Dossier collectif IA00128028 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Terrasses Agricoles
Copyright
  • (c) Conseil général des Alpes-Maritimes

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    terrasse agricole
  • Aires d'études
    Coursegoules

Introduction

Dans une région à la fois montagneuse et méditerranéenne, la culture en terrasses est répandue de façon générale. Nous sommes en présence d'une surabondance d'éléments, mais dans l'ensemble les sources sont muettes. La carte IGN au 1/25000 indique bien les terrasses les plus visibles à cette échelle. Mais ce ne sont pas obligatoirement les plus intéressantes et, surtout, la réalité est sensiblement plus complexe. Dans ces conditions le repérage relève essentiellement des hasards de la prospection sur le terrain.Les terrasses agricoles sont rarement isolées, mais plutôt groupées en ensembles qui peuvent être clairement limités ou non. Dans le premier cas les terrasses sont régulièrement disposées à l'intérieur d'un espace géométriquement simple. La limite d'un ensemble de terrasses de culture est généralement constituée de murets de pierres sèches et de chemins. L'accès à une terrasse peut se faire directement depuis un chemin, par des rampes ou par des escaliers. Ces derniers traversent le mur de soutènement ou sont constitués de pierres de parement, en saillie.

Caractères historiques

Il est particulièrement difficile de dater des terrasses agricoles. Non seulement les moyens de datation sont rares, mais surtout ils sont difficiles à interpréter. Ces constructions demandent en effet un entretien permanent et les plus anciennes ne nous sont donc certainement pas parvenues dans leur état d'origine. Nous n'avons pas relevé d'exemple, dans le canton de Coursegoules, permettant de proposer des critères de datation. Nous devons donc en rester aux idées généralement admises : les murs de soutènement auraient été construits pour cultiver en terrasses, dès les environs de l'époque romaine. Depuis il y a certainement eu des périodes d'abandon de certaines terrasses et des époques de vastes mouvements de remise en état, qui correspondent aux grands courants démographiques et économiques ; le dernier de ces temps forts est le XIXe siècle. En fait, suite à des restaurations, reconstructions ou constructions, c'est l'état de ce qui s'est fait entre le début du XIXe siècle et le début du XXe qui est visible sur le terrain. Il est cependant tout à fait possible que certaines terrasses ou ensembles de terrasses plus anciens, datant de l'Epoque Moderne, soient conservés. Il est en revanche très improbable, sans que cela soit impossible, que des éléments antérieurs aient survécu à l'époque très difficile qu'est la fin du XIVe siècle autrement que comme traces.

Caractères architecturaux

Situation

Pour l'essentiel, les terrasses destinées à la culture sont développées sur les adrets. On peut cependant aussi en rencontrer sur tout le pourtour de certaines vastes dépressions dans les zones karstiques ou dans des zones bien abritées, sur quelques ubacs.

Composition d'ensemble

Une terrasse destinée à la culture comprend la terrasse proprement dite (en provençal : la faissa) et son mur de soutènement (en provençal : la restanca). La hauteur des murs de soutènement peut varier de moins d'un mètre jusqu'à parfois trois mètres. La largeur des terrasses varie de quelques mètres à quelques dizaines de mètres.Entre des terrasses isolées, disposées de façon un peu anarchique et des ensembles réguliers et soignés, tous les intermédiaires existent. Cependant les terrasses, surtout si elles sont de création ou de réorganisation récente, sont souvent regroupées en ensembles.

Ces ensembles sont généralement disposés en rectangles allongés dans le sens de la pente et bordés d'un côté par un chemin muletier. A titre d'exemple, un ensemble situé à Coursegoules, au quartier Saint-Bernard (section G, parcelles 99 et 101), couvre une zone de 350 mètres de long sur 50 mètres de large.

