levé en 1838 a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date.
Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Seule une demi-douzaine de maisons ont été visitées du fait du nombre important de résidences secondaires fermées à cette époque de l'année. Lorsque cela a été possible, des questions ont été posées aux habitants sur l'organisation intérieure.
Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :
- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,
- la mitoyenneté,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les décors extérieurs,
- les aménagements intérieurs (escalier, cheminée, cloisons…)
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…
Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…
L'étude de l'intérieur des édifices pose toujours un problème d'accessibilité, surtout dans une zone où les résidences secondaires sont nombreuses et restent fermées la majeure partie de l'année, parfois même au printemps ou en été.
II. Caractères morphologiques
60 maisons ont été repérées.
Implantation et composition d'ensemble
Toutes les maisons repérées se situent au chef-lieu et au hameau de La Moutière, à l'exception de la maison de maître à l'ancienne scierie de Vauclause. Au chef-lieu, les maisons sont concentrées dans la partie centrale du village, alors que les franges sont dévolues aux entrepôts agricoles. Les parcelles, étroites, parallèles ou perpendiculaires à la pente, sont organisées en îlots de cinq à dix bâtiments. Les maisons sont des blocs en hauteur, souvent adossés à la pente. Les façades sont toujours tournées vers la rue. Les parcelles traversantes ont parfois une porte en façade postérieure.
Matériaux et mise en œuvre
Les bâtiments sont construits en moellons calcaires non ou peu équarris. Les murs sont montés en assises relativement régulières. Les moellons sont liés entre eux par un mortier de chaux et sable. Les angles sont renforcés par des moellons plus gros, mieux équarris, et rarement par des chaînes en pierre de taille. Les enduits anciens à la chaux conservés sont lisses, rustiques ou à pierre-vue. Une dizaine de maisons possèdent un enduit à la tyrolienne, souvent de couleur vive. La grande majorité des enduits sont récents : ciment, crépis ou enduits plastiques.
Les encadrements des fenêtres sont le plus souvent en maçonnerie façonnée au mortier, avec un linteau en bois. Il en est de même pour les encadrements de porte. Seulement sept portes ont un encadrement en pierre de taille.
Structure, élévation, distribution
Maison de type A1 (1982 G2 371). Maison de notable.Les maisons ont entre deux et quatre niveaux d'élévation. La très grande majorité d'entre elles a trois niveaux (45 maisons), 9 maisons ont deux niveaux et 6 maisons ont quatre niveaux.
Peu d'intérieurs ont été visités. Dans les cas vus, l'accès aux différents étages se fait par un escalier intérieur, situé en façade ou en fond de parcelle. Il s'agit d'escaliers droits ou tournants, maçonnés. Quelques rares bâtiments présentent un escalier extérieur qui permet de rejoindre le premier étage carré ou le rez-de-chaussée surélevé, l'accès aux autres niveaux se faisant ensuite par un escalier intérieur.
D'une manière très générale, les pièces sont couvertes par un plancher sur solives, exceptionnellement par des voûtes catalanes en briques et fer "en I". Les seuls étages de soubassement couverts en voûte d'arêtes repérés sont ceux des deux maisons de notable du chef-lieu: "château" de Richerisse et "château" d'Autanne".
Couverture
Les toits sont à longs pans (31 maisons) ou à un pan (25 maisons). Il semblerait que la disposition à un pan soit la plus archaïque ou tout au moins que les toits à longs pans marquent parfois une surélévation ancienne des bâtiments. 2 maisons conservent les vestiges visibles de toits à longs pans et croupe. Les 2 maisons possédant un toit pavillon (existant ou modifié récemment) sont les deux maisons de notables du chef-lieu.
Maison de type A1 (1982 G2 362). Génoise, faux encadrements peints.Le traitement des avants-toits est généralement en génoise, à deux rangs (21 maisons) ou à un seul rang (7 maisons). 4 maisons n'ont que des chevrons saillants portant les tuiles creuses en guise d'avant-toit. Cependant, une grande partie des toitures ayant été refaites au cours de la seconde moitié du 20e siècle (28 maisons présentent des avants-toits non significatifs), le doute reste de mise.
De la même façon, la couverture traditionnelle semble être la tuile creuse, ce que montre les photographies anciennes. Mais aujourd'hui, seules 4 maisons sont encore couvertes en tuiles creuse, la majeure partie des autres couvertures (25 maisons) ayant été remplacées par des matériaux modernes : ciment-amiante avec ou sans tuiles creuses par-dessus, tôle ondulée... 2 maisons sont couvertes de tuiles plates mécaniques.
Décor
Les décors de façades ne concernent qu'une quinzaine de maisons. Ils se résument à des faux encadrements peints et des faux appareils peints.
Quelques rares huisseries sont décorées et sculptées. A noter une balustrade de balcon en fonte moulée décorée de marguerites peintes (parcelle 1983 G2 363).
Typologie
A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (24 repérées ; 6 sélectionnées)
Maison à une ou plusieurs travées. Logis au-dessus ou à côté d'une partie agricole ou commerciale
Maison de notable : plusieurs travées ; volume massif ; toit en pavillon ; élévations à travées.
A2 : Maison avec partie agricole en partie haute (0 repérée ; 0 sélectionnée)
Maison à une ou plusieurs travées. Logis en dessous ou à côté d'un fenil.
A3 : Maison avec parties agricoles en parties basses et hautes (3 repérée ; 0 sélectionnée)
Maison à une ou plusieurs travées. Logis entre les parties agricoles.
B : Maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (33 repérées ; 4 sélectionnées)
Maison de type B (1982 G2 441).Maison à une ou plusieurs travées. Absence de partie agricole.
Interprétation de la classification
L'habitat d'Allons, à l'inverse de celles des communes voisines, est caractérisé par le fait qu'un grand nombre de maisons ne comprennent pas de fonctions agricoles. Effectivement, la catégorie la mieux représentée est celle concernant les maisons uniquement dévolues au logis (55% du corpus).
L'autre catégorie bien représentée (35% du corpus) est celle des maisons qui, en plus du logis, comprennent en premier niveau d'élévation une partie à vocation agricole (étable, resserre ou remise), artisanale (atelier) ou commerciale (boutique). Si cette catégorie montre l'imbrication entre fonctions agricoles et habitat, il faut néanmoins noter l'absence de fenils dans ces maisons (à trois exceptions près, 5% du corpus). Cette caractéristique se traduit par un nombre important d'entrepôts agricoles aux marges du village, destinés au stockage du fourrage.
Enfin, la présence de trois maisons de notables, deux au chef-lieu et une associée à une scierie mécanique, représente 5% de l'ensemble, proportion qui est importante pour cette commune rurale. Ce phénomène doit sans doute être rattaché à l'importance ancienne d'Allons en tant que fief, importance encore matérialisée par les ruines de trois tours médiévales.