Matériaux et mise en oeuvre

Le matériau utilisé pour construire les murs de soutènement des terrasses agricoles est exclusivement la pierre. Ce matériau provient soit d'un épierrement du sol, soit de l’extraction de blocs à partir du socle. Dans tous les cas il a une origine strictement locale. Le socle rocheux du canton de Coursegoules, dans les zones concernées, est essentiellement calcaire ; il en est de même des murs de soutènement des terrasses agricoles.Les pierres constituant le parement du mur de soutènement sont toujours assemblées à sec. Elles sont généralement équarries au marteau, parfois avec soin. Il est très rare que ce travail ait été affiné à l'aiguille. Ces pierres sont assemblées en blocage, à joints variables, souvent larges, et utilisant des cales.

Structure

Derrière un parement de pierres sèches, une quantité importante de pierraille est accumulé en blocage. C'est elle qui retient la terre de la terrasse.

Elévations

Le parement du mur de soutènement est généralement chaîné horizontalement, à son sommet, d'une ligne de pierres travaillées plus soigneusement, au marteau, de façon à ce que le mur présente une arête régulière. Ce chaînage augmente la solidité du mur. Dans plusieurs cas, on remarque aussi des chaînages verticaux qui interrompent plus ou moins régulièrement le parement. Ces chaînages, comme pour les arêtes sommitales, sont constitués de pierres équarries de façon plus soignée, au marteau. Elles sont de grosseur variable et disposées selon un axe de symétrie. Ces chaînages verticaux servent d'une part à arrêter la propagation de l'éboulement du parement lorsque celui-ci est amorcé, d'autre part à offrir un point de départ solide pour réparer un éboulement. On sait en effet que les murs de pierres sèches présentent le grave défaut, s'ils ne sont pas assemblés à joints fins, de perdre facilement leur cohésion lorsque s'est constitué un point de faiblesse. On sait aussi que, après un éboulement partiel du parement, le travail de restauration ne peut commencer qu'après avoir déposé toutes les pierres sur lesquelles on ne peut en asseoir d'autres en toute sécurité. On peut ainsi être amené à travailler sur une surface triple de celle initialement éboulée (il en est de même, en volume, pour la pierraille placée derrière le parement). Il est donc très important de raidir le mur et de limiter les éboulements. Les murs de soutènement des terrasses agricoles montrent toujours un fruit important.

Note de synthèse

Les terrasses agricoles étaient principalement destinées à la culture des céréales. Elles étaient encore très généralement utilisées au tout début du siècle et n'ont été que peu à peu délaissées depuis. Après la guerre de 1914, la culture des zones, où l'utilisation de moyens mécaniques n'est pas possible, est progressivement abandonnée. Les terrasses situées en moyenne altitude, au-dessous de 800 m, ont été simplement délaissées ; elles sont actuellement envahies par la végétation. Les terrasses situées plus en altitude, vers 1000 ou 1200 m, ont été abandonnées comme pâturage, aux moutons. Ceux-ci sont à l'origine d'un éboulement accéléré des murs de soutènement. Enfin, dans les secteurs situés aux abords et en contre-bas des agglomérations, on a tout autant cessé de cultiver les céréales ; mais on a profité de ce que les agglomérations étaient enfin approvisionnées en eau courante, pour utiliser les terrasses agricoles comme jardins potagers. Quelle que soit leur utilisation actuelle, les terrasses agricoles sont omniprésentes dans le paysage du canton.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : 19e siècle
  • Toits
  • Murs
    • calcaire
    • pierre sèche
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • étudié 0
    • repéré 6

Documents figurés

  • Cipières, "l'aire". [Terrasses cultivées et scène de foulaison près du village de Cipières en 1926.] / Photographie noir et blanc, par Antoine Sicard, 1926. Archives communales, Cipières.

  • Roquestéron-Grasse, terrasses cultivées à l'Iscle. / Photographie noir et blanc, 1ère moitié du 20e siècle (?). Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 10 Fi 1784.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
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